L'ONU appelle l'UE à inscrire les droits des migrants au cœur de sa politique migratoire

Des volontaires aides des réfugiés à débarquer d’un bateau sur l’île grecque de Lesbos. Photo UNICEF/Ashley Gilbertson VII

6 octobre 2015 – A deux jours d'une réunion du Conseil européen des ministres de la justice et de l'intérieur, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a appelé mardi les Etats membres de l'Union européenne (UE) à inscrire la protection des droits humains des migrants au cœur du débat sur la politique migratoire du continent.

Dans la perspective de la réunion jeudi du Conseil 'Justice et affaires intérieures' de l'UE, M. Zeid a exprimé dans un communiqué de presse son inquiétude face à l'ordre du jour de la réunion, qui semble principalement axé sur la dimension sécuritaire de la réponse à la crise actuelle des réfugiés.

Le Haut-Commissaire a notamment fait part de ses préoccupations quant à l'approche européenne dite des 'hotspots' (ou 'points chauds').

« Ces 'hotspots' semblent être conçus non seulement comme un moyen d'enregistrer les nouveaux arrivants, mais aussi de les empêcher de se déplacer jusqu'à ce que soit décidé s'ils ont besoin d'une protection internationale ou d'être reconduits », a déclaré le Haut-Commissaire, ajoutant que les États doivent veiller à ce que ces 'points chauds' ne se transforment pas en centres de détention déguisés.

« L'Italie et la Grèce ont tous deux réduit l'utilisation de la détention des migrants. Il est important de se prémunir contre un retour à cette pratique, qui se heurte à des préoccupations relatives aux droits de l'homme, notamment en termes de légalité et conditions de détention », a-t-il ajouté, exhortant l'UE à éviter le « spectre hideux de la détention arbitraire ».

M. Zeid s'est félicité de la décision antérieure du Conseil 'Justice et affaires intérieures' de l'UE concernant la réinstallation de 120.000 demandeurs d'asile en provenance de Grèce et d'Italie, ainsi que l'engagement des Etats européens à fournir davantage de fonds pour améliorer les conditions de vie des Syriens réfugiés dans les pays voisins.

Cependant, a déclaré le Haut-Commissaire, l'importance excessive accordée au maintien de l'ordre et la quasi-absence de voies migratoires légales pour entrer sur le territoire de l'UE ont permis à des passeurs sans scrupule de prospérer.

A ce titre, M. Zeid a souligné que les risques accrus encourus par les réfugiés et migrants qui tentent de traverser la mer Égée de la Turquie vers la Grèce sont directement liés au renforcement du contrôle des frontières et de la surveillance, y compris la fermeture de la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce dans la région de l'Evros.

« Il y a quelques années, la plupart des réfugiés et des migrants entraient en Grèce par voie de terre », a rappelé le Haut-Commissaire. « C'est la fermeture de la frontière terrestre par l'édification d'une clôture qui, plus que toute autre chose, les a poussé à emprunter des voies maritimes dangereuses à la place ».

Le Haut-Commissaire a souligné qu'il est du devoir des États de veiller à ce que les droits humains de tous les migrants soient protégés, indépendamment de leur statut.

Il a également exhorté les Etats membres de l'UE à ouvrir plus de voies migratoires légales aux travailleurs migrants dont les compétences sont nécessaires, mais aussi pour le regroupement familial et la réinstallation des réfugiés.

« Une politique de migration qui vise simplement à exclure les migrants en situation irrégulière, sans une analyse globale sur les raisons qui les poussent à se déplacer, a peu de chance d'aboutir à une meilleure gestion de la migration », a déclaré M. Zeid. « Au contraire, il est très probable qu'elle aboutisse à des violations inacceptables des droits des migrants, y compris plus de décès, de détentions et de maltraitance de personnes innocentes ».


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