#Flux RSS de Sorosoro Sorosoro » Le soninké Flux des commentaires alternate alternate La diversité linguistique ... À quoi ça sert ? ... Quels enjeux ? Accueil / Home * Le programme Sorosoro * Quoi de neuf à Sorosoro * Sorosoro dans les médias * Faire un don * Contact fr FR es ES en EN Imprimer | Le soninké Page réalisée par Gérard GALTIER, Docteur en linguistique, chargé de cours de langue soninké à l’INALCO et responsable de la revue « Hermès » de l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC), 2010. Données sur la langue Nom de la langue : soninké en français, « sooninkan-qanne » (langue soninké) en soninké Noms alternatifs : * « sarakolé » en français (mot d’origine wolof), * « marka » ou « maraka » en bambara, * « wakkoré » en songhaï * « sebbe / tyeddo » en peul * « aswanek » en arabe Classification : membre de la famille linguistique Mandé. À l’intérieur de cette famille (dont font partie des langues telles que le bambara ou le soussou), le soninké fait partie du sous groupe « Nord-Ouest » avec l’ensemble des langues bozos. Principaux dialectes : On distingue essentiellement deux dialectes principaux, selon la manière de prononcer le phonème /f/. Celui-ci est prononcé [f] dans les parlers de l’Ouest (région des trois frontières Mali-Sénégal-Mauritanie) et [h] dans les parlers de l’Est (au Mali, de la ville de Yélimané à la ville de Nara, ainsi que dans la communauté soninké de la ville de Kaédi, en Mauritanie – néanmoins située plus à l’Ouest !). Exemple : « son âne » se dit [a fare] dans les parlers de l’Ouest et [a hare] dans les parlers de l’Est. NB : Il existait aussi un dialecte soninké (presque disparu) dans les villes de Tichitt et Oualata en Mauritanie, appelé « azer » ou « ajer ». Il avait été fort influencé par l’arabe et le berbère. Aire géographique : Le soninké est parlé dans une bande sahélienne s’étendant de Bakel au Sénégal à Nara au Mali. Il est aussi parlé dans le Guidimakha mauritanien (région de Sélibaby) et à l’est de la Gambie. Les langues voisines sont différentes variétés du mandingue au sud (khassonké, bambara, etc.) et l’arabe hassaniya au nord. Par ailleurs, dans certaines zones, des Peuls et Toucouleurs sont mélangés aux Soninkés : c’est par exemple le cas dans la région de Nioro. La ville de Kayes au Mali marque en principe le début de la zone khassonké (au sud). Mais les Soninkés y sont très nombreux. Par ailleurs, le soninké est la principale langue de l’immigration africaine en France (environ 50% de l’immigration ouest-africaine). De même, on trouve des migrants soninkés dans la plupart des capitales africaines. Nombre de locuteurs : * Mali : 1 000 000 environ * Sénégal : 260 000 * Gambie : 160 000 * Mauritanie : 130 000 Il faut ajouter à cela les communautés immigrées, notamment en Côte d’Ivoire et en France. Statut de la langue : Le soninké est reconnu comme langue nationale au Sénégal et au Mali, ainsi qu’en Mauritanie (avec des réserves et selon les aléas de la politique). Cette langue est largement utilisée dans les programmes d’alphabétisation locaux, ainsi que dans des écoles bilingues expérimentales (notamment au Mali). Elle est aussi utilisée à la radio (notamment dans les stations locales de la région de Kayes au Mali). Néanmoins, le soninké est minoritaire dans chacun des pays où il est parlé et il ne constitue pas une langue véhiculaire en Afrique de l’Ouest. Par contre, les Soninkés parlent souvent en seconde langue, la langue dominante du pays où ils habitent : wolof au Sénégal ; bambara au Mali ; mandingue de l’Ouest en Gambie ; peul ou arabe hassaniya en Mauritanie. En revanche, il existe deux endroits assez différents où le soninké est parfois appris par des non-Soninkés. D’une part, les foyers africains de la région parisienne où les Soninkés sont majoritaires (quel que soit le pays d’origine), et où il arrive que des résidents africains non-soninkés apprennent le soninké par osmose. D’autre part, la branche ivoirienne de la confrérie hamalliste (issue de la Tijaniya), développée par feu Yacouba Sylla, où la langue commune est le soninké : les adeptes d’origine non-soninké apprennent le soninké en rentrant dans la confrérie. Vitalité et Transmission : Les Soninkés attachent une grande importance à leur langue et, dans les pays africains, celle-ci est transmise aux enfants : ceux-ci sont donc multilingues. En Afrique noire, il ne semble pas qu’il y ait un abandon de la pratique du soninké, ni dans les régions d’origine, ni dans les capitales où vivent des communautés de migrants. Par contre, la transmission aux enfants se fait plus difficilement dans les pays d’immigration du Nord, tels que la France où les enfants préfèrent y utiliser la langue dominante. Néanmoins, en France, le soninké semble mieux transmis que d’autres langues africaines. Il faut ajouter que les Soninkés en France privilégient souvent l’islam comme marqueur identitaire, plutôt que leur ethnie d’origine. Les parents peuvent alors souhaiter que leurs enfants apprennent l’arabe (en plus du français, bien sûr). Cette tendance continue en fait une tradition ancienne, dans la mesure où l’enseignement coranique a toujours été très développé en pays soninké. Mais l’arabe reste surtout la langue emblématique de la religion : il n’y a aucun remplacement du soninké par l’arabe en tant que langue parlée. Médias /Littérature/Enseignement : Le soninké est encore peu développé dans la littérature écrite. Il existe néanmoins une très riche poésie, à la fois traditionnelle et moderne. Parmi celle-ci, notons les poèmes et chants dédiés à Cheikh Hamallah. Signalons aussi, la revue bilingue soninké « Sooninkara » qui parut à Paris à partir de 1988 et qui eut une quinzaine de numéros (à peu près, un par an). Au Mali, il faut mentionner le magazine rural « Xibaare ». Précisions historiques Le soninké connut un grand rayonnement dans le passé entre les 7e et 13e siècles. C’était alors la langue du royaume (empire) du Wagadou, qui a précédé l’empire mandingue fondé par Soundiata Keita. C’est cet empire du Wagadou que les anciens voyageurs arabes appelaient « Ghana ». Sa capitale était Koumbi dont les ruines se trouvent dans le sud de la Mauritanie, non loin de la frontière malienne, au nord de Nara et Goumbou. Du reste, la région malienne de Nara et Goumbou s’appelle toujours « Wagadou ». Le fait de retrouver des chants rituels en soninké dans les cultes animistes des Songhaïs de la boucle du Niger montre l’extension ancienne de l’empire du Wagadou. L’actuelle république du Ghana est située dans une zone assez différente. En fait, le président Kwamé Nkrumah voulait fonder une fédération ouest-africaine qu’il souhaitait appeler « Ghana », du nom du célèbre empire médiéval. Lorsque la colonie anglaise du Gold Coast devint indépendante, il la rebaptisa donc ainsi, mais il ne parvint pas à réaliser son projet de fédération. Il faut donc bien distinguer le Ghana actuel de l’ancien Ghana, qui était l’empire soninké appelé « Wagadou » dans les traditions orales. Précisions ethnographiques En Casamance, le mot « soninké » signifie « animiste » dans la langue mandingue locale. Ceci montre que l’ancienne religion animiste soninké eut une très large influence (elle était caractérisée par un culte au serpent « Biida »). Néanmoins, les Soninkés furent parmi les premiers islamisés de l’Afrique occidentale) et de nombreuses familles maraboutiques portent des noms de famille soninkés (notamment tous ceux que l’on appelle en langue mandingue, « Manden-Mori » – marabout du Mandé –, qui vinrent apporter un appui à Soundiata). Précisions sociolinguistiques Le fait que le soninké soit minoritaire dans chacun des pays où il est parlé peut apparaître comme un inconvénient. En même temps, il bénéficie du statut de langue transfrontalière, permettant de faciliter les contacts entre Mali, Sénégal, Mauritanie et Gambie. De plus, les locuteurs de ces quatre pays profitent des travaux réalisés dans chacun des autres, d’autant que les contacts restent constants entre tous les spécialistes du soninké. Précisions linguistiques Le soninké possède un système de dérivation extrêmement riche, ce qui fait qu’il est facile d’y créer des mots nouveaux. Bibliographie ACCT, Contes Soninkés, Paris, Présence Africaine, 1987. BAROU Jacques, « Les Soninkés d’hier à demain », in Hommes et Migrations, n°1131, avril, 1990. BERENGER-FERNAND L-.J-.B., « Etude sur les Soninkés », in Revue d’Anthropologie, 7, 1, 1878, pp. 584-606. GALTIER Gérard, Le Soninké, grammaire et syntaxe, Paris, Présence Africaine, 1971. GIRIER Christian, Parlons soninké, l’Harmattan, Paris, 1996. Pour une bibliographie détaillée : http://www.soninkara.com/informations/bibliographie/bibliographie.html Liens Site soninké très actif sur Internet : Soninkara ( ou ). Revue Hermès : http://www.wolton.cnrs.fr/FR/hermes/ouvrages/index.html Site de l’Institut des sciences de la communication (ISCC) du CNRS : http://www.iscc.cnrs.fr/ Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org Recherche ____________________ [sidebar_search_go.jpg]-Submit Planisphère des langues Découvrez où sont parlées des milliers de langues [ ] Tout savoir sur les langues dans le monde Les familles de langues Les langues en danger Les « nouvelles » langues La linguistique pour les débutants [ ] Ils travaillent sur la diversité culturelle Les sources de documentation Les scientifiques La défense des peuples et cultures autochtones Les projets artistiques [ ] Ils ont écrit sur les langues Textes par thématiques Textes par auteurs Les actualités des langues en danger Sorosoro est un programme porté par l’association WOLACO (World Languages Conservancy / Conservatoire des langues du monde) et soutenu par le Laboratoire d’Excellence ASLAN (Advanced Studies on Language Complexity / Etudes avancées sur la complexité du langage) de l’Université de Lyon. 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