L’odyssée de la Lune
Le grand pas d’Armstrong

A bord du module lunaire, l’astronaute Edwin
« Buzz » Aldrin effectue des expériences scientifiques
Le 21 juillet, à 3 heures 56 et 20 secondes heure française, l’Américain Neil Armstrong est le premier homme à poser le pied sur la Lune. Il prononce aussitôt ces paroles demeurées historiques : « C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité ».
Dix-huit minutes plus tard, Buzz Aldrin, pilote du module lunaire Eagle, le rejoint sur la mer de Tranquillité, le temps pour les deux héros de recueillir quelques échantillons et d’y planter la bannière étoilée. Devant 600 millions de téléspectateurs rivés à leur petit écran, Aldrin contemple la « magnifique désolation» du spectacle…
Partis de Cap Kennedy le 16 juillet à bord d’une fusée Saturne de 111 m et 3 100 t, Armstrong, Aldrin et Collins firent les 350 000 km du voyage aller vers la Lune en un peu plus de trois jours. Collins, qui resta seul à bord d’Apollo XI placé en orbite lunaire, était le seul des trois hommes à être sûr de revenir sain et sauf sur terre. En effet, au cas où l’Eagle ne put repartir de la Lune, une oraison funèbre avait été secrètement préparée pour Armstrong et Aldrin…
  

En plus de leur drapeau, les Américains laissèrent
sur le sol lunaire une plaque sur laquelle est inscrit :
« Nous sommes venus en paix pour toute l’Humanité »
Mais heureusement, le 24 juillet, à 17 h 51, la capsule toucha le Pacifique à l’endroit prévu. En réalisant le pari que JFK fît le 25 mai 1961 – envoyer un Américain sur la Lune avant la fin de la décennie – les Etats-Unis prennent une revanche sur les Soviétiques longtemps pionniers dans la course à l’espace. En ce jour de gloire, ils oublient donc bien volontiers la guerre du Vietnam, les 24 milliards de dollars engagés jusqu’au lancement d’Apollo XI, la vie des trois astronautes Grissom, White et Chaffee, morts dans l’incendie de la cabine Apollo I en 1967.









Une procédure exceptionnelle en révision de procès à Dijon
L’Affaire Deveaux ou le procès de l’erreur judiciaire
« Monsieur le Président, je suis innocent, je souffre depuis huit ans. Je suis innocent, je vous en prie, Monsieur le président ». A l’issue de quatre journées d’une intensité rare devant la cour d’assises de la Côte-d’or, présidée par M. le conseiller Brenot, Jean-Marie Deveaux, un jeune Lyonnais de 28 ans est acquitté, à la suite d’une procédure exceptionnelle, un procès en révision, le 27 septembre 1969.

Jean-Marie Deveaux , victime
d’une erreur judiciaire, a été
reconnu innocent du meurtre
de la fillette de ses patrons,
huit ans après les faits
Jean-Marie Deveaux, commis boucher dans un magasin à Bron-Parilly près de Lyon, est accusé d’avoir sauvagement tué une petite fille de 7 ans, Dominique Bessard, la fille de ses patrons, dans le sous-sol de l’immeuble où se situe le magasin des époux Bessard. Nous sommes le 7 juillet 1961 : Jean-Marie Deveaux a 20 ans. Deux ans après, en février 1963, il est condamné par la cour d’assises du Rhône à 20 ans de réclusion criminelle.
Après des aveux, sur lesquels il reviendra par la suite, Jean-Marie Deveaux ne cesse de clamer son innocence. Il entame alors une première grève de la faim, puis une seconde, tandis que son avocat Me André Soulier, du barreau de Lyon, utilise toutes les procédures pour que le procès soit cassé, et son client rejugé. Rien n’y fait. Un premier pourvoi formé par le condamné est rejeté en octobre 1963. En octobre 1968, un pourvoi formé dans l’intérêt de la loi sur demande de Louis Joxe alors garde des Sceaux est rejeté. Mais quelques mois après, une nouvelle requête en révision de procès, émanant de M. Capitant, le nouveau garde des Sceaux, aboutit : la Cour de Cassation casse l’arrêt de Lyon et renvoie à Dijon.
Le condamné est soutenu dans ce long combat contre l’autorité de la chose jugée par son avocat, certes, mais aussi, et en particulier, par le père Boyer, aumonier des prisons de Lyon et par Bernard Clavel, l’écrivain. Tous deux convaincus de l’innocence du jeune homme qu’ils estiment victime d’une erreur judiciaire. Un comité « pour la révision du procès de Jean-Marie Deveaux » se constitue. Figurent les prises de position de Jean Rostand, de l’Académie française, Gilbert Cesbron, Armand Lanoux, et même Eugène Claudius-Petit à l’époque vice-président de l’Assemblée nationale.
Enquêteurs, experts, tous ceux qui ont touché de près l’enquête ou l’instruction seront entendus au cours du procès dijonnais et le dossier sera mis à plat, ses contradictions mises à jour, ses interrogations posées. Jean-Marie Deveaux sera à nouveau confronté aux enquêteurs, au juge d’instruction de l’affaire, au commissaire qui recueillit ses aveux.
« J’ai raconté une histoire », dira Jean-Marie Deveaux lorsqu’il fut présenté au commissaire lyonnais. « Il m’a interrogé et il m’a fait peur avec le sérum de vérité. J’ai eu soudain une peur immense et j’ai été obligé de raconter une histoire et de m’accuser ». Il raconte alors son histoire, la description de la scène, les coups de couteau, leur chronologie. C’est un des points discutés de ce dossier complexe où Deveaux est en contradiction avec les experts. La petite fille a été égorgée puis éventrée et l’auteur présumé est en désaccord avec les experts. Lors du procès dijonnais, Deveaux indique avoir « inventé pour me valoriser, pour me rendre intéressant vis-à-vis des autres ».
Le fait est. Deveaux est considéré par les experts comme un mythomane, un affabulateur. Pour ce jeune illettré, le désir de se manifester l’emporte sur la conscience. Rien n’autorisait au départ à soupçonner le commis boucher : pas de traces de sang sur ses vêtements, sur ses couteaux professionnels et pas de mobile.
Dans le prétoire de la cour d’assises, seul contre tous, l’avocat général Louis Cuinat maintient l’accusation et requiert 20 ans de réclusion, comme à Lyon. Il vole au secours des policiers lyonnais et rejette l’erreur judiciaire, « le cheval de bataille des avocats d’assises, et un sujet au goût du jour », explique le magistrat. André Soulier, réussit à convaincre le jury côte-d’orien, après trois heures d’une plaidoirie forte, au cours de laquelle il s’attarde sur les failles du dossier.
Jean-Marie Deveaux est le premier à bénéficier de la loi votée le 17 juillet 1970 permettant en particulier, à une personne ayant fait l’objet d’une détention provisoire au cours d’une procédure s’étant terminée par un non-lieu, une relaxe ou un acquittement, de demander l’indemnisation du préjudice causé à tort. Il perçut, pour 8 ans de détention, un peu plus de 200 000 F.