Printemps arabe: Juppé défend sa politique étrangère à l'Assemblée

publié le 25/10/2011 à 17:25, mis à jour à 20:14

Printemps arabe: Juppé défend sa politique étrangère à l'Assemblée

afp.com/Mehdi Fedouach

PARIS - Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a défendu mardi devant l'Assemblée nationale le soutien de la France aux printemps arabes, estimant qu'il fallait "allier vigilance et confiance" dans l'avenir des peuples arabes, face à des députés de l'opposition critiques.

"J'entends dire que nous avons ouvert la boîte de Pandore. Fallait-il continuer à soutenir les dictatures' Fallait-il continuer à soutenir Kadhafi' Fallait-il continuer à soutenir Ben Ali' Fallait-il continuer à soutenir Moubarak' Faut-il continuer à soutenir aujourd'hui Bachar al Assad'", s'est enflammé le ministre des Affaires étrangères, en réponse aux craintes exprimées ces derniers jours sur l'avenir des droits de l'homme en Libye et notamment sur l'égalité entre les hommes et les femmes.

"Le peuple libyen est enfin libre après 42 ans d'une dictature terrible. La France a pris toute sa part dans ce mouvement de libération et je crois que pour nous tous ici, ce doit être un sujet de fierté", a encore dit Alain Juppé, alors que s'élevaient des protestations sur les bancs de l'opposition contre l'autosatisfaction du gouvernement.

"C'est curieux, cet enthousiasme pour les dictatures!", s'est exclamé le ministre.

"Nous, les dictateurs, nous ne déroulons pas le tapis rouge pour les accueillir sous leur tente à Paris", a répliqué plus tard le député socialiste Jean Mallot, faisant allusion à l'accueil réservé au colonel Kadhafi par le président Nicolas Sarkozy à Paris, fin 2007.

"La diplomatie française, sous l'impulsion du président de la République, a pris une ligne claire", a poursuivi Alain Juppé.

"Aujourd'hui, nous devons faire confiance au peuple libyen et pour ma part, je ne me résigne pas à penser que les peuples arabes sont condamnés à devoir choisir entre la dictature ou des régimes islamistes radicaux", a-t-il ajouté.

"Il y a d'autres avenirs possibles et je fais confiance à la vigilance du peuple libyen pour défendre ses droits fondamentaux. Cela ne nous dispense pas d'être nous-mêmes vigilants et de rappeler nos lignes rouges", a poursuivi M. Juppé, citant "le respect de l'alternance démocratique, la liberté d'expression, le respect des minorités y compris religieuses et le respect de l'égalité de l'homme et de la femme".

"Il ne faut pas se crisper sur la peur et allier vigilance et confiance", a-t-il conclu, en réponse à une question de la députée UMP Nicole Ameline.

La députée communiste Marie-George Buffet a jugé "urgent de condamner fermement et sans équivoque" les déclarations du président du Conseil national de transition libyen, Moustapha Abdeljalil, sur l'application de la charia, notamment pour la polygamie.

"La vigilance, voire l'inquiétude, dont font part les représentants de la France et de l'Union européenne ne saurait suffire (...). Il est urgent de condamner fermement et sans équivoque les intentions affichées par le chef du CNT", a estimé la députée, dans un communiqué.

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