Il avait supplié les magistrats de lui accorder un nouveau procès. En vain. La Cour de révision a rejeté jeudi le recours de Raphaël Maillant contre sa condamnation à 17 ans de réclusion pour le meurtre de son ex-petite amie, Valérie Bechtel. Lui, a toujours clamé son innocence. Mais le 14 mars 1997, la cour d'assises des Vosges en avait décidément autrement en le déclarant "coupable". Le corps nu de Valérie Bechtel, 20 ans, avait été retrouvé en août 1991 dans un fossé de la forêt domaniale de Thaon-les-Vosges. Autour de son cou, un torchon de cuisine, sur son dos, 49 petites plaies, stigmates d'un instrument non identifié, "pointu et piquant".

Aucun aveu, aucune preuve matérielle mais un témoignage à charge emportera l'intime conviction des jurés. Celui de Yann Bello qui, au cours de sa garde à vue, balancera son meilleur ami : Raphaël et lui avaient voulu commettre un cambriolage chez les parents Bechtel, censés être absents. Mais ils avaient été surpris par Valérie et Raphaël l'avait tuée. Ensemble, les deux amis avaient transporté le corps dans la forêt. L'accusé, qui avait nié en bloc, avait été condamné à 17 ans de prison. Le dénonciateur, à deux, pour recel de cadavre. A l'époque, la possibilité de faire appel d'un verdict n'existait pas.

Long combat judiciaire

Raphaël Maillant a passé neuf années derrière les barreaux avant d'être libéré sous condition. Avait alors débuté son long combat pour prouver son innocence. Par deux fois, la révision de son procès avait été rejetée : les faits nouveaux qu'il présentait n'étant pas de nature à faire naître "un doute". Jusqu'à ce rebondissement en 2011 : Yann Bello, le dénonciateur, avait été accusé à son tour d'avoir tué sa propre épouse, Charlène. Meurtre pour lequel il écopera de 25 ans de réclusion criminelle. Cette fois, la troisième demande en révision avait été instruite.

"Le mode opératoire similaire du crime de Charlène et Valérie" ne peut être considéré comme une macabre coïncidence, avait fait valoir dans nos colonnes l'avocate de Raphaël Maillant, Me Noachovitch : les deux femmes avaient été violemment frappées, retrouvées nues et étranglées avec un linge. Le psychiatre qui avait expertisé Yann Bello avait également pointé du doigt "sa violence" et sa facilité à recourir "à la falsification et à la déformation de la réalité".

Pas d'éléments nouveaux

Mais la Cour de révision a estimé jeudi que les nouveaux éléments soulevés par la défense n'étaient pas de nature à "faire naître un doute sur sa culpabilité". Il n'y aura pas de nouveau procès. Sonné, "abasourdi", Raphaël Maillant a qualifié cette décision de "nouvelle condamnation". "J'espérais autre chose". Celle d'être la douzième personne depuis 1945 à être acquittée après un procès en révision.

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