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    Big deal

    Dell, futur géant mondial du «big data»

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    Le géant américain de l'informatique Dell a annoncé ce lundi l'une des plus grosses acquisitions de l'histoire du secteur des technologies, avec le rachat pour 67 milliards de dollars du poids lourd du stockage de données EMC
    Le géant américain de l'informatique Dell a annoncé ce lundi l'une des plus grosses acquisitions de l'histoire du secteur des technologies, avec le rachat pour 67 milliards de dollars du poids lourd du stockage de données EMC Photo Justin Sullivan.AFP

    Délaissant le marché déclinant des PC pour celui en pleine expansion des serveurs, l'américain Dell va racheter son compatriote EMC, poids lourd du stockage de données informatiques. Ensemble, les deux groupes veulent devenir incontournables pour les entreprises.

    «Big» est toujours plus «beautiful» au pays des géants de l’informatique. Deux ans à peine après avoir repris le contrôle direct de son groupe en rachetant toutes ses actions cotées à Wall Street, Michael Dell frappe un grand coup : le milliardaire texan a annoncé ce lundi l’acquisition de son compatriote EMC, poids lourd mondial du stockage de données, pour la somme record de 67 milliards de dollars (59 milliards d’euros). C’est le fonds d’investissement Silver Lake, qui avait déjà aidé le fondateur de Dell à reprendre le contrôle son groupe en 2013, qui financera en grande partie l’opération avec le concours d’un autre fonds (MSD Partners). Ce deal impressionne par son montant, mais sa finalité – créer le numéro 1 mondial du "Big Data" – est peut-être encore plus spectaculaire. Explications.

    Que fabriquent Dell et EMC ?

    En 1984, le jeune Michael Dell, encore étudiant, a l’idée de vendre des ordinateurs par correspondance, en dehors de tout circuit de distribution. Ou comment garder dans sa poche la marge du commerçant. A l’époque Internet n’existe pas, l’idée est révolutionnaire. Le roi de la vente directe de matériel informatique est né. Le concept va notamment séduire le juteux marché des entreprises, et la société Dell Inc, basée à Round Rock, au Texas, va se hisser au premier rang mondial des fabricants de PC dès la fin des années 90. Mais depuis l’avènement de l’Internet mobile, le marché de l’ordinateur familial est en constant recul au profit des tablettes et des smartphones. Et Dell n’est plus que le numéro trois du PC, derrière le chinois Lenovo et l’américain HP. Sentant le vent tourner, Michael Dell a largement recentré son groupe sur le marché en plein boom des serveurs : ces armoires de stockage de données qui s’alignent par milliers dans les fameux «data centers», où l’on garde toutes nos traces numériques. Le stockage informatique et les logiciels d’extraction et de traitement de données qui vont avec, c’est précisément le métier d’EMC Corporation (EMC² en abrégé, en clin d’oeil à la formule d’Einstein) depuis la création de l’entreprise dans le Massachusetts en 1979.

    Un géant du «big data», oui, mais pour quoi faire ?

    «La combinaison de Dell et EMC va créer le groupe de technologie détenu par des intérêts privés le plus important au monde», claironne le communiqué de Dell. Ensemble, les deux entreprises afficheront plus de 80 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 150 000 salariés (avant, du moins, les inévitables «synergies», qui, dans ce type d’opérations, se traduisent en général par des milliers de suppressions de postes). Au pays des «entreprises agiles», la taille n’est de toute façon pas une fin en soi. Alors quand on met 67 milliards de dollars sur la table, essentiellement en cash et avec le concours de son principal actionnaire (Silver Lake), mieux vaut savoir où l’on va. C’est manifestement le cas de Michael Dell, qui veut donner naissance à un mastodonte en mesure de dominer le marché mondial du stockage de données informatiques, devenu le principal enjeu de l’ère numérique. 

    Pourquoi un montant aussi pharaonique ?

    Avec 67 milliards de dollars sur la table, cette acquisition est l’une des plus importantes jamais observée dans le secteur de la high-tech, si l’on met de côté les 180 milliards de dollars de la fusion AOL-Time Warner, emblématique des excès de la bulle internet. En 2001, le mariage des deux fabricants informatiques HP-Compaq s’était conclu pour 33 milliards de dollars «seulement». Mais ce montant n’est pas si élevé, quand on sait qu’EMC, qui est une entreprise cotée à Wall Street, valait déjà 54 milliards de dollars avant l’annonce de l’opération. Pour emporter l’adhésion des actionnaires de l’entreprise, l’acquéreur Dell offre une belle prime (33 dollars par action au lieu de 27 dollars à la dernière cotation) qui valorise donc l’entreprise à 67 milliards. Opération séduction réussie : le conseil d’administration d’EMC a immédiatement approuvé l’offre et recommandé aux actionnaires de l’accepter.

     L’opération est-elle risquée ?

    «Dell can’t lose» («Dell ne peut pas perdre») : Michael Dell, qui n’a jamais douté de rien, a fait la une du magazine Forbes en 2013 avec cette affirmation. Et aujourd’hui, il est persuadé que le nouvel ensemble Dell-EMC sera «leader» dans les serveurs, le stockage et «cloud computing»… bref tout ce qui permet aux entreprises d’externaliser leurs données et de réussir leur «digital transformation». Un eldorado du numérique englobant désormais toutes les technologies de l’information, que le Texan évalue à «2 000 milliards de dollars»… Parmi les atouts d’EMC, sa filiale VMWare, spécialisée dans la «virtualisation» – une technologie clé pour l’externalisation informatique des entreprises – qui restera cotée en Bourse. Oui, mais il y a déjà du monde au balcon : outre les autres cadors de l’informatique comme IBM, HP ou Microsoft, le marché du big data est devenu un terrain de jeu pour les géants de la Silicon Valley : Google, Apple, Facebook, Amazon offrent tous des services de cloud aux particuliers et aux entreprises pour stocker leurs données. Et tous ces «GAFA» (initiales des quatre entreprises) ont une force de frappe financière bien supérieure à celle de Dell, qui a choisi de se retirer de la Bourse pour ne plus subir la pression des investisseurs et être libre de ses mouvements. A lui seul, Google – pardon, Alphabet, le nouveau nom de l’entité – pèse 450 milliards de dollars à Wall Street… Le rachat d’EMC est donc avant tout une opération de survie de la part de Dell, qui semble mettre en application le vieil adage «Too Big to fail» («Trop gros pour couler»). En tout état de cause, désormais seul maître à bord de son groupe, Michael Dell n’a pas le droit à l’erreur : 15e fortune mondiale, selon le dernier classement Forbes, il risque, à 50 ans, la quasi-totalité de son bas de laine (19,5 milliards de dollars) dans cette affaire…

    Jean-Christophe Féraud
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