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    Des migrants en grève de la faim dans un centre d'hébergement parisien

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    Camp de réfugiés soudanais et érythréens devant la mairie du XVIIIe arrondissement parisien, le 16 septembre.
    Camp de réfugiés soudanais et érythréens devant la mairie du XVIIIe arrondissement parisien, le 16 septembre. Photo Florian David. AFP

    Une trentaine de personnes relogées après les évacuations des campements du nord parisien protestent contre leurs conditions de vie.

    Certains sont arrivés début juillet, après les évacuations des campements de migrants du nord de Paris. Cela fait trois mois qu’ils vivent dans ce centre d’hébergement d’urgence situé à deux pas de la place de Clichy, dans le XVIIIe arrondissement. Adam, un Soudanais de 20 ans, en a assez. Comme une trentaine de ses camarades, demandeurs d’asile pour la majorité, il a cessé de boire et de s’alimenter depuis dimanche. «Nos démarches pour avoir le statut de réfugié n’avancent pas, on n’a pas de tickets pour prendre le métro et personne ne nous a donné de cours de français», résume-t-il.

    La grève s’est déclenchée après un incident survenu au cours du week-end dans ce centre géré par l’association Aurore. Selon un occupant, un des employés travaillant à la cafétéria «a eu des mots très durs» samedi soir envers l’un des migrants. «Vous êtes des réfugiés, vous venez de la rue, vous n’avez pas à vous plaindre. Moi, j’ai un travail, des papiers et je suis meilleur que vous», leur aurait-il lancé. L’homme poursuit : «Il a insulté et tenté d’agresser un de nos camarades.»

    Mise à pied

    Du côté de la direction du centre, on affirme avoir eu connaissance de cette altercation, mais dans une version quelque peu différente : «Le salarié dit avoir été agressé. On est en train de faire une enquête», affirme Isabelle Talabard-Piot, chef de service. François Morillon, directeur du pôle Urgences d’Aurore, précise : «Si le salarié doit être sanctionné, il le sera. Mais il faut caractériser les faits. Il y a une procédure, des délais à respecter.» La personne mise en cause a toutefois été mise à pied à titre conservatoire ce mardi matin, «ce qui ne préjuge en rien des résultats de l’enquête», prévient Isabelle Talabard-Piot.

    La direction du centre d’hébergement de la rue de Saint-Pétersbourg travaille également à la rédaction de lettres individuelles qui seront remises à chaque gréviste de la faim. Objectif : améliorer les conditions d’accueil et favoriser le dialogue avec les occupants. Les cours de français devraient reprendre d’ici peu, une fontaine à eau supplémentaire sera mise en service dans un espace commun et un migrant pourra intégrer prochainement le conseil de vie sociale de l’établissement.

    Impuissance

    Parallèlement, l’association Aurore se fait l’écho des occupants et relaie auprès des pouvoirs publics leur demande d’obtenir des titres de transport et de voir les procédures d’asile s’accélérer. Car c’est bien là le cœur du problème. Après plusieurs semaines d’attente, les migrants se demandent si cet hébergement, qui devait être temporaire, n’a pas déjà duré trop longtemps.

    «Certains d’entre nous n’ont toujours pas eu leur rendez-vous à la préfecture, explique un Soudanais. Pendant la journée, on n’a rien à faire. Du coup, on va jusqu’au lycée Jean-Quarré (un établissement inoccupé transformé en «maison des réfugiés» autogérée) pour suivre des cours de français.» Un autre s’emporte : «Je ne peux pas circuler librement. Depuis que je suis arrivé ici, j’ai cumulé plus de 15 amendes dans les transports, car je n’ai pas de quoi me payer un ticket de métro.»

    Face à ces revendications, le responsable d’Aurore, François Morillon, s’avoue désemparé : «Je n’ai pas l’argent pour acheter des titres de transport», a-t-il par exemple lâché lundi soir, lors d’un échange improvisé sur le trottoir avec les grévistes de la faim et leurs soutiens. Une impuissance qui irrite les militants venus en solidarité avec les migrants : «Vous recevez 40 euros par jour pour chaque personne hébergée, et celles-ci disent qu’elles n’ont pas de quoi se déplacer et qu’elles n’ont pas d’accompagnement administratif. A quoi servez-vous ?»

    Sylvain Mouillard
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