Charb à Paris le 19 septembre 2012.
Charb à Paris le 19 septembre 2012. - REVELLI-BEAUMONT/SIPA
* Anaëlle Grondin

«Boucherie» et «carnage». Deux mots employés par les policiers ce mercredi après l’attaque au siège de Charlie Hebdo qui a fait au moins douze mortsCharb n’a pas été épargné par les tirs de kalachnikov. A 47 ans, le directeur de la publication du journal satirique, connu pour ses dessins à l’esprit corrosif et impertinent, a succombé à ses blessures.

Son dernier dessin publié dans Charlie Hebdo a particulièrement interpellé les lecteurs pour son caractère «prémonitoire» ce mercredi midi:

Le dessinateur satirique et journaliste français, de son vrai nom Stéphane Charbonnier, avait pris la tête de la publication en 2009 après le départ de Philippe Val et tenait la rubrique «Charb n’aime pas les gens».

Pour des unes, caricatures et articles consacrés à l’obscurantisme religieux, sujet de prédilection de la publication ces dernières années, Charb avait été victime de menaces à plusieurs reprises. Il avait notamment été menacé de mort en novembre 2011, au moment où le siège de Charlie Hebdo avait été ravagé par un incendie d’origine criminelle. Le journaliste a alors été placé sous protection policière. Cette attaque était survenue deux jours avant la publication d’un numéro spécial baptisé «Charia Hebdo» contenant de nouvelles caricatures de Mahomet, après les premières publiées en 2006.  En septembre 2012, un homme soupçonné d’avoir appelé à décapiter le directeur de Charlie Hebdo sur un site djihadiste avait été interpellé à La Rochelle.

Les «emballements» comme les polémiques qui ont suivi la publication des caricatures «ont toujours lieu à propos de la même religion, se désolait Charb dans les colonnes du Monde en 2012. A l’époque, il préparait le 1058e numéro de Charlie. «Il n'y a que trois une qui ont fait scandale, toujours sur l'islam, déplorait-il. On peut représenter le pape en train d'enculer une taupe, il n'y a aucune réaction. Au pire un procès.»

«Se moquer des gens plus ou moins intolérants» 

Auteur de plus d’une quinzaine d’ouvrages parmi lesquels Maurice et Patapon, ce défenseur de la liberté d’expression qui a toujours refusé de céder à la pression racontait au Courrier Picard en octobre dernier qu’il venait de sortir «un recueil de Fatwas (condamnations à mort complètement délirantes) à la fois pour se moquer des vraies Fatwas qui sont de vraies condamnations à mort et pour se moquer des gens plus ou moins intolérants…» Avant d’ajouter: «On est tous plus ou moins intolérants. Une manière de se moquer de l’intolérance qu’on a en chacun de nous.» 

Né à Conflans-Sainte-Honorine le 21 août 1967, Stéphane Charbonnier a grandi auprès d’un père technicien aux PTT et d’une mère secrétaire chez un huissier de justice, puis à l’Education nationale. «Enfant, il copie tout ce qui lui tombe sous la main: Tintin, Piscou, Lucky Luke», selon France Inter. C’est en tombant sur un dessin de Cabu à l’âge de 11 ans que lui vient l’envie de faire du dessin de presse. Charb a travaillé pour de nombreux journaux parmi lesquels L’Echo des savanes, Télérama, Fluide glacial et L’Humanité

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