Michel Houellebecq à Budapest le 18 avril 2013.
Michel Houellebecq à Budapest le 18 avril 2013. - Tamas Kovacs/AP/SIPA

20 Minutes avec AFP

Michel Houellebecq avoue «utiliser le fait de faire peur» dans son roman Soumission, mais se défend de toute «provocation» ou «satire» dans cette politique-fiction où le chef d'un parti musulman prend le pouvoir en France: c'est une «accélération de l'Histoire», affirme-t-il dans une interview à Paris Review.

«Je procède à une accélération de l'Histoire mais, non, je ne peux pas dire que c'est une provocation dans la mesure où je ne dis pas de choses que je pense foncièrement fausses, juste pour énerver. Je condense une évolution à mon avis vraisemblable», assure Houellebecq dans cette longue interview menée par le journaliste de France Culture Sylvain Bourmeau, parue samedi en anglais dans la revue littéraire trimestrielle américaine.

Il s'agit du premier entretien accordé par l'auteur au sujet de Soumission, son 6e roman à paraître mercredi chez Flammarion.

«Que peut bien faire un musulman qui veut voter?»

A supposer que «les musulmans réussissent à s'entendre entre eux (...), cela prendrait certainement des dizaines d'années» pour qu'ils accèdent au pouvoir en France, concède l'auteur. Ayant longtemps vécu en Irlande, Houellebecq se dit frappé «des énormes changements» constatés en France et en Occident. «C'est l'une des raisons qui m'ont conduit à écrire» ce livre, explique-t-il.

Ce livre est-il une satire? «Non. Très partiellement, c'est une satire des journalistes politiques tout au plus, un petit peu des hommes politiques aussi à vrai dire. Les personnages principaux, non.» Mais, Houellebecq reconnaît jouer sur la peur. «J'utilise le fait de faire peur. En fait, on ne sait pas bien de quoi on a peur, si c'est des identitaires ou des musulmans. Tout reste dans l'ombre.»

«J'ai essayé de me mettre à la place d'un musulman, et je me suis rendu compte qu'ils étaient en réalité dans une situation totalement schizophrénique», poursuit Houellebecq. «Que peut bien faire un musulman qui veut voter? Il n'est pas représenté du tout. Il serait faux de dire que c'est une religion qui n'a pas de conséquences politiques (...). Donc, à mon avis un parti musulman est une idée qui s'impose», estime-t-il.

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