carte id Identité numérique : 10 règles simples pour contrôler son image sur internet

Nous l’avons vu récemment, la gestion de l’identité numérique commence au berceau, et les récents déboires d’un internaute ayant constaté à ses dépends que sur le web tout est public, sont là pour nous le rappeler une fois encore.

L’identité numérique reste un concept assez flou pour la plupart des internautes, or il est seulement question de contrôle de l’image et de la réputation, selon les mêmes règles que celles que nous appliquons dans notre vie courante, celle que l’on appelle la vraie vie.

Pas besoin d’être un expert, donc, pour observer ces 10 règles simples qui devraient normalement vous aider à mieux maîtriser votre image sur internet :

1 – Enregistrez vite votre nom de domaine.

Comme chacun possède sa carte d’identité, chaque internaute devrait avoir son propre nom de domaine sur internet, idéalement composé de son prénom et de son nom (même s’il est évident que cela n’est pas toujours possible), et si possible dans les principales extensions, de préférence sous la forme prenomnom.com ou prenom-nom.com (ou .fr ou .net ou autre). L’enregistrement d’un nom de domaine est aujourd’hui une formalité aussi simple que l’envoi d’un mail, et donc à la portée de tous. Les tarifs ont aussi considérablement baissé, et vous pouvez réserver un nom sur plusieurs années pour quelques dizaines d’euros. Pensez surtout à enregistrer celui de vos enfants, ça leur servira un jour.

Avantages : personne ne pourra vous subtiliser votre nom, et vous préparez le terrain pour une bon positionnement de celui-ci dans Google.

2 – Créez une page web personnelle avec les éléments positifs et publics de votre vie.

Tant qu’à avoir enregistré votre nom de domaine, autant capitaliser sur celui-ci en le faisant pointer sur votre CV simplifié, dans lequel vous consignez de façon claire et synthétique quelques trucs sur votre life : votre job, vos compétences, en restant très évasif, voire elliptique sur tout ce que vous considérez comme personnel (cette notion étant très variable selon les individus). Vous avez rarement l’occasion de parler de vous, c’est le moment : faites-vous briller. Avec modération et sans mentir, mais sans complexes non plus.

Avantages : alimenter en contenu et mettre régulièrement une page web à jour est très bon pour le référencement dans Google. Autant faire apparaître en premier dans les résultats un contenu qui vous appartient et sur lequel vous avez un total contrôle. N’ayez crainte, les hackers turcs s’intéressent rarement aux pages statiques en HTML simple.

3 – Créez-vous un pseudonyme facilement identifiable et utilisez toujours le même.

Vous participez, en toute transparence bien sûr, à des discussions, forums, commentaires sur les blogs, et pour les plus geeks, à Twitter et autres réseaux sociaux ? Si vous n’avez pas l’intention de tenir des propos compromettants (laissons cela aux trolls anonymes), renforcez votre identité numérique en utilisant un pseudo qui évoque directement votre vraie identité. Vous aurez tout à y gagner en matière de réputation, notamment si un futur employeur (ou une future conquête amoureuse) s’amuse à faire une recherche sur votre nom dans Google, sait-on jamais.

Avantages : vous pouvez retrouver plus facilement la trace de vos contributions sur le web, et montrer que vous dites des choses intelligentes, parfois. Cela peut également éviter qu’un usurpateur emprunte votre pseudo sur les forums qui vous tiennent à cœur.

4 – Faites des liens vers votre page perso.

Rappel technique pour les néophytes : plus une page web reçoit de liens en provenance d’autres sites, meilleures sont ses chances d’être bien positionnée dans les moteurs de recherche (avec quelques éléments de pondération toutefois). N’hésitez donc pas à essayer d’obtenir des liens d’autres sites vers votre page perso. Comment ? En demandant à des amis ayant déjà un site, mais aussi en n’oubliant pas de signer si possible toutes vos contributions avec l’adresse de votre site, que ce soit dans les forums ou les blogs. Attention à ne pas spammer en mettant des liens dans le corps du message, cela peut parfois être assez mal vu par certains modérateurs.

Avantages : vous augmentez la densité des liens pointant sur votre nom, et votre classement dans les moteurs. Du coup c’est votre contenu qui monte et qui peut finir par passer devant cette foutue page ou vous avez crié un jour de beuverie votre amour pour George Bush et qui depuis vous pourrit la vie en vous collant aux basques.

5 – Demandez un droit de rectification aux sites qui diffusent une mauvaise image de vous.

Opération délicate à manipuler avec beaucoup de diplomatie, voire une pointe d’humour, mais vous êtes dans votre droit le plus strict, celui de votre image personnelle. Si des propos, une photo ou une vidéo peu avantageux de vous sont diffusés sur un site, vous pouvez demander à ce que ce contenu soit retiré. Faites-le à l’amiable en évitant d’envoyer illico une armée de tueurs à gages ou un courrier de votre avocat. Avec les webmasters de bonne foi cela se passe généralement sans heurts. Si ce n’est pas le cas, alors vous pouvez utiliser une procédure plus contraignante, mais gare à l’effet rebond sur votre e-réputation : allez-y avec fermeté, mais courtoisie.

Avantages : vous pouvez au moins espérer désamorcer des conflits ou des malentendus par le dialogue, et en même temps montrer que vous entendez vous faire respecter.

6 – Demandez à Google de désindexer des pages portant atteinte à votre réputation.

Contrairement à une idée reçue, il y a des humains chez Google, et vous pouvez les contacter pour leur demander des choses, et leur signaler un contenu malveillant, notamment à votre encontre. Rien ne garantit que Google, qui est seul juge au final, ne s’exécute puisqu’il n’est pas responsable des contenus indexés, mais ça vaut toujours la peine de tenter le coup, même s’il faut pour cela s’adresser directement au service juridique de Google, à Mountain View, California, USA. N’attendez pas de miracles : au mieux Google supprimera la page en question de son index, ce qui est déjà énorme : une page non indexée est une page qui n’existe pratiquement plus.

Avantages : nettoyer un peu les casseroles qui traînent sur vous dans Google.

7 – Soyez vigilants sur le marquage de photos dans Facebook.

Le marquage (ou taggage) est une fonction dans Facebook qui consiste à mettre un nom sur un visage, tout simplement. Une fois une photo taggée avec votre nom, même compromettante, même publiée sans votre accord, même si ce n’est pas vous sur la photo, il sera très facile de vous retrouver. Pourtant, toute publication d’une photo incluant des personnes autres que celle publiant la photo devrait être soumise à autorisation préalable des personnes concernées. Votre seul recours est alors de supprimer le marquage vous concernant, ou de demander à la personne publiant cette photo de la supprimer. Pour cela il est indispensable de savoir si vous êtes marqué sur une photo et donc d’activer la notification dans votre profil (elle l’est par défaut)  : Paramètres > Compte > Notifications > Photos.

Avantages : éviter que votre futur employeur ne vous découvre ivre mort dormant dans votre vomi la veille d’un entretien d’embauche. Si si ça arrive.

8 – Utilisez des systèmes d’alerte sur mots-clés.

Le meilleur moyen de contrôler sa réputation et d’être informé sur ce qui se dit sur vous et de vous est encore de poser des micros et des caméras partout. Traduit en termes web, cela revient à souscrire à un système d’alertes comme Google Alerts par exemple : http://www.google.fr/alerts. Sur Google Alerts vous saisissez les mots-clés sur lesquels vous souhaitez être alertés ainsi que la fréquence des alertes, et vous recevrez celles-ci par email, avec les liens pointant directement sur les sites traitant les mots-clés en question. Redoutablement efficace en termes de surveillance, mais peut vite devenir pénible et intrusif. A utiliser avec parcimonie, sinon vous risquez de sombrer dans la paranoïa. C’est mauvais pour votre karma.

Avantages : vous avez d’un coup de très grandes oreilles.

9 – Vérifiez votre profil public sur Facebook.

Au-delà des réglages de confidentialité qu’il est vivement conseillé de paramétrer le plus finement possible en vous rendant dans Paramètres > Confidentialité, il existe dans Facebook deux fonctions très simples et assez rassurantes qui vous permettent de voir ce que voient les autres de vous. Tout d’abord ce que voient ceux qui ne sont pas inscrits sur Facebook, soit votre profil public tel qu’il est indexé dans les moteurs de recherche. Toujours dans Paramètres > Confidentialité, vous pouvez cocher la case en bas de page « Créer un profil public ». Copiez l’url de ce profil et collez-là dans un navigateur avec lequel vous n’êtes pas connecté à Facebook (ou déconnectez-vous) : vous verrez exactement ce que voit Google et les internautes de passage. Ensuite, une autre fonction vous permet de voir ce que voient cos amis, à savoir votre profil tel qu’ils le visualisent. Il suffit pour cela de vous rendre sur Paramètres > Confidentialité > Profil et de compléter le champ en haut marqué « Visualisez votre profil tel qu’il est vu par un(e) ami(e) » avec le nom d’un(e) ami(e), et vous verrez ce que voit l’ami(e) en question.

Avantages : vous montrez ce que vous voulez à qui vous voulez. Normalement.

10 – Pourquoi pas ouvrir un compte OpenID ?

OpenID kezako ? Reprenons un extrait de la définition qu’en donne Wikipedia : « système d’authentification décentralisé permet l’authentification unique, ainsi que le partage d’attributs. Il permet à un utilisateur de s’authentifier auprès de plusieurs sites (devant prendre en charge cette technologie) sans avoir à retenir un identifiant pour chacun d’eux mais en utilisant à chaque fois un unique identifiant OpenID ».

En résumé, OpenID permet théoriquement de bénéficier d’un identifiant unique et infalsifiable qui vous permet d’être connu et reconnu des sites qui ont adopté ce protocole. C’est gratuit et vous pouvez par exemple vous rendre sur OpenID France pour créer votre compte OpenID. Attention, certains diront qu’OpenID, en temps qu’outil centralisant vos données personnelles, pourrait constituer un mouchard très efficace en suivant à la trace votre activité sur le web. Je ne crois pas trop à cette version de la théorie du complot, d’autant que les sites qui acceptent l’identification par OpenID ne sont encore pas légion (et je me demande s’ils le seront un jour).

Avantages : identifiant unique et gain de temps.

11 – Pensez à protéger vos données personnelles depuis le déploiement de la nouvelle version de Facebook (Open Graph)

(mise à jour du 10 mai 2010, ce qui fait une onzième règle) On pourrait bien sûr faire un bouquin avec seulement les différentes façons de gérer ou verrouiller son identité numérique sur Facebook, mais il y a des mises à jour qui comptent plus que d’autres. Facebook a publié mi-avril 2010 son fameux Open Graph, qui regroupe un ensemble de fonctionnalités visant à agréger le contenu des sites web et à les mettre en relation avec le profil des internautes. Pour faire simple, et sans sombrer dans un excès de paranoïa, si vous êtes connecté à votre compte Facebook et que vous visitez des sites affichant le petit bouton « J’aime » (ou « Like » en anglais), vous êtes tracé par Facebook dès que vous cliquez sur ce bouton (et même si vous ne cliquez nulle part, mais ceci n’est pas très clair, comme souvent avec Facebook, donc méfiance). Pour éviter que vos données de navigation ne soient divulguées publiquement à l’insu de votre plein gré, et empêcher tout profiling non souhaité, vous avez intérêt à régler une fois de plus vos paramètres de confidentialité. Pour cela allez dans Compte -> Paramètres de confidentialité, puis cliquez sur Applications et sites web. Décochez ensuite la case en bas de page qui autorise la personnalisation avancée puis confirmez quand la fenêtre de validation apparaît. Enfin, modifiez les paramètres apparaissant dans « Ce que vos amis peuvent partager à propos de vous ». A vous de déterminer ce que vous voulez laisser apparaître. Si vous voulez être vraiment tranquille et blinder au maximum, décochez tout. N’oubliez pas de cliquer sur « Enregistrer les modifications » sinon ça ne modifiera pas grand chose.

Ces quelques conseils de bon sens ne s’adressent pas aux experts (le geek sait déjà tout cela mieux que moi et l’a mis en pratique depuis longtemps) mais à l’internaute lambda, pas forcément rompu aux arcanes et pièges du contrôle de la réputation sur internet. Ils n’ont non plus la prétention d’être exhaustifs, et toutes les suggestions venant compléter ce billet sont les bienvenues.

Pour en savoir plus sur l’identité numérique, je vous invite à consulter le billet, déjà ancien et plus technique, mais toujours d’actualité, de Fred Cavazza, sur le sujet.

Et maintenant vous n’avez plus d’excuse : protégez vos arrières.