Pour la seule journée de samedi, le 12 septembre, la ville de Munich, dans le sud de l’Allemagne, a vu arriver 13 000 réfugiés. Le lendemain,  relate le site de la radio Deutsche Welle, s’estimant dépassé par cet afflux de migrants sur son sol,“le gouvernement allemand a ordonné à la police de commencer à contrôler les papiers de toute personne entrant sur le territoire via la frontière avec l’Autriche”, un contrôle normalement aboli par les accords de Schengen. Cette frontière sud, précise le site, a vu un important “afflux de migrants depuis que la chancelière Angela Merkel a ouvert les frontières allemandes aux réfugiés, il y a une semaine”.

Dans la soirée du 13 septembre, des centaines de policiers ont été déployés le long des frontières. De leur côté, les chemins de fer allemands, Deutsche Bahn, ont annoncé la suspension du service entre l’Autriche et l’Allemagne pour une durée de 12 heures.

Point de rupture

Si l’Allemagne s’est distinguée ces derniers temps par son attitude ouverte à l’égard des réfugiés – elle avait notamment renoncé à appliquer aux Syriens le règlement dit “de Dublin”, cessant de les renvoyer vers le pays de l’UE par lequel il étaient entrés, et déployé d’importants moyens pour l’accueil – , “elle est devenue de plus en plus frustrée par le refus de nombreux Etats de l’UE, particulièrement parmi ceux de l’ancien bloc de l’Est, de partager la charge de l’accueil”, note la Deutsche Welle.
 

Deux jours plus tôt, le Spiegel se demandait d’ailleurs déjà si l’Allemagne n’avait pas atteint un “point de rupture”. Sur son site en anglais, le magazine observait : “Tandis que l’afflux de migrants continue, la vague de ‘Bienvenue aux immigrés’ commence à s’estomper. Les gens commencent à se demander si l’Allemagne parviendra réellement à assumer tous ces nouveaux venux. Et le système [d’accueil] est déjà totalement dépassé”.

Le rétablissement des frontières, présenté comme provisoire, “est un camouflet à la circulation sans passeport entérinée par le Traité de Schengen, jalon de l’intégration européenne”, écrit encore la Deutsche Welle. Ce rétablissement est intervenu, par ailleurs, à la veille d’un important Conseil des ministres européens de l’Intérieur, qui doit se pencher sur la crise de l’accueil et l’introduction de quotas.