Je suis sourd, et je le vis bien — Témoignage

Ce lecteur de madmoiZelle est sourd depuis toujours, et pourtant il ne voudrait entendre pour rien au monde. Car la surdité, c’est aussi toute une culture.

Je suis sourd, et je le vis bien — Témoignage

Je suis sourd de naissance, mais jamais je ne voudrais avoir une audition normale.

Les conséquences d’une perte auditive sont loin d’être anodines, et les difficultés sont multiples, mais il ne faut pas oublier que la surdité ne se limite pas seulement à une pathologie : c’est aussi une culture !

Que moi, j’entende ? Bizarre.

Sourd, sourd, malentendant ?

Dans la littérature, la surdité se présente sous différentes appellations : sourd, devenu-sourd, Sourd, malentendant… Chacune a sa particularité.

D’un point de vue purement scientifique, la différence entre les mots « sourd » et « malentendant » se mesure essentiellement aux différents degrés de gravité de la perte d’ouïe : on dit qu’une personne est malentendante dans les cas de surdité légère ou moyenne, et qu’elle est sourde dans les cas de surdité sévère ou profonde.

Mais ce sont des généralités ; la frontière entre les deux mots demeure subjective. En réalité, il existe plusieurs typologies de surdités :

  • Les devenus sourds : ils ont perdu l’ouïe à la suite d’un accident. La surdité varie selon l’âge, surtout quand elle survient lors des périodes de développement du langage.
  • Les sourds de naissance, pour lesquels l’apprentissage de la parole est parfois plus difficile.

Certains sourds/malentendants ont des difficultés à oraliser, et d’autres pas du tout ; certains sourds/malentendants pratiquent la langue des signes, alors que d’autres non — et cela n’a pas forcément de rapport avec le degré de leur surdité.

Malentendant : l’ère du politiquement correct

D’un point de vue audiométrique, je suis sourd profond mais on me considère, à mon grand regret, comme malentendant. Ce mot est progressivement passé dans le langage courant du fait des progrès de la médecine et des technologies. Il symbolise bien le regard de la société vis-à-­vis du handicap.

Léon Schwartzenberg, dans son essai intitulé Face à la détresse, explique cette obsession du « politiquement correct » :

« Le langage aussi peut être sécurisant, voire sécuritaire : on croit alléger la dureté des mots en les compliquant. Sourd, aveugles, vieillards, malades mentaux, on a honte de parler de vous : des malentendants aux hospitalisés spéciaux en passant par les non-­voyants et les seniors, on va en arriver à parler des personnes mortes comme de non-­vivants ! »

Comme certains Sourds, je refuse catégoriquement cet euphémisme : je revendique ma condition de Sourd ! La majuscule est là pour montrer que j’accepte ma surdité.

Le rejet de certains sourds face au mot malentendant :
La dame demande : « Êtes-vous malentendant ? »
les autres répondent « Je suis SOURD ! »

Le mythe de celui qui n’entend rien

Imaginez-vous, dans votre lit (ou tout autre endroit qui vous sied), n’entendant… rien. « C’est horrible », disent souvent mes amis avec un regard horrifié. Mais il faut arrêter de stigmatiser la surdité : la perte auditive entraîne bien des difficultés, mais ne nous coupe pas autant du monde !

Et puis elle a ses avantages : si je veux dormir tranquillou sans être perturbé par les voisins, je ferme mes appareils auditifs — la classe ! Par contre, s’il y a une alarme incendie la nuit, c’est moins classe… Ça m’est arrivé, et ce n’était pas franchement sympa.

Parlons justement de ces appareils primordiaux qui nous permettent d’entendre des sons. On en distingue deux types :

  • Les appareils auditifs : ne nécessitant pas d’opération, ils permettent d’amplifier le son, mais ont leurs limites. Par exemple, si je sais quand une personne parle (j’entends sa voix), je ne comprends pas forcément les paroles (comme si on entendait une langue étrangère). Entendre sans comprendre, ce n’est pas très utile.
  • Les implants cochléaires : il s’agit d’une version « améliorée » de l’appareil auditif, qui se pose pendant une opération.

Cependant, même l’implant cochléaire ne permet pas de réparer certaines des conséquences de la surdité, comme…

  • La perte de spatialisation ou la confusion des sources sonores : il est impossible de déterminer l’origine des sons.
  • Le syndrome du banquet : l’appareil auditif ne permet pas de filtrer un son parmi d’autres. Par exemple, dans les bars, il est difficile de distinguer la voix de son interlocuteur des bruits parasites comme la foule, la musique, les bruits dans la rue…

En l’absence de filtrage, les Sourds ont parfois du mal à tolérer ce surplus de bruits mécaniques et parfois inaudibles. Beaucoup de personnes sont atteintes d’acouphènes et d’hyperacousie. C’est l’une des raisons pour lesquelles certains Sourds rejettent les appareils auditifs.

Par ailleurs, pour compenser ces pertes, les Sourds utilisent la lecture labiale. Cette dernière nous permet de comprendre 30 à 50% des mots en fonction du contexte, un pourcentage qui augmente si l’interlocuteur parle doucement et articule.

Quand les autres te rendent sourd

Durant toute mon enfance, dans ma famille, je ne me suis jamais senti handicapé. Ma tribu comprenait des sourds comme des entendants. Ils faisaient des efforts pour articuler, et certains pratiquaient la langue des signes.

En raison de mes résultats scolaires et de ma personnalité, je n’ai passé que quatre ans dans un milieu scolaire spécialisé. Les cours étaient faits pour les sourds, et se déroulaient en petit comité dans des classes comptant entre six et huit élèves. Chaque élève devait aussi suivre des séances d’orthophonie.

On nous a appris à parler grâce à la vue et au toucher. De nombreuses techniques permettent de s’appuyer sur ces deux sens : des casques permettent ainsi de récupérer certains sons (notamment les sons graves), on touche notre propre gorge pour « sentir » les sons comme le R, et on se sert d’un miroir pour émettre le son « s »…

Puis en CE2, j’ai été « intégré » dans une classe normale. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à comprendre ma différence. Les gens me faisaient des remarques quand je criais trop fort. En CM2, on m’a interdit de signer (parler la langue des signes) avec une amie sourde qui était venue me rejoindre dans ma classe entendante — d’ailleurs, aujourd’hui les gens me regardent toujours bizarrement quand je signe avec des amis.

À partir du collège, il m’était difficile de suivre en cours : il fallait prendre des notes en lisant sur les lèvres du prof et en suivant ses déplacements, tout en lisant le tableau et en réfléchissant à ce qui était dit. J’étais parfois frustré.

C’est aussi difficile quand je ne comprends pas les discussions et les blagues lors des soirées étudiantes. Mes amis entendants ont toujours fait des efforts, mais cela reste problématique : en général ils me donnent juste des résumés ou me disent qu’il n’y a « rien d’important ».

La culture Sourde : vivre autrement

À ce monde parfois frustrant s’oppose celui de la communauté sourde. Il s’agit d’une communauté fondée sur la langue des signes française (et non internationale), qui correspond à une véritable culture fondée sur le visuel.

Par exemple, on ressent le rythme de la musique grâce aux vibrations. Certes, on ne comprend pas toujours les paroles des chansons, mais bon, soyons sérieux, qui a attendu de comprendre Gangnam Style pour commencer à danser dessus ?

Nous avons notre propre danse, notre propre musique, et nos propres représentations filmiques et théâtrales, comme en témoigne ce clip :

Nous avons notre propre humour, notre propre manière de dire « Bon appétit ! » en tapant du poing sur la table, notre propre manière d’applaudir…

Le concept de « dialogue de sourds » me fait rire, car les sourds sont très bavards. Ils communiquent très souvent entre eux, sans aucun souci. La langue des signes permet aux sourds de s’épanouir pleinement.

Alors, où se trouve le handicap ? Comme le sociologue Bernard Mottez l’affirme, « Nous ne sommes pas handicapés, c’est la société qui nous handicape ». La surdité est un handicap conditionné par l’environnement.

En effet, les difficultés de communication apparaissent uniquement entre un sourd et un
entendant. Un entendant vivant dans une famille de sourds sera considéré comme handicapé, tout comme une personne sourde vivant dans une famille entendante.

C’est l’une des raisons pour lesquelles les Sourds rejettent, parfois violemment, les appareils auditifs et les implants cochléaires. Ils refusent de se soumettre au diktat des normes entendantes.

Être Sourd : accepter sa différence

Dans la rue et pendant les soirées, j’ai envie de parler avec des entendants. Mais je ne les comprends pas puisqu’ils parlent trop vite. Et quand je leur montre mes appareils et leur demande de mieux articuler, certaines personnes paniquent, prennent peur et décident de couper court à la discussion. C’est parfois assez agaçant.

La personne sourde ou malentendante peut développer une rancœur inutile vis-­à-­vis de la « normalité entendante » si sa surdité n’est pas acceptée.

Durant mon intégration, j’étais souvent en colère contre les entendants. Mais au fil du temps, j’ai pris du recul. Lors des soirées, j’ai appris à me contenter des bribes de discussions. Si je m’ennuie, il me suffit tout simplement de partir. Au fil du temps, j’ai appris à être optimiste. Il est dommage de se priver de la culture des entendants comme de celle des sourds.

De plus, il est humain d’avoir des réactions inhabituelles concernant les différences. Moi-même j’ai des préjugés et je ne sais pas toujours comment réagir vis-à-vis des autres handicaps… Mais j’ai compris que ce qui fait la différence, c’est la sensibilisation et la tolérance. J’essaie donc de ne pas m’énerver et d’expliquer ma différence aux gens.

L’identité en guerre contre la stigmatisation

Le corps médical pense très souvent améliorer la condition des sourds en supprimant leur déficience auditive avec les appareils auditifs et les implants cochléaires. Ils oublient la dimension sociale de la surdité, qui n’a rien à voir avec la cécité.

Ils en avaient marre que les entendants leurs disent ce qu’ils devaient faire…

Un sourd devra toujours faire un effort pour communiquer. En suivant la logique entendante, on devrait toujours lutter, se concentrer pour suivre les discussions, alors que la langue des signes nous permet de tout suivre sans faire d’effort particulier pour nous « intégrer ».

Cette volonté d’intégrer les sourds à la société peut parfois tourner à l’obsession…

En 1880, des éducateurs ont décidé d’interdir l’éducation en langue des signes au profit de la langue orale. Or, apprendre la parole aux sourds peut être compliqué ; certains n’arrivent pas à associer le sens aux sons et aux mouvements de lèvres, et finissent par sombrer dans l’illettrisme. Bernard Mottez disait qu’« à force de s’obstiner contre les déficiences, on augmente souvent le handicap ».

Qui pourrait vouloir d’un monde « idéal » sans surdité et donc sans langue des signes ? Qui voudrait d’un monde où tout le monde se ressemble ? Aldous Huxley, atteint d’une forme de cécité, disait ainsi : « Raccomoder, c’est antisocial ».

L’Histoire nous l’a prouvé qu’on peut être différent ET faire avancer l’humanité :

  • Alexander Graham Bell a vécu dans un environnement de sourds.
  • Vinton Cerf, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Internet, est sourd.
  • Deux membres fondateurs de la Pléiade, Joachim du Bellay et Pierre de Ronsard, sont sourds.

Se pose alors une question fondamentale : doit-­on chercher à gommer cette différence au prix de l’intégration, ou tout simplement s’adapter ?

Grâce aux associations sourdes, la LSF (Langue des Signes Française) a repris son développement en France aux alentours des années 2000. Elle commence à rattraper son retard et à se normaliser sur l’ensemble du territoire.

Mes conclusions : la nécessité d’une société inclusive

Personnellement, je suis bilingue puisque je parle la langue des signes et le français oral. Chacun des deux mondes présente ses avantages et ses inconvénients.

Des critiques s’élèvent souvent à l’encontre de cette communauté sourde : on dit qu’il y a un ghetto sourd, que les sourds vivent dans leur propre bulle. Mais n’avons-nous pas le droit de vivre tranquillement ? Pourquoi ne pas nous rejoindre ? Et pourquoi diaboliser uniquement les sourds ?

Cependant, ces critiques ont un sens. Un équilibre entre ces deux mondes s’impose : il faut sensibiliser aussi bien les sourds que les entendants.

La langue des signes et la langue orale sont complémentaires : la première permet à la personne sourde de s’épanouir et la seconde permet de garder contact avec les entendants. Je sais que je n’aurais pas réussi mes études sans la langue des signes, ni sans la langue orale.

Grâce à ma soeur entendante, j’ai acquis un bon bagage oral, et la langue des signes m’a permis d’associer des signes aux sens puis les sens aux sons.

Il y a vraiment un problème dans le regard de la société sur ce handicap. Lorsqu’un enfant naît sourd dans une famille entendante, il y a une certaine fixation sur des solutions techniques au détriment de la dimension sociale. Je n’ai rien contre les appareillages, mais il ne faut pas en faire une obsession. Dans toute chose, un équilibre est nécessaire !

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  • Azon
    Azon, Le 10 mai 2014 à 18h57

    montblanc;4730333
    Des fois, je me sens impuissant.
    Je n arrive pas a expliquer aux gens qu'ils doivent articuler et parler doucement ... Car ils ne s'en rendent pas forcément compte.

    Je sors par exemple d'une relation avec une fille qui avait peur de faire face a mon handicap. Du coup,elle a fait le choix de m'eviter et elle assume...
    Dans les sites de rencontre,j'assume ouvertement ma surdité mais ce qui me déçoit c'est la stigmatisation des gens...
    Optimisme :)
    Qu'est-ce qui gênait cette fille dans ton handicap ? Et comment ça se fait qu'elle se soit mise en couple avec toi dans un premier temps ?

    Il est vrai que les gens ont tendance à fuir quand ils apprennent le handicap. C'est pourquoi, sur les forums, je ne dis jamais tout de suite que je suis sourde. D'ailleurs, ce n'est pas ma surdité qui me définit, elle est seulement une de mes caractéristiques. Donc, je leur laisse le temps, ou plutôt, je me laisse le temps d'être mieux connue et appréciée avant de glisser naturellement que je suis sourde. Ce n'est pas non plus comme si j'annonçais avoir une maladie contagieuse ou grave.

  • Gormy
    Gormy, Le 11 mai 2014 à 17h03

    Ça fait plaisir de lire ce genre d'article. Je suis integralement sourde d'une oreille et je fait souvent face à des personne qui considèrent que je suis aussi entendante qu'eux. Après je parle bien, je n'ai pas besoin de lire sur les lèvres et je ne parle pas la langue des signes. Et pourtant je n'entends pas la musique comme un entendant ni même un sourd. Je ne me repère pas dans l'espace de la même façon, je ne parle pas de la même façon, j'ai parfois tendance à parler fort ce qui me vaut beaucoup de réprimande. Je demande à répéter et toute ces petites choses qui font que je ne vis pas mon audition ni comme un type ni comme l'autre.
    D'un côté sois on me considère comme handicaper en me parlant très fort ou pire on ignore le fait. De l'autres les sourds et malentendants considère parfois que je n'ai pas le même "problème" qu'eux et me considère comme entendant.

    C'est assez difficiles d'expliquer aux gens que je suis à moitié sourde, mais que oui je les entends, mais que non je peut pas participer à des conversations avec trop de monde, que oui je peut écouter de la musique, mais pas avec eux en partageant leurs écouteurs (on me tends toujours la mauvaise oreille). C'est encore plus difficile de leurs expliquer que non je ne veut pas me faire opérer, que j'ai appris à vivre de cette façon et qu'entendre complétement pourrais me rendre folle.

    Mes amis les plus proches ma familles, pour eux c'est normal, c'est normal de constamment marcher à ma droite et de changer de place au restaurant mais dès que je suis confronté aux reste des gens c'est plus compliqué, on s'amuse à me murmurer des trucs dans mon oreilles sourdes ou encore, anecdote de primaire, à me crier très fort dedans pour voir si c'est vrai, sauf que la gamine c'étant trompé d'oreille, je me suis retrouvé presque complétement sourde pendant 2mois.

    Donc, comme le dit l'auteur de l'article le vrai problème c'est l'opposition entre deux monde qui ne se comprenne pas et qui ne cherche pas à comprendre l'avis d'autrui, de comment ça se passe de l'autre côté. Mais c'est avec des avis comme ça qu'on peut se permettre de d'avancer de se forger un avis à partir de plusieurs sources.

  • Tamago
    Tamago, Le 11 mai 2014 à 19h53

    Je suis sûre que quelqu'un en a déjà parlé... la série "Switched at Birth" (la première image de l'article en est tirée), je trouve cette série très intéressante parce qu'elle met en scène la rencontre entre des personnes sourdes et des personnes entendantes qui n'ont jamais eu de contact avec des sourds et qui au début, ont des a priori sur eux et apprennent petit à petit à les comprendre.
    Certaines attitudes peuvent sembler aberrantes, mais parfois je me suis posé la question de savoir si moi aussi je n'aurais pas eu une réaction stupide parce que je ne sais pas ce que c'est d'être sourd et du coup je peux avoir des a priori sur les personnes sourdes.

    Et sinon, je trouve la langue des signes vraiment belle, comme chaque langue elle a sa propre identité et comme aucune autre, elle joue sur le rythme et la gestuelle... c'est une langue que j'aimerais beaucoup apprendre et pratiquer mais la seule personne à pouvoir m'apprendre et communiquer en langue des signes avec moi habite trop loin malheureusement, et la perspective de regarder des vidéos sur youtube que je ne réutiliserais à aucune occasion par la suite ne m'attrait pas beaucoup.
    Si quelqu'un connaît la langue des signes (sourd(e) ou pas) et souhaite partager ça avec quelqu'un d'autre j'en serais ravie ! =D

    En tout cas merci pour cet article, qui est très intéressant, et donne envie de comprendre cette culture. =)

  • Mad'nifiik
    Mad'nifiik, Le 11 mai 2014 à 20h58

    Bel article!
     ça m'a surtout donné envie de l'apprendre ce langage des signes!:paillettes:(visuellement très beau d'ailleurs!)

  • Maelluuu
    Maelluuu, Le 12 mai 2014 à 2h29

    thihaly;4725913
    Merci pour ce témoignage <3

    J'ai toujours été fascinée par cette culture. Je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais connu de sourds, et on en entend pas tellement parler (enfin je trouve). Mais je rêve d'apprendre la LSF, j'apprends quelques signes sur internet, j'essaie de faire des phrases complètes, je pense même à m'inscrire à des cours l'an prochain. Je trouve ça très beau.

    C'est pour ça que je suis tombée amoureuse de la série Switched at Birth dont les gifs de l'article sont tirés. Et je me demandais si toi, ou d'autres sourds sur le forum, vous aviez vu la série, et comment vous la trouvez  ? :)

    Je sais que c'est différent, mais je suis diabétique, et je suis souvent atterrée d'entendre des énormités dans les films/séries/reportages. Je me demandais si là, c'était plutôt bien fait.
    Je pense tout comme toi, je suis de plus en plus obstiné à apprendre la LSF et voir ce témoignage donne encore plus envie :3
    Je regarde aussi Swithed At Birth (bon ok j'en suis qu'a la saison 2 ) et enfait c'est la seule série que je regarde vu que je l'adooooooore !

    D'ailleurs, normalement il y à un jeu qui devrais pas tarder à sortir "Dites le en langue des signes" ou tu tire une carte et selon l'image qu'il y a sur la carte tu doit la signer, et si tu ne sais pas le signer tu regarde sur l'application.

    Sinon en attendant il y à Elix, un dictionnaire pour apprendre certains mots que tu ne pourrais pas trouver dans les vidéos sur youtube ;)
    http://www.elix-lsf.fr/

  • Earl
    Earl, Le 12 mai 2014 à 19h42

    Merci pour ce témoignage.

    Plusieurs personnes de ma famille enseignent à des personnes sourdes (soit en institut, soit en intervenant auprès de sourds intégrés à des classes "normales") et je n'avais entendu que leur regard et leur opinion sur le sujet, sur les difficultés d'aider leurs élèves à trouver un équilibre entre cette "culture sourde" et la "culture normale" (désolée des termes pas terribles), afin de faire de leur différence une force, mais de ne pas les pousser à se mettre volontairement à l'écart.


    Bref, c'est vraiment chouette de lire l'avis d'un des principaux concernés par cette question !

  • Poupettasse
    Poupettasse, Le 13 mai 2014 à 2h39

    zahrla;4733417
    Ça fait plaisir de lire ce genre d'article. Je suis integralement sourde d'une oreille et je fait souvent face à des personne qui considèrent que je suis aussi entendante qu'eux. Après je parle bien, je n'ai pas besoin de lire sur les lèvres et je ne parle pas la langue des signes. Et pourtant je n'entends pas la musique comme un entendant ni même un sourd. Je ne me repère pas dans l'espace de la même façon, je ne parle pas de la même façon, j'ai parfois tendance à parler fort ce qui me vaut beaucoup de réprimande. Je demande à répéter et toute ces petites choses qui font que je ne vis pas mon audition ni comme un type ni comme l'autre.
    D'un côté sois on me considère comme handicaper en me parlant très fort ou pire on ignore le fait. De l'autres les sourds et malentendants considère parfois que je n'ai pas le même "problème" qu'eux et me considère comme entendant.

    C'est assez difficiles d'expliquer aux gens que je suis à moitié sourde, mais que oui je les entends, mais que non je peut pas participer à des conversations avec trop de monde, que oui je peut écouter de la musique, mais pas avec eux en partageant leurs écouteurs (on me tends toujours la mauvaise oreille). C'est encore plus difficile de leurs expliquer que non je ne veut pas me faire opérer, que j'ai appris à vivre de cette façon et qu'entendre complétement pourrais me rendre folle.

    Mes amis les plus proches ma familles, pour eux c'est normal, c'est normal de constamment marcher à ma droite et de changer de place au restaurant mais dès que je suis confronté aux reste des gens c'est plus compliqué, on s'amuse à me murmurer des trucs dans mon oreilles sourdes ou encore, anecdote de primaire, à me crier très fort dedans pour voir si c'est vrai, sauf que la gamine c'étant trompé d'oreille, je me suis retrouvé presque complétement sourde pendant 2mois.

    Donc, comme le dit l'auteur de l'article le vrai problème c'est l'opposition entre deux monde qui ne se comprenne pas et qui ne cherche pas à comprendre l'avis d'autrui, de comment ça se passe de l'autre côté. Mais c'est avec des avis comme ça qu'on peut se permettre de d'avancer de se forger un avis à partir de plusieurs sources.
    Ahah, ça me fait sourire ce que tu racontes là parce que je me retrouve un peu dans "ces gens" dont tu parles. Je m'explique : il y a une fille dans ma promo à la fac qui est sourde d'une oreille (va savoir pourquoi, tout le monde était au courant de ça depuis le début de l'année, moi j'l'ai appris bien plus tard, j'étais passée complètement à côté de l'info). Du coup, il m'arrive très souvent d'oublier sa surdité et comme en plus j'ai une fâcheuse tendance à ne pas parler fort du tout, ça n'arrange rien. Et quand j'lui parle, bin ça arrive régulièrement qu'elle me fasse répéter et qu'elle me re-redise "mais j'entends rien de cette oreille".
    Mais vraiment, c'est pas que j'veux pas faire d'efforts, c'est juste que j'y pense pas (et pour moi, c'est pas "une fille sourde d'une oreille" mais juste "une fille avec qui je discute"). Et comme on n'est pas forcément très proche ou amie en dehors de la fac, j'ai pas intégré cette habitude de faire attention.

    Je fais un peu "l'avocat du diable" du coup mais j'voulais juste préciser que c'est pas forcément de la mauvaise volonté. C'est simplement que j'suis tête en l'air et que j'oublie :red: (après, je conçois que ça doit être lourd de toujours devoir rappeler "non mais j'entends pas de cette oreille").

  • Gormy
    Gormy, Le 13 mai 2014 à 11h20

    poupettasse;4735759
    Ahah, ça me fait sourire ce que tu racontes là parce que je me retrouve un peu dans "ces gens" dont tu parles. Je m'explique : il y a une fille dans ma promo à la fac qui est sourde d'une oreille (va savoir pourquoi, tout le monde était au courant de ça depuis le début de l'année, moi j'l'ai appris bien plus tard, j'étais passée complètement à côté de l'info). Du coup, il m'arrive très souvent d'oublier sa surdité et comme en plus j'ai une fâcheuse tendance à ne pas parler fort du tout, ça n'arrange rien. Et quand j'lui parle, bin ça arrive régulièrement qu'elle me fasse répéter et qu'elle me re-redise "mais j'entends rien de cette oreille".
    Mais vraiment, c'est pas que j'veux pas faire d'efforts, c'est juste que j'y pense pas (et pour moi, c'est pas "une fille sourde d'une oreille" mais juste "une fille avec qui je discute"). Et comme on n'est pas forcément très proche ou amie en dehors de la fac, j'ai pas intégré cette habitude de faire attention.

    Je fais un peu "l'avocat du diable" du coup mais j'voulais juste préciser que c'est pas forcément de la mauvaise volonté. C'est simplement que j'suis tête en l'air et que j'oublie :red: (après, je conçois que ça doit être lourd de toujours devoir rappeler "non mais j'entends pas de cette oreille").
    Je fait quand même la différence entre ceux qui ne savent et ceux qui savent mais ne font pas attention. Et attention, je ne blâme personne, c'est le genre de situation ou tout le monde à tord et tout le monde à raison. Je pense juste qu'il y a un manque de communication entre les gens, parceque on n'ose pas, parceque on ne veut pas, parceque on ne pense pas que, parceque on à peur ect...

  • -Popi-
    -Popi-, Le 21 juillet 2014 à 14h27

    Je n'ai jamais compris les gens interdisant aux sourds de signer entre eux ... Merde à la fin, où est le souci ?
    L'apprendre, c'est un de mes objectifs au court-moyen terme. En plus je veux partir en école d'infirmière alors si jamais j'ai un patient sourd qui signe, je veux pouvoir le soigner sans barrière de langue. Pour lui éviter un interprète ! (bon, et aussi parce que j'adore apprendre des langues)
    Ma mère avait commencé à l'apprendre, donc je connais une 20aine de mots mais pour faire une conversation c'est très vite limité XD "Hier au magasin j'ai trouvé une tortue de mer" .. youhouuu ^^"

    Et pour ceux que ça intéresse, comme autres oeuvres qui traitent de la surdité, j'ai vraiment apprécié Le Cri de la Mouette d'Emmanuelle Laborit (résumé) et le film allemand Jenseits der Stille (résumé)
    et je mets dans ma liste des séries à voir celle que vous conseillez ^^

  • Plume*
    Plume*, Le 20 mai 2015 à 9h37

    De mon côté, aucun problème d'audition, aucune personne sourde dans ma famille et aucune personne sourde rencontrée tout court. Et pourtant, cette communauté me fascine! J'adorerais avoir des amis sourds pour pouvoir échanger avec eux sur nos deux visions du monde, je pense que ce serait une vraie richesse! Je suis tombée tout bonnement amoureuse de la série Switched at birth, je trouvais ça teeeellement chouette de faire une série avec la vraie langue des signes et avec des acteurs réellement sourds pour nous donner une vraie image (enfin je suppose ?) de ce qu'est la surdité. Ca m'a appris plein de choses, et en plus avec mon copain du coup on essayait de mémoriser les signes qui revenaient le plus :) J'suis trop triste de plus avoir d'épisodes à regarder! :) Chouette chouette article en tout cas :)