Méthodologie clinique

Méthodologie clinique

 

Plan du cours :

L’observation, notion centrale en clinique, elle permet de mesurer et de réfléchir à l’implication du clinicien.

L’entretien clinique, apport d’évaluation, outils…

Distinguer les différents modèles de prise en charge psychothérapeutique.

La base de la recherche.

 

Bibliographie :

Manuels :

Autres :

A lire :

 

  1. L’observation

 

Définitions (du Robert) :

Elle s’applique à plusieurs domaines :

Observer, c’est considérer avec attention afin de connaître et d’étudier ". Buffon dit " La nature a indiqué aux premiers Hommes l’unique méthode des découvertes puisqu’elle les a mis dans la nécessité d’observer ".

La nécessité d’observer remonte aux origines de l’humanité, mythe de la nature. Mais aussi, l’enfant est mis dans la même nécessité, dans la théorie Freudienne, le bébé doit exercer sa pulsion de savoir c’est à dire pulsion épistemophilique. Mouvement très important, qui se passe au moment où l’enfant prend conscience de sa différence d’avec l’autre (moteur d’angoisse qui pousse à apprendre).

Rousseau " Pour observer, il faut avoir des yeux et les tourner vers l’objet que l’on veut connaître ". On retrouve ici la même idée : l’observation implique un certain type de relation avec l’objet et donc moment de desintriquation avec l’autre nécessaire pour que le désir de connaissance puisse se déployer.

Jérôme Bruner décrit les 1ère interactions de l’enfant :

    1. face à face avec sa mère (dynamique) qui peut prendre l’allure d’un jeu le " Turning rôle " (chacun son tour)
    2. Comment l’enfant sort de ce système à 2 ? Par le geste du " pointing ", du pointage (avec le doigt) entre 4 et 6 mois, qui est d’abord muet puis d’un mot de synthèse " Ta ".
    3. Système de Co-attention (ou attention partagée) de par le geste de l’enfant. La mère le saisit par le mot " Ta " mais aussi par l’affect. C’est marqué par l’irruption d’un objet dans le champs visuel de l’enfant. On ne peut observer que quelque chose qui fait surprise, remarquer que cet objet est là (on ne le voyait pas avant). La mère se représente en même temps que l’enfant ce qu’il se représente.
    4. Ensuite l’enfant va détacher la représentation (va différencier un chat d’un biberon), possibilité de représenter l’absence, c’est aussi la possibilité pour l’enfant de s’ouvrir sur l’énigme de la représentation aux autres. L’observation a pris ici son envol mais aussi avec une dimension persécutive (celui qui observe peut être aussi observer : " Si je regarde par le trou de la serrure, quelqu’un peut me voir en train de regarder ")

Théophile Gaultier " Nos enfants sont nos espions, nos ennemis, nos dénonciateurs, ils nous observent d’un œil inquiet, furtif et jaloux ". C’est le renversement persécutif du regard.

2ème définition du Robert

L’observation est un procédé d’investigation scientifique ". L’observation s’oppose à l’expérience, elle est complétée, vérifiée, confirmée ou infirmée par l’expérience.

L’observation prétend ne modifier en rien l’objet observé. Au départ, la psychologie scientifique et l’observation scientifique partaient de l’idée que l’observation modifiait quelque chose (en astronomie, la part des erreurs des savants). Dès leurs 1ère lois, la psychologie s’est constitué sur l’idée que l’observation interfère sur l’objet (même si plus tard elle essaiera de s’aligner sur le modèle de Claude Bernard).

L’observation renvoie toujours à une signification singulière alors que l’expérience renvoie à une signification générale, c’est ce qui fait dire que la psychologie est en une démarche de compréhension et non d’explication.

Des observateurs ont posé la nécessité d’aller et retour dans l’observation. Elle ne se déroule pas d’une seule foulée : aller vers le sujet dans un mouvement d’empathie mais aussi faire retour pour essayer de comprendre l’observation par la théorie.

Ferenczi cite le passage d’Anatole France du médecin de campagne pour montrer la nécessité d’une distance avec l’objet observé : il faut à la fois s’approcher de l’objet mais aussi s’en éloigner pour pouvoir faire quelque chose.

Bachelard " L’observation scientifique est toujours une observation polémique. Elle confirme ou infirme une thèse antérieure, elle fait un schéma préalable, un plan, elle montre en démontrant, elle hiérarchise les apparences, elle transcende l’immédiat, elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas ".

Plusieurs idées : il préconise une nécessaire liaison entre l’aspect premier transgressif de l’observation et l’aspect théorique à priori de l’observation. Avec Bachelard, on comprend qu’il n’y a pas d’observation sans théorie et la confrontation avec l’objet nécessite de modifier la théorie. L’observation sert de rempart au dogmatisme théorique. L’observation est une méthode stimulante pourvue qu’on l’utilise jusqu’au bout et qu’on en accepte les aspects transgressifs (interdits de disséquer les cadavres par l’église, il a fallu que les médecins utilisent les corps des condamnés à mort pour avancer…)

L’observation des nourrissons est très vaste et occupe un domaine particulier dans l’observation clinique. Pour Freud, l’observation n’est pas du tout un domaine qui relève de la psychanalyse. Dans les " 3 essais… ", il écrit " Si l’observation directe suffisait à nous renseigner sur les origines de la sexualité humaine, je n’aurai pas pris la peine d’écrire ce livre " (4ème préface). Nous ne voyons que ce que nous savons déjà et la vue n’est pas une voie d’investigation féconde de la réalité psychique.

Dans l’observation de " Petit Hans ", il croit pouvoir observer chez l’enfant " ses impulsions sexuelles et ses formations édifiées par le désir que nous dé fouissons chez l’adulte avec tant de peine "

Grâce à l’observation du Petit Hans, il a discuté sa conception de la libido et de l’angoisse de castration. Autre observation : " Le jeu de la bobine chez un enfant de 18 mois " in " au-delà du principe de plaisir ", ce petit garçon, c’est son petit-fils.

Une observation n’a de statut que sui elle est liée avec la clinique. Les controverses entre Mélanie Klein et Anna Freud durant la guerre se déroulent aussi autour le l’observation clinique. Anna Freud est partisane d’une méthode génétique. La mère a un rôle de parexcitation (veiller au sommeil, la mise en place de l’oralité…), elle est un moi auxiliaire. Petit à petit, l’enfant rentre dans des systèmes plus complexes (Spitz est influencé par le courant d’Anna Freud et va faire appel à des expérimentations scientifiquement prouvées).

La méthode d’observation et théorie psychique sont liées. L’hypothèse principale de Mélanie Klein, c’est la relation d’objet immédiate. La 1ère chose qu’elle va observer c’est la relation d’objet aux différents stades du développement, en terme de position (1ère position : Schizo Paranoïde, 2ème position : dépressive, perd ses illusions sur la toute puissance de l’objet).

Chez Anna Freud, on maintient une différence entre adulte et enfant. L’adulte considère le bébé comme extérieur à lui. Chez Mélanie Klein, cette frontière entre observé et observateur est fictive car il y a un lien à un objet ; ce qui est fondateur, c’est se demander ce que le bébé nous fait c’est à dire le contre transfert de l’observateur. Donc il ne peut pas y avoir d’observation objectivante.

On n’est à la fois proche et loin du jeu de la bobine. Pour Mélanie Klein, ce jeu est signifiant tout de suite, on n’a pas besoin de connaître la famille. Mélanie Klein, observe la vie émotionnelle des bébés et Anna Freud cherche à redécouvrir l’origine des " lignes de développement " pulsionnelles (" le normal et la pathologique chez l’enfant "). Pour l’une comme pour l’autre, l’observation rejoint les présupposés de départ et confirme leur théorie. L’observation ne constitue pas un cadre de travail à part entière.

C’est Winnicott qui définit pour la 1ère fois " la situation établie " (1941) c’est à dire un cadre susceptible de nous renseigner sur ce nourrisson porté par sa mère et aussi un cadre susceptible d’établir une relation authentiquement thérapeutique avec le bébé sur un mode non verbal.

La position de Winnicott est de faire de la situation des bébés à la fois un outil de recherche et un outil clinique. Outil de recherche car il propose un aménagement expérimental de l’observation et outil clinique car ce cadre est thérapeutique.

L’originalité profonde de la situation établie pour Winnicott par rapport à Mélanie Klein : Winnicott dit que l’observation du geste du bébé implique un travail de reconstruction mentale de la part de l’observateur avec des hypothèses ouvertes sur ce qu’il perçoit, hypothèses qui sont issues à la fois de la comparaison de la très grande variété d’attitude des enfants devant la même difficulté. Son expérience est au carrefour de son expérience de thérapeute (cf. " Contribution de l’observation directe des enfants à la psychanalyse " in " Processus de maturation ")

Il dit qu’il y a une différence entre processus primitifs tels qu’ils s’offrent à une observation directe et les processus profonds qui sont déjà une reconstruction et une élaboration des 1er en lien avec les expériences de l’environnement. C’est une façon de repenser les mécanismes archaïques de Mélanie Klein qui seraient selon Winnicott plus profond. L’observation nous donne une sorte de " photographie " et seule l’écoute lui donnera un dynamisme.

L'observation comme outil de :

  1. Observation des bébés comme outil de formation :

En Angleterre, l’observateur doit vivre un certain nombre d’expérience émotionelle fondatrice qu’il va pouvoir élaborer au sein d’un groupe de travail qui reprendra les observations recueillies. Soucis de cadrer de façon plus pragmatique au vécu émotionnel (cf. Texte de Pichot). On se préoccupe de former des thérapeutes.

Anna Freud s’exprime longuement dans " L’enfant dans la psychanalyse " information " L’observation psychanalytique de l’enfant ", chap. 2, son dernier grand livre, qui est vraiment un bilan de tout ce qu’elle a développé avant (tout au long de sa carrière). La psychanalyse de l’enfant est une discipline très particulière dans le champs de la psychanalyse en général car pour une psychanalyse, il n’y a pas de formation spécifique pour prendre en charge les psychotiques, les délinquants… Alors que la psychanalyse de l’enfant revendique un format spécifique.

La particularité de l’enfant tient à ce qu’il est incapable de se plier à la règle de l’association libre, c’est pourquoi, il faut imaginer des aménagements techniques du cadre : l’alliance thérapeutique qui consiste en recevoir les parents, de parler avec eux et d’élaborer, de travailler autour de l’indication thérapeutique (que va-t-on faire avec l’enfant ?)

Pour cela, il y a, un travail de départ qui consistera à lever les inhibitions et les blocages de l’enfant pour permettre la reprise du développement. Anna Freud a une sorte de foi dans la force de développement propre de l’enfant (idée qu’il faut peu de choses pour que ça redémarre, image de Winnicott : une plante qu’on arrose).

Mélanie Klein ne partage pas la même foi. Chez elle, le concept du développement est beaucoup moins central et privilégie la lutte entre instinct de vie et de mort, le clivage des objets en bon et mauvais et le rôle de la projection et de l’introjection dans la formation de la personnalité. La question du développement ici est moins centrale car ce conflit interne très fort peut se dérouler à n’importe quel âge. Position centrale de toute la problématique orale (sein) dans la création des liens avec les autres et dans une position centrale dans les instincts de vie et de mort.

Un point où les 2 écoles sont d’accord, c’est la formation qu’il faut donner aux futurs thérapeutes (cf. p.36 " Pourquoi l’observation est importante ? " dans le livre d’Anna Freud). Anna Freud considère que l’exploration minutieuse du matériel ne peut pas se faire sans la formation psychanalytique de l’observateur. La définition du cadre de travail n’était pas décidé à priori, le principe consistait à laisser librement l’attention flottée, suivre le matériel là où il venait et ce matériel consistait à observer les effets de la séparation précoce d’avec la mère, les différentes habitudes alimentaires, l’éducation à la propreté, le sommeil et les manifestations d’anxiété.

Elle soulignait qu’en aucunes façons un matériel objectif, était réuni sur la base d’un savoir préexistant d’idées établies et d’aptitude personnelle de l’observateur (très différent selon qu’il soit analysé ou pas).

Pour A. Gesell, c’est observer comment l’enfant s’assit, court etc. dans le but de créer une norme de développement. Pour Anna Freud, c’est comprendre les conflits qui font que son comportement change : il n’y a pas d’observation sans schéma théorique préalable qui, confronté au matériel sera discuté et essaye de le dépasser. Il ne s’agit pas d’observation intensive sur une courte période mais plutôt d’observation extensive, systématique, longitudinale sur un nombre limité d’enfants et confronter à l’investigation psychanalytique de ces enfants.

Le but d’Anna Freud est de confronter le comportement des enfants aux hypothèses sur les tendances cachées de la vie mentale. Il faut illustrer, confirmer ou élargir le savoir analytique existant : but de ces observations à l’œil nu.

Observation de 6 enfants recueillis à la sortie du camp de concentration de Terenzin, enfants juifs. Il ne s’agissait pas d’une situation expérimentale puisque aucun paramètre ne peut être contrôlé. Il est difficile de déterminer ce qui est du à l’absence réelle de la mère, à l’attachement avec les personnes qui s’étaient occupées d’eux…. Ces enfants ont créé un lien entre eux qui leur ont permis de survivre puis qui a disparu au fur et à mesure qu’ils étaient en contact avec les adultes. La relation entre frères et sœurs est subordonnée à la relation aux parents dont les enfants dépendent. Les membres d’une fratrie sont toujours des pièces accessoires pour les parents. La relation entre frères et sœurs est presque toujours négative et qui ne peut devenir positive que dans un 2ème temps (identification aux parents).

Étude de la sociabilité si particulière des enfants de Terenzin offrait la conception de la mère rejetante qui se retrouve dans toutes les plaintes de tous les enfants en cure analytique (cf. " Quelques traits de la relation précoce mère / enfant "). L’observation analytique se prête tout particulièrement à l’étude de la relation mère / enfant. Anna Freud reconnaît à Mélanie Klein d’avoir insister sur l’idée de la bonne et mauvaise mère mais pour Mélanie Klein, c’est l’impression subjective que ressent l’enfant face à la satisfaction ou à la frustration devant le sein. C’est l’activité psychique de l’enfant qui donne sens à son expérience. Anna Freud adopte l’idée qu’il y a un double faisceau de la pulsion : amour et haine qui sont liés et dirigés vers le même objet et c’est ce qu’elle appelle l’ambivalence.

Elle constate que l’observation longitudinale permet d’élaborer une 3ème idée : il existe une adaptation mutuelle dans le temps entre l’enfant et ses parents (sa mère) qui est susceptible de modifier les données purement internes ou externes de la relation pour autant qu’on puisse les isoler. Elle défend l’idée que l’observation est aussi un outil de recherche qui fait partie de la formation du thérapeute.

École kleinienne :

Cf. " Les écrits de Martha Harris et Esther Bick ", édition du Hublot.

Esther Bick, élève de Mélanie Klein et de Bion ( ?). En 1948, elle propose un travail où l’observation jouerait un rôle central dans la formation des psychothérapeutes d’enfant. Formation en 4 ans : 2 ans : observation de l’enfant ; 2 ans : psychothérapie d’enfants contrôlés de 1 à 5 séances par semaine.

Cette formation délivre une qualification : psychothérapeute d’enfant reconnue par le système de santé britannique. Elle s’adresse à des thérapeutes qui ont déjà suivi un parcours personnel et s’attaque de façon précise à l’impact émotionnel que suscite la situation de détresse dont le nouveau-né et le nourrisson sont des prototypes par excellence (" état de désaide ").

Ester Bick :

1er temps : recueil des données à domicile avec une certaine passivité et neutralité de l’observateur. Plus un moment de théorisation, élaboration théorique qui se fait dans un groupe de travail où chacun présente son matériel et accepte de le soumettre à l’appréciation des autres.

La question n’est pas de faire ou de ne pas faire mais de comprendre pourquoi on l’a fait. Etre confronter au monde des émotions, c’est être confronter à la réalité psychique des patients et avec les mères que cette réalité est là sans limite, ce qui est formateur pour l’observateur.

Son idée principale est que l’identification projective devient pathologique et engendre l’ " hémorragie psychique " lorsqu’elle ne s’articule pas à un autre psychisme capable de contenir par la pensée une partie au moins des projections. Les projections du bébé doivent être contenues par un psychisme suffisamment développé pour l’étranger et étayer chez lui l’émergence des processus d’introjection et le groupe de supervision à pour effet de jouer un rôle de contenant pour " l’hémorragie psychique " de l’observateur confronter aux processus primaires de la pensée qu’il observe chez le bébé.

La transmission et l’identification sont deux choses liées en psychanalyse. Le bébé est ce que ses parents lui transmettent (psychiquement). Le rôle des parents c’est d’offrir un corps et un espace de pensée. L’observateur peut jouer un rôle de contenant psychique, fournit une enveloppe (il peut être le père)

O

 


B M

Concept de résilience : prise en compte des capacités propres de l’enfant à résister.

Esther Bick nous montre les échanges émotionnels intenses qui se passent dans toutes les situations cliniques. Ces travaux ont beaucoup de succès aujourd’hui (cf. " Les liens d’émerveillement ", 1995, D Houzel, G. Haag, C. Athanassiou). Houzel dit que cette observation est psychique à cause du cadre proposé, aspect interne c’est à dire essayer de s’approcher au plus près des expériences somato-psychiques du sujet observé (le bébé ou sa mère) et l’aspect périphérique : les limites dans l’espace et le temps, le type de contrat passé avec la famille, les moyens déployés par les uns ou les autres pour respecter ou transposer le contrat, enfin la capacité chez l’observateur à mobiliser ses perceptions, ces émotions, son imagination autour de ce qu’il voit (sa capacité de rêverie, de Bion, de l’ordre de la capacité d’association) cf ; Perez-Sanchez.

  1. L’observation comme prévention.
  2. Pratique des partages autour de l’observation qui se fait beaucoup à l’hôpital (Psychiatrie de liaison) où les psychologues ont un rôle, celui d’observateur. Il n’est pas très confortable, un œil extérieur ayant un temps différent d’action. Romana Négri pense que l’observation peut aider le service entier. Le cadre de travail devient celui de l’étude de cas à plusieurs où se confrontent des observations très différentes. La difficulté est de respecter le secret de ce que les patients peuvent dire aux psychologues.

    Ce partage ne va pas de soi et il faut qu’il ait un sens. La discussion avec le psychologue est l’occasion de travailler le seuil de tolérance de chaque membre auxquels il est confronté et d’élever ainsi la capacité contenante du personnel d’observation à l’ensemble des projections dont il est l’objet. La familiarisation du personnel soignant à la dimension psychique des symptômes qu’il relève va préciser davantage les champs d’intervention.

    Réflexion sur qui fait quoi dans l’institution. Entre le personnel et le psychologue il n’y a pas d’entretien structuré ni entre patient / personnel.

    Institutions psychiatriques soin psychique

    Dans l’institution psychiatrique, chacun a une mission semblable, un objectif commun. La réunion de synthèse poursuit le même objectif, chacun a une vision différente du patient. Le cadre n’est pas le même, même si le cadre général est semblable (selon que l’on soit infirmière ou psychiatre….) c’est à dire à chaque fois que le patient va attendre quelque chose de différent selon les personnes ; ce n’est pas vraiment le type de discours mais le type de transfert. La réunion de synthèse permet de penser ensemble les différents fragments d’un patient pour retrouver son unité. Aujourd’hui, il ne reste que des patients très lourds au niveau pathologique d’où la nécessité de cet éparpillement du transfert.

    Monde médical soin

    Dans la psychiatrie de liaison (malades non hospitalisés traités par médicament) dans les hôpitaux généraux, ces malades posent problème d’où la nécessité d’avoir un psychiatre aux côtés des médecins. L’observation du psy, le langage du psy n’est pas le même que les autres catégories professionnelles. Ici le partage de l’observation est très difficile à faire. Le psy peut devenir très agressif car il amène des choses que l’on n’attend pas de lui (on en attend autre chose).

    Monde de tous les jours vie naissance mode de garde école vieillesse mort

     

    Où tout est très axé aujourd’hui vers la psychologie qui n’est pas forcément bien comprise : pourquoi aller voir un psy car cet enfant a des difficultés ? Pourquoi aller voir un psy parce qu’on va mourir (ce qui est très naturel) ?

    Cf. " L’institution et les institutions, études psychanalytiques ", Dunod, R Kaës, 1988. Article de Roussillon " Espace et pratique institutionnelle, le débarras et l’interstice ".

    Romana Négri est un pédopsychiatre italienne et elle montre comment les observations peuvent servir à faire de la prévention. Son objectif est de changer le regard des soignants sur l’enfant et hiérarchiser les niveaux de travail. Elle propose " l’observation participante conjointe " qui permet de faire évoluer le groupe des soignants vers une position plus mature avec le bébé c’est à dire le soignant peut accepter une position active de soin voire d’objectivité et donc d’extériorité face aux bébés et de se confronter dans l’identification avec le bébé à sa propre incompétence mentale d’adulte d’affronter des vécus précoces terrifiants.

    La méthode d’observation " à portes ouvertes " a un effet préventif sur le personnel qui prend conscience de son importance vitale à côté des machines techniques de la médecine.

    L’observation de la souffrance paralyse essentiellement les processus de penser (il faut donc peut être, être à 2 pour pouvoir penser). Face à cette impossibilité de penser nous déployons les mécanismes de défense (dénie, idéalisation, clivage…). Étonnement, admiration, émerveillement à l’égard du bébé.

    L’idéalisation est différente de l’émerveillement qui est d’essayer de retrouver une qualité esthétique au regard. L’idéalisation est plutôt du côté de la pulsion de mort, de la destruction alors que l’émerveillement est plutôt du côté de la pulsion de vie : trouver quelque chose de propre à l’autre (de beau).

    L’observation progresse par des niveaux progressifs de profondeur (fonctions vitales du bébé, verrues sur l’oreille, comment l’enfant s’adapte au respirateur, comment il utilise ses sens pour connaître, découvrir). Dans ce cas là, l’attention accordée à l’enfant possède une force mutative qui a avoir avec le rassemblement, la force maternelle, le " holding " qui dans un 2ème temps va être véhiculer par des mises e mot qui ont une valeur d’interprétation Il y a aussi un clivage, un partage des deux fonctions chez les soignants : celui qui contient, qui regarde et celui qui verbalise.

    L’observation comme prévention sert à modifier le regard de soignants sur les patients.

    Prévention primaire : agir sur le cadre de la vie des gens.

    Prévention secondaire : plus ciblée dans ce même domaine.

    Prévention tertiaire : prendre les questions et les problèmes avant qu’ils ne se figent.

  3. Observation comme recherche :

Sorte de relais pour pouvoir systématiser des observations et les transmettre de façon objective (objectiver). (La recherche va être une façon de penser l’observation par rapport) Une observation clinique peut être fortuite, la recherche suppose que le recueil des faits soit précédé sur une réflexion conceptuelle d’un élagage des questions, d’une orientation préalable (réflexion et observation intriqué entre le concept et la clinique). La recherche va ouvrir la place à la théorisation (Le mot théoria en grec veut dire observation, contemplation)

Si dans la recherche, des faits valides des hypothèses, le fondement est toujours l’observation. En clinique, la recherche suppose re reconnaître l’existence d’une interaction entre observé et observateur (cf. " Le journal d’un bébé " D. Stern ; D. Anzieu, Beckett)

Organiser un contexte d’observation représente une spécificité qu’il ne soit pas dissocier d’un projet thérapeutique pertinent pour un patient ; la recherche doit se faire aussi au profit du patient. Le chercheur est pris entre 2 pôles : recherche au profit du sujet et la transgression qui est essentielle pour trouver quelque chose de neuf.

Paramètres de l’observation :

Comment systématiser une observation pour la transmettre ?

Le registre d’exploitation des données : nous prendrons ici les bébés et les adolescents mais le registre n’est pas le même :

Le film permet de concrétiser une intuition clinique autour du bébé et de la vérifier. Dans certains dispositifs, le film peut devenir partie prenante dans le dispositif thérapeutique c’est à dire que les parents peuvent être invités à visionner en compagnie du thérapeute, certains extraits de la consultation afin d’ouvrir une possibilité de discussion précise sur un point qui pose problème (beaucoup aux USA, peu en France : héontoscopie) pour une guidance parentale, encadrer les parents pour qu’ils adoptent un comportement plus adapté.

Toutes les familles n’acceptent pas ce dispositif. Il n’est pas nécessaire, ni souhaitable d’y avoir recours systématiquement. Sont exclu d’emblée les patients pour lesquels l’observation directe réactive des fantasmes d’intrusion insupportables, des familles très souffrantes pour lesquelles le regard à plusieurs n’engagent aucun avantage thérapeutique. Par contre pour d’autres, le visionnement d’un film à plusieurs permet un enrichissement d’une part parce qu’il peut y avoir un partage en équipe et d’autre part, se savoir filmer peut mobiliser d’avantage les conflits et les expressions des conflits.

La douleur : C’est un mode défensif de retrait chez le bébé qui le mettent en danger d’être désinvestie par son entourage, on a longtemps confondu la douleur avec une dépression chez le bébé mais il s’agissait de dépression qui n’en était pas puisque lorsqu’on soulageait la douleur, les signes dépressifs disparaissaient (Annie Gavvain Picquard).

La douleur provoque des réactions chez les adultes qui va de sa négation à une compassion extrême (de l’autre). Dans un cas comme dans l’autre, l’enfant n’est pas vu dans sa réalité de détresse. Pour le tout petit, il a fallu veiller à la diversité des manifestations de perte de contact : ex : variation de perte du tonus ou une régulation anormale d’état de veille et de sommeil (endormissement trop prolongé) ou retrait par rapport au contact (sans pleurs), désinvestissement du repas.

Il a été proposé une grille de repérage pour mieux comprendre les réactions des enfants à une douleur aiguë ou prolongée, où l’on faisait un inventaire des signes correspondant au niveau de développement de l’enfant.

Les signes précoces de l’autisme : grilles qui se multiplient sur beaucoup de base. En général, les enfants consultent relativement tard (au bout de trois ans). En ce qui concernent les signes très précoces, on peut demander aux parents, des photos de l’enfant ou des films familiaux qu’on utilise comme outil de recherche (cf. " Les bébés à risque autistique " collection Les Milles et un bébés)

Le chercheur en science clinique est différent du chercheur en biologie ou en psychologie expérimentale. Il est dans une sorte d’inconfort : doute sur ses méthodes et sur sa place dans l’institution. Pourtant la place de la recherche est fondamentale dans la formation et dans la pratique clinique (Cf. Carnet Psy). La recherche clinique travaille hors balisage c’est à dire il ne peut pas y avoir un travail psychique sans un défrichage d’un terrain vierge.

La recherche s’est très développée ces dernières années dans les crises individuelles en particulier dans l’adolescence et l’addiction (il faut la penser de manière neuve par rapport à l’addiction), la périnatalité, la vieillesse (comment faire face à ce problème nouveau : atteindre le 4ème âge), la question de la fin de la vie retentie sur les autres… La question du trauma (qui est aujourd’hui vulgarisé) est quelque chose de l’après coup et non de l’instant présent (rapport entre trauma et réalité).

A chaque fois, il est nécessaire de penser la répartition de la demande sociale et les impératifs scientifiques de la recherche scientifique (par exemple en cas d’accident etc..). Un des impératifs est le respect de l’individu qui n’est pas forcément compatible avec la demande sociale.

Il faudra faire une compilation, se placer dans une perspective historique sert à montrer l’évolution d’une problématique et se situer dans un champ dans lequel on va travailler. On ne peut pas avancer une idée sans faire le récit de son évolution, de sa place.

La recherche clinique ne peut pas s’abstraire du chercheur lui-même qui peut aller jusqu’à la fusion de celui ci avec son objet. Cette distance réduite à 0 n’est ni extravagante ni littéraire mais est une manière de théoriser les choses (cf. " Le journal intime d’un bébé ").

Il faut s’assurer et accepter que l’objet de recherche est forcément limité (définir, c’est isoler le problème mais on ne peut pas tout dire dessus donc la recherche laissera forcément des questions dans l’ombre), plus on isole l’objet de recherche par rapport à ce qui s’est déjà passé, plus on créé son objet de recherche.

Les objets de recherche qu’on se donne, parfois on peut inventer des concepts pour les désigner (une des 1ère se trouve chez Freud, la sexualité, une autre de Racamier : la maternalité c’est à dire la crise maturative qu’une femme traverse quand elle accède à la maternité). Tous ces concepts définissent des catégories de phénomènes mais ne disent rien de la façon dont on les étudie. Ce qui va nous donner une façon d’étudier ces concepts, ce sont les hypothèses c’est à dire les prévisions, les propositions de réponse aux questions posées. L’hypothèse c’est le moteur de la recherche puisqu’elle guide la démonstration (ex : l’hypothèse de l’inconscient chez Freud)

Si la recherche est issue du terrain, elle doit aussi y retourner et susciter des questions nouvelles (Cf. " La recherche clinique en psychopathologie ", Odile Bourguignon, M. Bydlowski)

L’observation porte sur le désir de savoir, pulsion de savoir qui relève lui-même d’une pulsion de voir chez l’enfant, désir de connaissance, de savoir (selon Freud). Cette pulsion de voir, pour Freud, est le désir de voir ce qui se passe entre ses parents quand il n’est pas là.

1er mouvement : rapprochement du sujet, empathie. 2ème mouvement : éloignement (dans la pensée), essayer de faire du sujet, quelqu’un qui pense, sur lequel on pense, " mettre en mot " c’est accompagner le sujet dans sa réalité.

Nous allons étudier 3 textes :

René Zazzo " Image du corps et conscience de soi "

Lacan " Le stade du miroir, comme formateur du je "

Winnicott " Le rôle miroir de la mère et de la famille dans le développement de l’enfant "

Dans la théorie de Freud, on peut distinguer 2 typologies du fait d’être regardé :

Revenons au bébé pour comprendre ces attitudes si opposées :

Zazzo est un psychologue, spécialiste dans la psychologie de l’enfant (pour Wallon, le moi et l’autre sont extrêmement lié au développement). Comment se passe la constitution de la conscience de soi qui est intimement liée à l’image du corps, pour Wallon et Zazzo ?

Wallon parle de " nébuleuse psychique ".

Zazzo a une idée de discuter des réactions progressives d’un enfant devant un miroir (puis devant une photo, images filmées…)

Exemple de Jean Fabien

1ère étape : l’enfant regarde l’adulte dans le miroir et ne se voit pas lui-même.

2ème étape : il compare l’image et la réalité.

3ème étape : le regard sur soi dans les bras de l’adulte semble exister peut être à partir du 8ème mois mais ce regard va prendre un temps considérable pour nommer par un nom donner par les autres, assumer sa propre image et devenir un objet ludique (3 ans).

L’image dans le miroir provoque une sorte de gène chez l’enfant, il s’évite, ne veut pas se regarder. Cette hésitation, ce trouble constitue l’intérêt de Lacan à ce travail en même temps, il note que ce qui fait la différence entre un enfant et un singe est que l’enfant reconnaît son image par " ne mimique illuminative " qui est le début d’un jeu qui va se poursuivre sous de nombreuses formes, soit vis à vis de son propre corps, soit vis à vis des personnes, soit vis à vis des objets.

Lacan propose de faire du stade du miroir, le 1er stade d’identification au sens plein du terme c’est à dire la transformation produite chez le sujet quand il assume une image. L’objet assimile un aspect, une propriété, un attribut de soi ou de l’autre et se transforme partiellement ou totalement sur le modèle de celui-ci.

Lacan insiste sur l’idée que l’identification est un mécanisme fondateur à la constitution de la personnalité, il anticipe à travers l’image dans le miroir ce qu’il pourra être plus tard.

Cette anticipation est plutôt liée à l’image dans le miroir pour Zazzo, l’identification à soi ne vient que plus tard. Pour Lacan, il y a une disposition primitive chez l’enfant de l’intérêt pour le visage humain dès les 1er jours. Le phénomène de reconnaissance, ce sont les signes de jubilation triomphante et le plaisir qui caractérise dès le 6ème mois la rencontre de l’enfant avec son reflet.

Ces conduites jubilatoires s’opposent à l’indifférence manifestée par les animaux. Le stade du miroir est le moment où l’enfant s’identifie de façon primordiale à la gestalt visuelle, la forme visuelle de son propre corps. En percevant l’image de son corps, l’enfant sort du stade précédant, stade de détresse.

Lacan parle de cette image visuelle comme imago dont la fonction serait d’établir une relation de l’organisme à la réalité mais en même temps, cette image est aussi, parce qu’elle est très loin, une sorte d’idéal (projetée dans l’avenir) qui sera la souche des identifications secondaire, c’est une sorte de fiction, de matrice 1ère qui à la fois va être toujours présente à notre esprit mais toujours fictive.

Ce rapport érotique où l’individu humain se fixe à l’image qui l’aliène à lui-même, c’est là l’énergie et c’est là la forme d’où prend origine cette organisation passionnelle qu’il appellera son moi "

Ce stade du miroir est " un drame dont la poussée interne se précipite de l’insuffisance (état de détresse) à l’anticipation du moi ". Cette aliénation est à lui-même.

L’observation clinique par excellence c’est l’observation du nourrisson, elle implique totalement l’observateur : -sur le plan psychique, l’empathie

-sur le plan de la pensée

Le travail clinique c’est de penser cette empathie. Que l’observation soit préventive, formatrice, de la recherche, on y retrouve les deux plans.

Le stade du miroir.

*Henri Wallon et Zazzo.

La fonction du regard et sa complexité :

Il y a une place fondamentale de ce regard pour la mise en place de la conscience de soi.

Pour Wallon et Zazzo, le fait majeur de la conscience de soi se situe dans l’acquisition d’une image visuelle d’une représentation du corps propre. Elle se fait chez l’enfant grâce à l’expérience du miroir. L’image de soi, à pour eux, un lien intime avec cette image dans le miroir, qu’on appelle " l’image spéculaire ".

Ils parlent d’un décalage chez l’enfant entre la découverte de soi et la découverte de l’autre (d’abord l’autre). En reconnaissant l’image de sa mère dans le miroir l’enfant dispose de deux expériences visuelles. Celles qu’il a dans le miroir et celle qu’il obtient en la regardant directement.

Concernant sa propre image, l’image du miroir est la seule donnée visuelle dont dispose l’enfant. Pourtant ce corps il le ressent de l’intérieur, de façon " intéroceptive ". il faut qu’il confronte son reflet à cette image " intéroceptive ". Il y a un paradoxe dans la mesure où il sait intuitivement qu’il est bien là, où est son corps perçu de l’intérieur, et il est là dans le miroir où se reflète ce même être présent sous une apparence visible.

On a l’impression qu’il s’agit d’une distribution de réalité différente, une réalité " réelle " et une réalité " virtuelle ". Pour les confondre, il faut que l’enfant accède à un niveau de penser de l’espace qui ne soit plus seulement vécu sur le plan intuitif, mais qui soit un espace où les images occuperaient leurs lieux propres.

Ce mouvement ce fait par degrés. C’est ce que Wallon montre avec l’exemple de Jean Fabien (son fils) :

D’abord l’image est réduite à une simple apparence sans espace.

Ex :L’enfant peut modifier sur lui-même un objet ou un vêtement dont il regarde l’image dans la glace. Il peut aussi jouer avec l’image dans le miroir.

Quand il utilise cette image comme un jouet il lui accorde alors un certain degré de réalité. Le premier temps consiste à distinguer un reflet et une réalité. Le dernier temps consiste à distinguer la réalité et la virtualité.

Ce premier temps n’est pars automatique (psychoses : problème de l’image de soi) Cette quasi-réalité de l’image est fondamentale. La quasi-totalité de l’image garde une réalité car c’est le support de toutes les identifications successives grâce auxquelles l’identité va se constituer. Cette quasi-réalité de l’image n’est pas perdue même quand l’enfant va se constituer l’idée que l’image de soi est une sorte de symbole pour soi même. Il y a toujours ces trois niveaux (reflet, réalité, virtualité) dans l’enfance sauf si on perd un niveau (psychose).

Ex : Quand le reflet donne un sentiment d’inquiétante étrangeté c’est parce que cette image est porteuse d’un symbole.

*Lacan :

Lacan reprend ce que Wallon a fait sur le phénomène du miroir. Il souligne l’importance de cette prise de conscience de sa propre image comme " stade du miroir ". Ce stade se fait entre 6 et 8 mois.

Lacan reprend les trois étapes de ce stade du miroir :

-1ère étape : L’enfant perçoit d’abord son reflet dans le miroir comme un être réel de chair et d’os qu’il cherche à saisir ou à approcher. Il vit là une sorte de double confusion dans mesure où sa propre image est vécue comme celle d’un autre et inversement celle de l’autre peut être prise pour la sienne.

-2ème étape : L’enfant comprend que son reflet n’est qu’une image et pas un être réel, mais il ne la reconnaît pas pour sienne. On peut penser qu’il a compris l’aspect virtuel, imaginaire de l’espace derrière le miroir qu’il ne cherche pas à attraper ou à toucher.

-3ème étape : C’est le moment où l’enfant comprend que cette image est la sienne, qu’elle le représente. Il s’avère capable d’étendre cette compréhension à d’autres images spéculaires.

On peut faire trois remarques :

- Pour Lacan, il y aune dialectique entre l’être et l’apparence qui permet la conquête de l’identité du sujet. La perception d’une image totale du corps précède le sentiment d’unité de la personne.

Pour Lacan, il y a trois registres du psychisme humain qui interagissent les uns avec les autres : - le réel, l’image est d’abord vécu comme un être réel.

- l’imaginaire, image perçu comme fictive.

- le symbolique, l’image est identifiée comme une représentation de soi-même.

La réalité de l’image précède la réalité symbolique de Lacan.

- Deuxième apport de Lacan, c’est que pour lui le stade du miroir est une mise en scène, un moment caractérisé par cette jubilation que l’enfant éprouve à reconnaître son image. Lacan montre que si les animaux réagissent devant leur image, seul l’infans " rit " devant elle. Ce rire est la marque du fait qu’il s’assume comme une personne réelle et singulière. Il appelle ça jubilation car ça peut comporter sa part de complexité profonde. Lacan ne parle pas de bonheur. Il dépasse la confusion des sentiments.

- Cette jubilation est anticipatrice parce que le stade du miroir est révélateur d’un décalage entre la prématurité fondamentale du nourrisson (infans) et le fait que la vision lui permet d’anticiper sur son devenir. Le nourrisson perçoit à travers le stade du miroir un état futur qui possédera le langage et que le langage pourra désigner. Accéder à une représentation symbolique de soi c’est déjà participer au monde langagier et humain. L’enfant ne parle pas néanmoins, il a déjà assimilé ce qu’est un symbole. C’est par la vision que l’enfant anticipe sur son propre devenir. De ce fait la constitution du sujet est un acte perceptif mais en même temps elle n’est pas immédiate, elle nécessite une médiatisation, celle de l’image du corps propre.

Lacan s’oppose ici au rationalisme cartésien pour qui l’expérience du sujet est immédiate, liée à la pensée. Or, ici, la pensée symbolique n’est pas installée mais se perçoit à travers l’image. Cette " immédiateté " n’existe qu’a à travers la vision. S’il suffisait d’être pour penser, il n’y aurait pas d’écart entre soi et soi, or on peut se ressentir et ne pas se reconnaître dans son propre corps. Il n’y a pas d’immédiateté du " je ", c’est un acte perceptif.

On peut souligner deux extensions du processus de développement du stade du miroir :

-la problématique du double

-la fonction du miroir

Le stade du miroir permet à l’enfant d’anticiper sur ce qu’il sera par la représentation d’une image totale de ce que sera son corps. Jusqu’à cette première perception d’une image totale de son corps, l’enfant ne se sent ni intégrer, ni distinct du monde extérieur. L’image dans le miroir lui apporte une information sur ce qu’il est potentiellement. C’est une information intégratrice, structurante, unifiante à laquelle il n’aurait pas accès sans le miroir.

Ce qui est aussi intéressant c’est que l’image de l’autre peut aussi jouer ce rôle. La problématique du miroir inclut soi-même et l’autre en tant que double de soi-même.

La fonction miroir est en jeu chaque fois que l’autre nous est nécessaire pour avoir accès à quelque chose de nous même qui nous serait inaccessible autrement. La fonction miroir peut être étendu au regard qu’autrui porte sur nous parce que ce regard nous confère aussi une identité, qui nous identifie dans cette dialectique de la connaissance de soi par la reconnaissance d’autrui.

Ce que le nourrisson reconnaît de lui-même, c’est une partie qui est dans sa mère. C’est parce que la mère en regardant son enfant reconnaît une partie d’elle-même que l’enfant reconnaît en elle une partie de lui.

Ex : L’hystérique qui utilise le regard d’autrui comme d’un reflet.

Dans le texte de Winnicott in " jeu et réalité ", " L’observation de l’enfant dans une situation établie ", il réinterprétait le " jeu de la bobine ".

Ce texte date de 1967, sa thèse est : le stade du miroir chez l’enfant a un précurseur qui est le visage de la mère. Comprendre ce qui se passe chez l’enfant avant qu’il dise " moi ". Cette idée repose sur plusieurs hypothèses, la 1ère c’est qu’au début, l’enfant ne distingue pas l’environnement de lui-même. Ce n’est qu’à partir d’un certain parcours " processus de maturation ", différents chez chaque enfant, que la mère pourra devenir une composante objectivement perçue de son environnement, ce n’est pas seulement le processus de différenciation, de séparation, d’individualisation mais u processus qui nous fait aller d’un état de dépendance absolue à l’indépendance relative. Sa vision du développement est toujours dialectique et processus.

2ème hypothèse : définition de cet environnement, qui repose sur la " fonction maternelle " qui tient sur 3 piliers :

Cela exige de la part de la mère une qualité fondamentale qui consiste à présenter l’objet de telle sorte " que son expérience légitime d’omnipotence ne s’en trouve pas violer ". La mère ne peut présenter l’objet qu’au lieu même où l’enfant peut le trouver. Winnicott tourne autour de l’idée freudienne de " l’hallucination ", le bébé se trouve dans un monde subjectif, avant de voir les objets qu’en rêve. Winnicott dit que l’enfant créé le sein et que la mère peut présenter le sein que dans la mesure où il l’a créé, imaginé (il ne peut l’attraper qu’à ce moment).

Le 1er temps est toujours le temps de l’enfant, ce n’est qu’à cette condition que l’enfant peut utiliser l’objet et avoir le sentiment subjectif que c’est lui-même qui l’a créé.

L’expérience est toujours le prélude à une activité de penser. Au début la vie est quelque chose de violent, la vie est une agressivité positive, dynamique. C’est dans un deuxième temps qu’elle peut devenir destructrice.

3ème hypothèse : que regarde le bébé quand il est au sein ? C’est le visage de sa mère. La source de réflexion de Winnicott pour dire cela ce n’est pas l’observation des bébés mais la reconstruction de patient en analyse dans ces moments qui appartiennent au domaine du préverbal, du non verbal ou du non verbalisé, c’est tout ce qui appartient à la relation transfero contre transférentielle (ce qui appartient à la relation analytique elle-même)

Ce que voit le bébé dans le visage de sa mère, c’est lui-même c’est à dire l’illusion entièrement subjective de l’autre et du monde et de lui-même : " La mère regarde le bébé et ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu’elle voit ". La mère peut avoir de très bonnes raisons de ne refléter que son état d’âme ou pire encore la rigidité de ses propres défenses. Beaucoup de bébés sont confrontés à ne pas recevoir en retour ce qu’eux même sont en train de donner. Ils sont donc contraints de trouver des solutions.

Proposition théorique :

" Quand je regarde, on me voit, donc j’existe ; je peux alors me permettre de regarder et de voir, je regarde alors créativement et ce que j’aperçois (aperception) je le perçois également "

C’est à dire, la créativité personnelle est dans un espace qui va de ma réalité subjective à la réalité objective. Finalement la créativité repose sur un allé et retour permanent entre ces 2 réalités.

Lebovici " l’objet est investit avant d’être perçu ". Winnicott prolonge en disant qu’être créatif, c’est être toujours dans ce mouvement.

P 161, lecture de la conclusion de l’article.

L’observation serait une disposition de rendre " réel " les patients observés.

Table des matières

Méthodologie clinique *

Plan du cours : *

Bibliographie : *

Manuels : *

Autres : *

A lire : *

1) L’observation *

Définitions (du Robert) : *

2ème définition du Robert *

1) Observation des bébés comme outil de formation : *

École kleinienne : *

Ester Bick : *

2) L’observation comme prévention. *

3) Observation comme recherche : *

Paramètres de l’observation : *

Comment systématiser une observation pour la transmettre ? *

René Zazzo " Image du corps et conscience de soi " *

Lacan " Le stade du miroir, comme formateur du je " *

Winnicott " Le rôle miroir de la mère et de la famille dans le développement de l’enfant " *

Le stade du miroir. *

*Henri Wallon et Zazzo. *

*Lacan : *

Dans le texte de Winnicott in " jeu et réalité ", " L’observation de l’enfant dans une situation établie ", il réinterprétait le " jeu de la bobine ". *

Proposition théorique : *

Table des matières *