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Poutine exploite l’échec des Américains en Syrie

Lucie Robequain - LUCIE ROBEQUAIN |

Obama se dit «  prêt à travailler avec la Russie pour régler le conflit syrien  ». Vladimir Poutine suggère de coopérer avec Bachar El Assad.

La quarantaine n’aura pas duré deux ans. Mis au ban de la communauté internationale pour avoir annexé la Crimée, la Russie a finalement repris sa place dans la diplomatie mondiale, hier, à l’occasion del’Assemblée générale de l’ONU. Vladimir Poutine, qui n’avait pas mis les pieds aux Etats-Unis depuis une dizaine d’années, y a fait un retour fracassant, accaparant toute l’attention de la presse et des diplomates.

Washington pris de court

Le dirigeant russe a proposé la mise en place d’une « large coalition » contre l’Etat islamique. Cette coalition serait « semblable à celle formée contre Hitler » au cours de la Seconde guerre mondiale. Les pays arabes « y joueraient un rôle clé », a-t-il lancé à la tribune des Nations Unies. Celui-ci a pris Washington de court, en annonçant un accord avec l’Iran, l’Irak et le gouvernement de Bachar El-Assad pour partager leurs informations sur l’Etat islamique. Cette coalition est directement concurrente de celle formée par les Etats-Unis il y a un an.

Après avoir piétiné les principes de l’ONU et annexé l’Ukraine, voilà donc le président russe qui feint de jouer les rassembleurs. C’est une humiliation pour Barack Obama, qui a tenté d’endosser ce rôle depuis un an, en orchestrant une grande coalition internationale qui inclut la France et le Royaume-Uni notamment. Mais les résultats se font toujours attendre : les dizaines de frappes aériennes menées en Irak et en Syrie ont freiné l’expansion des djihadistes, sans la stopper pour autant. Ceux-ci ont étendu leur influence à de nouveaux pays, parmi lesquels la Libye, l’Afghanistan et l’Egypte. Les Etats-Unis n’ont pas réussi, non plus, à former les 5.400 rebelles syriens censés combattre l’Etat islamique sur le terrain. « Il apparaît que seuls 60 de ces combattants ont été correctement entraînés et que seuls 4 ou 5 portent encore des armes. Les autres ont déserté avec leurs armes américaines ou rallié l’Etat islamique », a raillé Vladimir Poutine dimanche soir sur les chaînes américaines.

Barack Obama est forcé de manger son chapeau. A défaut d’obtenir des résultats probants, il s’est dit prêt, hier, « à travailler avec n’importe quelle nation, y compris la Russie et l’Iran, pour régler le conflit ».Il a accepté de rencontrer Vladimir Poutine en tête à tête -du jamais vu depuis juin 2013. Mais rien ne dit que les deux hommes parviennent à coordonner leurs efforts en Syrie : « Ils ne partagent pas du tout les mêmes intérêts en Syrie », rappelle Faysal Itani, expert du dossier à l’Atlantic Council.

Refus de François Hollande

La priorité de Vladimir Poutine est de maintenir Bachar El Assad au pouvoir, et même de l’associer au combat contre le terrorisme. « Ce serait une immense erreur que de ne pas coopérer avec le gouvernement syrien », a-t-il lancé lundi. « Nous devrions reconnaître que seules les forces armées du président Assad et les milices kurdes combattent réellement l’Etat islamique  », a-t-il ajouté. « Je m’y refuse, Barack Obama s’y refuse, d’autres dirigeants s’y refusent. (...) Les Russes doivent en tirer les conséquences », a réagi François Hollande quelques minutes après.

Sa décision de lancer de premières frappes aériennes en Syrie, ce week-end, peut pourtant être interprétée dans le sens contraire  : la France, qui avait toujours refusé d’intervenir en Syrie de peur d’aider Bachar El-Assad, a finalement changé de pied face au risque de multiplication des attaques terroristes. Barack Obama continue, lui aussi, de plaider pour le départ de Bachar El Assad. Mais il ne croit plus pouvoir l’obtenir rapidement. A l’instar de l’Allemagne, certains de ses alliés pensent que ce n’est plus la priorité. « La situation nous impose d’accepter le compromis », a admis Barack Obama, hier. L’arrivée de chars russes en Syrie affaiblit encore un peu plus son influence. « Les Russes veulent convaincre le monde qu'il ne pourra rien arriver de bon sans leur intervention. Ils ne nous laissent d’autre choix que de discuter avec eux », reconnaît Dennis Ross, qui conseillait Barack Obama lors de son premier mandat.

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