Le chef du HCR met en garde contre le manque de moyens financiers face aux crises humanitaires

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR); Antonio Guterres. Photo HCR/Jean-Marc Ferré

5 octobre 2015 – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux réfugiés, Antonio Guterres, a mis en garde lundi contre l'insuffisance des ressources dont dispose le système humanitaire mondial, face aux besoins croissants créés par la multiplication des crises et les flux sans précédent de réfugiés et de migrants.

Dans un discours à l'ouverture de la 66ème session du comité exécutif du Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), M. Guterres a qualifié de « dramatique » le fossé qui se creuse entre les besoins et les capacités.

« Le système humanitaire n'est pas cassé (…), il est désargenté », a-t-il affirmé. « Alors que les besoins en matière humanitaire explosent, ils prennent de vitesse les apports très généreux de la communauté des donateurs et le fossé entre les besoins et nos ressources s'élargit constamment ».

« Nous ne sommes plus en mesure de faire face, ne serait-ce qu'au minimum absolu des exigences en termes de protection et d'assistance vitale pour sauvegarder la dignité humaine des personnes dont nous nous occupons », a insisté M. Guterres.

Il s'est dit « profondément reconnaissant » envers les bailleurs de fonds traditionnels – gouvernements, personnes privées, entreprises et fondations – qui ont fourni l'an dernier des contributions record de 3,3 milliards de dollars. Mais, a-t-il dit, « il est clair que les budgets humanitaires sont très insuffisants pour couvrir ne serait-ce que le minimum, et on commence à en voir les conséquences ». « Il est nécessaire de repenser la façon dont le monde finance sa réponse aux crises humanitaires et ceci ne doit pas être un projet à long terme, il faut commencer dès maintenant », a-t-il lancé.

M. Guterres, qui quittera ses fonctions à la fin de l'année, a rappelé que lorsqu'il avait pris son poste il y a dix ans, il y avait dans le monde 38 millions de personnes déplacées par les conflits et les persécutions et le HCR aidait plus d'un million de personnes chaque année à retourner dans leur pays d'origine. Aujourd'hui, a-t-il dit, « il y a plus de 60 millions de réfugiés, de demandeurs d'asile et de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, en raison de conflits et de persécutions ». Et le HCR a aidé l'année dernière 126.000 à retourner dans leur pays d'origine, soit seulement 11% du chiffre de 2005.

M. Guterres a cité notamment « les méga-crises en Syrie et en Iraq, qui sont liées entre elles et ont déraciné plus de 15 millions de personnes », comme étant « un exemple frappant de l'évolution » récente de la situation dans le monde. Il a également cité les crises au Soudan du Sud, au Burundi, au Yémen et en Libye.

Rappelant un principe fréquemment affirmé par sa communauté, M. Guterres a déclaré qu' « il ne peut y avoir de solutions humanitaires aux crises humanitaires ». « Les solutions doivent être politiques (...) Nous ne verrons pas de véritable amélioration tant que ceux qui financent, arment et soutiennent les parties à chacun des conflits d'aujourd'hui ne surmonteront pas leurs différends, ne reconnaîtront pas que dans ces guerres, tout le monde est perdant et ne se mettront pas d'accord sur un moyen de mettre fin à l'effusion de sang ».


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