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Radio Prague - 65 ans
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Dans la seconde moitié des années soixante, la Tchécoslovaquie vit une
courte période
de dégel et de libéralisation partielle. Une partie des politicienscommunistes et les médias se placèrent à la tête d'une tentative de réformer le socialisme. L'esprit
réforma-
teur s'établit, aussi, à la Radio tchécoslovaque.
"L'atmosphère a été incontestablement plus détendue", se souvient le
journaliste
Jiri Hanák, dans les années soixante commentateur de Radio Prague. "Ceci
s'est reflété le
plus dans la production centrale des programmes - il était possible de
décrire la situation en Tchécoslovaquie telle qu'elle était. Ce climat a marqué aussi nos
commentaires
de politique étrangère." Les souvenirs d'Olga Szántová, dans les années
soixante rédactrice du service américain, sont semblables: "Une certaine détente s'est
surtout manifestée dans la création des programmes sur la Tchécoslovaquie, que les
rédactions diffusant en langues étrangères traduisaient ou qui étaient envoyés à
l'étranger. La Radio
russe a même refusé de diffuser ces programmes, en 1968. Le travail nous a
intéressés,
il était plus varié, nous avons fait beaucoup d'enregistrements sur le terrain.
En
revanche, le style de travail n'a guère changé. Tous les textes étaient soumis
à l'approbation du rédacteur en chef et présentés, ensuite, aux responsables de
l'Administration
principale du contrôle de la presse. Ceux-ci y apposaient leur cachet
"HSTD". Parfois,
cela faisait rire, car ces gens ne parlaient souvent pas les langues étrangères,
mais sans
le cachet, le texte ne pouvait pas être diffusé. Malgré cela, l'autocensure
était toujours
forte. Nous étions bien conscients de ce
que nous pouvons nous permettre
d'écrire et de diffuser. La censure, sous
forme de cachet HSTD, n'a été abolie
qu'en 1968. Après l'écrasement du
Printemps de Prague, une approbation
des nouveaux chefs a été de nouveau
obligatoire. Mais cette période, je ne l'ai
pas vécue longtemps, car peu après 1968,
je me suis fait renvoyer".
L'envahissement de la
Tchécoslovaquie par les troupes du pacte
de Varsovie, dans la nuit du 21 août 1968,
mit fin au Printemps de Prague. La rédactrice du service américain d'alors, Cecile
Krizova
, se souvient que tout commença
le 21 août, au matin: "J'ai été parmi ceux
qui ont eu la chance de pouvoir venir à la Radio, car des rues et certains
ponts ont été
barrés. J'ai diffusé les informations sur l'entrée forcée des troupes du pacte
de Varsovie
que personne n'avait invitées et j'étais en train de céder la parole à mon
collègue français. Tout à coup, la porte du studio s'est ouverte. Un soldat de haute taille,
en uniforme poussiéreux, m'a visé de sa mitraillette et m'a crié: « Dehors »! Je lui ai
répondu
que j'étais sur le point de partir. C'est ainsi qu'a pris fin mon travail de 19
ans, à Radio
Prague. L'interview que j'avais enregistrée, la veille, avec l'actrice
américaine Shirley
Temple, n'a jamais été diffusée. Peu après, je suis partie pour les
Etats-Unis."
En août 1968, la situation du mois de mai 1945 se répéta de façon presque
identique. Le 21 août, au matin, on diffusa la déclaration de la présidence du
comité central
du parti communiste de Tchécoslovaquie, désapprouvant l'entrée des
armées du traité
de Varsovie sur le territoire tchécoslovaque. Devant la Radio, des Pragois se
rassemblaient. Les affrontements firent les premières victimes. Les façades des
maisons en
face de la radio portent, jusqu'à présent, les traces des tirs, rappel des
dommages causés par les soldats soviétiques. A 8 heures du matin, la Radio fut occupée.
Les émissions des studios réguliers furent coupées. On réussit à continuer à partir des
studios que
les soldats soviétiques n'arrivèrent pas à découvrir. Le lendemain, les
émissions furent
déplacées en dehors du bâtiment principal de la Radio tchécoslovaque, y
compris celles
de Radio Prague, réduites à des programmes de dix minutes pendant
lesquels on diffusa les informations en tchèque/slovaque, en anglais, allemand, français et
espagnol. Les
émissions clandestines durèrent jusqu'au 9 septembre. Ce jour-là, les
soldats soviétiques quittèrent le bâtiment de la Radio et les émissions régulières
purent reprendre.
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