Un député lisant Le Canard Enchaîné à l'Assemblée nationale
Un député lisant Le Canard Enchaîné à l'Assemblée nationale - CHESNOT/SIPA
Benjamin Chapon

Le Canard Enchaîné a 100 ans. Enfin pas tout à fait. Mais si en fait. Comme expliqué dans l’éditorial de son numéro du 2 septembre 2015, Le Canard Enchaîné a deux anniversaires. Il y a 100 ans tout juste naissait un journal qui s’arrêtait au bout de cinq numéros. Le « vrai » Canard Enchaîné renaît, pour de bon, de ses cendres en 1916, avec une nouvelle équipe. Le vrai 100e anniversaire aura donc lieu l’an prochain.

N’empêche, quasi-centenaire, le journal satirique est l’un des plus vieux titres de presse de France (après Le Figaro, La Croix, Le Chasseur français, Les Échos et L’Humanité). Et même du monde. Mais contrairement aux autres titres de presse centenaires, Le Canard Enchaîné change peu. Que ce soit son look ou sa ligne éditoriale.

L’humour comme arme

«Le Canard Enchaîné est un journal unique un monde, affirme Thomas Hanin, professeur d’histoire des médias. Le mélange de satire et de scoops politiques est rendu possible grâce à une intransigeance éditoriale.» Le journal respecte la très stricte charte de Munich depuis sa création.

«Le Canard Enchaîné est probablement le journal qui protège le mieux ses sources, explique Thomas Hanin. Ils usent parfois de l’humour pour ne pas avoir à entrer dans le détail du circuit de vérification de l’information, qui serait laborieux à lire.»

Des journalistes comme les autres

Ces spécificités ont en revanche pas, ou peu, d'impact sur le travail des journalistes, assure Jean-François Julliard: «Je travaille comme n'importe quel journaliste avec un téléphone et un ordinateur. J'appelle des gens, je vérifie des informations. Comme nous traitons parfois des sujets sensibles il faut redoubler de vigileance mais c'est tout.» Souvent attaqués en justice pour des articles, les journalistes du Canard Enchaîné doivent «avoir des dossiers béton, c'est le jeu.» Sans, bien sûr, dévoiler leurs sources.

Confiance et transparence

«Seuls les médias qui ont construit un contrat de confiance très fort avec leurs lecteurs peut se permettre ce genre de pratique, estime Thomas Hanin. Le Canard Enchaîné, comme The Economist par exemple, a pour lui son ancienneté, c’est vrai, mais surtout sa transparence.» Le Canard Enchaîné publie régulièrement ses comptes, indiquant ses revenus.

«Ce n’est pas le seul journal a préserver à ce point ses sources, mais c’est le seul à n’accueillir aucune publicité et à n’être adossé à aucun grand groupe. C’est réellement un journal indépendant pour cela.»

 

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