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    Quand les suffragettes réclamaient le droit de vote à coup de prises de jiu-jitsu

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    Une carte postale de l'époque.
    Une carte postale de l'époque. Photo Islington Local History Centre

    A l'occasion de la sortie du film «les Suffragettes», la BBC raconte comment, à la veille de la Première Guerre mondiale, les militantes britanniques utilisaient les arts martiaux dans leur combat politique.

    A la place du kimono, des robes longues, et au lieu du tatami, les pavés des rues londoniennes. A l’occasion de la sortie du film Suffragette au Royaume-Uni (les Suffragettes en français), la BBC revient sur un aspect très peu connu de l’histoire du mouvement féministe britannique : le rôle du jiu-jitsu, art martial japonais utilisé par les samouraïs, dans le combat pour le droit de vote des femmes outre-Manche. 

    Tout commence quelques années avant la Première Guerre mondiale. En 1910, la répression du mouvement pour le droit de vote des femmes se fait plus intense. Le 18 novembre, un rassemblement devant le Parlement britannique est violemment réprimé. Deux suffragettes meurent sous les coups de la police, une centaine de militantes sont arrêtées, certaines sont jugées et emprisonnées. Les prisonnières en grève de la faim sont alimentées de force. «Après ça, elles n’ont plus jamais manifesté sans être préparées», raconte à la BBC Elizabeth Crawford, auteure de The Women’s Suffrage Movement : A Reference Guide.

    Les suffragettes abandonnent les actions pacifiques et optent pour la désobéissance civile, n’hésitant pas à recourir à des actions radicales et violentes, comme les incendies criminels. C’est là qu’elles commencent à s’initier au jiu-jitsu, sous la houlette d’Edith Garrud. Du haut de son mètre cinquante, elle tient une école d’arts martiaux avec son mari à Londres, devient la professeure attitrée des suffragettes, ou plus précisément de la Women’s Social and Political Union (Union sociale et politique des femmes), leur association. «A cette époque, plus que de la police, il s’agissait surtout de se défendre des tentatives d’agression sur scène par des personnes du public», explique à la BBC Tony Wolf, auteur de Suffrajitsu, une trilogie de romans graphiques sur le sujet.

    «Jiu-jitsuffragettes»

    Edith Garrud donne des cours exclusivement réservées aux militantes féministes et signe même des articles sur les arts martiaux dans leur journal, Votes for Women. Elle se fait rapidement remarquer par la presse britannique, et se voit notamment consacrer un article satirique, titré «Jiu-jitsuffragettes», dans le magazine Health and Strength. Une autre publication, Punch, publie également une caricature, reproduite par la BBC sur son site, sur laquelle la professeure d’autodéfense apparaît seule face à une horde de policiers. Lors de démonstrations, Edith Garrud, habillée d’une robe rouge, invite d’ailleurs ses adversaires, déguisés en policiers, à l’affronter.

    Même les responsables du mouvement incitent les suffragettes à pratiquer les arts martiaux. «Les policiers font du jiu-jitsu. Je vous conseille de suivre leur exemple. Les femmes comme les hommes devraient en faire», déclare ainsi Sylvia Pankhurst, fille d’Emmeline Pankhurst, fondatrice du mouvement, dans un discours en 1913. Les suffragettes suivent ses consignes et rapidement, le jiu-jitsu devient une pratique populaire, certaines femmes organisant même des leçons avec leurs amies.

     Confrontation physique et stratagèmes

    La WSPU monte le Bodyguard («garde du corps» en français), un groupe d’une trentaine de suffragettes formées par Edith Garrud et dédiées à la protection des leaders du mouvement. Surnommées «les Amazones», les membres de cette unité se font notamment remarquer lors d’un discours d’Emmeline Pankhurst à Glasgow en 1914, où elles affrontent une cinquantaine de policiers sur scène, devant 4 000 spectateurs. En plus de la confrontation physique, elles font aussi usage de stratagèmes inventifs pour duper leurs opposants. Le 10 février 1914, la police croit par exemple arrêter Emmeline Pankhurst à l’occasion d’un de ses discours dans le quartier de Camden à Londres. Mais la femme voilée qu’ils interpellent violemment était en fait un leurre, la cheffe de file du mouvement ayant profité de la confusion pour s’échapper discrètement.

    Le groupe sera finalement dissous au début de la Première Guerre mondiale. En 1918, le Parlement britannique vote le Representation of the People Act, qui accorde le droit de vote à huit millions de femmes anglaises (celles âgées de plus de 30 ans, sous certaines conditions). Il faudra attendre 1928 pour que toutes les femmes au-delà de 21 ans puissent voter.

    L’histoire d’Edith Garrud et de ses «jiu-jitsuffragettes» est peu à peu tombée dans l’oubli. Son personnage ne figure d’ailleurs pas dans le film Suffragette. Mais la militante féministe interprétée par Helena Bonham Carter s’appelle Edith, une façon pour l’actrice de rendre hommage à cette femme «extraordinaire».

    Juliette Deborde
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