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France-Monde

En Afghanistan, les satiristes fédèrent un public croissant, suscitant l'ire
du pouvoir




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Ils rient à la barbe et au nez des chefs de guerre, raillent l'élite et
s'amusent des travers de leur société. En Afghanistan, des médias
satiriques fédèrent un public croissant, mais suscitent l'ire du
pouvoir qui tente de traquer ces humoristes masqués. Les services
secrets afghans ont ainsi arrêté le mois dernier des journalistes
soupçonnés d'alimenter le "Kaboul Taxi", une page Facebook satirique
qui fait ses choux gras de la corruption et des dysfonctionnements
politiques dans ce pays affligé par la guerre. Ce raid, qui a
ironiquement propulsé la popularité de la page, a suscité l'indignation
d'internautes réunis sous la bannière "Je suis Kaboul Taxi" et braqué
les projecteurs sur une nouvelle génération de satiristes. Lancée en
avril dernier par un Afghan anonyme, la page montre des politiques
assis sur la banquette arrière d'un taxi jaune orné du message "la vie


accusé le "Taxi de Kaboul" de révéler des secrets d'Etat et fait
arrêter des journalistes soupçonnés d'être à l'origine de cette page en
ascension. Mais des médias afghans ont défendu ce taxi nommé satire en
rappelant que les noms de ces conseillers étaient disponibles sur le
portail internet du gouvernement et donc qu'aucun secret d'Etat n'avait
été dévoilé. "Le gouvernement considère la satire comme du terrorisme",
pouvait-on lire sur la page du "Kaboul taxi" qui a mystérieusement
disparu après la polémique pour réapparaître sans la même verve et sans


taxi", ironisait un autre, tandis qu'une vidéo animée postée sur
Facebook montrait M. Atmar tenter en vain de mettre la main sur un
taxi. - Chien de garde - Le boom de la satire politique en Afghanistan,
pays gangréné par les attentats, la corruption et le népotisme,
s'inscrit dans un mouvement plus large en faveur d'une plus grande
transparence de la classe politique. "Le rôle de la satire en
Afghanistan est de mettre la pression sur les personnalités influentes,
et en particulier les politiques", explique ainsi le co-fondateur de
"Afghan Onion", un site satirique inspiré de "The Onion", la référence
en la matière aux Etats-Unis. "C'est une façon de leur dire: la
population vous épie attentivement", ajoute ce satiriste qui sévit
aussi en préservant son anonymat, afin de se protéger de possibles
menaces ou attaques. L'organisation de défense des droits de l'Homme


l'intimidation et des attaques contre les médias au cours des deux
dernières années en Afghanistan, marquées par le retrait progressif des
forces de l'Otan. Malgré les risques du métier, la satire politique est
bien vivante à Kaboul, estime Jalal Noorani, auteur du livre à paraître
"L'art de la satire". "La satire a survécu aux talibans, aux
moudjahidines (dans les années 1980, ndlr) et à la guerre civile",
explique M. Noorani. "Vous pouvez tenter de restreindre les (libertés
des) satiristes, de les emprisonner même, mais vous ne pouvez endiguer
le flot de satires", dit-il. - L'âge d'or de la satire - La période
postérieure à la chute des talibans, au pouvoir de 1996 à 2001, "marque
l'âge d'or de la satire avec une nouvelle génération, plus brillante et
moins peureuse" que les précédentes, ajoute celui qui avait aussi sévi
dans sa jeunesse, à la fin des années 1960. Pour le co-fondateur de
"l'Oignon afghan", créer un site satirique en Afghanistan relève d'un
"risque calculé". Editrice du mensuel satirique "Achar Kharboza", le
"melon au vinaigre", Masouda Khazan Tokhi dit, elle, avoir reçu des
menaces pour de banales histoires sur les choix vestimentaires des


identité. "Chers amis, vous savez désormais, quant aux ennemis, faites
bien attention", a-t-elle écrit dans une sorte de "coming-out" de
satiriste.

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