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LONG FORMAT. Au Liban, la vie chaotique des réfugiés syriens

Plus d'un million de Syriens se sont réfugiés au Liban depuis le début de la guerre en 2011, mettant le pays sous pression. Reportage.

Beyrouth (Liban) de nos envoyés spéciaux | | MAJ :
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Houch El Harime (Liban), le 9 octobre. Cette adolescente vend des pommes de terre à l’entrée d’un camp de réfugiés. Derrière elle, on distingue les montagnes syriennes.
Houch El Harime (Liban), le 9 octobre. Cette adolescente vend des pommes de terre à l’entrée d’un camp de réfugiés. Derrière elle, on distingue les montagnes syriennes.

Ce 4 octobre, le camion fou n'a laissé aucune chance aux conducteurs des trois voitures percutées sur la voie rapide menant à Beyrouth, un Syrien et deux Libanais. Le chauffeur, lui-même syrien, est également décédé. « La nationalité des victimes des drames de la route est le meilleur exemple de la nouvelle composition de notre pays », décrypte Jeff, un jeune Libanais. Alors que le débat fait rage en Europe sur l'arrivée massive de réfugiés, son pays, à la superficie inférieure à celle de l'Ile-de-France, est celui qui, ramené à sa population, en accueille le plus au monde. Officiellement, 1,1 million de Syriens sont venus s'ajouter en quatre ans aux 4 millions de Libanais, risquant de faire vaciller le fragile équilibre confessionnel né sur les ruines de la guerre civile des années 1980.

Johannes Hahn, commissaire européen, a évoqué récemment « un pays fragile », vivant « une situation dramatique », et d'où pourrait provenir « la prochaine grande vague » de migrants en Europe. Car la majorité des Syriens réfugiés là s'enfoncent dans la précarité. A Beyrouth, les plus pauvres mendient dans la rue. « Beaucoup s'entassent dans des logements précaires, squats ou parkings, pour lesquels ils règlent un loyer », décrit cette militante associative.

«Il y a du racisme, mais aussi plein de bonne volonté»



« L'attitude des Libanais est ambivalente, reprend Jeff, investi au sein de l'association Libanese4refugees. Il y a du racisme, mais aussi plein de bonne volonté. » D'un côté, de nombreux projets ont vu le jour pour favoriser la cohabitation, de l'autre, certains oscillent entre défiance, indifférence, voire exploitation éhontée de ces populations précaires (lire nos reportages ci-contre).

Dans tous les cas, les voyants sont au rouge, du fait, selon Johannes Hahn, de « l'instabilité politique », d'une dette importante et d'un taux de chômage flirtant avec les 20 %, le tout formant « un mélange dangereux ». Nombreux sont les chiites et les chrétiens à craindre d'être submergés par un flot de réfugiés majoritairement sunnites. En mai, les autorités libanaises ont ainsi restreint les passages aux frontières et décrété un enregistrement obligatoire que beaucoup de Syriens sont incapables de payer. Environ 600 à 700 enfants naîtraient chaque jour apatrides.

Gebran Bassil, le ministre libanais des Affaires étrangères, a récemment martelé qu'il était « hors de question d'intégrer ces populations ». Sur le terrain, faute de moyens, les agences onusiennes peinent. Alors que l'espoir de regagner un jour leur pays s'amenuise, certains n'ont plus, pour unique perspective, que de tenter la traversée de la Méditerranée. « Beaucoup ont entrepris ce voyage risqué vers l'Europe, a rappelé il y a dix jours le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres. Pour être honnête, dans ces circonstances, j'aurais sans doute fait la même chose avec ma famille. »

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Liban

Le Parisien

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