Ma surdité dégénérative — Témoignage

Naomi est malentendante de naissance, et sa surdité est dégénérative : c’est un handicap progressif avec lequel elle doit composer.

babel deaf girl

Je suis malentendante de naissance, et ma surdité est dégénérative. On l’a détectée à l’âge de trois ans lorsque ma maîtresse d’école s’est rendue compte que je ne répondais que très rarement aux questions posées en classe. On m’a ensuite fait porter des appareils auditifs et j’ai changé de maternelle pour pouvoir être suivie par des orthophonistes et des auxiliaires de vie scolaire.

Ma surdité, ce cadeau

Ma mère s’est battue pour me placer dans une école « normale », car je n’avais même pas fait mes preuves qu’on voulait me placer dans une école de sourds loin de chez moi. Pendant quelques années j’ai eu un retard de vocabulaire : c’était le seul problème qu’avait engendré ma surdité. À l’âge de 15 ans j’étais fière de cet handicap… d’ailleurs, je ne comprenais pas pourquoi on prenait ma surdité pour un « handicap ». J’ai souvent répété qu’elle était la plus belle chose que je pouvais recevoir.

happy-party « Surdité, je t’aime ! Je m’aime ! »

Je sais que c’est assez difficile à comprendre, mais j’adorais pouvoir me couper du monde des entendants en éteignant mes appareils auditifs, j’aimais avoir le choix entre écouter de la musique ou le silence… Je n’ai que rarement côtoyé le monde des sourds mais je n’avais pas ma place dedans à l’époque. Je me considérais comme entendante, je n’avais que très peu d’amis malentendants. Je n’avais pas vraiment pris conscience du caractère dégénératif de ma surdité.

Puis à 19 ans, j’ai eu une grosse chute d’audition. Aucun de mes amis ne m’a réellement soutenue durant l’épreuve, sans doute parce que je les entendais encore et que l’idée que je sois complètement sourde leur paraissait loin. Alors vu leur absence de réaction, j’étais persuadée que c’était moi qui en faisais de trop, et je suis donc honteusement passée à autre chose… jusqu’à ma rentrée à la fac à 21 ans.

La surdité et l’isolement

J’étais toute seule, je ne connaissais personne et j’avais énormément de mal à m’intégrer. Je devais sans cesse répéter aux autres de me regarder quand ils parlaient, d’articuler ou bien de répéter. Je sentais bien que ça les énervait, qu’ils perdaient patience. Lorsqu’il fallait travailler à plusieurs, les élèves se parlaient entre eux et comme si je n’étais pas là.

Pour la première fois, j’ai haï mon handicap, je me suis haï et j’ai haï toutes les personnes qui m’entouraient. J’étais consciente de ma surdité mais j’étais surtout consciente du fait qu’elle soit un handicap. J’ai perdu toute confiance en moi, je n’osais plus parler à qui que ce soit de peur de ne pas les comprendre ou qu’ils me disent « non, rien ».

easy a emma watson

Bien sûr.

Puis ayant accepté ça, j’ai commencé à m’habituer à être seule et ça ne me faisait plus peur. Je savais que ça n’était pas de ma faute.

En février 2015, croyant à une panne de mes appareils, je suis allée chez l’audioprothésiste pour les faire réparer. Cette dernière m’a dit qu’il n’y avait aucun problème et qu’il fallait passer un audiogramme pour être sûre que ça ne venait pas de mes oreilles. J’ai eu une grosse boule au ventre : le dernier audiogramme datait de 2012, quand j’avais fait la plus gros chute d’audition, et jusque là j’avais réussi à esquiver tous les check-ups.

Un audiogramme, c’est un examen auditif consistant à évaluer le degré de surdité d’une personne. On porte un casque sur nos oreilles tandis que l’audioprothésiste se charge d’émettre les sons de différente fréquence. Il faut lever la main dès qu’on entend un son.

J’acceptai à contre cœur. L’examen a commencé avec l’oreille gauche (l’oreille qui fonctionne le mieux) par des sons graves puis aigus. Nous sommes ensuite passées à l’oreille droite. Étrangement, après un long moment de silence, nous sommes directement passés aux sons aigus.

hm-what « Pourquoi ce long silence, Madaaame… ? »

L’audioprothésiste a récupéré le casque et je lui ai demandé pourquoi on n’avait pas fait les sons graves. Elle m’a regardée d’un air désolé, et j’ai compris qu’on les avait diffusés mais que j’avais été incapable de les entendre. Je ne pouvais pas pleurer, je préférais attendre les résultats au lieu de dramatiser pour rien. Elle me les a montrés sur l’écran de son ordinateur : ils étaient désastreux. J’ai laissé tombé ma fierté et ai fondu en larmes devant ma grand-mère qui m’accompagnait et l’audioprothésiste. Les choses se concrétisaient, j’étais bien en pleine transition pour rentrer dans le monde des sourds.

Je ne pouvais plus le nier et je ne l’acceptais pas, mais j’ai continué à rire de ma surdité avec mes amis et je n’osais plus leur dire que j’avais mal de peur qu’on ne me prenne pas au sérieux.

À lire aussi : Rikki Poynter, youtubeuse malentendante, liste les choses à ne pas dire aux sourds
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Sourds, implantés et malentendants

On m’a ensuite parlé d’un implant cochléaire. J’ai toujours haï ces deux mots : je les entends depuis que je suis petite et jamais je n’aurais cru que ça me concernerait un jour. Ce sont des appareils qui nécessitent une chirurgie pour remplacer tout ce qui se trouve dans l’oreille (cochlées et le bordel qui suit) qui est relié au le cerveau. À partir de là, notre oreille ne sert plus à rien car on entend avec le cerveau : les sons se propagent sous forme d’impulsion électrique. Les sons n’ont aucun rapport avec ce que nous entendons avec l’oreille.

Personnellement, je refuse de porter ça pour la simple raison que je refuse de perdre ce que j’ai dans l’oreille. Une recherche s’effectue en ce moment qui consiste à multiplier les cellules de la cochlée (soit les cils), et je sais qu’à partir du moment où j’accepte l’implant cochléaire, il n’y aura plus de retour en arrière. Je préfère attendre en prenant le risque de ne jamais entendre à nouveau plutôt que le faire en étant sûre de ne jamais réentendre comme avant.

Chez certains sourds, il existe une forme de discrimination divisant les sourds, les implantés et les malentendants. En étant malentendante, je la ressens bien rien qu’en allant à des spectacles ou cafés signes. Même si j’ignore les raisons, je trouve ça odieux et moi-même je n’arrive pas à m’intégrer dans un groupe de sourds.

easy a emma watson alone lunch

Suite à ces événements, j’ai eu une période de remise en question : je ne savais plus à quel monde j’appartenais. Pour les sourds j’étais entendante, et pour les entendants j’étais sourde même si je comprenais et répondais correctement dans les deux mondes.

L’accès limité à l’information et à la culture

Mais ce qui me sidère dans le monde des sourds, c’est le manque d’accès à l’information et à la culture. Par exemple il y a trois ans, je suis allée à un café-signe. Nous formions un cercle et tous le monde discutait avec ses amis. De mon côté je me contentais d’observer, et j’ai vu une dame demander s’il existait d’autres moyens de contraception que le préservatif.

J’ai espéré n’avoir pas compris et je me suis approchée d’elle : elle disait que son mari en avait marre d’utiliser les préservatifs mais qu’elle pensait qu’il n’y avait que ça comme moyen de contraception. J’étais sidérée. Le médecin à qui elle en avait parlé n’avait pas pris le temps de lui expliquer des différents moyens de contraception. J’étais tellement en colère et sous le choc que je n’ai pas réussi à prendre sur moi et je suis partie.

Aujourd’hui, je me rends compte de l’absurdité qu’est le manque d’accès à l’information. Maintenant que mon audition s’est détériorée, beaucoup de portes se ferment. Il y a des tas de vidéos qui circulent sur le net qui ne sont pas sous-titrées.

buffy-close-up Préparation de la lecture labiale sur un écran.

Les sous-titres à la télé pour les actualités connaissent un décalage important, et certains programmes ne sont pas sous-titrés du tout. Pour reprendre un exemple qui m’a choquée, on m’a beaucoup parlé du film La Famille Bélier. J’étais contente jusqu’à ce que j’apprenne qu’il y avait les sous-titrages pour la langue des signes mais pas pour l’oral. J’étais furieuse qu’on fasse un film qui traite le sujet de la surdité sans prendre la peine de traduire l’oral pour les sourds…

De la même façon, il n’existe que TRÈS peu d’interprètes de LSF pour les musées : pour le moment aucun des musées que j’ai visités n’en avait. Un tas de profs n’ont jamais eu de formation pour enseigner aux élèves sourds ou malentendants, ce qui nous oblige à aller très loin de chez nous. Je ne connais d’ailleurs aucun malentendant dans mon entourage qui est allé jusqu’à la fac, et j’ai énormément de chance d’être dans une université qui a pris soin de faire son possible pour me faire suivre au mieux les cours.

J’ai un preneur de notes, rémunéré pour prendre mes cours. Par contre, je n’ai qu’un seul prof qui prend soin de se mettre toujours à côté de moi dans un amphithéâtre et d’articuler. Un autre prof fait attention à articuler, demande aux élèves qu’il interroge de parler plus fort pour que je puisse comprendre et s’excuse qu’une vidéo à titre pédagogique ne soit pas sous-titrée.

Pour les autres cours par contre, je n’arrive pas à suivre alors je me fonds dans la masse et je regarde sur les notes mes voisins de quoi parlent mes profs.

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Ne plus entendre

Aujourd’hui je vis très mal la transition, et j’en pleure enfin devant mes plus vieux amis qui comprennent maintenant l’ampleur que ça prend et savent qu’ils vont devoir s’engager dans l’apprentissage de la langue des signes. Mon petit ami actuel, avec qui je suis depuis deux mois, me met dans le bain en me répétant les mots que je ne comprends pas en langue des signes.

J’ai tendance, dans la vie, à aller voir telle ou telle personne que je ne connais pas pour lui dire que j’aime son pull ou qu’elle a des cheveux magnifiques. C’est une chose qui va énormément me manquer, mais je pense que la chose la plus dure à surmonter sera l’absence de musique…

Cela dit, j’aime toujours qu’on rie avec ma surdité, qu’on dédramatise. C’est essentiel.

À lire aussi : Je suis sourd, et je le vis bien — Témoignage

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  • Nahômy
    Nahômy, Le 12 juillet 2015 à 23h10

    Bleu_cerise
    Merci Naomi pour ton témoignage très touchant.
    Je suis entendante et j'ai toujours voulu apprendre le LSF. Je connais quelques bases mais je compte bien apprendre plus profondément cette langue dès que je le pourrai.

    Ton témoignage m'a beaucoup touché car je suis victime du mal "inverse" ; j'entends bien trop. Tous les petits bruits, tous les petits sifflements que les autres ne perçoivent pas, je les entends. Et ceci est très handicapant dans la vie de tous les jours. Evidemment, cela n'est pas considéré comme gênant car j'entends. Dans mon cours de neurosciences, on a d'ailleurs abordé les différents problèmes liés à l'audition excepté ce cas de figure. Mon prof m'avait d'ailleurs dit que "ce n'est pas handicapant d'entendre".
    Souvent, j'aimerais moins entendre. J'aimerais pouvoir me couper du monde pour n'entendre plus que du silence. Mais le silence, je ne sais pas réellement ce que c'est. On me demande souvent de répéter ce que je dis car ce que je crois audible pour les autres, ne l'ait en fait pas réellement. Je ne supporte plus de devoir faire baisser la musique, la télé à mon entourage. C'est épuisant tout ça.

    Je crois que mon désir d'apprendre le LSF vient du fait que si je discute avec un sourd, je serais un peu coupé des bruits parasites. Je l'apprendrais, je me le suis promis, et j’espère qu'un jour j'aurais un(e) ami(e) sourd(e) avec qui je pourrais discuter aussi naturellement qu'avec une personne entendante. Et j'adorerais que tu viennes me parler dans la rue parce que je porte quelque chose que tu aimes. Ne baisse pas les bras ! J’espère de tout mon cœur que ta transition se passera le mieux possible.

    Bon courage :fleur: :jv:
    Salut Bleu Cerise !
    Merci beaucoup pour ce commentaire touchant et tellement mignon !
    Je suis désolée pour ton audition un peu trop "bon", moi-même, je ne supporterais pas être entendante, être harcelée par les bruits 24h/7j et je supporterais encore moins être dans ta situation !
    En tout cas, ce serait cool que tu te mettes à la LSF et que tu tombes sur des sourds plutôt sympas, mais je peux comprendre que ce soit difficile de s'accrocher à la LSF en tout cas je t'y encourage et je t'aurais aidé avec plaisir !
    J'espère te croiser un jour et te faire un high five !

  • Nahômy
    Nahômy, Le 13 juillet 2015 à 0h15

    Sassegra
    Merci pour ton témoignage Naomi. Je n'ose pas imaginer la douleur de perdre un sens.J'aime bien les moments de colère qui transparaissent dans ton témoignage. D'une certaine manière, ça montre que tu es une combattante et ça, ça va drôlement t'aider dans la vie.
    J'avais vu une série dont l'une des héroïnes est sourde, 'Switched at birth'. On y voit cette discrimination dont tu parles entre implantés et sourds.
    Salut Sassegra !
    Oui j'avais commencé la série également, j'étais super contente puis au fur et à mesure j'ai trouvé l'histoire un peu cucul donc j'ai lâcher l'affaire ! Je ne savais pas qu'il y avait des implantés ! En tout cas, merci pour ton commentaire !

  • Nahômy
    Nahômy, Le 13 juillet 2015 à 0h18

    Kaylie
    Merci pour ce beau témoignage ! Il me rappelle le livre Le Cri de la Mouette. C'est l'autobiographie d'Emmanuelle Laborit. Sa situation est un peu différente, puisqu'elle est née sourde. A une époque où on interdisait encore parfois la langue des signes, qui empêcherait les sourds de s'intégrer et de "faire l'effort" de lire dur les lèvres par exemple. Elle revendique sa surdité comme une part de son identité et non un handicap, c'est très intéressant. Je l'ai lu au lycée, et ça m' a vraiment fait prendre conscience des difficultés que rencontrent les sourds. Du coup j'ai appris l'alphabet dactylologique, pour pouvoir communiquer avec un-e sourd-e si besoin, un jour... J'aimerais bien apprendre la LSF si l'occasion se présente, mais ça m'a l'air dur en autodidacte.
    En tout cas je conseille ce livre à toutes les Madz !
    Salut Kaylie !
    Effectivement j'ai lu le livre, un orthophoniste me l'avait conseillé pendant ma période où je refusais d'apprendre la LSF, il m'a montré la chance que cette langue soit autorisée, mais j'ai trouvé son histoire sombre et triste.
    En autodidacte, c'est effectivement assez compliqué parce qu'il faut être précis dans les gestes et le truc encore plus énervant c'est que non seulement les cours de LSF se font rares mais en plus de ça ils sont très chers. C'est un peu du grand n'importe quoi.

  • Plopipou
    Plopipou, Le 13 juillet 2015 à 3h05

    Hello
    Je ne suis ni sourde ni malentendante et je pense que pour les gens comme moi, il est important de communiquer sur ce que ca peut être d'être sourd, car on finit toujours par y être confronté.
    Ca va paraitre un peu bête, mais ce qui m'a fait découvrir le monde des sourds et les implications d'un tel handicap, c'est la série Switched at birth.
    Ca m'a fait voir beaucoup de choses différemment et je pense qu'en tant qu'entendant c'est important de se sensibiliser a cet univers. Donc si vous vous intéressez a ce monde, je vous recommande cette série.

  • Gorosaure
    Gorosaure, Le 13 juillet 2015 à 16h50

    Je vous invite à consulter le site d'une amie Armelle :

    http://www.entendrelessentiel.com/

    C'est une fille formidable qui raconte son parcours et qui conseil, elle en écrit mieux que moi alors je vous copie tout bêtement sa présentation :

    "Bonjour et bienvenue sur Entendre l’Essentiel !

    Ce site a pour objectif de vous parler, à vous qui, comme moi, êtes malentendants, personnes qui avez perdu l’audition ou qui ne l’avez jamais vraiment eue, et qui parlez français malgré tout.

    Ce site parle aussi à vous, qui vivez ou travaillez avec des malentendants, et ne savez pas toujours comment faire pour être compris de votre collègue, proche ou ami malentendant."


    N'hésitez pas à lui faire des retours,
    Bisous à toutes.

    :flappie:

  • Keikoku
    Keikoku, Le 15 juillet 2015 à 16h03

    Merci pour cette article dans lequel je me retrouve.

    Je suis sourde dégénérative de naissance et je n'ai été appareillé qu'à l'âge de 5 ans parce que quelqu'un a fini par croire ma mère quand elle disait qu'il y avait un problème. Les audioprothésistes ont pensé que quand je suis née j'avais qu'une petite perte mais qu'à mes 1 an, après une méningite, je suis tombée dans la surdité sévère. Je n'ai eu au final que 6 mois de retard de langage (ouf), ce qui est étrange vu ma perte et vu l'âge de mes premiers appareils. Ça ne s'explique pas et au final c'est une chance et une épée de Damoclès. Tout le monde pense que j'entends, et ceux qui sont au courant l'oublie très vite du coup plus d'effort n'est fait pour articuler, parler plus fort ou bien se mettre en face de moi. Mais grâce à ça j'ai pu faire une scolarité normal et avoir mon diplôme de designer graphique.

    Je n'ai jamais évolué dans le monde des malentendants, certes on m'a vite viré des écoles publiques parce que j'étais jugé différente, mes parents ont eu le droit par un directeur de collège à un "on n'est pas prés d'accepter les différences", du coup j'ai été en école catholique au moins on me jugeait pas. Puis j'ai fini par intégrer des écoles publiques mais bien plus tard.

    J'ai passé bien 20 ans sans aucune chute d'audition puis un jour boom une chute, et 2 ans après une suivante. Je me suis retrouvée avec des fréquences dans le profond et au moment du changement d'appareillage je me suis vu dire "désolé je n'ai plus grand choses à te proposer, tu as plus que 2 choix". Et là j'ai pleuré, je me suis pris la réalité dans la gueule.
    On m'a proposé les implants il y a des années et tout comme toi j'ai toujours dit non, je ne veux pas qu'on me charcute, je ne veux pas de cette appareillage ultra voyant (encore plus que mes appareils), je ne veux pas perdre mon oreille et je ne veux pas du coté définitif de la chose. La médecine de ce coté là n'a pas assez évolué. Mais quelques part je fonde quelques espoir sur la multiplication des cellules de la cochlée. Je ne connais pas le langage des signes, et à un moment donné je n'aurai surement plus le choix que de l'apprendre mais je sais lire sur les lèvres. Si un jour j'arrive dans la surdité profonde je crois que la musique sera ce qui me manquera le plus. J'aime trop ça.

    Les gens ont du mal à se faire une idée de la surdité, j'ai souvent entendu que c'était le moins pire des handicaps. Mais bien au contraire il est loin d'être facile, c'est un handicap qui isole énormément les gens, très vite on est mis de coté (je ne vais jamais à la piscine, je me suis souvent retrouvée seule), on parle mal du coup ça n'aide pas à la communication, c'est un handicap sur lequel on se marre beaucoup. Et on oublie aussi que les sourds pendant la seconde guerre mondiale ont été déporté et exterminer au même niveau que les juifs ou bien qu'on les enfermer dans des hôpitaux psychiatriques parce que soit disant nous sommes trop idiots pour savoir parler et tout ça.

    Je vis un peu mieux mon handicap mais par moment il m'insupporte vraiment. Des jours j'ai la flemme de faire des efforts pour me concentrer pour comprendre ce qu'on me dit, pour parler comme tout le monde. C'est fatiguant mais bon je n'ai pas le choix, je crois que je me suis trop mis dans la tête que c'était à moi de faire des efforts pour qu'on ne le voit pas et pour qu'on me comprenne très bien et non pas aux gens de faire aussi des efforts pour me rendre la tâche un peu plus facile.

    Oula désolé je me suis peut être un peu trop lâchée sur mon commentaire, pour une fois que je vois un article agréable à lire :top: et qui en même temps montre à tout le monde ce qu'est un peu notre quotidien de sourd je ne peux qu'écrire quelque chose (mille excuses pour l'orthographe) même si ce n'est pas forcément trés intéressant.

  • Nahômy
    Nahômy, Le 16 juillet 2015 à 16h21

    Keikoku
    Merci pour cette article dans lequel je me retrouve.

    Je suis sourde dégénérative de naissance et je n'ai été appareillé qu'à l'âge de 5 ans parce que quelqu'un a fini par croire ma mère quand elle disait qu'il y avait un problème. Les audioprothésistes ont pensé que quand je suis née j'avais qu'une petite perte mais qu'à mes 1 an, après une méningite, je suis tombée dans la surdité sévère. Je n'ai eu au final que 6 mois de retard de langage (ouf), ce qui est étrange vu ma perte et vu l'âge de mes premiers appareils. Ça ne s'explique pas et au final c'est une chance et une épée de Damoclès. Tout le monde pense que j'entends, et ceux qui sont au courant l'oublie très vite du coup plus d'effort n'est fait pour articuler, parler plus fort ou bien se mettre en face de moi. Mais grâce à ça j'ai pu faire une scolarité normal et avoir mon diplôme de designer graphique.

    Je n'ai jamais évolué dans le monde des malentendants, certes on m'a vite viré des écoles publiques parce que j'étais jugé différente, mes parents ont eu le droit par un directeur de collège à un "on n'est pas prés d'accepter les différences", du coup j'ai été en école catholique au moins on me jugeait pas. Puis j'ai fini par intégrer des écoles publiques mais bien plus tard.

    J'ai passé bien 20 ans sans aucune chute d'audition puis un jour boom une chute, et 2 ans après une suivante. Je me suis retrouvée avec des fréquences dans le profond et au moment du changement d'appareillage je me suis vu dire "désolé je n'ai plus grand choses à te proposer, tu as plus que 2 choix". Et là j'ai pleuré, je me suis pris la réalité dans la gueule.
    On m'a proposé les implants il y a des années et tout comme toi j'ai toujours dit non, je ne veux pas qu'on me charcute, je ne veux pas de cette appareillage ultra voyant (encore plus que mes appareils), je ne veux pas perdre mon oreille et je ne veux pas du coté définitif de la chose. La médecine de ce coté là n'a pas assez évolué. Mais quelques part je fonde quelques espoir sur la multiplication des cellules de la cochlée. Je ne connais pas le langage des signes, et à un moment donné je n'aurai surement plus le choix que de l'apprendre mais je sais lire sur les lèvres. Si un jour j'arrive dans la surdité profonde je crois que la musique sera ce qui me manquera le plus. J'aime trop ça.

    Les gens ont du mal à se faire une idée de la surdité, j'ai souvent entendu que c'était le moins pire des handicaps. Mais bien au contraire il est loin d'être facile, c'est un handicap qui isole énormément les gens, très vite on est mis de coté (je ne vais jamais à la piscine, je me suis souvent retrouvée seule), on parle mal du coup ça n'aide pas à la communication, c'est un handicap sur lequel on se marre beaucoup. Et on oublie aussi que les sourds pendant la seconde guerre mondiale ont été déporté et exterminer au même niveau que les juifs ou bien qu'on les enfermer dans des hôpitaux psychiatriques parce que soit disant nous sommes trop idiots pour savoir parler et tout ça.

    Je vis un peu mieux mon handicap mais par moment il m'insupporte vraiment. Des jours j'ai la flemme de faire des efforts pour me concentrer pour comprendre ce qu'on me dit, pour parler comme tout le monde. C'est fatiguant mais bon je n'ai pas le choix, je crois que je me suis trop mis dans la tête que c'était à moi de faire des efforts pour qu'on ne le voit pas et pour qu'on me comprenne très bien et non pas aux gens de faire aussi des efforts pour me rendre la tâche un peu plus facile.

    Oula désolé je me suis peut être un peu trop lâchée sur mon commentaire, pour une fois que je vois un article agréable à lire :top: et qui en même temps montre à tout le monde ce qu'est un peu notre quotidien de sourd je ne peux qu'écrire quelque chose (mille excuses pour l'orthographe) même si ce n'est pas forcément trés intéressant.
    Salut Keikoku !

    Pour commencer, j'aimerais t'avouer que j'ai versé une larme en lisant ton commentaire. Je suis heureuse (enfin c'est pas si bien que ça avec du recul) de voir qu'une personne ressent EXACTEMENT ce que je ressens ! Je trouve ça horrible que tu n'ai pas pu bénéficier d'une scolarité dans une école publique, ça devrait être interdit mais après, je ne sais pas quand est-ce que c'était, peut-être qu'il y a eu des mises en place qui sont arrivées très tard dans les milieux scolaires. Mais ce qui me surprend aussi c'est qu'au vu du nombre de malentendants qu'il y a ici, j'ai l'impression qu'il y a très peu de personnes qui a eu un suivi d'une institution. Je trouve que c'est primordial.
    Je suis heureuse de ne plus être la seule qui porte ses espoirs sur le développement des cellules de la cochlée, j'avais l'impression qu'il n'y avait que moi qui était au courant !

    Quant à la lecture labiale, je l'utilise à 82% avec mes appareils (rien que ça) et je suis obligée de me mettre à la LSF parce que lire sur les lèvres d'une nouvelle personne est super compliquée pour moi, je ne sais pas si c'est ton cas mais je trouve que chaque personne à une façon de bouger ses lèvres pour prononcer des mots et s'habituer à chacun d'eux prend du temps et c'est fatigant. Comme je l'ai dit dans les commentaires au dessus, je regrette de ne pas avoir appris la LSF avant. Mais je n'acceptais pas l'idée de devenir sourde.

    Pour la musique, je te comprends tellement !! Pas un seul jour ne passe sans que je pose mon casque sur les oreilles, il m'arrive souvent de pleurer sur des musiques avec l'idée que je les entendrais pour la dernière fois. Je vis dans une famille qui aime la musique. Mes parents m'avaient même dit une fois "On t'avait mis de la musique quand t'étais dans le ventre de ta maman, mais t'as pas réagit, on pensait que tu t'en foutais", ils l'avaient dit d'une certaine façon et j'ai chialé de rire genre "HE BIIIIM ! Même avant de naître j'vous mettez des vents à tout les deux !" Donc ouais, je te comprends et j'en suis désolée. Juste une chose, profite, apprends les paroles si ça peut t'aider pour pouvoir les chanter si tu n'entends plus. Tu peux aussi commencer à apprendre à reconnaître les musiques par les vibrations et les aimer autrement parce que entre entendre la musique et la sentir, il y a une différence de dingue. Il y a des musiques que J'aDORE écouter, mais quand tu les sens, c'est un peu "Mais... Mais c'est de la merde ! Toi j'te sens plus !" Enfin ne le fait pas si tu n'es pas prête, je ne sais pas si tu as accepté l'idée d'être sourde mais s'il te plaît, prends tout le temps qu'il te faut.

    "Les gens ont du mal à se faire une idée de la surdité, j'ai souvent entendu que c'était le moins pire des handicaps. " Là... Je suis un peu d'accord avec eux, il est difficile à l'accepter mais, je ne supporterais pas d'entendre comme tout le monde, je pense que c'est plutôt la perte d'un sens qui est dur. Une amie qui est malvoyante (cécité presque complète) m'a dit "Franchement... ça doit être horrible d'être malentendante..." Je l'ai regardé, surprise, je ne comprenais pas pourquoi elle me disait ça alors que pour moi, son cas était pire que le mien, elle me plaignait très souvent.
    Avant l'année de la fac, j'ai jamais été isolée, on venait souvent me chercher pour m'intégré et j'ai énormément de chance là dessus, j'en suis consciente. Mais pour ce qui est la piscine, ouais ça c'est chiant ! Je suis toujours très mal à l'aise, je vois tout le monde qui se parlent entre eux pendant que je suis enfermée dans le silence complet, c'est presque oppressant, je ne sais pas si c'est ton cas. Et oui on rigole beaucoup de ce handicap genre "hé enlève tes appareils, j'vais voir si t'es vraiment sourde ! *enlève ses appareils* HE SALOPE TU M'ENTENDS ?!" Ahahahahah, qu'est-ce qu'on se marre les gars !

    Pour les efforts, c'est exactement ça ! Quand je ne comprenais pas quelque chose, pour moi c'était toujours de ma faute du genre "mais putain concentre toi un peu ! Ses lèvres sont juste là, fais un effort merde !" Sauf que... depuis quelques mois, je me rends compte que NON, ça n'est pas de ma faute ! ce sont les AUTRES qui font de ma surdité un handicap, donc c'est à eux de faire des efforts et là ma surdité ne sera plus un handicap. Donc si tu n'as pas envie de faire d'effort (surtout qu'à la longue c'est épuisant), laisse toi aller, ne te force pas.

    Merci beaucoup pour ton commentaire, c'est juste génial et rassurant. Néanmoins, je suis désolée que tu doives passer par-là, je te soutiens de tout monde coeur chère personne.

  • Sohranna
    Sohranna, Le 16 juillet 2015 à 18h16

    Merci pour cet article instruisant. Comme d'autres ici, la première fois que j'ai vraiment "approché" le monde des malentendants, c'était avec la série américaine Switched at Birth. J'ai trouvé ça assez fascinant, mais c'est quand même triste que ça soit ma première approche, et même pas en France.

    Pour la famille Bélier, j'ai été scandalisée à l'époque qu'ils aient choisi de recruter des personnes entendantes pour les rôles des parents. Sérieusement ? Whitewashing version entendants...
    Alors en plus, d'apprendre qu'ils n'ont même pas fait l'effort phé-no-mé-nal de sous-titrer en français alors que ça traite de la surdité. Erk. :mur:

    J'ai une question con à poser par contre.
    Je travaille en tant qu'assistante sociale, et il y a quelques mois des ressources humaines ont redirigé vers moi un salarié. Comme il était sourd à 100%, on a arrangé la venue d'un interprète de l'ARIS pour traduire les questions et les réponses. Ça a pas été hyper facile sur le coup, je sais pas si c'est l'interprète qui galérait ou le salarié qui signait trop vite mais... Du coup, un peu après, quand j'ai contacté des travailleurs sociaux qui s'occupaient de sa situation (j'avais bien entendu préalablement eu l'accord de la personne pour ça), je me suis rendue compte qu'il y avait plein de choses qui avaient été mal traduites.
    Ma question du coup, c'est relatif à la langue des signes : est-ce qu'elle est difficile à traduire ? Est-ce qu'il y a des mots qui sont signés de façon si proches que l'interprète peut les confondre ? (par exemple, dans ma situation il parlait sans cesse d'un "grand-père", alors qu'en fait il n'y avait pas de grand-père, c'était une grand-mère) Bref quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer avec la LSF ?
    Désolée pour l'ignorance de cette question mais du coup je me pose la question :dunno:

  • Okeanos
    Okeanos, Le 19 juillet 2015 à 21h34

    Bonjour Naomi,

    Ton témoignage est très touchant et me parle beaucoup. Je suis malentendante, découvert à l'âge de 5 ans, l'infirmière de l'école me croyait folle et m'a mère insistait pour me faire un bilan entier pour connaître la raison de mon comportement bizarre, qui était : parler fort, ne pas toujours répondre quand on me parlait ou quand on m'appelait, mettre la télévision très forte et m'approcher au plus près de l'écran, des moments inattentions. A la vue de tout ces comportements bizarres, il était évident que j'étais malentendante. Une fois le bilan fait, on a bien détecté une baisse de 50 % de mon audition, je n'ai pas une surdité forte mais c'est quand même handicapant.

    Je l'avoue je n'ai pas accepté cette surdité, au début c'était très dur ... les gens autour de moi oublis que je suis quelqu'un de malentendante malgré tout, et même si avec mes appareils j'entends bien, je ne suis pas au maximum de mes capacités d'audition comme eux. Cette phrase ''Mais tu es sourdes ou quoi?" est revenue tellement de fois, quand je ne répondais pas ou quand je faisais répéter les autres. C'est une phrase qu'on a tendance à dire quand la personne ne nous répond pas - sauf que moi cette phrase m'affectais, cela me faisais rappeler à quel point j'étais malentendante et que j'aurais tellement voulu ne pas l'être.

    Aujourd'hui j'accepte mieux mon handicape, mais quand je commence un nouveau job ou quand je commençais une nouvelle année d'école avec de nouveaux instituteurs, je devais leurs dire que j'étais malentendante mais à chaque fois je ne ressentais pas le besoin de le faire, mais ma mère me disait qu'il fallait que je le fasse. Et la j'avais l'impression d'avoir un traitement de faveur, et je me sentais tellement culpabilisante... c'est étrange.

    Mais je pense que sans cette handicape je ne serais pas la même, alors malgré le fait que je ne l'accepte pas entièrement, je suis quand même fière de l'avoir.

    Merci pour ton témoignage. Tu m'inspire beaucoup en tout cas et bonne continuation à toi.

  • HimeIchigo
    HimeIchigo, Le 26 juillet 2015 à 16h06

    Sohranna
    Merci pour cet article instruisant. Comme d'autres ici, la première fois que j'ai vraiment "approché" le monde des malentendants, c'était avec la série américaine Switched at Birth. J'ai trouvé ça assez fascinant, mais c'est quand même triste que ça soit ma première approche, et même pas en France.

    Pour la famille Bélier, j'ai été scandalisée à l'époque qu'ils aient choisi de recruter des personnes entendantes pour les rôles des parents. Sérieusement ? Whitewashing version entendants...
    Alors en plus, d'apprendre qu'ils n'ont même pas fait l'effort phé-no-mé-nal de sous-titrer en français alors que ça traite de la surdité. Erk. :mur:

    J'ai une question con à poser par contre.
    Je travaille en tant qu'assistante sociale, et il y a quelques mois des ressources humaines ont redirigé vers moi un salarié. Comme il était sourd à 100%, on a arrangé la venue d'un interprète de l'ARIS pour traduire les questions et les réponses. Ça a pas été hyper facile sur le coup, je sais pas si c'est l'interprète qui galérait ou le salarié qui signait trop vite mais... Du coup, un peu après, quand j'ai contacté des travailleurs sociaux qui s'occupaient de sa situation (j'avais bien entendu préalablement eu l'accord de la personne pour ça), je me suis rendue compte qu'il y avait plein de choses qui avaient été mal traduites.
    Ma question du coup, c'est relatif à la langue des signes : est-ce qu'elle est difficile à traduire ? Est-ce qu'il y a des mots qui sont signés de façon si proches que l'interprète peut les confondre ? (par exemple, dans ma situation il parlait sans cesse d'un "grand-père", alors qu'en fait il n'y avait pas de grand-père, c'était une grand-mère) Bref quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer avec la LSF ?
    Désolée pour l'ignorance de cette question mais du coup je me pose la question :dunno:

    Hello @Sohranna
    Pour ce qui est de la difficulté en LSF, certains signes se ressemblent beaucoup mais surtout peuvent variés d'une école à l'autre, pour être plus claire,
    j'ai eu pour professeur une interprète, qui nous expliquait qu'elle savait si un élève venait de l'institut national des jeunes sourds ou de l'école à 500 mètres plus loin car ils n'avaient pas les même expressions.
    Et chaque mot n'est pas = à un signe, beaucoup de mot sont dits " iconiques" en fait on va décrire l'objet ou l'action car il n'y a pas de signe pour ce mot, exemple un cookie en LSF nous l'avons pas de signe pour ce mot, donc on signerais " un gâteau avec des pépites de chocolat " une lampe de chevet on va devoir associé les signes "lampes"; "table" et "lit" de sort à décrire qu'il s'agit d'une lampe poser sur la petite table qui ce trouve près du lit.
    donc sur certaines traduction cela peu devenir particulièrement compliquer. Après pour un interprète il est vrai que ce n'est pas vraiment normal qu'il y ai eu ce genre de soucis, je ne sais pas si c'était un manque d’expérience ou quoi, c'est vraiment vraiment très très compliquer mais les mot " Grand-père" & "Grand-mère" ont chacun leur signe propre ( qui pour grand mère à tout de même 2 ou 3 variantes je crois selon comment on signe le mot "maman" )

    Pour ce qui est du film la Famille Bélier, il faut garder à l'esprit que s'ils ont pris le parti de ne pas prendre uniquement des acteurs sourds c'est justement pour touché le public, il y a beaucoup de films avec des acteurs sourds mais la masse s'en fou, il ne les connaissant pas donc n'iront pas au cinéma pour les voir, alors que là on connait pour la plus par Karin Viard & François Damiens et c'est ça qui à pousser la masse à aller au cinéma voir ce film.
    C'est vrai que Karin à une langue des signes très brusque et vraiment incompréhensible mais le but ce n'étais pas de faire jouer des sourds mais de sensibiliser, et on le sait tous la sensibilisation marche mieux avec des personnages connus