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Caricature de l’Anglais guindé à l’accent so british et à l’humour acerbe, il dissèque chaque dimanche sur la chaîne câblée HBO l’actualité du monde - et des Etats-Unis - dans son propre late show, ces émissions satiriques de fin de soirée dont seuls les Américains ont le secret. Lancé fin avril et baptisé Last Week Tonight, son show d’une demi-heure fait un carton, suivi par plus de 4 millions de personnes. Rien pourtant ne le prédestinait à un tel succès. A ses débuts en solo, en 2002, au festival d’Edimbourg, le natif de Birmingham fait un bide. «John Oliver a basé son premier spectacle sur la mort, un concept auquel il ne peut pas être étranger compte tenu de l’accueil mitigé que ses obscures remarques reçoivent», assène à l’époque le site Chortle, référence britannique en matière de comédie. Les années suivantes ne sont guère plus glorieuses : quelques stand-up à travers le pays, des nuits «dans des hôtels pourris» selon ses dires, et une poignée d’apparitions dans Mock the Week, un jeu télé comique diffusé sur la BBC. Mentor. «Si John était resté au Royaume-Uni, il serait sans doute encore en train de participer à des émissions parodiques sur Radio 4 [radio publique, ndlr] pour un maigre salaire», confiait récemment au Telegraph le monsieur Comédie de la BBC, Shane Allen. Heureusement pour lui, John Oliver a donc traversé l’Atlantique. En 2006, il débarque à New York pour une audition au Daily Show, l’émission satirique de Jon Stewart sur Comedy Central. Ce dernier est séduit et fait d’Oliver son «Senior British Correspondent». Il le restera sept ans et demi, avec toujours la même mission : faire rire sur des sujets rarement amusants. Entre Jon et John, la complicité est évidente. A tel point qu’à l’été 2013, Stewart confie à Oliver son fauteuil pour aller tourner un film. Propulsé présentateur, le Britannique impressionne. Les critiques sont unanimes, la consécration immédiate : trois mois plus tard, la chaîne câblée HBO lui propose son propre talk-show. «Jon Stewart m’a appris tout ce que je sais, dit-il en annonçant son départ. D’ailleurs, si j’échoue dans le futur, ce sera entièrement sa faute.» Six mois après ses débuts en solo, non seulement Oliver n’a pas échoué, mais il a, pour certains, dépassé son mentor. «Il s’empare de sujets que tous les autres ont laissé de côté», explique Robert Thompson, directeur du Centre d’étude de la télévision et de la culture populaire à l’université de Syracuse (New York). Chaque dimanche, John Oliver consacre en effet près de la moitié de sa demi-heure d’émission à un unique sujet, souvent pas franchement fun : lois anti-gays en Ouganda, corruption à la Fifa, armes nucléaires. Le résultat est pourtant instructif et hilarant. «John Oliver a un don pour rendre extrêmement vivants des sujets techniques et bizarres», écrit le New York Times. Pour beaucoup, le meilleur exemple est sa séquence sur la neutralité du Net, qui a fait le tour du monde en juin. «La seule expression qui promet plus d’ennui que "Net neutrality", c’est "avec Sting"», plaisante d’entrée de jeu le comédien, en référence à l’omniprésent chanteur de Police. Durant quatorze minutes, alternant piques acerbes, extraits de vidéos et pédagogie, il explique ensuite que l’égalité d’accès à Internet est menacée par une proposition du régulateur américain des télécoms (FCC). A la fin du sketch, Oliver appelle les internautes à s’indigner sur le site de la FCC… qui crashe le lendemain après avoir reçu plusieurs dizaines de milliers de messages. IFRAME: http://www.youtube.com/embed/fpbOEoRrHyU?list=UU3XTzVzaHQEd30rQbuvCtTQ «L’explication de John Oliver était un très bon résumé de la neutralité du Net, fait de telle sorte que les gens puissent comprendre», salue Robert Thompson, qui a montré la séquence à ses étudiants. Informer et sensibiliser par l’humour : voilà le plus gros succès du comédien, qui compte dans son équipe d’anciens journalistes du New York Times et du site ProPublica. «Il fait de la comédie d’investigation, du journalisme comique», analyse Robert Thompson. Vétérans. Installé depuis huit ans à New York, John Oliver ne rate pas une occasion de critiquer les failles américaines, depuis les frappes de drone jusqu’aux abus policiers, en passant par la peine de mort. «Il parle des Etats-Unis comme seul un étranger peut se le permettre», note le New York Times. Et si le public adore, c’est parce qu’il le fait, souligne Thompson, «sans aucune arrogance». Une arrogance que sa femme, ancien médecin de l’armée américaine en Irak, ne lui pardonnerait sans doute pas. L’histoire de leur rencontre, lors de la Convention du parti républicain en 2008, mériterait d’ailleurs un sketch. Venu couvrir l’événement pour le Daily Show, John Oliver et son équipe avaient pénétré dans un endroit interdit. Pris en chasse par la sécurité, ils avaient été cachés par un groupe de vétérans, dans lequel se trouvait sa future femme. Détenteur à l’époque d’un simple visa, le comédien aurait pu être expulsé en cas d’arrestation. Depuis, John Oliver a obtenu sa carte de résident permanent, la fameuse «green card». Il n’en reste pas moins profondément british. «Tout ce que je voulais, c’était être joueur de football professionnel, répète souvent ce fan absolu de Liverpool. Comédien, ce n’était qu’un plan B.» Frédéric Autran Intérim à New York Après cet article Jeu de dextérité et timing 99 problèmes partager tweeter Envoyer xiti IFRAME: http://cstatic.weborama.fr/iframe/customers/premium.html?idEditeur=1084 &idSite=26