#next ? (BUTTON) Libération Libération * Connexion * Abonnement * Èvénements * France * Planète * Futurs * Idées * Culture / Next * Le journal du jour * Le direct * Radio * Six Plus * Désintox * Photo * Le P'tit Libé * Portrait * Vidéo * Sports * Voyages * Blogs * FAQ * La rédaction * Contact * Publicité * Données personnelles * CGV * Crédits * Facebook * Twitter Les indignés espagnols se sont rassemblés avant la manifestation devant le Congrès des députés, mardi 25 septembre 2012. Les indignés espagnols se sont rassemblés avant la manifestation devant le Congrès des députés, mardi 25 septembre 2012. Photo Susana Vera. Reuters Olé Espagne : la télé des Indignés allume le système Par François Musseau, Correspondant à Madrid — 4 novembre 2014 à 19:06 Le succès du JT satirique «la Tuerka» et de l’émission de débats «Fort Apache», produits par Podemos, est à la mesure de l’engouement pour le parti d’extrême gauche. Tout d’abord ultraconfidentielle, quasi clandestine, la télé de l’extrême gauche vient de fêter ses 150 programmes en sabrant le cava, le champagne espagnol. Même si son audience ne peut concurrencer les principales chaînes commerciales, l’émission la Tuerka, diffusée via le site du quotidien de gauche Público, dépasse désormais ses rivales hertziennes d’extrême droite, qui, tard en soirée, multiplient les débats sulfureux depuis une bonne décennie - Intereconomía ou el Gato al Agua. La «Tuerka», c’est la vis, une façon de signifier - selon l’expression de ses instigateurs - qu’il faut «serrer la vis au système», à la classe politique traditionnelle, à l’establishment, à la «caste». Du lundi au vendredi, à 22 heures, dans une satire de JT, les nouvelles du jour sont lues sur un ton neutre par un très sérieux et cravaté présentateur ; à ses côtés, le fantasque Facu Diaz, chevelure ample et mimiques exagérées, balance des commentaires d’une ironie mordante. Un énième cas de corruption ? «Ces pauvres hommes politiques, qui ont la lourde charge de gérer l’argent public, ont bien du mérite à être si honnêtes.» L’infection d’une aide-soignante madrilène par le virus Ebola, accusée d’imprudence par les autorités sanitaires régionales ? «Cette infirmière est vraiment écervelée, si seulement elle avait bien écouté la leçon.» L’argent en Andorre et au Luxembourg du leader nationaliste catalan Jordi Pujol ? «Quelle pudeur, quelle discrétion ! Il a préféré placer sa fortune dans un paradis fiscal pour ne pas gêner les 25% de chômeurs !» «Catalyseur». Avec la Tuerka, l’extrême gauche espagnole tient sa télé. «Une sorte de catalyseur de la vaste mouvance des Indignés, qui permet de véhiculer la révolte, le désarroi, les analyses alternatives, souligne le politologue Enrique Gil Calvo. C’est un formidable tremplin de diffusion des idées d’un parti en pleine hausse.» L’émission quotidienne diffusée sur le site de Público est en effet produite par Podemos, une récente formation qui a créé la surprise au mois de mai en obtenant aux élections européennes 1,2 million de suffrages et cinq députés. D’après les derniers sondages, cette initiative citoyenne née dans la foulée du mouvement des Indignés serait aujourd’hui créditée des meilleures intentions de vote, juste derrière le Parti populaire (PP), au pouvoir, et bien devant le Parti socialiste qui a gouverné pendant plus de deux décennies depuis la mort de Franco. Le contenu de la Tuerka ne touche pas seulement les assidus téléspectateurs nocturnes. Ses informations «antisystème» sont abondamment reprises sur les réseaux sociaux : Podemos compte près de 800 000 visiteurs sur Facebook et environ 400 000 followers sur Twitter - soit le quintuple des formations traditionnelles. Le succès de cette télévision a été si rapide que sa société de production (CMI, contrôlée par Podemos) a aussi donné naissance à Fort Apache, un programme de débats télévisés diffusé via le canal satellite HispanTV, qui émet aussi au Venezuela et en Iran. Beau parleur. L’animateur de ces débats n’est autre que Pablo Iglesias, 36 ans, le chef de file de Podemos, devenu une des personnalités les plus populaires du pays. Fin septembre, son compte Twitter personnel a dépassé celui du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, et il compte aujourd’hui 712 000 followers. Beau parleur, ce professeur de sciences politiques à l’université complutense de Madrid rassemble sur Fort Apache («une agora de résistance») un parterre d’acteurs sociaux, de militants indignés ou d’économistes antilibéraux. «L’objectif est prévisible : "délégitimer" les dirigeants politiques des grands partis et, à travers eux, la démocratie représentative dans son ensemble», analyse le chroniqueur du quotidien el Mundo, Arcadi Espada. C’est du populisme pur jus et, en pleine crise, cela fonctionne, malheureusement.» Pour les dirigeants de Podemos, tant la Tuerka que Fort Apache constituent une plate-forme à travers laquelle ils peuvent défendre leurs thèses «antisystème», selon lesquelles le capitalisme financier ayant vécu, «il convient de régénérer notre démocratie malade» - dixit Juan Carlos Monedero, alter ego de Pablo Iglesias, idéologue du parti et très présent sur les deux plateaux. La Tuerka comme Fort Apache ne sont pas riches et ne dépendent que de la bonne volonté des quelque 200 000 membres de Podemos. Les cinq députés européens du mouvement, dont Pablo Iglesias, ayant décidé de plafonner leurs émoluments à trois fois le salaire minimum (soit 1 930 euros mensuels au lieu des 8 020 euros versés par l’Union européenne), la différence est versée à la Tuerka et à Fort Apache. En ces temps de corruption généralisée, cette règle déontologique leur fait marquer des points. François Musseau Correspondant à Madrid Après cet article Lors de la conférence de rentrée de Canal +, en août 2007. Décodeur 30 ans de Canal + : le garage à mythes partager tweeter Envoyer xiti IFRAME: http://cstatic.weborama.fr/iframe/customers/premium.html?idEditeur=1084 &idSite=26