L'homme faisait déjà partie de la liste noire américaine des dix terroristes les plus dangereux. Le Français Salim Benghalem était alors soupçonné d'être l'un des bourreaux de l'Etat islamique. Ce vendredi, on apprend que l'homme de 35 ans aurait été l'un des geôliers des quatre journalistes français - Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres - retenus en otage en Syrie par Daech entre juin 2013 et avril 2014. Le Monde révèle en effet qu'une information judiciaire a été ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris pour enlèvement et séquestration visant notamment Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la tuerie au musée juif de Bruxelles, et Salim Benghalem. "Quand Nemmouche cognait, c’est Benghalem qui posait les questions", explique une source proche du dossier au journal.

Originaire de Cachan, dans le Val-de-Marne, Salim Benghalem avait été condamné par la justice française en 2007 pour meurtre dans une affaire "d’affrontement entre bandes rivales". L'année dernière, son ancien avocat décrivait à metronews "un jeune qui voulait s'insérer socialement " et qui "suivait une psychothérapie en maison d'arrêt". "Il n'avait pas du tout de velléités de violence. Il était attentif aux autres et avait d'ailleurs été animateur pour la ville de Cachan". Me Forster n'arrivait pas à imaginer Salim Benghalem "en exécuteur tortionnaire". "Si ce Salim Benghalem est bien celui que j'ai connu, c'était vraiment insoupçonnable", avait-il réagi après que le nom de son client est apparu dans la liste du département d'Etat américain. Il semble pourtant que l'ancien petit délinquant de Cachan se soit bel et bien mué en djihadiste haut placé dans l’organigramme de l’EI. Selon une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) révélé par Le Monde, Salim Benghalem "ferait actuellement partie de la police islamique de l’EI et participerait aux exécutions et châtiments corporels administrés aux personnes jugées par leurs soins".

Supérieur hiérarchique

Celui que ses proches décrivaient avant son départ en Syrie comme "drôle", volontiers "taquin ", et "pas spécialement courageux", aurait gardé en binôme les quatre otages français dans une prison d’Alep. Selon le quotidien, il était le supérieur hiérarchique de Mehdi Nemmouche. Nicolas Hénin, un des anciens otages, avait alors reconnu le tueur présumé du musée juif sur des photos de son arrestation en mai 2014 à Marseille. "Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait. Il était membre d'un petit groupe de Français dont la venue terrorisait la cinquantaine de prisonniers syriens détenus dans les cellules voisines. Chaque soir, les coups commençaient à pleuvoir dans la salle dans laquelle j'avais moi-même été interrogé. La torture durait toute la nuit, jusqu'à la prière de l'aube. Aux hurlements des prisonniers répondaient parfois des glapissements en français.", avait-il raconté au Point. Il avait ainsi dressé le portrait glaçant de ce personnage violent, qui se servait de son engagement djihadiste pour asseoir sa notoriété. "Il n'était probablement pas parti en Syrie pour se battre contre un quelconque idéal (…) Nemmouche ne voulait qu'un beau procès. Faire la une, à l'image d'un Merah qu'il citait souvent en exemple. Et, pourquoi pas, couronnement suprême, faire lui aussi l'objet d'un Faites entrer l'accusé..."

Mehdi Nemmouche est actuellement en prison. Salim Benghalem, lui, est toujours activement recherché. Il est également accusé de "provocation à commettre des actes de terrorisme" après son apparition dans une vidéo de propagande le 12 février 2015. A visage découvert, il se félicitait des attentats perpétrés en janvier à Paris par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly.

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