« Cherche alternant pour poste d’ingénieur en sécurité des systèmes d’information (SSI) ». Les offres de contrats d’apprentissage de ce type abondent sur la Toile. Que ce soit dans le secteur bancaire, celui de l’énergie ou de la téléphonie, les entreprises cherchent à renforcer leurs équipes en matière sécurité informatique mais ne trouvent pas toujours les spécialistes qu’elles cherchent. En 2012 déjà, un rapport du Sénat signalait le manque de formations dans ce domaine.
Pour faire face à cette demande, les écoles d’ingénieurs et les universités ouvrent des cursus, notamment en alternance. Les entreprises elles-mêmes le leur demandent, témoigne Charles Préaux, directeur de la formation cyberdéfense àl’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs de Bretagne-Sud (Ensibs). Depuis 2013, l’école d’ingénieurs délivre, après trois ans d’études, un diplôme spécialisé de niveau bac + 5. « Nous formons 25 à 30 ingénieurs par an en cyberdéfense. Mais les entreprises auraient besoin de centaines d’étudiants », constate-t-il.
En France, une vingtaine d’établissements proposent, avec le système de l’alternance, une troisième année de licence professionnelle spécialisée en cybersécurité. Au niveau master, les cursus en apprentissage sont plus rares. Sur la quarantaine de diplômes reconnus par l’Etat, seuls dix peuvent être effectués en alternance.
Sébastien Le Corre, 28 ans, a opté pour le cursus de l’Ensibs de Vannes. Depuis deux ans, il passe un mois à l’école, puis un mois dans son entreprise d’accueil, Orange Consulting, une filiale de l’opérateur français qui propose des services de cybersécurité. Grâce à cette formule, il a l’impression d’apprendre plus vite : « Quand je reviens à mon poste de travail, j’applique directement les nouvelles compétences que j’ai acquises en cours. C’est bien plus efficace. »
« Offre florissante de formations »
A l’embauche, Pierre-Yves Popihn, directeur technique chez NTT Com Security France, une entreprise de sécurité informatique d’une cinquantaine de personnes installée à Bagneux (Hauts-de-Seine), donne délibérément la priorité aux alternants. « Ils ont déjà quelques années d’expérience et leurs salaires ne sont pas aussi élevés que s’ils avaient déjà occupé un poste », dit-il.
Même les entreprises réfractaires aux apprentis changent d’attitude. « Jusqu’à présent, embaucher des alternants n’était pas dans nos habitudes. Mais face à l’offre florissante de formations avec cette formule, nous étudions de plus en plus de ces candidatures », indique Linda Verzele, chargée des relations avec les écoles chez Lexsi, une entreprise de sécurité informatique basée à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) qui emploie 200 personnes.
Les entreprises qui ne sont pas spécialisées dans la cybersécurité y trouvent aussi leur compte. « Quand les étudiants reviennent en cours avec un problème qu’ils n’arrivent pas à résoudre au travail, les professeurs les aident, note Reza Elgalai, responsable des formations en alternance de l’université de technologie de Troyes, qui propose notamment un master en cybersécurité. Et les entreprises apprécient. »