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    Ukraine: Poutine, du silence et des actes

    media Le président russe Vladimir Poutine. REUTERS/Alexei Druzhinin/RIA Novosti/Kremlin

    Alors que les Occidentaux condamnent les agissements de la Russie en Ukraine, et que Barack Obama déclare solennellement que « la Russie est du mauvais côté de l'histoire », Vladimir Poutine continue de se taire. Il a reconquis la Crimée sans tirer un seul coup de feu, son opinion publique est derrière lui, et l'effondrement de la monnaie russe ne semble pas le freiner dans son offensive en Ukraine.

    Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne

    Une deuxième guerre de Crimée, comme celle qui opposa l'Europe à la Russie entre 1853 et 1856, n'aura pas lieu. En tout cas, Vladimir Poutine semble être convaincu qu'il peut continuer à faire avancer ses petits soldats sans que l'Occident ne bouge. On le menace de l'isoler ? Il avance et conquiert sans un coup de feu un territoire, avec l'assentiment de sa population.

     → A (RE)LIRE : Ukraine: la diplomatie à l’offensive pour tenter d’empêcher l’escalade

    Ce faisant, il affirme clairement qu'il refuse de perdre l'Ukraine. Dans le meilleur des cas, il s'arrêtera là, estimant que la leçon est suffisante pour que les Occidentaux acceptent de parler avec lui du destin de l'Ukraine. « Poutine veut impressionner et être craint », disent ceux qui le connaissent bien. Si nécessaire, il poursuivra donc son avantage dans l'est de l'Ukraine, où d'autres russophones l'appellent.

    « Les Russes, jusqu’à présent tablent sur le fait que l’Union européenne n’a pas la capacité de nuisance que certains imaginent, estime Charles Urjewicz, professeur à l'Institut des langues et civilisations orientales de Paris (Inalco). Le Kremlin a testé l’Union européenne, sans parler des Etats-Unis qui étaient totalement absents jusqu’à ces derniers jours, et a considéré qu’il n’y avait pas un grand danger de ce côté-là. »

    Situation complexe

    L'opinion suivra Vladimir Poutine tant qu'il ne déclenchera pas une vraie guerre, qui durerait longtemps et coûterait cher. Car en dépit des ressemblances avec l'offensive en Géorgie en 2008, il est peu probable qu'en Ukraine, l'affaire soit pliée en huit jours.

    Des militaires identifiés comme russes aux abords de Simféropol, en Crimée, le 4 mars 2014. REUTERS/David Mdzinarishvili

    « C’est une Russie qui considère qu’elle a la capacité de résister, du moins sur une courte période, à toute pression occidentale, poursuit Charles Urjewicz. Nous sommes [néanmoins] dans une véritable partie de poker où Poutine joue très gros, c’est évident. Mais dans le même temps, on le sait, il a la capacité de reculer. »

    Chaud et froid

    Ce 4 mars, le président russe a donné l'ordre aux militaires russes engagés dans des manoeuvres à l'Ouest du pays depuis le 26 février de retourner dans leurs casernes. Sur le plan diplomatique, la Russie maintient qu'elle veut discuter sur la base de l'accord du 21 février. Cette demande a encore eté formulée par le représentant russe auprès de l’Union européenne et par le ministère russe des Affaires étrangères. Toutefois, le représentant de la Russie auprès de l’ONU a admis qu’il ne chercherait pas à ramener Ianoukovitch au pouvoir. Mais les Russes veulent un gouvernement d’union nationale et une révision de la Constitution.

    Et puis, il y a cette déclaration du président de la Douma, Serguei Narychkine, qui est pourtant un véritable va-t-en guerre : « Nous avons autorisé le président Poutine à utiliser la force en Ukraine, mais pour l'instant ce n'est pas nécessaire. Un règlement de la crise par le dialogue est possible, ajoute-t-il. Mes collègues et moi ne voulons pas prononcer le mot guerre ». Alors, ces propos sont-ils autant de façons de lancer un appel au dialogue. On est sûrs de rien. Vladimir Poutine a l'art de souffler le chaud et le froid, il n'est pas du genre à reculer, mais on ne sait pas jusqu'où il veut aller.

    Blindés transports de troupes russes sur la route de Sébastopol à Simféropol, ce 4 mars 2014. REUTERS/Baz Ratner


    ■ VU DE GEORGIE : l’Ukraine et les démons géorgiens

    Avec notre correspondant à Tbilissi, Régis Gente

    Les Géorgiens s’inquiètent de plus en plus de la détermination de Vladimir Poutine à punir Kiev d’avoir choisi la voie du rapprochement avec l’Europe. Cela leur rappelle la façon dont Moscou les a punis en 2008 pour avoir aussi voulu se rapprocher de l’Occident, de l’Otan en l’occurrence.

    Le 7 août 2008, après une période d’instabilité et d’échanges de tirs entre forces géorgiennes et séparatistes de l’Ossétie du Sud, l’armée russe intervenait, envahissait une partie du pays et reconnaissait unilatéralement les deux provinces séparatistes de Géorgie.

    Message fort au Kremlin

    L’invasion de la Crimée, sans qu’aucun citoyen russe n’ait été menacé, prouve que même sans les éventuelles erreurs de Mikheïl Saakachvili, le président de la Géorgie en 2008, Moscou aurait provoqué la guerre. Chacun le reconnaît aujourd’hui à Tbilissi, même chez les adversaires de l’ex-président.

    D’où la nécessité d’envoyer un message fort au Kremlin, prévient Ketevan Tsikhelachvili, la vice-ministre géorgienne de la Réconciliation : « Tout dépend de jusqu’où et combien seront claires les réactions des Etats-Unis, de l’Europe et du reste de la communauté internationale. Parce que sinon, je pense que M. Poutine ne va pas se détourner de son projet de créer une autre zone d’instabilité, comme, en Géorgie, avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. »

    Pour le Kremlin, ces provinces séparatistes sont un puissant levier pour garder les ex-républiques soviétiques dans son giron. La Géorgie est d’autant plus inquiète que la Russie risque à nouveau, dans les semaines qui viennent, de faire pression sur elle pour qu’elle renonce à son désir de se rapprocher du camp occidental.

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