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Big Data : Sophia Genetics s'appuie sur les séquençages ADN des hôpitaux pour mieux diagnostiquer le cancer

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Dirigée par un Français, la start-up suisse Sophia Genetics aide les hôpitaux à analyser les données génétiques générées par le séquençage de l’ADN des patients. Elle espère bouleverser le monde du diagnostic, en misant sur le partage des savoir-faire.

Big Data : Sophia Genetics s'appuie sur les séquençages ADN des hôpitaux pour mieux diagnostiquer le cancer
Big Data : Sophia Genetics s'appuie sur les séquençages ADN des hôpitaux pour mieux diagnostiquer le cancer © D.R.

On connaissait Foundation Medicine, cette entreprise américaine qui étudie le profil génétique des cancers grâce au séquençage de l’ADN et au big data. Une pépite aux yeux du géant pharmaceutique Roche, qui en a pris, en début d’année, 57% du capital pour un milliard de dollars. Moins connue, une start-up européenne se distingue aussi parmi les acteurs en devenir de la médecine connectée et personnalisée.

 

Sophia Genetics est suisse, mais dirigée par un jeune français (37 ans), Jurgi Camblong. Grâce à ses algorithmes, l’entreprise analyse les données génétiques générées par des hôpitaux du monde entier. Elle les aide ensuite à formuler des diagnostics précis. Avec une petite centaine d’institutions clientes, "Sophia Genetics fait déjà mieux que Foundation Medicine au même âge", s’amuse Jurgi Camblong.

 

La France, utilisatrice à la pointe de ces technologies

Cet entrepreneur, salué par François Hollande lors de sa visite officielle en Suisse en mai dernier, pensait initialement travailler dans la recherche fondamentale en génétique moléculaire, après un post-doctorat à Genève puis à l’Université d’Oxford. Mais il réalise la difficulté qu’ont les hôpitaux à interpréter la masse de données générées par le séquençage ADN du génome des patients.

 

Il retourne en Suisse (à Saint-Sulpice, près de Lausanne) où il s'appuie sur son réseau pour cofonder Sophia Genetics en 2011. Il découvre alors non sans surprise que la France est l'un des marchés les plus avancés dans l’utilisation de ces technologies. Les raisons ? Des budgets des hôpitaux limités qui se doivent de faire appel à des expertises externes et la pression positive exercée par l’Institut Nationale de lutte contre le Cancer pour réduire le temps de traitement entre l’échantillon à l’analyse. "Avec notre solution, on obtient en cinq jours ce qui leur prenait jusqu’à neuf mois !", assure le jeune patron. Aujourd’hui, la start-up travaille ainsi avec les CHU de Nancy, CHU de Dijon, Hôpital Saint-Antoine à Paris...

 

Maîtriser le cancer d’ici cinq à dix ans

Il avance également que son service est moins onéreux et plus performant que les solutions sur le marché, souvent déployées par les fabricants de séquenceurs. Surtout, il mise sur le "machine learning" pour faire avancer le temps de délivrance d'un diagnostic. Les données que lui fournissent les hôpitaux sont confidentielles et sécurisées par Sophia Genetics. Mais, via sa plate-forme ouverte, les spécialistes sont incités à partager leurs savoirs dans le pronostic ou dans l’interprétation d’une altération. Le diagnostic de pathologies potentiellement d’origine génétique, telles que le cancer, peut ainsi être fourni plus rapidement en comparant successivement différents génomes. Avec ces outils, "je suis convaincu que dans cinq à dix ans le cancer sera une maladie maîtrisée", estime Jurgi Camblong.

 

Son concept séduit. Depuis sa création, Sophia Genetics a déjà mené trois levées de fonds, récoltant 18 millions de dollars. L'entreprise n’exclut pas un prochain tour de table avec des géants de la santé et du numérique. Elle compte désormais une quarantaine de salariés. Son chiffre d’affaires est confidentiel, mais elle pourrait être rentable dès 2017 ou 2018 et passer de 20 000 à 65 000 patients l’an prochain. Prochaine étape : proposer ses services dans le cadre des essais cliniques de médicaments. Mais face aux initiatives lancées par Google ou d’autres consortiums privés pour mutualiser les données, Jurgi Camblong appelle à la vigilance : "Il y a un côté noble de mutualiser l’information pour la recherche, mais il faut qu’il y ait un débat autour de cela qui résulte sur des garde fous. Cette information ne doit pas été utilisée contre les individus."

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