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Virus Zika : la Guyane et la Martinique sont touchées

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Des moustiques "Aedes aegypti" dans un laboratoire de Fort-de-France, en septembre 2010.

Le virus Zika a atteint les départements français ultramarins. Le 22 décembre 2015, la Guyane a été déclarée en « phase de pré-épidémie ». La Martinique est également touchée. « En Guyane et en Martinique, nous avons la confirmation biologique de plusieurs cas autochtones », indique Martine Ledrans, de l’Institut de veille sanitaire et responsable de la cellule interrégionale d’épidémiologie Antilles-Guyane, évoquant des personnes contaminées sur place et non des cas importés d’un autre territoire. « Nous avons sept cas confirmés en Guyane, principalement dans la région de Saint-Laurent-du-Maroni et sur l’île de Cayenne, et douze en Martinique, essentiellement dans le centre de l’île, la région de Fort-de-France et la façade atlantique. »

La Polynésie française avait connu la première épidémie de grande ampleur d’octobre 2013 à avril 2014 : 382 cas ont été confirmés, avec des complications fréquentes, notamment 42 cas de syndrome de Guillain-Barré et des manifestations neurologiques ou auto-immunes chez 30 malades. « Cela n’a pas été le cas pour l’instant en Martinique et en Guyane », précise Mme Ledrans. Dans les deux régions, la surveillance médicale et l’information du public, notamment les femmes enceintes qui doivent se protéger des piqûres, ont été renforcées. Il n’y a pas de traitement spécifique mais uniquement symptomatique : médicaments contre la fièvre et repos.

Progression le plus souvent silencieuse

L’identification d’un cas d’infection par le virus Zika n’est pas facile car dans 70 % à 80 % des cas, il n’existe aucun symptôme. Cela signifie que la circulation du virus est bien plus importante que le nombre de cas détectés. De plus, le diagnostic biologique, en recherchant le matériel génétique viral, n’est pas aisé car le virus ne reste pas très longtemps (moins de cinq jours) dans le sang. Il persiste plus longuement dans l’urine mais la quantité de virus y est plus faible que dans les cas de la dengue ou du chikungunya.

Cette progression le plus souvent silencieuse complique la stratégie à adopter pour contrer l’essor de l’épidémie, comme cela est fait pour la dengue, par des mesures de démoustication en ciblant les premiers cas ou les premiers foyers. « Ce sera beaucoup plus difficile pour le Zika. Nous fondons beaucoup d’espoir sur notre Réseau sentinelle, qui regroupe 30 % des médecins dans la zone Antilles-Guyane. Il a montré son efficacité dans la surveillance en parallèle de la dengue et du chikungunya », espère Martine Ledrans.

Dans un avis du 28 juillet 2015, le Haut Conseil de la santé publique estimait que le risque de transmission du virus Zika était « élevé dans les départements français d’Amérique (DFA) où le vecteur Aedes aegypti est présent », « réel à La Réunion (présence d’Aedes albopictus) et à Mayotte (présence d’Aedes aegypti et d’Aedes albopictus) » et « réel dans les départements métropolitains où Aedes albopictus est implanté, pendant sa période d’activité, de mai à novembre ».

L’Institut Pasteur de Guyane a annoncé, vendredi 8 janvier, avoir séquencé le génome intégral du virus Zika touchant actuellement la zone tropicale du continent américain. Publiés dans la revue britannique The Lancet, ces travaux révèlent que ce virus est quasi-intégralement identique à celui qui sévissait en 2013 et 2014 dans le Pacifique, ce qui atteste donc d’un lien entre les deux épidémies.