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Steven Cohen trouve un accord avec la SEC dans le cadre de son affaire de délit d’initié

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Impliqué dans une affaire de délit d’initié, Steven Cohen a réussi à négocier avec le gendarme des marchés financiers un arrangement très favorable.

Tout est bien qui finit bien pour Steven Cohen. La star de Wall Street, ex-patron du fonds spéculatif SAC Capital Advisors, qui était dans le collimateur des régulateurs boursiers et de la justice depuis près de dix ans, a trouvé, vendredi 8 janvier, un accord avec la Securities and Exchange Commission (SEC).

Impliqué dans une affaire que le procureur de Manhattan, Preet Bharara, avait qualifiée de « plus grand délit d’initié de l’histoire », M.Cohen a réussi à négocier avec le gendarme des marchés financiers un arrangement très favorable. Non seulement, il ne lui est réclamé aucun dédommagement, mais en plus il pourra reprendre son activité de gestion de fortune pour le compte de ses clients dans deux ans. Pour cela, il s’engage à se plier à un dispositif de surveillance de ses activités pour détecter d’éventuels délits d’initié. Il devra notamment accepter la présence permanente d’un consultant indépendant, a précisé Andrew Ceresney, l’un des responsables de la SEC.

Les autorités reprochaient à cet investisseur de 59 ans d’avoir manqué à ses responsabilités en ne s’interrogeant pas suffisamment sur les pratiques de l’un de ses traders, Mathew Marmota. Celui-ci avait été reconnu coupable en février 2014 d’avoir utilisé en 2008 des informations confidentielles lui permettant de spéculer sur les actions de deux laboratoires pharmaceutiques, Elan et Wyeth.

L’utilisation de ces informations, qui concernaient un traitement de la maladie d’Alzheimer, avait permis à SAC de réaliser un gain total de 275 millions de dollars (252 millions d’euros). Huit employés du fonds spéculatif étaient impliqués dans ce scandale. Certains ont immédiatement plaidé coupable et ont coopéré avec la justice. Un autre trader, Michael Steinberg, avait été également condamné à trois ans de prison en mai 2014 pour avoir utilisé des informations confidentielles sur le groupe informatique Dell.

Une récompense tangible

Cette affaire avait conduit SAC Capital à plaider coupable et à payer 1,8 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros) en 2013 pour mettre fin aux poursuites. M.Cohen avait été en outre obligé de renoncer à gérer l’argent de clients extérieurs, ce qui l’avait conduit à dissoudre SAC Capital, tout en montant une nouvelle structure, Point72, uniquement consacrée à la gestion de sa fortune personnelle, estimée à 11 milliards de dollars (10 milliards d’euros). Toutefois, à ce stade, il n’avait pas été convaincu de malversation.

Mais une décision d’une Cour d’appel fédérale de décembre 2014 a remis en cause toute la procédure. En se prononçant sur un autre cas, cette instance a complètement bouleversé la jurisprudence du délit d’initié. Elle a estimé que ce type d’infraction ne peut être avéré que si la source à l’origine de la fuite a touché pour cela une récompense tangible. A partir de là, M. Bharara en a tiré les conséquences et a abandonné les charges contre Michael Steinberg. Dans le même temps, l’affaire SAC Capital se dégonflait totalement.

Il s’agit d’un spectaculaire retournement de situation pour M.Cohen, qui est passé à deux doigts de l’interdiction à vie de gérer un hedge fund, alors que pendant deux décennies il a régné en maître sur Wall Street, dégageant pour ses clients des retours sur investissement de 25 % en moyenne. Une période pendant laquelle son fonds n’a jamais enregistré une seule perte.

« La résolution de cette affaire nous donne de l’assurance et ouvre la voie pour lever de l’argent à l’extérieur », a expliqué M.Cohen dans un courriel envoyé à ses huit cents salariés, tout en précisant qu’« avoir [cette] opportunité ne signifie pas pour autant que nous le ferons ». Dans le même temps, M. Cohen a voulu avoir le triomphe modeste. L’accord « n’est pas et ne peut pas être une raison de devenir suffisant », insiste-t-il, promettant que Point72 souhaite devenir un leader en termes de respect du cadre réglementaire.