Mise à jour 17:33
  • Retour à Sidi Bouzid, berceau du printemps arabe 

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    Par Thierry Oberlé Publié Réactions (15)
    Sidi Bouzid, la ville où commença la protestation arabe. (Crédits photo: AP)
    Sidi Bouzid, la ville où commença la protestation arabe. (Crédits photo: AP)
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    REPORTAGE - La Tunisie a vécu dimanche une journée historique avec son premier vote démocratique. À Sidi Bouzid où Mohamed Bouazizi s'était immolé par le feu en décembre dernier, certains pronostiquent une nouvelle insurection si les promesses ne sont pas tenues.

    L'histoire les a happés à Sidi Bouzid, une ville maussade du «pays inutile», l'intérieur des terres appelé ainsi en opposition aux riches régions côtières. Fayda Hamdi, Lamine Bouazizi (un homonyme de Mohammed Bouazizi, le «premier martyr de la révolution», NDLR) et Nsiri Bouderbala sont des acteurs en apparence ordinaires des bouleversements tunisiens.

    La première est agent municipal, le deuxième anthropologue et le troisième médecin de famille. L'auxiliaire de police a réprimandé Mohammed, 26 ans, le vendeur à la sauvette qui s'est immolé par le feu le 17 décembre. Elle est indirectement associée à la chute de Ben Ali et au déclenchement du printemps arabe. L'intellectuel est l'un des animateurs des émeutes de Sidi Bouzid, un soulèvement qui a fini par submerger par vagues successives la dictature. Le docteur est un opposant de toujours. Il a été nommé pour superviser dans le gouvernorat de Sidi Bouzid le premier rendez-vous avec la démocratie.

    Fayda Hamdi n'arrête pas de se repasser un film qui la dépasse. Souriante, le visage cerclé par un foulard chamarré, elle revoit l'interpellation le matin du 17 décembre de Mohammed Bouazizi, un marchand ambulant de quatre saisons. «Il était en infraction, j'ai appliqué le règlement», dit-elle. Elle se remémore les cris, la bousculade, la dispute pour la balance qu'elle essaye de lui arracher des mains et de confisquer. Elle apprend plus tard par un appel téléphonique la tentative de suicide du jeune chômeur. «J'ai eu peur. J'ai eu le pressentiment que quelque chose de terrible allait arriver», confie-t-elle à cinquante kilomètres de Sidi Bouzid, au domicile de ses parents, une maison en lisière de champs d'oliviers où, depuis le drame, elle vient souvent se réfugier.

    L'affaire de la gifle 

    Elle se souvient de son arrestation la nuit du 28 décembre sur ordre personnel d'un président Ben Ali aux abois. De la prison de Gafsa où les matons la faisaient passer pour une institutrice qui avait battu un élève pour qu'elle échappe à d'éventuelles représailles. De ses difficultés psychiques. «J'avais la main bloquée, je ne pouvais même plus me faire des sandwichs.» De l'impression d'avoir été oubliée pendant des semaines. Et enfin de la sortie du cauchemar. Le 19 avril, elle passe en audience devant le tribunal de la ville. L'affaire de la gifle occupe une bonne partie des débats. Un oncle de Mohammed Bouazizi est le seul témoin à confirmer avoir vu l'agent frapper le petit vendeur de fruits et légumes. Un témoignage insuffisant selon la cour. À l'annonce du non-lieu, les applaudissements d'un public venu nombreux la soutenir fusent. Après tout n'est-elle pas, elle aussi, la victime de l'arbitraire? Mais sa réputation la poursuit. «Lorsqu'Obama a commenté la mort de Kadhafi à la télé, il a répété que j'ai tapé le marchand. Mais qu'est-ce qu'il en sait? Moi, je jure que jamais je n'ai fait une chose pareille», lâche-t-elle.

    Fayda Hamdi a repris ses fonctions d'auxiliaire de police en juin. Elle reste depuis enfermée dans son bureau comme les autres employés municipaux car «la situation sociale ne permet pas de travailler dans la rue». Elle se déclare «heureuse de la révolution». Dimanche, elle n'a pas voté. «C'est trop tôt. Je n'y vois pas clair avec tous ces partis, mais je me déplacerai la prochaine fois pour la présidentielle», promet-elle.

    Vigies de la révolution 

    Lamine Bouazizi, l'activiste, a participé au scrutin malgré le «désenchantement» des jeunes qui espéraient un changement plus rapide. «L'élection paraît loyale mais les gens n'ont pas d'expérience de la démocratie. Certains demandent qui est le chef pour déterminer leur choix. Ils sont un peu désemparés», observe-t-il. Installé à la terrasse du café Salamandre, un bistrot aux tables et aux chaises en plastique disposées dans le jardin d'une place publique, il pronostique une «deuxième insurrection si les promesses ne sont pas tenues». Ici on discute politique, encore un peu plus qu'ailleurs. Des instituteurs, des petits fonctionnaires et des jeunes chômeurs diplômés se prennent pour les vigies de la révolution.

    Quatre ou cinq listes sur un total de 65 défendent, selon ces purs et durs, les principes du «17 décembre».

    «C'est difficile de s'y retrouver au milieu de tant de candidats, on va avoir des surprises», pronostique, pour sa part, Nsiri Bouderbala, le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) du gouvernorat de Sidi Bouzid. Ce médecin généraliste a abandonné son cabinet pour sa nouvelle mission. «J'ai considéré que j'étais plus utile pour la victoire de la démocratie en servant l'ISIE plutôt qu'en entrant dans le combat politique dans les rangs d'un parti», affirme-t-il. «J'ai une double chance: celle de participer à des élections libres comme aucun pays arabe n'en a encore connu et d'exercer ce privilège du lieu d'où est partie la première étincelle», ajoute le vieux militant des droits de l'homme. Les locaux qui abritent son quartier général hébergeaient dans un passé pas si lointain le siège du RCD, le parti de Ben Ali. Nsiri Bouderbala se déclare particulièrement «fier» de les avoir transformés en «maison de verre».

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  • Avatarthom monteillet

    quand c'est un peuple musulman qui vote sa voix ne devrait pas conter : c'est ça la démocratie à la française !

    Le 31/10/2011 à 14:39 Alerter Répondre
    Avatarwalkuren

    Sarkozy va t-i inviter aussi les islamistes à camper à l'Elysée ?

    Le 24/10/2011 à 19:35 Alerter Répondre
    Avataroursauvergnat

    et voila comment les Occidentaux se sont fait rouler dans la semoule par les Islamistes...où est la Démocratie et que sommes nous allés faire en cette galère ? un joli conte arabe des "milles et un ennuis"...amis de la Liberté, bonjour !

    un ours d'Auvergne

    Le 24/10/2011 à 15:11 Alerter Répondre
    AvatarKheiredidne Riahi

    Vous êtes allergique aux islam ou quoi , pourquoi vous avez le droit d'avoir des partis chrétiens comme les chrétiens démocrates et nous , nous avons pas le droit d'avoir des partis inspirés de l'islam , vous revendiquez la liberté et les droit des l'homme et .. , et vous mêmes vous êtes les grands dictateurs que n'acceptent pas l'autre à cause de sa religion, en Tunisie il n'y a pas des l'islam radical, les islamistes en Tunisie sont modérés et respectent les libertés individuelles et les droits de l'homme et ça fait partie de leurs programme électoral , arrêtez de dire de connerie et soyez ouverts aux autres et tirez de leçons de ce peuple que ne dépasse pas le 10 millions et qui a montré un haut niveau de culture de réflexion et de sagesse

    Le 28/10/2011 à 00:49 Alerter Répondre
    AvatarLotfi Benchikha

    C'est juste la meilleure réponse qu'il faut

    Le 7/12/2011 à 21:19 Alerter Répondre
    AvatarChad15

    Très démocratique de voter pour le parti islamique !!! Des femmes voilées sont heureuses, les autres ont peur... Abdul Hamid Ahmad, rédacteur en chef de Guld News, a déclaré: "Mustafa Abdul Jalil vient de donner une preuve au monde entier que les soulèvements arabes se termineront tous en États Islamiques." Selon des indiscrétions recueillies auprès des représentants de la commission électorale indépendante, les Tunisiens de France ont placé le parti islamiste Ennahda (la Renaissance) en tête des élections à la Constituante tunisienne. Le mouvement de Rachid Ghannouchi, aurait recueilli entre 30 et 35 % des voix. La France est divisée en deux circonscriptions électorales, les 600 000 Tunisiens résidant dans l'hexagone élisent dix représentant à l'Assemblée constituante. Le Congrès pour la République de Moncef Marzouki, l'opposant historique de Ben Ali, serait autour de 20 %.

    Le 24/10/2011 à 14:15 Alerter Répondre
    Avatarthom monteillet

    les femmes non voilées ont peur? c'est pour cela quelles votes pour un partie musulman ou qu'elles en font partie en majorité ?

    Le 31/10/2011 à 14:40 Alerter Répondre
    Avatarantoine BOTTALICO

    Pauvre homme! Il n'a encore rien compris.

    Le 17/12/2011 à 13:00 Alerter Répondre
    Avatargeolion16

    Quand on voit l'évolution vers la "démocratie charia" en Egypte, Tunisie et Libye, on peut se poser la question suivante : est-ce qu'il ne vaut pas mieux, finalement et pour les pays arabes, une dictature personnelle dont les victimes ne seraient, comme toujours, que les opposants au dictateur, plutôt qu'une dictature islamiste dont les victimes seraient, là aussi comme toujours, tous les laïques et les non musulmans. Car, dans le second cas, les victimes seront bien plus nombreuses que celles d'un dictateur.....La France a peut-être dépensé 300 millions d'euros inutilement pour "libérer" la Libye...

    Le 24/10/2011 à 13:54 Alerter Répondre
    Avatarmicro brise le silence

    printemps arabe ?

    Le 24/10/2011 à 13:14 Alerter Répondre
    AvatarAimable

    Belle expression que "le printemps arabe", saison du retour des barbus ...

    Le 24/10/2011 à 11:47 Alerter Répondre
    AvatarMichèle francois

    les tunisiens de l'étranger ont voté massivement pour le parti islamique, qu'attendent tous ses tunisiens pour retourner dans leur pays

    Le 24/10/2011 à 11:33 Alerter Répondre
    Avatarmario Rivas Espejo

    IL faut avancer vers la démocratie, respecter les droits humains et la laicité!
    La Tunisie c'est un beau pays avec des gens remarquables et adorables! Il faut avancer! Mes salutations!

    Le 24/10/2011 à 11:28 Alerter Répondre
    AvatarVerdi12

    Printemps arabe pour les Islamistes.

    Le 24/10/2011 à 10:53 Alerter Répondre
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