#next ? (BUTTON) Libération Libération * Connexion * Abonnement * Èvénements * France * Planète * Futurs * Idées * Culture / Next * Le journal du jour * Le direct * Radio * Six Plus * Désintox * Photo * Le P'tit Libé * Portrait * Vidéo * Sports * Voyages * Blogs * FAQ * La rédaction * Contact * Publicité * Données personnelles * CGV * Crédits * Facebook * Twitter De Springfield à Gotham City, panorama des villes de fiction De Springfield à Gotham City, panorama des villes de fiction BiG Tour d'horizon De Springfield à Gotham City, panorama des villes de fiction Par LIBERATION — 1 octobre 2015 à 17:53 A l'occasion du «Libé des géographes», plongée dans les archives du cinéma, de la littérature, de la télé et de la pop culture, afin de dresser une géographie –parfaitement subjective et assumée comme telle– de ces villes de fiction qui peuplent nos imaginaires. Sommaire + Vigata, en Sicile : un nid à polars siciliens + Derry, dans le Maine : la ville fétiche de Stephen King + Metropolis, la ville dystopique art-déco de Fritz Lang + Groville, Groland : capitale émérite de la Présipauté + Fairview, Califonie : banlieue chic pour femmes au foyer désespérées + Pawnee, Indiana : le Paris de l’Amérique des ploucs + Maycomb, Alabama : théâtre de la ségrégation + Liberty City, la Gotham de GTA + Brantford, New Hampshire : le berceau de Jumanji + Plassans, ville-témoin provençale de Zola + Hill Valley, Californie : terre natale de Marty McFly + Gotham City : une réplique de New York, Londres ou Tokyo ? + Villeneuve, 1940 : l’Occupation d’un lieu + Springfield : entre Homer et montagne + Ankh-Morpork, vivante et mouvante cité du Disque-Monde + La cité d’Hyrule, terrain de jeu de Zelda + Isola, la NYC des passionnés de polars américains Vigata, en Sicile: un nid à polars siciliens Andrea Camilleri n'est pas allé très loin pour dessiner les contours de la ville imaginaire dans laquelle le commissaire Montalbano, son héros, traque les criminels. Vigata n'est autre que Porto Empedocle, le bourg où il est né il y a 90 ans, dans les faubourgs de la ville d’Agrigente, en Sicile. Il faut dire que Porto Empedocle/Vigata est un lieu idéal pour un auteur de polars. On y trouve des usines de minerais abandonnées, fers à béton à l’air, wagonnets flottant au bout de filins déglingués, des cheminées en brique sur la plage et des ruelles désertées par des touristes qui leur préfèrent celles de Palerme ou de Taormine. A Porto Empedocle, Camilleri est partout, jusqu’aux murs de l’Osteria della Lampara où l’on vous sert d’office sur des nappes en papier de la salade de poulpes tiède sous des portraits du vieil homme. Porto Empedocle est à ce point indissociable de Vigata que certains édiles ont demandé à rebaptiser le lieu «Porto Empedocle Vigata». Quand la fiction déteint sur la réalité. (Alexandra Schwartzbrod) Remonter au sommaire Derry, dans le Maine: la ville fétiche de Stephen King Quiconque a frissonné devant Ça, adapté du roman d’horreur du même nom de Stephen King, connaît Derry. C’est une petite ville du Maine en apparence tranquille, mais on en apparence seulement. Durant l’été 1958 elle est en effet le théâtre d’une série de meurtres d’enfants particulièrement effrayants –impliquant notamment un clown maléfique incarné, dans son adaptation au cinéma, par un Tim Curry carnassier surgissant des égouts. Derry se situe à l’ouest de Bangor, qui est, elle, la vraie ville de résidence de l’auteur de Dolores Clairborne, et à trente kilomètres au nord de Newport. Elle compte environ 25 000 habitants. On la trouve mise en scène dans son oeuvre à plusieurs reprises: dans Ça (1986), Sac d’os (1998), Insomnie (1994), Dreamcatcher (2001) et dans 22/11/1963 (Albin Michel, 2011). Ce dernier roman est une uchronie où le héros, Jake, remonte dans le temps afin d’empêcher l'assassinat de JFK (rien que ça). De nombreuses scènes se passent à Derry, où Jake séjourne au moment de ces fameux meurtres d’enfants. «Quelque chose allait mal dans cette ville et je pense que je l’ai su dès le début», raconte Jake, qui décrit une ville aussi laide qu’inhospitalière: «Quand la 1-Mile par minute a pris fin débouchant sur une deux-voies à l’asphalte rafistolé, j'ai pris la route 7 et, à une trentaine de kilomètres au nord de Newport, je suis arrivé en haut d’une côte et j’ai découvert Derry, tapie sur la rive ouest de la Kenduskeag sous un nuage de pollution provenant de Dieu sait combien de papeteries et d’usines textiles tournant toutes à plein régime. Une artère verte traversait le centre de la ville. De loin elle ressemblait à une cicatrice.» C’est si alléchant qu’on a envie d’en savoir plus. Et on n’est pas déçu: «Le quartier commerçant du centre-ville, poursuit un Jake visiblement enchanté de sa visite, encaissé au pied de trois collines escarpées, dégageait une impression de fosse qui vous rendait claustrophobe.» Mais le pire est à venir, lorsque Jake avise un écriteau en vitrine d’un drugstore: «D’une certaine manière, cet écriteau résume mieux que toute autre chose l’impression que m’a causée Derry: cette méfiance hostile, cette atmosphère de violence à peine contenue; bien que j’y soies resté pratiquement deux mois et que j’y aie détesté pratiquement tout.» Derry est une cité malsaine et étouffante, une ville d’horreur et d’angoisse, dont l’apparente banalité est l’écrin de scènes d’une violence insoutenable. Ajoutons, pour l’anecdote, qu’elle est l’homonyme d’une ville d’Irlande du Nord à la triste réputation: c’est à Derry (alias LondonDerry pour les Britanniques) que se déroula, en 1972, le Bloody Sunday, cette marche catholique pacifiste qui finit en tragédie (quinze morts). Mais c’est avant tout à sa ville de résidence, Bangor, que Stephen King pense lorsqu’il parle de Derry dans ses romans. «Finalement, dans ma géographie intime, Bangor est devenue Derry, raconte Stephen King dans un livre d’entretiens paru en 2003. Il existe une Bangor en Irlande, dans le comté de Derry, donc j’ai changé le nom de Bangor en celui, fictionnel, de Derry. […] C’est un endroit dans lequel je ne cesse d’aller.» (Johanna Luyssen) Remonter au sommaire Metropolis, la ville dystopique art-déco de Fritz Lang IFRAME: https://www.youtube.com/embed/7j8Ba9rWhUg La vie est douce à Metropolis. Enfin, surtout quand on fait partie de la caste des élus. Pendant que Papa gère les affaires courantes dans les hautes sphères de la Nouvelle Tour de Babel, on entretient son corps au stade dans la Cité des fils avant de se choisir une galante dans les Jardins éternels. Le soir venu, on s’encanaille au son de la musique assourdissante du club Yoshiwara. Pendant ce temps, sous les gratte-ciel art déco scintillants, les classes laborieuses zombifiées s’épuisent à maintenir battant le cœur sous-terrain de la ville, la salle des machines. Mais attention, la colère gronde sous la cathédrale, dans l’humidité des catacombes délaissées. «Le film est né au moment de ma première vision des gratte-ciel new-yorkais en octobre 1924», a jadis reconnu le réalisateur allemand. Métro aérien zigzaguant entre les buildings, voitures volantes et même visiophone avant l’heure, sa dystopie art déco (l’action se déroule en 2026) est devenu le canevas de la ville de science-fiction type, de Blade Runner au Cinquième Elément, au point d’en devenir un cliché. Plus récemment, la diva rétrofuturiste Janelle Monáe a repris l’univers de Lang à son compte en plaçant son alter-ego, l’Archandroïde, à la tête de la rébellion… A ne pas confondre cependant avec le Metropolis de DC Comics, pied-à-terre de Superman sur la côte Est des Etats Unis où paraît le Daily Planet. (Guillaume Gendron) Remonter au sommaire Groville, Groland: capitale émérite de la Présipauté Capture d'écran d'une carte situant Groville dans le Groland, et le Groland dans le monde. «Le vin, c’est pas de l’alcool!» La phrase est souvent prononcée à Groville, c’est même l’un des slogans de la «Présipauté» imaginaire dont elle est la capitale, Groland. Cette nation fictive, frontalière de 19 (!) pays et deux villes françaises, est apparu sur Canal+ en 1992 dans l’hilarant JT satirique de Jules-Edouard Moustic. On parle à Groville une forme abâtardie du français, les jours de la semaine étant par exemple transformés en «lendi», «mordi», «credi», «joudi», «dredi», «sadi», «gromanche». La capitale, traversée par le fleuve Gro, abrite le palais présidentiel et plusieurs ministères, dont celui des Alcools forts et des Gens à compter. Au niveau local, les dernières municipales ont permis l’élection de Fluflu Pompon à la tête de la ville. Comme Mufflins, autre commune de Groland, Groville, qui compte un peu moins de 20 000 habitants, rappelle les paysages du Nord de la France ou de la Belgique. On y mange de l’oreille de porc ou du saindoux au vin cuit, spécialités de la Présipauté. Tout dans cette ville transpire l’absence de complexe, la vulgarité, et la bêtise –mais peut-être qu’un pays ayant inventé l’appellation «VTGQ», pour «vin en très grande quantité», est un génie qu’on ignore. (Kim Hullot-Guiot) Remonter au sommaire Fairview, Californie: banlieue chic pour femmes au foyer désespérées Fairview pourrait être n’importe quelle grande ville américaine, où la bagnole est reine et les espaces résidentiels éloignés du centre. C’est aussi pour cela que toute «desperate housewife» de classe moyenne-supérieure –ou quiconque ayant vécu en banlieue pavillonnaire– peut s’identifier, au moins partiellement, à la vie qu’on y mène. Avec un peu plus de 400 000 habitants, soit à peu près autant qu’Atlanta ou Miami, répartis sur 214 km², elle se situe dans l’Etat fictif d’Eagle State et compte des restaurants, un tribunal, une prison, une chambre du commerce, au moins une maison de retraite, un club genre Rotary, de nombreuses boutiques et plusieurs malls, au moins trois écoles privées, un aéroport, deux journaux locaux, plusieurs hôpitaux et cliniques, de nombreux bars et strip-clubs, grâce à quoi les héroïnes peuvent quitter quelques instants leur vie coquette de quartier pour se perdre dans l’anonymat urbain. Si la majeure partie de la série Desperate Housewives (2004-2012) se déroule dans la rue de Wisteria Lane, havre de paix (en apparence) pour des familles un minimum friquées, Wasp de préférence, plusieurs épisodes prouvent qu’il existe aussi à Fairview des quartiers moins huppés ou carrément mal famés. On ne sait pas exactement où se situe Fairview, fondée par un certain Edward Sibley, mais vu qu’il y fait soleil la majeure partie de l’année (les épisodes où il pleut se comptent sur les doigts d’une main) et que Lynette Scavo parle d’Atlantic City (New Jersey) comme étant «à l’autre bout du pays», on peut en déduire qu’elle se situe sous la «Sun Belt», vraisemblablement en Californie. Aux Etats-Unis, au Canada, en Afrique du Sud et en Irlande existent des villes réellement nommées Fairview. (K.H.-G) Remonter au sommaire Pawnee, Indiana: le Paris de l'Amérique des ploucs Dans «Parks and Rec», le projet pour donner un nouveau parc à Pawnee. Elle a un site Internet mais elle n’existe pas. S’il y a vraiment dans l’Oklahoma et dans l’Illinois des villes nommées Pawnee, celle qui nous intéresse ici est située dans l’Indiana, et c’est une délicieuse caricature de l’Amérique redneck, aussi conservatrice que décadente. Théâtre de la série américaine Parks and Recreation (2009-2015), elle est située à 145 kilomètres d’Indianapolis. Pawnee, dont toute l’histoire dénote du génie comique évident de son inventeur, a le même nom qu’une tribu indienne, mais la tribu que les colons ont chassée pour s’y installer en 1812 est celle des Wamapoke. Fondée par le révérend Luther Howell, qui y construisit une église (devenue plus tard… un magasin) avant de se faire démembrer par les Indiens, elle tire en fait son nom d’une erreur d’écriture, Howell étant peu lettré (il souhaitait l’appeler «paradis»). Le côté plouc, disgracieux et inculte des habitants de Pawnee est mis en avant, la ville voisine (et rivale), Eagleton, est au contraire dépeinte comme riche, élégante, snob. Autre clin d’oeil tordant à l’histoire américaine, Eagleton a en fait été fondée par les riches de Pawnee qui ont fait sécession. La série tournant autour de la vie du service des parcs et loisirs de la ville, la mairie en est l’un des éléments de décors principaux. Pendant la deuxième saison, la ville fait d’ailleurs face à une crise budgétaire, calquée sur le shutdown américain. On ne sait pas quelle est exactement la superficie de Pawnee (moins de 100 000 habitants) mais elle ne doit pas être très grande, quelques commerces (JJ’s Dinner notamment) revenant régulièrement dans les scènes mais variant peu. La ville dispose d’un hôpital, d’une émission de ragots sur l’antenne télé locale, d’un zoo et –fantaisie locale– d’un mémorial pour les chiens policiers. L’animal emblème de la ville est néanmoins un poney, nommé Lil’ Sebastian («P’tit Sébastian»). Elle est jumelée avec plusieurs villes, aussi diverses que Sarajevo ou Kinshasa. Son dernier maire est Gerry Gingrich. Son slogan est actuellement «when you’re here, then you’re home» («quand vous êtes ici, vous êtes chez vous»), qui a remplacé «First in friendship, fourth in obesity» («premiers en amitié, quatrièmes en obésité»). Son slogan initial était «The Paris of America», «le Paris de l’Amérique». (K.H.-G) Remonter au sommaire Maycomb, Alabama: théâtre de la ségrégation IFRAME: http://www.dailymotion.com/embed/video/x271pbb Selon que vous soyiez riche ou pauvre, éduqué ou illettré, noir ou blanc, vous aurez une place bien à vous à Maycomb (Alabama), et vous n’en bougerez pas. Cette ville rurale inventée par Harper Lee, théâtre de son magnifique premier roman Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (1960), répond à une organisation spatiale bien établie. Au centre-ville, le courthouse, qui tient lieu de tribunal et de mairie, trône en plein milieu. Autour se dressent la poste, le magasin et le café, la prison, la banque. Non loin, une longue rue où sont sagement rangées de jolies maisons, habitées par les Blancs bien comme il faut. Les Noires n’y sont présentes que pour y travailler, comme bonnes ou cuisinières. C’est en dehors de la ville que sont relégués les Noirs, tout comme les Blancs pauvres, «crasseux», mais, il ne faudrait pas aller plus vite que l’Histoire... Pas au même endroit. La créatrice de Maycomb est née à Monroeville, commune bien réelle de l’Alabama de moins de 7 000 habitants, dont il semble qu’elle se soit largement inspirée. Si bien que Monroeville organise aujourd’hui des ballades touristiques pour «vivre l’expérience “Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur”». (K.H.-G) Remonter au sommaire Liberty City, la Gotham de «GTA» On arrive par bateau, à Liberty City. Tout comme Nico Bellic, le personnage principal venu des pays de l’Est qu’il incarnera pendant des dizaines d’heures, le joueur immigre dans la reconstitution de New York qui sert de terrain de jeu à GTA IV, sorti en 2008. On commence d’ailleurs par croiser la Statue of Happiness, souriante jumelle de l’autre. Les premières rues que l’on arpente sont celles du quartier de Brokers, reconstitution de Brooklyn. L’impression de vie est sidérante. Les passants, la circulation et surtout l’étendue du terrain de jeu, où l’on peut circuler librement, donne l’impression d’arpenter la Big Apple. Même si la carte est dix fois plus petite que l’original (9 km² pour Liberty City contre près de 800 km² pour New York), la présence de tous les lieux emblématiques pousse cette impression de réalisme à un niveau jamais atteint jusqu’alors. Après Brokers, on découvre bien sûr Algonquin (Manhattan), où l’on retrouve les grands écrans en façade de Star Junction (Time Square) et où l’on peut déambuler dans l’immense Middle Park (bon, en vrai, on se retrouve souvent à le parcourir à grande vitesse au volant d’une voiture). Puis viennent les quartiers de Bohan (le Bronx), Dukes (le Queens) et même Alderney City (Jersey City), qui se situe sur l’autre rive de West River. Ce n’est pas la première fois que le studio écossais Rockstar North modélise ainsi New York. Dans le tout premier Grand Theft Auto, en 1997, on se baladait déjà dans Liberty City, mais la vue aérienne ne permettait pas vraiment l’immersion du joueur. C’est avec GTA III, en 2001, que le joueur a pu découvrir la ville de l’intérieur. Mais la 3D rudimentaire de l’époque, sur Playstation 2, ne permet pas encore de prétendre au réalisme, d’autant que la carte, deux fois plus petite (4 km²), impose une reconstitution beaucoup plus schématique des lieux. Avec GTA IV, la donne a changé. Le jeu vidéo devient un voyage. Et les destinations ne cessent depuis de se multiplier. (Erwan Cario) Remonter au sommaire Brantford, New Hampshire: le berceau de «Jumanji» Brantford est une petite ville imaginaire des Etats-Unis située dans l’Etat du New Hampshire (le film a été tourné en grande partie dans la ville de Keene). En 1969, au moment où commence l'action de Jumanji, film pour enfants de Joe Johnston (1995), Brantford est une jolie ville sage et rassurante où tout le monde se connaît et se salue. Les rues sont fleuries et bien entretenues, les habitants semblent heureux, profitent des petits commerces et des espaces verts et la police veille sur eux. Toute cette prospérité repose sur la «Parrish Shoes», une grande et belle usine qui fabrique les meilleures chaussures de la Nouvelle Angleterre. Le manoir des Parrish est une immense et belle maison de maître de trois étages parfaitement entretenue. Mais 26 ans plus tard, en 1995, la fermeture de la fabrique de chaussures (suite à la disparition du fils du patron dans le jeu Jumanji) a plongé la ville dans la misère. Des déchets jonchent les trottoirs, les commerces, délabrés, ferment les uns après les autres, des sex-shops ont ouvert et les sans-abris sont nombreux. Après la mort de ses propriétaires le manoir a lui été laissé à l’abandon. Quand le jeu reprend dans ses murs, la maison est rapidement dévastée. Mais les animaux qui surgissent de Jumanji sèment aussi la panique dans les rues, détruisent les commerces et les voitures. La mousson et un tremblement de terre provoquent le chaos. Heureusement, comme dans tout bon divertissement américain, tout rentre dans l’ordre à la fin. (Cécile Bourgneuf) Remonter au sommaire Plassans, ville-témoin provençale de Zola [native.jpg] Crédit: Gallica «Lorsqu’on sort de Plassans par la porte de Rome, située au sud de la ville, on trouve, à droite de la route de Nice, après avoir dépassé les premières maisons du faubourg, un terrain vague désigné dans le pays sous le nom d’aire Sainte-Mittre». Ainsi démarre la Fortune des Rougon, premier des vingt volumes des Rougon-Macquart d’Emile Zola. Si cette ville tient sans doute son nom de Flassans (Var), c’est bien Aix-en-Provence, où le romancier a passé sa jeunesse, qui en est le modèle assumé. Et si les descendants des familles Rougon et Macquart voient du pays et montent pour certains à Paris, romans et personnages reviennent régulièrement aux origines. D’Aix, Zola reprend non seulement le plan –en changeant les noms (le cours Mirabeau devient le cours Sauvaire)– mais aussi «la situation économique, à l’écart de tout mouvement moderne, la division en trois quartiers distincts, la routine; le respect des conventions» (1). Et jusqu’à certaines figures locales (le père de Cézanne par exemple) dont Zola emprunte des traits de caractère pour certains personnages. Face au Paris très réel qui sert de cadre à nombre de ses romans, de la Curée au Bonheur des dames, la sous-préfecture imaginaire du Sud-Est est la ville-témoin à travers laquelle Zola décrit l’esprit de la province sous le Second Empire où les désirs d’ascension sociale se mesurent aux changements de quartier et où les grandes divisions politiques du pays s’entremêlent avec les rivalités locales et les arrivismes particuliers autour de la place de la Sous-Préfecture et du salon des Rougon. (Guillaume Launay) (1) Colette Becker , dans la préface au volume 1 des Rougon-Macquart dans la collection Bouquins. Remonter au sommaire Hill Valley, Californie: terre natale de Marty McFly «Mr. Sandman, bring me a dream / Make him the cutest that I’ve ever seen / Give him two lips like roses and clover / Then tell him that his lonesome nights are over» fredonnent les Four Aces, alors que Marty McFly découvre, incrédule, le Hill Valley de 1955. IFRAME: https://www.youtube.com/embed/kesfyzSl7ZU La ville n’a rien à voir avec ce que le héros de Retour vers le futur, incarné à l’écran par Michael J. Fox, qui vient d’être transporté trente ans en arrière, connaît. Au cinéma du coin, Ronald Reagan donne la réplique à Barbara Stanwyck dans Cattle Queen of Montana, les pompistes de la station Texaco accourent vers une Plymouth Cranbrook qui attend son plein, l’horloge de l’hôtel de ville, pas encore frappée par la foudre (l’événement interviendra le 12 novembre 1955 à 22h04), sonne 8h30. «Welcome to Hill Valley “a nice place to live”», renseigne un panneau à l’entrée de la ville –que l’on retrouvera dans chaque épisode de la saga, flottant dans les airs en 2015, transformé en «Hell’s Valley» (la vallée de l’enfer) dans le 1985 alternatif où Biff Tannen est millionnaire, mais pas en 1885, car Hill Valley est encore en construction. La ville (fictive) a été imaginée par Zemeckis comme le cliché parfait de la bourgade américaine cosy par excellence. Construite en partie dans les studios d’Universal, à Hollywood, mais censée se situer dans les chaînes montagneuses de la Sierra Nevada, dans le nord de la Californie, Hill Valley est un havre de paix pour familles moyennes blanches américaines, avec ses squares en gazon, ses deux cinémas et son université (où Doc Brown a enseigné), et bientôt sa zone résidentielle bourgeoise: Hilldale. En 1985, le lieu n’est encore qu’un projet architectural, mais tout porte à croire qu’il sera l’endroit huppé du coin. D’ailleurs, Marty McFly rêve d’y habiter (ce qu’il fera, adulte). Mais trente ans plus tard, le quartier du «succès» («adress for success») n’est plus qu’une zone vétuste mal famée où croupissent les «ratés» («adress of sucKeRs» dit le panneau recouvert d’un graffiti, à l’entrée), symbole d’une classe américaine à la ramasse, bloquée dans les années 90 et incapable de prendre le train de la modernité en marche. A Hill Valley le 21 octobre 2015, date d’arrivée du jeune McFly dans le futur, les voitures volent, les skates flottent et les paires de Nike Mag se lacent toutes seules. Mais à Hilldale, rien ne fonctionne, pas même la panière de fruits automatique. Tiens, d’ailleurs, puisqu’on en parle, le 21 octobre 2015 approche. On en est où des voitures volantes? (Tristan Berteloot) Remonter au sommaire Gotham City: un cadavre exquis de New York, Londres et Tokyo «Gotham City, c’est Manhattan sous la 14^e Rue, à minuit onze durant la nuit la plus froide de novembre», écrivait Dennis O’Neil, un des scénaristes qui à faconné Batman durant les années 70. Son compère Neal Adams y voyait plutôt le Chicago des années Capone. Au cinéma, Gotham est un cadavre exquis mêlant des morceaux de New York, Chicago, Pittsburgh, Londres, Tokyo et Hongkong. Un point commun malgré tout: Gotham incarne la nuit, quand Metropolis, la lumineuse cité de Superman, ne connaît que le jour. Aberration géographique, la mégalopole compte trois cartes officielles, évidemment différentes. Quelques faits font toutefois consensus: la cité a été fondé en 1635 par un Norvégien avant de repasser sous le joug des Britanniques. Installée sur un terrain marécageux du New Jersey, Gotham semble condamné à s’embourber après avoir profité du XIXe siècle pour croitre. Au dernier recensement (2000) s’étale sur 846,9 km² (un poil plus que NYC), répartis sur six îles. En chiffres, Gotham c’est une chaine de télé, un quotidien, un pénitencier, un asile, 18 équipes (!) de baseball, foot, basket et hockey, 13 justiciers pour au moins un cinquantaine de villains, une douzaine de gangs et huit familles mafieuses. Gotham, c’est l’archétype des métropole à la verticalité oppressante. Une projection de la société elle-même, son organisation spatiale réproduisant une hiérarchie sociale inégalitaire, où les puissants évoluent en hauteur, en haut de buildings, tandis que la populace est confinée au niveau du pavé, en proie aux crapules qui règnent sur les basfonds de la ville. D’immeubles gothiques en cathédrales art déco, son architecture change perpétuellement. A l’image de la Dark City d’Alex Proyas, où la ville se recompose chaque nuit en un inquiétant labyrinthe, les gratte- ciels et les rues de Gotham se déplacent au fil des BD, films et autres jeux vidéo. «La ville n’est pas une succession d’immeubles, mais plutôt un état d’esprit, qu’une simple silhouette noire de batiment suffit parfois à rendre», résume Jean-Marc Lainé dans Urbaine Tragédie (éd. Les moutons électriques, 2011). Les canyons de Gotham sont une toile sur laquelle chacun projette ses peurs, au point d’incarner les échecs de l’humanité: gangrénée par la corruption, elle est un étouffoir aux avantsposte du déréglement climatique, martyrisée par la nature et les hommes. Un tremblement de terre l’a vidé (de 8 millions à 2,7 millions d’habitants), les derniers Gothamites regrettant probablement leur choix lorsque le gouvernement a placé la ville en quarantaine, laissant les gangs faire la loi. En même temps, il faudra qu’on nous explique ce qui peut motiver les gens à rester dans un endroit où même ce qui est censé être choupi se retourne contre eux: clown, pingouin, hiboux… Mais le vrai drame de Gotham est ailleurs. Gotham est réduite à ses fonctions régaliennes: on connait par coeur sa mairie, son tribunal, les commissariat du GCPD. Mais où sont les crèches, les grands magasins, les librairies et autres cafés? Le seul cinéma que l’on connait, le Monarch, est le lieux où les Wayne ont été assassiné. Pas hyper engageant. Et si, pour changer, on allait plutôt se nicher en Angleterre, dans le Nottinghamshire, où se trouve le vrai Gotham? (Marius Chapuis) Remonter au sommaire Villeneuve, 1940: l’Occupation d’un lieu Ah, Villeneuve… Son église, sa mairie, son commissariat, son école principale, et, bien évidemment, ses collabos, sa milice, son Oberkommandantur, son maquis… Dans Un Village français, la série chorale diffusée sur France 3 qui raconte la vie d’une petite ville hexagonale pendant la Seconde guerre mondiale, on retrouve tous les attributs attendus d’une cité de province. Villeneuve est située dans le Jura, sur la ligne de démarcation, à deux heures de Besançon, pas très loin des frontières de la Suisse et de l’Allemagne. En théorie, seulement. C’est une ville fictive, symbolique, inventée de toutes pièces par les scénaristes. «On ne voulait pas être emmerdé par l’historicité d’une ville réelle», raconte Frédéric Krivine, l’un des créateurs de la série. «C’est une ville un peu paradoxale. Parfois on peut avoir l’impression que c’est un gros village où tout le monde se connaît, et parfois cela ressemble plus à un bourg de 15 000 habitants avec une forte présence des Allemands et des résistants.» Dans les faits, la série a été tournée un peu partout en France… sauf dans le Jura! En partie financés par la région Limousin, de nombreux tournages ont eu lieu en Haute-Vienne. Mais aussi en région parisienne: l’école, très présente dans la dernière saison, se trouve à Neuilly sur Marne. «On a pris des cartes d’état-major où il n’y avait pas trop de noms et on les a un peu réadaptées, raconte François Chauvaud, le chef déco, mais on n’a pas été fouiller dans le détail plus loin.» A Villeneuve donc, pas de plans précis ou de distance exacte entre l’usine de Schwartz et la maison du docteur Larcher, mais une réalité topographique qui s’adapte aux besoins du scénario. (Quentin Girard) Remonter au sommaire Springfield: entre Homer et montagne L’une des cités les plus célèbres d’Amérique n’existe pas. A Springfield, la ville des Simpson, il y a ce qui ne change pas au fil des saisons: le 742 Evergreen terrasse, où vit notre famille préférée, la maison de Flanders, leur voisin, le mini-market d’Apu, le bar de Moe, la centrale nucléaire et le manoir de Mr. Burns, l’école de Skinner, le commissariat, la mairie, l’hôpital et la maison de retraite. Tout le reste, où presque, et notamment les distances entre ces lieux, sont soumis au bon vouloir des scénaristes. Même sa localisation précise est inconnue, les créateurs de la série s’étant toujours échinés à laisser planer le doute. Symbole de la ville moyenne américaine, Springfield est un nom très courant. Si elle existait vraiment, ce serait sans doute l’une des plus agréables à vivre des Etats-Unis (si on oublie un instant la pollution du lac à cause de la centrale et l’incendie perpétuel de l’incinérateur de pneus). En plus du quartier résidentiel que l’on voit le plus, très classe moyenne blanche, il y a un quartier gay, un juif, un italien, mais surtout une multitude de spots naturels qui valent le détour: un grand glacier, des montagnes, un parc national, un port et un aéroport qui permet de s’envoler pour aller à peu près partout dans le monde. En quelques dizaines de minutes de trajet, les Simpson peuvent passer du ski à la plage en passant aux grandes plaines, c’est assez pratique. Sur Internet, ces précisions aléatoires n’ont pas empêché les fans de créer de nombreuses cartes, les plus précises possibles, comme celle-ci. (Q.G.) Remonter au sommaire Ankh-Morpork, vivante et mouvante cité du Disque-Monde La fantasy est une affaire trop sérieuse pour qu’elle ne soit pas traitée avec humour. Terry Pratchett, décédé cette année, est célèbre pour sa série les Annales du Disque-Monde et la création de la planète éponyme. Sur ce disque porté par cinq éléphants eux-mêmes sur le dos d’une tortue géante, la ville la plus emblématique est Ankh-Morpork, gigantesque cité-état. C’est une métaphore de Londres, l’humour de ses habitants, l’odeur, la pollution, le brouillard, la gastronomie aléatoire, de New York, l’immigration intense, son surnom de «Grosse Yourte», d’une cité italienne de la Renaissance, l’organisation politique, ou, pour les lecteurs français, de Paris, notamment pour sa construction circulaire. Traversée par le fleuve l’Ankh, aux boucles proches de celle de la Seine, un fleuve réputé pour sa pestilence et sa saleté, à tel point que l’on peut marcher dessus, la ville connaît une explosion démographique au fil des tomes. Cité la plus prospère du continent, en pleine révolution industrielle, elle voit arriver de nombreux migrants. Pas seulement des humains, mais aussi des trolls, des nains, des gobelins, des vampires. Des populations parfois historiquement ennemies qui se retrouvent à cohabiter pour le meilleur. Si quelques quartiers et lieux peuvent paraître plus emblématiques que d’autres, l’université de l’Invisible, le palais du Patricien, le quartier populaire et dangereux des Ombres, la construction de la ville n’est pas aussi anarchique que l’on pourrait le croire. Pour Terry Pratchett, la première chose à penser si l’on voulait créer une métropole de toutes pièces était le système d’évacuation des eaux usées. Cité millénaire, ancienne capitale d’Empire, Ankh-Morpork s’est, à l’image des villes européennes historiques, construite par couches successives, les bâtiments les plus récents grimpants, littéralement, sur les plus anciens. Rarement, en fantasy, une cité a eu autant d’importance dans la construction du récit. Elle est vivante et mouvante, avec un caractère et des émotions, c’est peut-être même le personnage le plus important des Annales du Disque-Monde. (Q.G.) Remonter au sommaire La cité d’Hyrule, terrain de jeu de Zelda La cité d’Hyrule (qui et aussi le nom du monde et du royaume) se retrouve de manière récurrente dans presque toutes les aventures de Link (vous savez le petit bonhomme vert de Nintendo qui doit sauver la princesse Zelda kidnappée par l’infâme Ganondorf). Elle est, dans les jeux vidéo d’action-aventures, le symbole de ce que l’on pourrait appeler la cité utile. Hyrule, ou plus spécialement son marché dans Ocarina of Time par exemple, est une cité médiévale traditionnelle avec son château, sa cathédrale, sa place du village et ses lourdes portes qui la ferment la nuit. Si elle donne une ambiance au jeu, ce n’est dans le fond pas sa fonction première. Le plus important est son rôle de «ville-étape». Potions, masques, armures, armes, conseils divers et variés, elle permet aux joueurs de faire des des pauses entre deux donjons et aventures et le plein de fournitures. D’une certaine manière, recharger les batteries. Cela entraîne parfois quelques paradoxes. Censément ville principale du monde où évolue Link, Hyrule ne paraît jamais très peuplée. Pratiquement tous les personnages que l’on croise sont là pour remplir une fonction qui permettra d’aider le joueur dans sa quête. Si Hyrule est l’un des plus connus, ces lieux neutres se retrouvent dans tous les jeux de rôle en ligne, ils sont essentiels à la construction même de ces jeux-vidéos. Dans Zelda, cela peut être aussi parfois le village Cocorico ou Mercantile (pour The Wind Waker). Ce sont les capitales dans World of Warcraft comme Hurlevant pour les humains ou Orggrimar pour les orcs, ou encore, Bourg Palette dans Pokemon. (Q.G.) Remonter au sommaire Isola, la NYC des passionnés de polars américains «Isola». Pour les passionnés de ski, le nom renverra à une station du Mercantour. Les amateurs de roman noir, eux, répondront illico «Ed McBain» ou «Evan Hunter», les deux ne faisant qu’un, en l’occurrence un monument du genre, disparu en 2005. Isola est la ville qui sert de décor au 87e District. Avec cette série de 53 romans, qui l’a définitivement installé dans le panthéon littéraire, McBain a inventé le «police procedural», soit le polar articulé autour de la vie d’un commissariat. La formule est devenue un classique, cf, chez nous, Fred Vargas et son commissaire Adamsberg. Chez McBain, on se passionne pour les vies professionnelles mais aussi privées des inspecteurs Steve Carella (pierre angulaire de l’édifice), Meyer Myer, Bert Kling, Arthur Brown... Fils d’immigré italien, juif, black, rouquin, c’est un condensé d’Amérique réuni dans un bureau. Mais il faut aussi compter parmi les personnages cette Isola, métropole à la fois fascinante, addictive et terrifiante, sublime et monstrueuse. Ed McBain la crée, l’anime, de façon très concrète, dans son fonctionnement quotidien, grandeur et misères comprises. Isola ressemble furieusement à New York où il est né et a longtemps vécu. En 1978, à un journaliste qui lui demandait un plan d’Isola, McBain aurait d’ailleurs décrypté Isola comme suit: «Calm’s Point est Brooklyn ; Riverhead est le Bronx; Isola est Manhattan; Diamondback est Harlem; Smoke Rise est Riverdale; Hillside est Washington Heights; Majesta est le Queens ; Bethtown est Staten Island; Landis Avenue est Lenox Avenue ; St.Sebastian Avenue est St.Nicholas Avenue ; Hall Avenue est Fifth Avenue; Jefferson Avenue est Madison Avenue ; la Rivière Dix est l’East River; la Rivière Harb est l’Hudson River; The Diamondback River la Rivière Harlem ; Buenavista Hospital est Bellevue ; Dover Plains Avenue est White Plains Avenue ; Grover Park est Central Park ; Grover Avenue est Central Park West.» (Sabrina Champenois). Remonter au sommaire LIBERATION Après cet article Le président de la Maif, Pascal Demurger, entend faire du Numa un «guide dans le paysage numérique». numérique La Maif investit 3 millions d'euros auprès du Numa partager tweeter Envoyer xiti IFRAME: http://cstatic.weborama.fr/iframe/customers/premium.html?idEditeur=1084 &idSite=26