Le commandant du groupement de gendarmerie de la Gironde, Ghislain Rety, et la procureure de la République de Bordeaux, Marie-Madeleine Alliot, le 12 mars 2015 à Bordeaux
Le commandant du groupement de gendarmerie de la Gironde, Ghislain Rety, et la procureure de la République de Bordeaux, Marie-Madeleine Alliot, le 12 mars 2015 à Bordeaux - M.BOSREDON

Mickaël Bosredon

Un drame qui reste encore inexpliqué. La procureure de la République de Bordeaux, Marie-Madeleine Alliot, et le commandant du groupement de gendarmerie de la Gironde, le colonel Ghislan Réty, ont fait le point ce jeudi à Bordeaux sur le meurtre d'une fillette de 9 ans, tuée par sa mère d'un coup de fusil de chasse, lundi matin à Barsac.

La femme de 33 ans n'a toujours pas pu être entendue par les enquêteurs, puisque placée dans un hôpital psychiatrique, à Cadillac (Gironde). Il reste de fait de nombreuses zones d'ombre autour du mobile. «Le médecin qui l'a examinée a diagnostiqué un trouble psychique ayant altéré son discernement, et un choc confusionnel important, incompatible avec le régime de la garde à vue» a expliqué la procureure. «Mais elle n'a pas été déclarée irresponsable pénalement, ce qui est très important pour la suite de la procédure.»

L'amie qui se trouvait à son domicile l'a entendue partir

Le parquet a ouvert une information judiciaire à son encontre pour «homicide volontaire sur mineure de moins de 15 ans» et pour «tentative d'homicide volontaire», la jeune femme ayant également ouvert le feu sur un automobiliste, sans le toucher, dans sa folle course meurtrière.

Aurélie C. a quitté son domicile de Saint-Michel de Castelnau, à 90 km au sud de Bordeaux, pour se rendre à Bordeaux ou dans sa banlieue, vers 5h30 lundi matin. «Elle a emmené avec elle un fusil et sa fille. L'amie qui se trouvait à son domicile l'a entendue partir» raconte la procureure de la République. «Elle avait sans doute un dessein criminel.»

L'enfant victime d'un tir à bout touchant

Les enquêteurs ont pu déterminer qu'elle «roulait à très vive allure, et qu'elle est tombée en panne d'essence en arrivant sur la commune de Barsac. Elle était dans un état d'excitation très fort, et elle s'est arrêtée dans un grand désarroi» détaille le colonel Ghislain Réty. Il est environ 6h30 lorsqu'elle sort de son véhicule, tire sur sa fille, dans la voiture, et laisse le corps. «Elle a tiré à bout portant et touchant avec un fusil de chasse de calibre 14. L'autopsie a déterminé que l'enfant a été touchée au niveau de la cage thoracique, le coeur, le foie et la rate ont été atteints» a ajouté la procureure.

La jeune femme vise alors un véhicule qui passait par là. Des projectiles ont été retrouvés dans l'habitacle. Plusieurs automobilistes s'arrêtent, l'un d'eux réussit à négocier pour lui enlever son arme. «Elle est alors retournée voir sa jeune fille, et a sorti le corps côté passager, elle s'est allongée sur le sol avec, c'est là que l'enfant est décédé, malgré les premiers soins prodigués par un infirmier qui passait aussi par là» détaille le commandant de la gendarmerie.

Elle a ensuite tenté de prendre la fuite à travers les vignes, et a été interpellée par les gendarmes, arrivés sur place à 6h50. «En raison de son état de folie, la garde à vue de la mère, prononcée juste après les faits, a été immédiatement levée au profit d'un placement en hôpital» poursuit le colonel Réty.

«Certainement un traumatisme passé»

Son entourage a été interrogé depuis lundi, ce qui n'a pas permis d'en savoir davantage sur le mobile. «Pour son ex-mari, qui avait la garde alternée de la fillette, c'est l'incompréhension totale, et il est dans une douleur extrême. Idem concernant la jeune femme avec qui elle entretenait une relation, qui a assuré que la chose à laquelle elle tenait le plus, c'était sa fille» explique la procureure.

Rien dans son comportement, jusqu'ici, ne laissait donc présager un tel geste. «Il y a sûrement eu dans son passé un traumatisme, qui s'est réveillé» ce jour-là estime la procureure. Le parquet a requis le mandat de dépôt à son encontre, qui sera effectif à sa sortie de l'hôpital. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.