
C’est un rendez-vous crucial pour Teradata. La 30e édition de Teradata Partners, qui réunit quelques 3000 personnes parmi ses clients et partenaires à Anaheim, en Californie, du 18 au 22 octobre 2015, se déroule à un moment critique de son histoire. "Comme tous les acteurs historiques de l’informatique, nous sommes confrontés à de grands challenges", admet Hermann Wimmer, président de Data & Analytics, l’une des deux divisions de la société aux cotés de celle des applications marketing.
Changement des comportements d'achat
Depuis trois ans, Teradata est bousculé par les changements des comportements d’achat dans les entrepôts de données, une activité traditionnelle dont il revendique la position de leader mondial, devant Oracle et IBM. "Les clients préfèrent maintenant étaler leurs investissements avec des achats de plus faible montant", explique le PDG Michael Koehler lors de la présentation des comptes financiers du deuxième trimestre 2015. Et ceci se ressent de plus en plus dans les résultats.
L’année 2015 s’annonce particulièrement difficile. Sur le premier semestre, le chiffre d’affaires est en chute de 8% à 1,2 milliard de dollars et la perte atteint 243 millions de dollars. La baisse frappe plus durement la vente de produits (-13%) que celle des services associés (-3%). Sur l’ensemble de l’année, la société, qui emploie 11 500 personnes dans le monde, devrait, selon Thomson Reuters, subir un recul de 5% de son revenu à 2,6 milliards de dollars et enregistrer une perte nette d’environ 50 millions de dollars.
Reconversion à Hadoop dans le big data
Pour sortir du marasme, Teradata multiple les initiatives. Premier axe de développement : le big data. Après avoir joué la carte propriétaire, la société s’est reconvertie à la technologie open source Hadoop. Elle propose désormais des "appliances", solutions intégrées matériel-logiciel, supportant les distributions Hadoop de deux des trois acteurs du marché : Hortonworks et Cloudera (MapR n’est pas encore supporté). De nouveaux produits sont annoncés dans ce domaine en ouverture de l’évènement Teradata Partners 2015.
Deuxième axe d’expansion : le cloud. Teradata propose la plupart de ses solutions d’analytique et de marketing en tant que services en ligne sur sa propre infrastructure cloud. Cette année, elle franchit une étape importante en les rendant aussi disponibles sur la plateforme d’Amazon Web Services. Et il est prévu d’en faire de même auprès d’autres opérateurs de cloud public, dont Microsoft, mais aussi des opérateurs locaux d’informatique à la demande, comme Orange en France. "Notre objectif est de faciliter le déploiement de nos solutions auprès de clients préoccupés par les coûts d’investissement ou des question de time-to-market, explique Hermann Wimmer. Nous voulons également capter des utilisateurs que nous ne pouvons pas toucher par nos solutions traditionnelles et notre propre cloud."
Solutions en logiciel seulement
Aujourd’hui, les solutions traditionnelles d’entrepôts de données et d’analytique de Teradata se présentent comme des plates-formes intégrées combinant matériel et logiciel. Pour donner davantage de flexibilité au marché, la société travaille à les proposer aussi sous forme de logiciel seulement (Software only) à intégrer par les entreprises dans leurs cloud privés. Cette option sera disponible en version béta en 2016 et en production en 2017. "Là encore, nous voulons donner plus de choix aux clients et étendre ainsi nos opportunités de vente", martèle Hermann Wimmer.
Autre domaine d’action : l’Internet des objets. Teradata veut profiter de sa présence sur le cloud pour capter les énormes flux de données générés dans ce domaine, les ingérer et les analyser. Avec pour maître mot : l’intégration de ses solutions d’analytique et de marketing avec les plateformes d’Internet des objets des opérateurs de cloud public.
une grande marge de progression
La transformation de Teradata n’en est qu’à ses débuts. "Nous ne dévoilons pas nos chiffres relatifs au big data ou au cloud, confie Hermann Wimmer. Ces activités ne représentent aujourd’hui qu’un faible pourcentage de nos revenus." Mais elles jouissent de fortes croissances : +50% pour le big data et +80% pour le cloud au deuxième trimestre 2015, selon Michael Koehler, qui promet de renouer avec la croissance dès 2016.
Téradata a besoin de ce résultat pour rassurer les investisseurs inquiets sur son avenir comme en témoigne la perte de près de 30% de la valeur de l’action en Bourse depuis deux ans.
Réagir