Pour son troisième procès aux assises, "le tueur à la hache" nie les faits Le procès de Mohamed Faleh, 70 ans, surnommé "le tueur à la hache" et condamné deux fois à la perpétuité, s'est ouvert lundi aux assises de Vesoul, où l'accusé a nié avoir prémédité le meurtre d'un patron de bar de Sochaux en 1998. Veste de survêtement, lunettes et crâne dégarni, Mohamed Faleh est apparu à la fois décontracté et impassible au premier jour de son procès. "Je ne reconnais pas les faits", a-t-il déclaré d'emblée, derrière la vitre du box des accusés après l'énoncé des faits par la cour. Se montrant coopératif, l'accusé, ancien ouvrier des usines Peugeot, né au Maroc, n'a pas cherché à se défausser face aux questions du tribunal pour cerner sa personnalité. Pour bien saisir chacune des questions de la cour, l'accusé, qui répondait en français, avait choisi de se faire assister par une traductrice. La cour a voulu notamment comprendre comment le septuagénaire, en dépit d'un salaire mensuel de 12.000 F (1.830 euros) tiré de son travail de nuit, sans voiture avec un petit loyer, s'est retrouvé face à d'importants problèmes d'argent. Il a accumulé jusqu'à 160.000 F (24.400 EUR), de dettes, au point de se placer en surendettement. "Il me semble que vous êtes une personne dépendante aux jeux", lui a fait remarquer le président de la cour. Interrogé sur cette supposée dépendance, Mohamed Faleh a dit s'adonner aux paris hippiques et au poker, "comme tout le monde", sans convaincre. "Non, pas comme tout le monde !", lui a rétorqué le président. Et quand la cour lui a demandé s'il est exact qu'il demandait régulièrement de l'argent à des collègues de travail, il a répondu: "Les gens disent n'importe quoi de moi." - Déjà condamné deux fois à perpétuité - A l'ouverture du procès, son avocate, Me Catherine Bertolde, a d'emblée émis des doutes sur la supposée culpabilité de son client, déjà condamné à perpétuité en 2003 à Dijon et 2004 à Besançon. "On part du postulat (que Mohamed Faleh) a déjà été condamné deux fois, et on considère que la messe est dite", a dénoncé son conseil, en marge des débats. "On dit que ce surendettement vient des jeux et des femmes, mais ça n'a pas été vérifié", a poursuivi l'avocate. Faleh est accusé d'avoir soigneusement préparé l'assassinat du patron du bar du Commerce à Sochaux, Mohamed Sellami, 66 ans, dont il savait qu'il avait de l'argent au moment des faits, selon Me Thierry Moser, un des avocats de la famille de la victime, qui s'est portée partie civile. Le 17 novembre 1998, le corps de Mohamed Sellami avait été trouvé dans un parking de Belfort. Plusieurs coups de hache lui avaient été portés à la tête. L'agresseur avait tenté de le décapiter. Le mode opératoire était similaire au meurtre et à la tentative de meurtre commis respectivement en février et mars 1999, qui ont valu à Faleh une précédente condamnation. Selon l'accusation, le septuagénaire, alors domicilié au-dessus du bar du Commerce où il louait une chambre à Mohamed Sellami, aurait conduit ce dernier à bord d'un véhicule emprunté à un ami, pour le tuer et le dépouiller dans un parking de Belfort. Dans les jours qui ont suivi les faits, l'accusé aurait épongé plusieurs dettes à l'aide de billets de 500 francs similaires à ceux que Mohamed Sellami avait coutume de conserver dans une poche. Faleh avait été arrêté en mars 1999, dénoncé par sa dernière victime, un compagnon de poker qui lui avait miraculeusement échappé malgré deux coups sévères portés à la tête à l'aide d'une petite hache. Le verdict est attendu jeudi soir.