Des clés pour comprendre la notion de vengeance à l’adolescence
Une définition générale de la vengeance et de la légitime défense
Le verbe venger vient du latin « vindicare » pouvant être compris dans un sens étymologique comme « affirmer sa force ». La vengeance est définie, par le Larousse, comme l’ « action de se venger, de se dédommager d’un affront, d’un préjudice ». Le verbe se venger exprime quant à lui l’idée de « se procurer une réparation d’une offense, d’un préjudice en en punissant l’auteur ».
Il y a dans cette définition la notion de réparation et de punition. En se vengeant, la victime devient auteur : elle peut penser qu’elle répare le préjudice subi en punissant l’auteur. De ce fait l’auteur devient à son tour une victime. Ces deux concepts contiennent l’idée d’un laps de temps entre le préjudice et la vengeance. Cette temporalité est essentielle pour la différencier de la légitime défense.
La légitime défense est définie, quant à elle, par le Larousse, comme le « droit de riposter par la violence [homicide, blessures, coups], en cas de nécessité actuelle, à une agression dirigée contre soi-même ou autrui ». C’est également un terme juridique qui correspond à une autorisation légale de se défendre ou de défendre autrui lors d'une agression, y compris en utilisant des moyens qui seraient interdits dans d'autres circonstances (blessures coups, voire homicide).
L’adolescent et la vengeance
Dans l’idée de la vengeance, on retrouve la notion du regard d’autrui, de la réputation. Beaumarchais disait : « quand un déshonneur est public il faut que la vengeance le soit aussi ». Cette idée est particulièrement présente à l’adolescence où l’image renvoyée par les pairs prend une place prédominante dans la construction de l’image de soi et de l’identité.
L’adolescence est une période de construction identitaire, où les jeunes ont besoin de s’affirmer pour exister. Les sentiments sont exacerbés, ce qui amène certains jeunes à être particulièrement susceptibles, et tentés de se venger lorsqu’ils se sentent offensés, agressés, ou touchés dans leur honneur. Le passage à l’acte devient ainsi un des moyens d’expression privilégié pour les adolescents. C’est un langage, une réponse à un sentiment d’impuissance. Dans la vengeance : c’est moi ou l’autre, car elle est vue comme un moyen de se protéger contre un sentiment d’humiliation ou d’injustice. On se répare sur le dos de l’autre. La vengeance est perçue comme étant légitime dans la mesure où elle vient réparer un sentiment douloureux, et l’honneur.
Le recours à la vengeance est d’une part motivé par le manque de confiance envers les adultes et les institutions en général. D’autre part par le besoin de se prouver et de prouver à leurs pairs qu’ils sont autonomes, qu’ils n’ont pas besoin de l’aide d’un adulte. L’enjeu étant aussi de se bâtir une bonne réputation.
En effet le recours à l’adulte pour mettre un terme à un conflit est très mal perçu par les pairs, car ils sont rapidement catalogués de « balance », de faible et donc incapable de résoudre les problèmes tout seul.
L’adolescent et la parole
Certains adolescents ont parfois du mal à formuler ce qui ne leur convient pas : plutôt que d’exprimer leur désaccord et argumenter, ils optent pour un comportement inadapté, qui se traduira par des agressions verbales. Ceci fera violence aux adultes qui n’arrivent pas à toujours à décoder ce qui est sous-jacent.
Confusion entre dénonciation et délation
Il est important de développer avec les élèves la notion de balance, très réprouvée à l’adolescence car le sens qu’ils donnent est confus. Une balance c’est quelqu’un qui rapporte un fait à un adulte, sans tenir compte du contexte, par exemple : même si j’ai fait du mal à quelqu’un, mes camarades n’ont pas à le dire à un adulte, sinon ce sont des balances. Voici quelques clés pour aider les jeunes à faire la distinction entre délation et dénonciation :
- Dénoncer une agression consiste à protéger la victime et à sanctionner les coupables. De plus la loi prévoit dans le code pénal une obligation de dénonciation dans certains cas. Par exemple : si on a connaissance d’une situation de maltraitance sur un mineur de moins de quinze ans et qu’on n’informe pas les autorités judiciaires ou administratives, on risque trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
- La délation est une dénonciation, souvent secrète, inspirée par des motifs contraires à la morale. Elle relève de la trahison, c’est une dénonciation dont l’intention n’est pas celle de protéger mais de nuire: elle est souvent motivée par la jalousie, la vengeance etc.… Le but étant d’en tirer un bénéfice, et plus particulièrement d’obtenir les grâces de ses supérieurs (de ses profs, de sa hiérarchie etc.…)
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