Depuis quatre jours, environ 3 000 réfugiés sont arrivés au Danemark, occasionnant une certaine agitation dans un royaume qui d’habitude est bien organisé. Au début, les autorités ont essayé d’empêcher les réfugiés d’entrer. Ainsi, le 9 septembre, les chemins de fer danois (DSB) ont arrêté tous les trains entre le Danemark et l’Allemagne sur ordre de la police, car des centaines de migrants en route vers la Suède avaient refusé de descendre une fois sur le sol danois, pour ne pas y être enregistrés.
 

Certains migrants se sont alors rabattus sur l’autoroute, qu’ils ont empruntée à pied, bloquant toute la circulation. Quand la police les a arrêtés, ils ont fait comprendre au moyen de panneaux que leur intention était d’aller en Suède. De fait, seules 669 personnes ont demandé l’asile au Danemark – sans doute parce que la Suède accepte au moins cinq fois plus de réfugiés que le Danemark, et que le regroupement familial y est beaucoup plus facile.

Jeudi 10 septembre, la police a cédé face à la pression. Au lieu d’essayer d’enregistrer les migrants, elle a fini par les laisser passer. “On ne peut pas retenir des étrangers qui ne demandent pas l’asile, et qu’il n’est pas possible de renvoyer à court terme”, a estimé le dirigeant de la police nationale, Jens Henrik Højberg, dans un communiqué dont se fait écho le quotidien danois Berlingske.
 

Un pays de transit

S’il apparaît aujourd’hui que les réfugiés ne font, pour la plupart, que traverser le Danemark, leur passage soulève dans le pays de nombreuses questions, politiques comme humaines.

Ainsi, bien que le Parti du peuple (extrême droite, anti-immigration) soit devenu il y a quelques mois la deuxième force politique du pays, une grande partie des Danois ont été révoltés par le traitement que les autorités ont réservé aux réfugiés. Beaucoup sont allés à la frontière donner des vêtements et de la nourriture aux migrants, ou les ont aidés à gagner la Suède en les y conduisant en voiture.
 


Selon le quotidien de centre-gauche Politiken, “Le Danemark est devenu la Hongrie du Nord. Un pays de transit sur le chemin d’un autre Etat prêt à accueillir des réfugiés.”

Sauver l’Europe

De leur côté, les journaux conservateurs, bien moins critiques à l’égard du gouvernement, s’interrogent sur l’image du Danemark. Ainsi on peut lire en une du quotidien Jyllands-Posten, qui a réalisé des entretiens avec deux réfugiés nommés Renaz et Lawand : “Pourquoi Renaz et Lawand ne veulent-ils pas rester au Danemark ?”

Pour le journal conservateur Berlingske, il est surtout urgent de sauver l’Europe :
“L’opposition latente contre l’UE qui, lors des dernières européennes, a permis aux partis eurosceptiques de conquérir environ un tiers des sièges, menace d’éclater. Ce serait une catastrophe. Il ne sert à rien de sauver le reste du monde si l’UE périt. Il faut trouver une solution qui soit soutenue massivement par les populations de l’UE.”

 

Solveig Gram Jensen