Accueil Faire un don Flattr this Contact __________________________________________________________________ L'image de soi Une activite fondamentale du cerveau humain est la constitution de l'image de soi. C'est elle qui influence le plus notre vie. Qu'est-ce que l'image de soi ? C'est comment on se voit, ce que l'on croit etre, ce que l'on croit qu'on est capable de faire, comment on croit que les autres nous voient, la photo de nous-memes que nous avons en tete, quel role nous croyons jouer... C'est aussi une photo de famille, sur laquelle nous sommes entoures de nos parents, de nos amis... Dit plus platement, c'est le dessin que nous ferions sur une feuille de papier si on nous demandait de nous dessiner nous-memes. C'est ce que nous ecririons si l'on nous demandait de nous decrire nous-memes. Attention : nous n'avons pas toujours conscience de ce que nous croyions etre. La description que nous ferons consciemment est toujours incomplete et partiellement deformee. Ici l'image de soi est presentee comme quelque chose de technique et precis, de presque visible. En realite elle est le plus souvent perc,ue par les humains sous la forme d'un ensemble d'emotions et d'impressions subjectives, qu'ils peuvent vivre ou subir de fac,ons differentes suivant leur caractere et leur culture. Plutot que d'essayer de construire une explication de comment ce phenomene fonctionne, le present texte est une suite d'exemples. Au fil de ces exemples, vous pourrez `a la fois juger de l'importance du mecanisme et apprendre `a le decouvrir dans d'autres situations. Le personnel Des expressions denotent bien l'importance de l'image de soi : "Se voir comme ceci ou comme cela.", "Est-ce que tu te vois marie avec elle ?", "Je me vois mal aller tous les jours remplacer les plombs.". L'image de soi refletant aussi le physique, des personnes qui perdent un bras cherchent parfois `a se suicider. Il y a rupture grave de leur image de soi. La situation est resolue quand on reussit `a integrer ce changement de morphologie dans une nouvelle image de soi, changee, adaptee. Si on n'arrive pas `a integrer le changement, si on le refuse, le nie, alors on peut sombrer dans la folie; une realite parallele. Un deuil est le temps necessaire pour readapter son image de soi lorsqu'elle a perdu quelque chose. Il faut un certain temps `a notre cerveau pour se "recaser", se redefinir. Cette periode doit parfois etre ponctuee de ceremonies. La nouvelle image comportera souvent un "souvenir" de l'ancienne. Les rites initiatiques sont l'inverse du deuil : ils marquent l'ajout de quelque chose `a l'image d'une personne. Parfois, une inadaptation de l'image de soi peut trainer pendant des annees, "sans que le deuil ne soit fait". On peut etre inconscient de ce probleme. C'est en discutant avec un interlocuteur competent que l'on peut mettre `a jour cela et enfin commencer le processus du deuil. Dans certains cas, on peut faire le contraire : reconquerir ce qui manquait. Si par exemple une personne vous manquait inconsciemment mais elle est toujours en vie et vous pouvez prendre l'initiative d'aller la voir, aucun deuil n'est necessaire. De meme, si vous etiez nevrose parce que vous n'avez pas realise une chose, il est peut etre toujours possible de la realiser, ou de realiser quelque chose d'equivalent. Les ouvriers qui sont choques lorsqu'ils apprennent qu'ils vont devoir changer d'emploi (parfois on les voit litteralement trembler) sont des ouvriers pour qui leur outil occupait une place pilier dans leur image d'eux-memes. Le changement d'outil est un rupture importante de l'image. Ils s'identifiaient `a l'outil, l'outil faisait partie d'eux-memes. Au contraire un ouvrier qui s'identifie comme etant un ouvrier, aura beaucoup moins de problemes. Qu'il soit un ouvrier qui fait ceci ou un ouvrier qui fait cela, ce sera d'importance secondaire. Si quelqu'un vous dit "Je suis compagnon du tour de France", vous pouvez etre sur que changer d'outil ne lui pose pas de probleme. Si un SDF refuse d'aller voir un medecin, c'est parce que dans son image de lui-meme il ne le vaut pas. La societe a grave en lui le fait qu'il ne vaut rien, ne merite rien. Il agira en fonction de cette image, jusqu'`a ce que mort s'ensuive. Toucher quelqu'un est un levier tres puissant pour modifier l'image qu'il a de lui-meme. Les recepteurs de la peau sont connectes directement `a des parties fondamentales du cerveau. C'est pour cela qu'un viol peut etre aussi destructeur. C'est egalement pour cela que des psychotherapeutes qui touchent leurs patients peuvent obtenir des resultats tres important dans la reconstruction de leur image. Les personnes qui tiennent `a un objet, un animal, le font generalement parce qu'ils integrent cet objet ou cet animal `a l'image d'eux-memes. Rares sont les personnes qui aiment reellement un animal, qui le considerent comme une image separee, differente, avec laquelle ils communiquent. Un des tests principaux pour les astronautes est "Dites de vingt fac,on differentes qui vous etes.". Ce test est destine `a eviter que ne se reproduise une histoire comme celle qui suit. Tout au debut de l'histoire de l'astronautique, un professeur d'universite americain a organise un vol en ballon stratospherique. Un de ses assistants etait le passager du ballon. Il y avait un poste de radio `a bord, et de nombreuses experiences `a realiser. Le ballon a decolle. Quand il a atteint les hautes altitudes, le contact radio a ete rompu. Les personnes au sol ont ete tres inquietes. Quand le delais au bout duquel les experiences auraient du etre terminees fut ecoule, le ballon n'est pas redescendu. Tout le monde etait convaincu qu'un accident grave etait arrive. Au bout de plusieurs jours le ballon est tout de meme redescendu. L'assistant etait vivant. Il a explique ceci : "Lorsque je suis arrive `a haute altitude, j'ai vu le vide, le noir de l'espace. La terre, ronde avec les nuages, etait tout en dessous de moi. Je n'ai plus pu bouger. Je vous entendais m'appeler `a la radio, mais je ne pouvais reagir. Ce n'est qu'au bout de plusieurs jours que j'ai reussi `a bouger pour actionner le mecanisme de descente du ballon." Les sectes nous offrent une image de nous-memes plus simple, plus facile `a apprehender. L'image que nous pouvons construire de nous-memes est fortement influencee par notre culture ; tant par notre type de culture que par notre niveau culturel. Nous ne pouvons pas avoir une image de nous-memes nous montrant des choses que nous ne connaissons pas. En d'autres termes : pour pouvoir voir qu'on est quelque chose, il faut savoir que cette chose existe. La culture nous pousse autant `a remarquer que nous sommes quelque chose qu'`a nous faire fournir les efforts necessaires pour devenir de nouvelles choses. Les valeurs du milieu culturel dans lequel nous vivons auront une tres grande importance pour l'image de nous-memes que nous construirons. Nous jugerons et choisirons cette image en fonction de ces valeurs. C'est pour cela que certains parents choisissent les frequentations de leurs enfants avec tant de soins. Les insultes sont blessantes parce qu'elles attaquent ce que nous avons de plus precieux : l'image de nous-memes. Dans certain pays, les insultes meritent la mort. L'etude de l'impact des diverses insultes est riche d'enseignement. Par exemple le fait que les insultes attaquant la mere soient les plus mal prises indique que pour l'insulte sa mere occupe une place importante dans l'image qu'il a de lui-meme; "je suis le fils de ma mere". Les chaines, ce sont les choses auxquelles on est lie pour conserver une image se soi Le remords vient de la volonte de reconstruire une image de soi acceptable. On est pret `a passer plusieurs annees en prison pourvu que l'on puisse retrouver une bonne estime de soi. Certains payent tres cher pour "aller au bout eux-memes". C'est `a dire peaufiner l'image qu'ils ont eux-memes, la developper et la structurer. Affronter la realite ! Trekking, saut en parachute... tout est bon. Quand cette demarche touche `a des domaines importants comme la famille ou le travail, on peut alors utiliser l'expression consacree "se realiser". On peut "se realiser" en devenant maman, par exemple. On devient quelque chose de precis, quelque chose de tres important. Les publicitaires nous vendent une image de nous-memes. "Si vous achetez cette voiture, vous etes intelligent." "Si vous nous versez 1000 FB, vous etes gentil." Nous sommes prets `a depenser des fortunes. Celui qui n'a pas besoin de cela pour avoir une image de soi fera de grosses economies. Les gens ont parfois tendance `a n'acheter que des choses cheres. La raison en est que ces choses sont destinees `a rehausser leur image d'eux-memes. Des lors ils preferent ajouter `a leur image quelque chose qui a de la valeur. Ils veulent aussi, plus generalement, se construire une image qui reflete le fait qu'ils meritent des choses cheres. Ceux qui ne tombent pas dans ce systeme ont atteint un haut niveau de sagesse. Certain publicitaires nous vendent des produits en utilisant des images diametralement opposees aux effets de leurs produits. Regardez le physique sain et sportif des mannequins sur les pubs de cigarettes et de boissons sucrees. Puis regardez quels sont les effets de ces produits sur leurs consommateurs : peau detruite, mobilite amoindrie voire tres amoindrie, obesite, fatigue mentale recurrente... pour ne citer que les sequelles visibles. La violence des grandes villes est d'abord un affrontement d'images de soi. La violence physique n'est qu'un moyen de vehiculer les lutes d'images. Un nain qui a une bonne image de lui-meme triomphera d'un colosse mal dans sa peau. Les pratiquants d'arts martiaux le savent bien : s'ils apprennent `a se battre, c'est surtout pour etre plus surs d'eux-memes, savoir s'affirmer, et ainsi savoir eviter le combat. Certaines ecoles n'enseignent quasiment plus de gestes de combat, hormis quelques reflexes de base, et mettent l'accent sur l'affirmation de la personnalite. Il en va de meme pour les tags. Ils sont vecus comme une violence par les autorites de la ville et les proprietaires des biens degrades. Mais de la part des tagueurs ils s'agit davantage d'une tentative naive de s'affirmer, d'integrer l'image de la ville `a eux-memes et d'imposer leur image `a la ville. Une fac,on tres efficace de permettre `a quelqu'un de prendre conscience du fait qu'il existe est de le toucher. C'est en caressant adroitement, en faisant vibrer chaque partie du corps de votre amant, en attestant de son existence, en montrant la gourmandise qu'il vous inspire, que vous permettrez `a son subconscient de construire une solide image de soi charnelle. Il en resultera une grande plenitude. La meditation permet d'harmoniser, simplifier, rationaliser et generaliser son image de soi. (Un terme decrivant ce processus est "relaxation", dans le sens que lui donnent les mathematiciens, physiciens et certains informaticiens.) Le rire est signe du fait que l'on construit l'image de soi. Un enfant qui rit est un enfant qui est en train d'integrer son environnement `a l'image de lui-meme. Un nourrisson rit quand sa mere le cajole parce qu'en le touchant elle construit sa relation avec lui, elle s'integre `a l'image qu'il a de lui-meme. Le rire peut aussi servir de signal de "trop-plein". Si sa mere le cajole trop fort et trop longtemps, le rire deviendra force, plaintif, signalera que la mere en fait trop, qu'elle sature les circuits. Une blague nous fait rire quand elle touche un point paradoxal, litigieux ou dissimule de notre image de nous-memes et du monde. La blague nous amene `a travailler sur ce point paradoxal et peut-etre nous amene `a la resoudre ou `a mieux le classer. Le fait de pleurer est le signe d'un "effondrement" de l'image de soi. Quelque chose a disparu de notre image de nous-memes. Les images de lui-meme et du monde qu'un individu se fait dans sa tete correspondent `a plusieurs plans differents : plusieurs "photos" differentes. Ces "plans" ont la particularite d'etre partiellement superposables et interchangeables. Quelque chose qui est present dans un plan peut entrainer l'apparition de quelque chose de correspondant dans un autre plan. Prenons par exemple le cas d'une vieille dame qui vint en consultation chez son medecin parce qu'elle avait le bras droit paralyse. Grace `a quelques tests le medecin determina que le probleme ne venait pas d'une probleme physique. Le systeme nerveux n'avait subit aucun dommage. Le probleme venait du fait que cette dame avait perdu son mari quelques mois auparavant. Il comptait beaucoup pour elle. Il occupait une place importante dans l'image que la vieille dame avait des personnes qui l'entourent, sa "photo de famille". Mais elle a aussi une photo "d'elle-meme", d'elle entouree de parties de son corps : ses bras, ses mains, ses jambes, ses seins, son ventre sa bouche... La disparition de son mari de la premiere "photo" s'est repercutee sur la deuxieme "photo" par une disparition de l'image de son bras droit. Elle n'avait plus de bras droit. Donc elle ne pouvait plus le sentir ni le faire bouger. Son medecin l'a orientee vers un psychiatre. (Vous connaissez certainement l'expression "Les bras m'en tombent". Elle signifie que l'on ne se sent tout d'un coup plus capable d'intervenir, meme s'il ne s'agit pas d'une intervention manuelle.) Un de mes amis est un vieux monsieur depressif. Il juge qu'il a rate sa vie. Il se fait beaucoup de reproches, il n'a plus d'espoir. Mais il ne parle presque jamais de lui-meme ; il parle du Monde. Il projette son image de lui-meme sur le Monde entier. Il dit que tout va de plus en plus mal. Il monte en epingle tous les faits divers tristes. Quand L'ONU ou une autre organisation prend une initiative, il dit d'une voix cassante que cela ne sert `a rien, que c'est voue `a l'echec. Ses rares moments d'enthousiasme sont quand il prone une politique fasciste. Il dit alors qu'il faut discipliner les gens, qu'il faut etre tres severe. C'est la politique qu'il aurait voulu appliquer `a lui-meme. Il croit inconsciemment que s'il avait su faire cela il serait arrive `a des resultats. Nous condamnons ou rejetons des personnes `a qui nous attribuons des defauts ou des fautes que subconsciemment nous nous reprochons `a nous-memes. A l'inverse, nous essayerons d'attirer `a nous des personnes auxquelles nous attribuons des qualites qui en realites nous sont propres. Tout est une question de telescopage entre l'image de nous-memes et les images que nous avons des autres. En thermodynamique, l'energie que contient un systeme depend de la quantite d'information qu'il contient. Si les molecules sont ordonnees, on pourra en retirer de l'energie. Si par contre elles sont dans le desordre, on ne pourra en retirer aucune energie. On peut prendre cela comme image pour l'effet de l'image de soi sur une personne. Si une personne a une image de soi simple et precise, ordonnee, elle aura beaucoup d'energie pour realiser ce que cette image de d'elle-meme lui dicte. Si par contre son image de soi est un melange touffu d'informations contradictoires, elle se sentira vide et sans energie pour faire quoi que ce soit. Ce qui rend un masochiste heureux quand il rec,oit des coups est peut-etre le fait que ces coups "renseignent" son subconscient sur l'existence des differentes parties de son corps. Cela lui permet "de prendre conscience de son corps", donc de s'en faire une image. (D'apres certains auteurs, une seance reussie implique des sevices sur presque toutes les parties du corps.) Dans ce cadre ci la douleur et le plaisir auraient donc la meme fonction : permettre de sentir que l'on existe. L'image de soi est plus importante que tout. Lors des evenements de mai 68, qui remettaient en cause la structure de la societe, les sociologues se sont amuses `a constater que les "bourgeois" avaient beaucoup moins peur de perdre de l'argent que de perdre leur position. S'ils etaient "directeur de ceci" ou "membre de cela", certains d'entre eux etaient prets `a tout pour garder ce titre ou cette situation. Le succes des entreprises americaines tient en partie au fait qu'en leur sein la position et le role de chacun sont mieux definis et plus fonctionnels. Leur sens de l'organisation a des repercussions directes sur l'identite de chaque membre de l'entreprise, lui donne de l'energie. A l'inverse, les systemes qui definissent strictement le role de chacun sans tenir compte des pulsions et des aptitudes reelles des personnes, voient les personnes s'etioler, s'effondrer comme des pantins. "Qui sommes-nous, d'ou venons-nous, ou allons-nous ?" Ce sont l`a les preoccupations de sciences comme l'ethnologie, l'histoire, la philosophie... Elles sont vehiculees par les arts, la litterature... Toutes ces disciplines sont donc d'une importance fondamentale. Image de soi... tout est image. La culture vehicule un grand nombre d'images. Qu'un heros de roman ou de bande dessinee soit un pirate, un detective, un pilote d'avion... il est une image, une representation qui vehicule certains concepts, certaines pulsions, certaines emotions. Les acteurs les plus apprecies du publics ne sont pas toujours ceux qui jouent le mieux ; ce sont ceux qui permettent `a chaque personne du public de s'identifier au personnage qu'ils jouent. Ce sont par exemple des acteurs dont le visage a des traits peu marques, ou dont le jeu est sobre. Les vantards sont generalement des personnes qui ne savent pas faire grand-chose. Ceci ne veut pas dire que quelqu'un d'efficace est necessairement quelqu'un d'efface. Une enquete a revele que les cadres d'entreprise qui se disaient creatifs l'etaient reellement. Il y a un juste milieu. Celui qui se vante trop et celui qui se deprecie ont ceci en commun qu'ils ont un probleme avec leur image d'eux-memes. Quand on avale une substance indesirable, si le corps s'en rend compte il declenche immediatement le mecanisme du vomissement. Il se passe la meme chose si nous voyons quelque chose d'atroce, que nous voulons rejeter `a tout pris. Quelqu'un qui voit un cadavre mutile, par exemple, s'il n'a pas l'habitude, vomira quelques minutes plus tard. Toute Personne a inconsciemment l'impression d'avoir une protection autour d'elle. Cela fait partie de son image de soi. Un peu comme les "boucliers d'energie" dans certains romans de science fiction. C'est cette "protection" qui nous donne de l'assurance dans la vie, qui fait que nous allons gaiement de l'avant. Certaines choses ameliorent l'image que nous avons de ce "bouclier". Par exemple la pratique d'un art martial ou le fait d'avoir une famille unie. Ou un simple gri-gri. D'autres choses au contraire deteriorent cette image. Comme le fait d'avoir ete passe `a tabac ou d'avoir ete l'objet d'injures. Dans la Rome Antique, il etait interdit de frapper un Citoyen de Rome. Son "bouclier" etait respecte, meme dans un interrogatoire de police. Par contre il etait presque recommande de frapper les esclaves. Il y avait des circonstances ou on les frappait "`a tout hasard". Cela faisait partie de la negation de leur statut d'etre humain, pour les conforter dans le statut d'objet, sans bouclier. Quand deux personnes s'aiment, elles ouvrent leurs boucliers l'une envers l'autre, pour pouvoir fusionner. Cela demande du temps et suit une certaine procedure. Un enfant sera motive par ce qui le valorise, ce qui lui donne une bonne image de lui-meme, de l'estime de lui-meme. S'il obtient de bons resultats dans une matiere `a l'ecole et qu'il est felicite et estime pour cela, il sera motive et travaillera volontiers cette matiere. Par contre s'il obtient de mauvais resultats et est critique voire injurie, il se desinteressera completement de cette matiere, eprouvera toujours un profond ennui `a la travailler. Je connais deux cas de personnes qui etaient tres bonnes en mathematiques et qui un jour ont ete deconsiderees `a tort par leur professeur. Dans un cas le professeur a refuse d'entendre les reponses proposees par l'eleve parce qu'il savait qu'il etait tres fort et voulait entendre les autres eleves. Dans l'autre cas l'eleve voulait faire un sans-fautes aux interrogations pour avoir un 100% sur son bulletin, mais le professeur l'a compris et lui a enleve un point une fois sur deux `a chaque interrogation ou devoir, pour qu'il tombe `a 95%. Dans les deux cas la moyenne des deux eleves a chute dramatiquement. (D'autres motivations pour les enfants sont le jeu, l'envie de faire plaisir, la comprehension de l'utilite de la matiere, la routine, le mimetisme...) Les mythes fondateurs sont souvent anthropomorphistes. Ils racontent que les etres qui ont cree le Monde ressemblent `a des personnes ou `a des animaux. Cela permet `a celui qui entend ces mythes de ce faire une image du Monde qui ressemble `a une image de photo de famille. Ainsi il se sent au sein de ce Monde en partie comme au sein de sa famille. Il integre le Monde `a son image de soi. L'image de soi peut varier au fil de la journee ou suivant l'endroit ou l'on se trouve. Car des faits, des decors et des souvenirs differents se presentent `a notre esprit. La chimie interne de notre cerveau varie aussi au fil du temps et nous pousse `a des etats d'esprit et `a des souvenirs differents. Le cerveau est un ensemble tres complexe, capable de synthetiser des images de soi tres differentes. Si on a l'impression que l'image de soi est coherente et qu'elle est en accord avec le monde qui nous entoure, on en eprouvera du bien-etre. Pour acquerir le bien-etre, faut-il changer son image de soi ou faut-il changer le Monde ? Faut-il avoir l'image de soi la plus diverse possible, pour avoir de nombreuses sources differentes de bien-etre ? Ou faut-il chercher `a avoir l'image de soi la plus simple possible, afin qu'il soit facile de la rendre coherente au Monde ? Chaque personne, chaque systeme culturel y repond `a sa fac,on. Le bonheur nait de la realisation de ce qui etait dej`a dans l'image de soi. Une jeune fille ressent un immense bonheur de trouver un jeune homme qui lui permet de realiser cette image de couple qu'elle avait en elle depuis toujours. Le rire nait de petits tiraillements de l'image de soi : de la decouverte de petits paradoxes, de raccourcis, de petites choses cachees... que ce soit une blague qui surprend ou une plume qui chatouille. La peur nait de choses qui peuvent modifier l'image de soi. La terreur nait de choses non repertoriees dans l'image de soi. La nausee nait de modifications de l'image de soi jugees mauvaises. Les cellules de l'organisme humain contiennent en permanence des molecules qui causent la nausee quand elles sont liberees dans l'organisme. Si des cellules sont detruites de fac,on anormale, brutale, par quelque bacterie, virus ou poison que ce soit, les molecules de nausees se deversent des cellules detruite et rendent la personne malade. Ainsi la personne est obligee de se mettre `a l'abri et de s'interroger sur la cause de la nausee, de se poser des questions sur ce qui a attaque et menace de modifier son corps, sur ce qu'elle doit essayer d'eliminer et d'eviter `a l'avenir. Un evenement externe, que la personne rejette de son image, peut aussi causer la nausee. Comme par exemple la vue d'un cadavre ou une odeur de vomi. L'Astrologie, qui pretend deduire la personnalite d'une personne `a partir de la position des astres, est consideree par les scientifiques comme une grosse farce. On a essaye de verifier si l'Astrologie etait fondee, par exemple en comparant la date de naissance et le metier d'un grand nombre de personnes. Si les astrologues disaient vrai, alors les personnes nees `a telle ou telle date devraient plutot exercer tel ou tel type de metier. Le resultat est qu'il n'y a aucun rapport. Les astrologues disent des betises. En fait on a tout de meme trouve un rapport, mais uniquement chez les personnes qui croient fermement dans l'Astrologie. Forcement : elles arrangent leur vie en fonction de ce que leur dit l'Astrologie. L'Astrologie peut donc influencer les gens. Mais les astres, eux, n'ont aucune influence sur les gens. Pourtant je trouve que la lecture d'un livre d'Astrologie est interessante. Parce que c'est un catalogue d'un grand nombre de caracteres humains. On peut y apprendre des choses sur ce qu'on peut etre ou ce que les autres peuvent etre. Cela permet d'etoffer son image de soi et des autres. L'image de soi est ce qui entoure l'individu. C'est le paysage autour et `a l'interieur de lui. C'est aussi les images de soi passees et futures. La culpabilite est le souvenir d'avoir fait de mauvaises choses. Ces choses sont du passe mais elles font toujours partie de l'image de soi. L'inverse est la fierte : le souvenir d'avoir fait de bonnes choses. Ces souvenirs de honte ou de fierte peuvent meme se transmettre de generation en generation. Certains nobles culpabilisent encore aujourd'hui du fait qu'il y a huit siecles l'un de leurs ancetres a fui lors d'une bataille. L'espoir provient des images de soi que l'on imagine dans le futur. La peur provient des images de soi que l'on arrive pas `a imaginer. On a peur de ce qu'on ne comprend pas. On a aussi peur que de ce qui ne nous comprend pas. Dans les deux cas il y a un danger potentiel. Nous cherchons donc `a avoir une image de ce que nous rencontrons. De meme nous preferons que les personnes que nous rencontrons aient une image de nous : de nos besoins, de nos preoccupations... Nous ne sommes en securite que si elles developpent en elles une image de ce que nous sommes. Ici le mot "comprendre" prend son deuxieme sens : contenir. Une personne qui nous comprend contient en elle une image de nous-memes. Bien sur si cette personne est malintentionnee il faut eviter qu'elle nous comprenne : il faut eviter qu'elle ait des renseignements sur nous qu'elle pourrait utiliser pour nous nuire. A moins que nous ne soyons bien arme. Auquel cas la personne malintentionnee comprendra en nous comprenant qu'il vaut mieux nous laisser en paix. C'est le sens de la version occidentale des arts martiaux orientaux. En toute generalite, une personne qui nous comprend reellement est rarement un ennemi. Pour bien soigner un patient, un medecin doit avoir en lui une image la plus complete possible du probleme du patient. C'est ainsi qu'il peut appliquer ou inventer une therapie adequate, trouver les bons remedes... Souvent le simple fait que le medecin ait construit en lui cette image du probleme du patient, suffit pour que le patient se sente mieux ou meme aille reellement mieux. C'est pour ces raisons que les vrais medecins prennent le temps de parler avec leurs patients. Ils ecoutent et retiennent aussi des choses qui n'ont pas de rapports directs avec le probleme de sante. Beaucoup ne comprennent pas que l'on puisse s'interesser `a des oeuvres artistiques qui parlent de violence et de demons. Comment peut-on ecouter un chanteur qui hurle que des marees de demons sanglants vont dechiqueter l'humanite ? Pire : il dit que ces demons y prennent du plaisir et qu'il faudrait faire comme eux. Ne vaut-il pas mieux parler d'amour ? Les petites fleurs ne sont-elles pas de meilleures sources d'inspiration ? La reponse est que dans notre image de nous-memes il y a toutes ces choses en meme temps : les monstruosites autant que les douceurs, les notres comme celles des autres. L'Art de l'horreur est tout aussi necessaire que l'Art de la douceur. l'Horreur apporte beaucoup de choses `a ses auditeurs. Tout d'abord une consolation, un reconfort. L'horreur, nous la vivons au quotidien. Meme quand il n'y a ni coups ni sang il peut y avoir beaucoup de violence dans nos relations avec les autres, avec nous-memes et avec nos souvenirs. En evoquant ces symboles de l'immonde l'artiste reconnait l'existence de nos problemes. Ils nous permet de les faire bouger, de les penser avec plus de communication. Il apaise nos tensions et nous rends plus sereins. Ensuite, l'artiste nous permet de sentir les pulsions de destruction qu'il y a en nous. Ces pulsions ne sont pas mauvaises en elles-memes. Dans la vie il faut savoir detruire, parfois. Ces pulsions sont dangereuses. Il faut donc apprendre `a les connaitre. Il faut les vivre de fac,on virtuelle grace `a l'artiste. Ainsi le jour ou nous serons face `a une situation reelle nous serons en terrain connu, nous aurons la possibilite de moins nous laisser dominer par nos pulsions. Nous serons une personne plus saine, qui ne cede `a ses pulsions qu'avec mesure, apres un debat interieur entre toutes les pulsions. Cela nous rends efficaces et constructifs. En realite les pulsions de douceur peuvent etre dangereuses aussi. Une mere qui couve trop ses enfants ou un homme qui court trop les femmes peuvent causer des desastres. L'important est de maintenir un equilibre entre les symboles. Il faut apprendre et developper de concert toutes les pulsions et les sentiments. Dans notre societe certains ne voudraient plus avoir que des symboles de douceur : un Dieu bon et sage, des personnages de dessin anime sympathiques... Les mechants sont presentes comme attendrissants ou pas reellement dangereux. C'est une propagande qui cause des malheurs effroyables. Si on ne parle que de douceur, on la banalise et on refute l'existence de l'horreur. Donc les deux notions deviennent floues. Cela vide les individus de leur substance, les rend manipulables et dangereux. C'est une des causes des guerres interminables que nous connaissons. Un chanteur punk qui prone l'ultra-violence et le meurtre generalise est un contrepoison `a cette propagande. Il contribue `a retablir la sanite. Le Gouvernement Belge aurait-il retire ses paras du Rwanda s'il avait eu une bonne culture de l'Horreur humaine ? Quelques tableaux de violence sanglante accroches dans les couloirs du Parlement Belge auraient peut-etre evite le Genocide de 800.000 Rwandais. L'image que nous nous faisons d'une chose peut grandement influencer la fac,on dont nous allons vivre cette chose. Si nous sommes convaincu (si on nous a convaincu) que nous allons sentir un malaise si une personne nous touche, nous risquons effectivement de ressentir ce malaise si elle le fait. Mais si nous sommes convaincu que cela va nous faire du bien, si la meme personne nous touche nous pouvons en ressentir beaucoup de bien-etre. Il y a l`a tout un jeu de persuasion ou d'endoctrinement. Certaines personnes ont ete persuadees pendant toute leur enfance qu'etre touche par une autre personne est mal. Cela entraine des consequences graves. Entre amants il y a tout un jeu pour persuader l'autre de ce qu'on veut lui faire ressentir avant de faire de faire le geste qui va effectivement causer cette sensation. Une meme attitude ou un meme geste peut aussi bien servir `a punir une personne qu'`a lui faire du bien. Tout depend du contexte. La communication prend l`a une grande importance. Une personne peut mal prendre un geste alors que ce geste etait destine `a faire du bien. Il vaut donc mieux s'expliquer avant de faire le geste, au plus tard apres pour s'excuser. Un geste peut ne pas faire le bien que l'on voulait. On peut se tromper de bien et cela aussi peut creer des quiproquos. Un lecteur me demande quelle est la difference entre l'image de soi et l'estime de soi. A la base, l'image de soi est absolue. Par exemple si on a un jour vole un pain, ce fait est inscrit dans l'image de soi. Il n'y a pas `a discuter : un vol a eu lieu. Mais cela peut avoir des interpretations tres differentes dans l'estime de soi. On peut penser qu'on est quelqu'un de bien, parce qu'on a vole ce pain pour donner `a manger `a une personne qui avait faim ; on a une bonne estime de soi. Au contraire, on peut penser qu'on n'aurait jamais du commettre ce vol, ce delit inexcusable. Alors on a mauvaise estime de soi, on se sent dans la peau d'un meprisable voleur. L'estime de soi depend de l'interpretation que l'on fait des choses. Elle depend donc de notre education, de notre systeme culturel, de notre intelligence... Elle peut changer au fil du temps : on peut etre fier d'avoir fait une chose et un peu plus tard en ressentir de la honte. L'estime de soi est subjective. Un gangster peut avoir une haute estime de lui-meme parce que des courtisans lui font sans cesse des compliments. Un honnete travailleur peut avoir l'impression qu'il ne vaut rien parce que son patron a decide de le persecuter. L'estime de soi se construit `a partir de l'image de soi. Mais deux personnes qui ont des images de soi semblables, peuvent avoir l'une une haute estime de soi, l'autre une mauvaise estime de soi... La notion de choix est importante dans l'image de soi. Dans la vie, il arrive des moment ou on peut faire des choix. Par exemple le choix de faire un certaine type d'etudes, ou d'emigrer, ou d'epouser une personne... Faire un choix, c'est accepter de mourir en partie. Avant de faire le choix, on avait plusieurs voies possibles ; plusieurs images de soi potentielles. Apres le choix, il ne reste plus qu'une seule image de soi. Si la choix a ete fait par une personne consciente et mature, il sera assume. Elle pourra accepter sans souffrir les consequences penibles de son choix. Elle fera fructifier ses bons cotes. Tout lui semblera `a sa place. Helas parfois des choix sont faits par des personnes qui ne sont pas encore capables de les comprendre. Ou bien la personne ne fait aucun choix, on le fait pour elle. Dans ces cas-l`a, la suite est souvent desastreuse. On voit bien chez ces personnes qu'elles n'etaient pas pretes pour faire ce choix. Elles continuent `a explorer les autres voies, `a en parler avec regret... elles ne gerent pas correctement la voie pretendue choisie. Pour faire de vrais choix, il faut savoir les choses. Il faut avoir de la culture, de la maturite. (Certaines personnes prennent cela comme pretexte pour faire de choses discutables. J'ai par exemple vu le cas d'un homme qui explique `a sa femme qu'il n'est pas pret pour la vie conjugale, qu'il doit encore faire des experiences avec d'autres femmes... Il ne sera jamais pret pour la vie conjugale. C'est un egoiste, qui ne fait que s'amuser avec les autres femmes et n'apprend rien.) Un ami et moi-meme ne prenons jamais de photos des paysages ou des personnes que nous rencontrons. Ce qui nous interesse, c'est de faire entrer ces paysages et ces personnes en nous. Nous voulons nous construire des emotions qu'ils representent. Si nous prenons une photo, que nous mettons ensuite dans un album ou dans un cadre au mur, l'emotion reste en l'air, elle est perdue. Quand nous sommes face au paysage ou `a la personne, nous savons que c'est le moment ou nous devons tout prendre, nous interesser pleinement. Cela ne veut pas dire que nous sommes contre la photo. Nous adorons les peintures ou les photos faites par de petits ou de grands artistes, si ces oeuvres contiennent des emotions. Il nous arrive aussi de garder un petit objet qui est lie `a un evenement ou `a une personne. Cet objet n'est pas la chose, il n'en est pas non plus une image. Il est un lien vers cette chose et nous seuls le savons. Parfois, nous passons nos petits objets en revue pour revivre nos emotions. Le courage est le fait d'accepter un changement ou un risque de changement de l'image de soi. L'inconscience est le fait de ne pas se rendre compte que ce changement va avoir lieu ou qu'il pourrait avoir lieu. Dans les tribus primitives on croit que toutes choses dans le Monde ont ete crees par des etres surnaturels. Ils ont des mythes pour expliquer chaque detail de ce qui les entoure. Par exemple tel amas rocheux est le resultat de l'affrontement entre tel et tel etre surnaturels. Ils sont morts d'epuisement au combat, se sont effondres et leurs corps se sont transformes en rochers. Pour expliquer que les serpents existent, un mythe peut par exemple raconter qu'en mourant tel etre surnaturel a pondu des oeufs qui ont explose et ont libere les serpents qu'ils contenaient. Les membres d'une tribu peuvent se rendre l`a ou cela a eu lieu et celebrer des rites pour obtenir qu'il y ait plus de serpents (ils sont tres bons `a manger). Ces lieux sont donc tres importants pour ces tribus. En gros, les etres surnaturels ont libere des "essences" dans le Monde. Par exemple l'essence de l'arbre. Cette essence est contenue dans les graines. La preuve : il suffit de planter une graine pour qu'un arbre naisse. Pour influencer les essences, il peut parfois suffire de les invoquer. Repeter sans arret le mot "serpent" est sense accroitre le nombre de serpents. Inversement, un drame en Afrique est que beaucoup de personnes encore croient qu'en prononc,ant le mot "SIDA", le SIDA va venir. Donc ils interdisent de parler du sida, de faire de la prevention. Ce mode de raisonnement est sans doute encore present dans les societes modernes, de fac,on inconsciente. Une photo de star contient l'essence des emotions que cette star vehicule. A plus forte raison les objets qu'elle a touches dans sa vie. C'est peut-etre la raison pour laquelle les objets personnels des stars s'achetent aussi cher. Si vous possedez un collier de perles ayant appartenu `a Marylin Monroe, vous possedez l'essence de la seduction amoureuse... Marylin Monroe et un etre surnaturel du passe, dont il ne reste que des graines. Cela explique peut-etre aussi les prix eleves des objets d'art africain authentiques. (Au grand dam des ethnologues, qui ont besoin de ces objets authentiques pour analyser leurs symboles et tenter de comprendre les tribus. Les objets faux contiennent aussi des symboles mais melanges n'importe comment, sans plus aucune signification.) Lorsque de jeunes enfants passent `a la television, le presentateur leur parle de leur famille et leur pose des questions sur elle. Il fait cela parce que c'est le centre d'interet principal des enfants et de familles qui regardent l'emission mais aussi pour recomposer l'image de soi de l'enfant et donc le rassurer. Il le met `a l'aise pour qu'ils puisse par exemple chanter ou presenter quelque chose. Sur le plateau, sous les projecteurs et devant les gradins remplis de spectateurs, l'enfant perd ses reperes. Le presentateur va donc le faire parler de sa famille, lui montrer ou se trouve sa famille dans la salle, pour reconstituer son image de soi. Le social Celui qui impose leur image d'eux-memes aux autres est celui qui a le pouvoir. Un encouragement, un compliment, sont des rehaussements de l'image de soi. Vouloir imposer par la force une image de lui-meme `a quelqu'un est un crime. Aider quelqu'un, de fac,on objective et constructive, `a construire une image de lui-meme, est certainement une des plus belles choses qui soit. Il ne suffit pas de donner des qualificatifs "tu es intelligent", "tu es beau"; il faut donner des elements precis, argumenter, apprendre des choses `a l'autre... c'est une activite tres riche. Faire des compliments `a autrui est un acte tres grave, tres importante. Il ne doit pas etre entrepris `a la legere : nous pretendons influencer l'image que l'autre a de lui-meme. C'est un art delicat impliquant une prise de responsabilite non negligeable. Un tres beau cadeau est d'apprendre `a connaitre une personne et developper en nous une image d'elle. Ainsi, en venant nous trouver, elle pourra retrouver cette image d'elle-meme qu'elle aura peut-etre perdue. Nous l'assurons egalement ainsi de survivre `a la mort, `a l'interieur de nous. Ce developpement d'une image d'autrui en nous peut aller tres loin, surtout si nous associons l'image de l'autre `a notre image. Combien de personnes ayant perdu un etre cher ne se mettent pas `a adopter son comportement, au moins pour un temps. Nous sommes l'autre, nous voyons au travers de ses yeux. Notre image est son image. Faites attention `a ce que implique ce que vous dites. Si par exemple vous terminez une lettre par "En vous presentant mes salutations distinguees et en vous remerciant pour votre reponse", en premiere lecture on peut en deduire que vous etes tres poli. En deuxieme lecture on peut aussi deduire que vous partez du principe que votre correspondant doit repondre. D'apres vous il est donc (en caricaturant) une machine `a repondre devouee `a votre service, ce qui est quelque part un peu insultant. Bon nombre de conflits sont nes de la sorte sans meme qu'aucune des deux parties ne comprenne pourquoi. Les couples, notamment, sont specialises dans l'echange de petites phrases anodines mais lourdes d'implications. Nous pouvons etre tres enervants pour des personnes chez qui nous allons chercher une image de nous-memes. Il appartient `a ces personnes de refuser poliment, eventuellement, mais surtout pas de nous demolir. Nous pouvons etre mortellement haineux envers les personnes qui nous auront renvoye une mauvaise image de nous. La meilleure fac,on d'obtenir une chose est de la demander. Ainsi on offre une image de lui-meme valorisante `a celui qui donne. Les amis sont tres importants dans la constitution de l'image de soi. Ils vous aideront `a la completer, la peaufiner. Un veritable ami ne vous demolira jamais mais cherchera `a vous permettre d'obtenir la meilleure image possible. Un faux ami vous renverra de vous-meme une image trop flatteuse ou fausse. Un ennemi cherchera `a detruire en vous votre image de vous-meme, la deformer dans le mauvais sens. La seduction est le fait de donner envie `a quelqu'un d'ajouter une image `a son image de soi. C'est un art. Par exemple, au moment ou on propose une image `a quelqu'un pour qu'il l'adopte, il risque de comparer cette image avec sa propre image. Si cela lui donne l'impression que son image `a lui est moins bien, il peut en souffrir et des lors rejeter, nier, l'image qu'on lui propose. La seduction est un levier infiniment puissant. Dans les ecoles, par exemple, si les professeurs etaient tenus de faire en sorte que la matiere seduise les eleves, qu'ils aient envie de la faire vivre en eux, la face du monde en serait changee. Si quelqu'un vous a inclus dans son image de lui-meme, en tant qu'ami par exemple, puis qu'il s'avere que cette image ne refletait pas la realite, il peut s'en trouver extremement blesse. Il a en tete une photo de lui-meme, sur cette photo vous vous trouvez `a cote de lui, votre bras sur son epaule. Puis un jour il decouvre que cette image est fausse : il se rend compte qu'en realite vous ne faites pas partie de la photo. Alors, `a l'endroit ou vous etiez, il n'y a plus qu'un grand vide beant. Ce vide est une blessure, comme si on avait arrache un morceau de chair. Si de quelque fac,on que ce soit vous venez `a compromettre l'image de soi d'une personne, sa reaction sera de vous rejeter. Un exemple simple : supposons que vous remarquiez un automobiliste qui ne semble pas vouloir s'arreter au moment ou vous vous appretez `a traverser une rue. Vous decidez alors de "lui donner une lec,on" et vous traversez resolument la rue, l'obligeant `a freiner sec pour ne pas vous ecraser. Votre but est evident : vous voulez lui rappeler que son image de lui-meme doit etre "Tu es un automobiliste bienveillant, tu dois t'arreter pour les pietons". Certains automobilistes le comprendront et vous seront reconnaissant de les avoir rappeles `a l'ordre. Mais beaucoup d'autres le ressentiront d'une autre fac,on. Leur esprit entendra : "Moi pieton j'ai le pouvoir sur toi et je vais en profiter joyeusement." "Automobiliste maudit dont l'emploi du temps n'a pas d'importance." "La loi et la politesse te donnent l'obligation de t'arreter et tu ne voulais pas le faire, beuh que tu es moche." Leur reaction sera de vous diaboliser. Ils deviendront dans leur tete de nobles chevaliers des temps moderne, adorateurs eclaires de la technologie et de la performance. Un seul ennemi : ces pietons sournois, laches, qui ne meritent que la transformation en street pizza. Quand vous rencontrez quelqu'un, il faut vous presenter : lui donner une image de vous-meme qu'il peut assimiler. Pourquoi brulait-on les sorcieres ? Parce qu'elles jetaient de mauvais sorts ? Si on approfondit la question on se rend compte que les "sorcieres" etaient des femmes qui rendaient d'immenses services : elles soignaient les gens, elles les ecoutaient, les conseillaient. Alors pourquoi les brulait-on ? Et bien justement, on les brulait parce que elles s'occupaient des problemes des autres. Elles etaient le "receptacle" de ces problemes. Bruler une sorciere, c'est comme ecrire ses problemes sur un bout de papier et puis le bruler. C'est une purification de l'image de soi-meme, le refus d'associer des malheurs `a l'image de soi-meme. Les problemes etant inhumains, l'image que les gens ont de la sorciere est donc inhumaine. Lui faire du mal est une injustice abominable et une grande betise, mais cela ne leur vient pas `a l'idee. De plus, faire disparaitre les sorcieres servait les interet des hommes d'eglise. Leur metier consiste `a faire accepter leurs malheurs aux gens en associant leur image `a celle de Dieu. Tout en utilisant des methodes tres differentes, ils sont en concurrence directe avec les sorcieres. Comme elles sont plus honnetes, beaucoup plus instruites et plus travailleuses, les sorcieres leur faisaient une concurrence deloyale. Il n'y avait pas de problemes entre les "sorcieres" et l'Eglise au Moyen-Age, lorsque l'Eglise dominait tout. C'est `a la Renaissance que les problemes ont commence, lorsque le pouvoir de l'Eglise s'est mit `a vaciller. Avoir des amis, c'est avoir une image de soi-meme dont ces amis font partie. Etre seul, c'est avoir une image de soi-meme vide. Le vide est angoissant. Certains sont tellement peu surs d'avoir des amis qu'ils sont obliges d'etre en permanence en leur compagnie pour etre rassures. Il y a deux sortes de frequentations. Il y a ceux qui nous permettent de mieux savoir qui nous sommes. Par l'exemple qu'ils donnent, par leur culture, par leur affection, ils nous permettent de mieux nous definir nous-memes. Apres une rencontre avec eux nous nous sentons surs de nous, pleins d'energie pour entreprendre des choses. Et puis il y a ceux qui brouillent notre image nous-memes. Ils ne s'interessent pas `a nous, leurs questions creent la confusion en nous, ils ne nous apprennent rien d'utile. Apres une rencontre avec eux nous nous sentons vides, perdus. "Il me pompe mon energie" se dit d'une personne qui rend notre image de nous-memes floue, contradictoire. Si en meme temps nous lui avons permis d'avoir une image de soi plus claire, elle se sentira forte, pleine d'energie. Si la rencontre a lieu entre personnes positives, cela permettra `a chacun d'ameliorer la qualite de son image de soi. Il y a creation d'energie. "Il me donne de l'energie" se dit d'une personne qui nous aide `a mieux nous definir, savoir qui nous sommes. Cela peut meme se dire d'une personne qui ne dit rien, ne fait rien : si le calme dont elle fait preuve deteint sur nous, cela nous permet de reflechir, de mediter, de nous retrouver nous-memes, savoir ce que nous avons `a faire. Nous aimons beaucoup les acteurs de cinema qui nous permettent de nous identifier `a eux. Attention : on peut avoir une image de soi claire, en retirer beaucoup d'energie, alors que cette image de soi est fausse et nefaste, nous menera au desastre. Les meneurs d'hommes savent jouer l`a-dessus. Ils nous regardent droit dans les yeux, nous font un grand sourire confiant. Cela nous gonfle d'energie. Ils nous disent que nous sommes superieurs, que nous avons des droits. Ils nous presentent les choses d'une fac,on simple et comprehensible. Un truc simple pour obtenir un service de quelqu'un est de lui dire qu'on pourrait demander ce service `a quelqu'un autre. Cela fonctionne sur base de l'image "superman" que chaque occidental essaye d'avoir de lui-meme. Superman regle les problemes tout de suite et sans l'aide personne. Afin de preserver cette image de soi, il sera pret `a faire n'importe quoi. (Si la victime connait le truc, on obtiendra l'effet inverse; ce sera plutot une douche froide, parce que son image de soi se trouve ravalee au rang d'objet utilitaire manipule.) Les societes qui deprecient les individus ou qui les obligent `a se deprecier eux-memes sont tout aussi peu performantes que les societes qui exaltent les performances des individus. L'Italie fasciste ou le communisme sovietique, par exemple, sont d'adroits melanges de ces deux extremes. Avec les resultats que l'on sait. Le libre arbitre consiste `a laisser chacun construire son image de lui-meme et le laisser juger par lui-meme du resultat. Dans certaines tribus primitives, l'individu fait totalement partie de sa tribu. A tel point qu'il n'existe presque pas lui-meme. Son image de soi est strictement basee sur la tribu. Il n'existe pas, seule existe la tribu. Si par exemple un individu d'une tribu est grossier avec un individu d'une autre tribu, ce n'est pas une offense d'individu `a individu, mais de tribu `a tribu. Si un individu part travailler `a l'exterieur pour envoyer de l'argent `a sa tribu, il n'y a aucun risque qu'il garde l'argent pour lui-meme. Cela n'aurait pas de sens. Prendre quelqu'un dans ses bras, c'est former un seul corps avec lui. C'est la fac,on la plus complete de lui dire "Tu fais etroitement partie de mon image de moi-meme" ou "Nous formons une seule image". Il existe depuis peu aux Etats-Unis des associations de particuliers qui pretendent lutter activement contre les actes pedophiles en permettant `a chacun de savoir si un pedophile habite dans son quartier. Parfois ils vont de leur propre initiative signaler le fait aux habitants. Ces methodes simples, brutales et defoulantes sont tres critiquees par les juristes et les psychologues. Le systeme correctionnel americain a mis au point un ensemble de therapies et d'aides `a la reinsertion qui donne des resultats tres importants. Alors qu'avant jusqu'`a 80% des pedophiles recidivaient, il ne s'agit plus maintenant que de 2 `a 3%. Les initiatives des associations privees, par contre, n'auront virtuellement aucun effet (elles empechent tout au plus les pedophiles de recidiver dans leur propre quartier), elles auront meme l'effet inverse : en rejetant les pedophiles repentis de la societe, elles ne peuvent que contribuer `a faire rechuter certains d'entre eux, par desoeuvrement. Il est une chose qui doit etre meditee : les membres de ces associations se font les chevaliers defenseurs de la purete de l'enfance. Ils prennent leur pied en faisant cela. Mais un pedophile est egalement quelqu'un qui est seduit par la purete de l'enfance, qui veut se l'approprier et qui en retire une jouissance. A la base, pedophiles et membres des associations ont le meme moteur, le meme maitre. Les menaces que ces associations veulent faire peser sur les pedophiles sont tres semblables `a la fac,on dont un pedophile persecute sa victime. Tous deux souffrent d'un cruel manque d'education, ce qui les empeche de se rendre compte de ce qui est bien. Ils font des raisonnements courts et simplistes et se laissent mener par leurs pulsions. Les enfants qui auront grandit dans un monde gouverne par ces associations seront doublement predisposes `a devenir des pedophiles. La seule solution pour eradiquer la pedophilie est de creer un monde ou les parents ont les moyens intellectuels et materiels de donner `a leurs enfants tout l'amour qu'ils ont pour eux, ou les enfants rec,oivent une education riche et ou ils auraient (enfin) le droit de vivre une veritable enfance, faite de jeux, de reve et de developpement de leurs capacites. Une personne qui a eu une telle enfance, dont l'enfance n'a pas ete detruite par un systeme puritain, autoritaire et borne, n'a aucune tendance `a tomber fou de passion devant un enfant. Il n'a aucun besoin d'essayer de s'approprier ce qu'il lui a pleinement ete donne la possibilite d'etre. En permettant aux pedophiles d'evoluer, d'apprendre, de comprendre, de devenir meilleurs, les psychologues leur donnent une chose qui leur avait ete refuse pendant leur enfance. Les resultats ne seront jamais aussi bons que s'ils avaient pu le faire etant enfants, mais c'est dans cette attitude que reside la seule voie. Les psychologues sont une sorte de bons parents. Les membres des associations, eux, pretendent lutter contre les actes des pedophiles en leur infligeant un traitement qui ressemble tres fort `a ce qu'ils ont dej`a subit etant enfant et qui est la cause de leur detraquement. C'est pour le moins surprenant... Certaines personnes ont une vision tres claire et tres forte de ce qu'ils croient qu'est l'image d'eux-memes des autres. Ou de ce qu'ils voudraient que soit l'image que d'autres personnes ont d'eux-memes. Le simple fait de frequenter ces personnes fait que ces images vont effectivement s'imposer `a nous. Notre image de nous-memes va devenir ce que ces personnes revent. Nous allons ensuite nous comporter conformement `a ce que dictent ces images. Cela peut etre en bien (un directeur d'ecole qui se comporte en bon pere de famille) comme en mal (un chef de secte ou un industriel esclavagiste). Parfois ce mecanisme a lieu de fac,on desordonnee, irresponsable. Par exemple quand le systeme judiciaire qualifie une personne de criminel alors qu'elle n'en est pas encore veritablement un. C'est `a cause de cela qu'elle va le devenir. Quand vous avez affaire `a un groupe de personnes, vous devez tenir compte du fait que ce groupe forme une image complexe, comme le plan d'une machine. Chaque personne du groupe occupe une fonction donnee et a des moyens de communication donnes avec les autres membres. Le groupe fonctionne comme une machine, un systeme, et vous devez essayer de respecter cet ensemble. Chaque membre du groupe tire son image de soi de la position qu'il occupe au sein du groupe. Si par exemple un membre se definit comme protecteur des autres membres, vous devrez invoquer sa protection meme quand c'est inutile. Sinon, c'est comme si vous introduisiez une poutrelle dans les rouages de la machine. Vous subirez une contre-attaque de ce membre - meme si vous n'avez rien fait de mal par ailleurs - et aussi des autres membres. Beaucoup de problemes sociaux resultent du fait qu'une personne ou un groupe croit instinctivement qu'une autre personne ou un autre groupe n'apprecie pas ou son image de soi. Beaucoup de pretextes ou de motifs seront invoques pour justifier les affrontements, en realite tout revient `a une appreciation d'image de soi reciproque. Le jeu social consiste `a passer son temps `a rassurer les autres sur l'appreciation que l'on a de leur image. L`a aussi des moyens et des methodes tres diverses existent : inviter, flatter, offrir, parler, se preoccuper... Dans les systemes matriarcaux, les dettes n'existent pas. Car chacun rec,oit ou prend les choses suivant ses besoins. Si une personne prend beaucoup plus de choses qu'une autre, c'est qu'elle en a besoin. De toute fac,on chacun est aime et considere et cela est bien plus important que les contingences materielles. Par les caresses et les conversations chacun rec,oit une bonne image de lui-meme au sein de la tribu. Dans une societe patriarcale par contre les dettes jouent un role angulaire. Chacun memorise avec precision les dettes que d'autres ont contractes aupres de lui. Par exemple untel m'a emprunte un mouton, untel m'a emprunte cinq oeufs et `a untel j'ai emprunte une hache. Ces dettes sont une composante tres importante de l'image de soi. Une personne envers qui beaucoup de personnes ont une dette aura une image de soi ronflante. Dans son image de soi, il possede virtuellement toutes ces choses qu'on lui doit. Dans beaucoup de ces tribus on cree une dette implicite de tous les membres envers le chef. Meme si le chef n'a rien prete `a personne, tout le monde `a une dette inextinguible envers lui et doit donc regulierement lui rendre un service ou lui donner quelque chose. Le remboursement d'une dette est un acte aussi important que le jour ou elle a ete contractee. Parfois le souvenir d'une dette remonte `a plusieurs generations. Mais une dette ne doit pas forcement etre remboursee avec un objet de meme nature que l'emprunt. Le preteur peut par exemple accepter de se faire rembourser d'un mouton par cinq poules. La valeur etant consideree comme egale. Ou une personne qui rembourse un mouton par trois poules ne devra plus que deux poules. Plus fort encore sont les transferts de dettes ; les remboursements croises. Par exemple si une personne A a une dette d'un mouton envers une personne B, cette personne B peut aller trouver une personne C et lui proposer : "Donne-moi cinq poules et je transfere sur toi la dette de la personne A. C'est `a toi qu'elle devra un mouton et plus `a moi.". Ce systeme est tres performant. Mais il devient rapidement tres complexe. Les transferts de parts de moutons et de quartiers de poules finissent par former une comptabilite inextricable. Alors un des objets qui a cours dans la tribu finit par devenir une reference de dettes. Par exemple une petite rondelle de metal ou un coquillage. Au lieu de comparer la valeur de toutes les choses entre elles on se contente d'exprimer la valeur de chaque chose en fonction du nombre de rondelles de metal ou de coquillage qu'elle vaut. Cette reference unique simplifie grandement les choses. Si un mouton vaut dix coquillages et une poule vaut deux coquillages, alors un mouton vaut autant que cinq poules. Cela rend aussi beaucoup plus simples les remboursements croises. Il n'est plus necessaire de memoriser qui doit quoi `a qui et quelles sont les valeurs reciproques des choses. Chacun se contente d'avoir des rondelles de metal ou des coquillages dans sa besace. Et de memoriser combien de rondelles de metal d'autres lui doivent. Si une personne desire un mouton ou tout autre objet, elle n'a qu'`a l'echanger contre des rondelles de metal, sans se poser plus de questions. Ou eventuellement elle peut contracter un dette envers le vendeur de l'objet, mais simplement exprimee en nombre de rondelles de metal. Cela permet de faire des echanges `a beaucoup plus grande echelle ou avec des inconnus et de garder des comptes precis. C'est donc une base des civilisations. Dans les civilisations evoluees, l'unite d'echange n'a meme plus de valeur propre. Il n'est pas necessaire d'utiliser un morceau de metal ou un coquillage qui ont une valeur en soi. On se contente de dire des chiffres, que l'on memorise electroniquement ou en gardant des feuilles de papier imprimees dans un portefeuille. Au point de vue de l'image de soi, cet argent a quelque chose de magique. Car quand on possede des unites d'argent, `a priori on peut les echanger contre n'importe quoi. Donc une personne qui a beaucoup d'argent peut considerer que virtuellement tout peut lui appartenir, que tout peut faire partie de son image de soi. Ce pouvoir immense fait de l'argent une drogue. Plus le chiffre de l'argent que l'on possede est eleve, mieux on se sent, car plus vaste est son image de soi potentielle. C'est malheureusement aussi un jeu de dupes. Car tout ne peut pas s'obtenir avec de l'argent. Et en accumulant de l'argent-drogue de fac,on anarchique certains detruisent la vie d'autres personnes. Comme toutes les drogues, l'argent necessite un certain niveau de maturite, de responsabilite, des usages et des lois, un controle mutuel des individus, une prise en charge sociale. Et puis surtout il faut se rappeler du fait qu'une societe moralement riche et equilibree n'est ni matriarcale ni patriarcale. Elle est un savant melange des deux. Donc il faut qu'existent des regles de transfert ou d'annulation de dettes qui ne relevent pas de la comptabilite exacte mais du coeur, des sentiments humains. L'interaction du matriarcat et du patriarcat a aussi des aspects discutables. Par exemple l'echange de caresses matriarcales contre de l'argent patriarcal. Cela ne peut etre evite, mais doit etre socialement gere. Quand vous payez un euro `a votre epicier pour une barre chocolatee, vous attestez ainsi de son role dans la communaute. De meme si vous allez demander quelque chose `a un elu local ou un conseil `a un venerable vieillard. Vous permettez `a ces personnes de vivre leur image d'eux-memes, d'etre eux-memes. Parfois, sans le faire expres, on peut faire une chose qui compromet ou menace de compromettre l'image de soi d'une de ces personne. C'est un peu comme si on la menac,ait de mort. A l'inverse, certains escrocs font semblant de jouer le jeu de procurer leur image de soi `a ces personnes, pour mieux les manipuler. Soyez sinceres. Le matriarcat veut que tous soient egaux, que l'on connaisse chacun, que l'on ne juge personne ni en bien ni en mal et que l'on fasse ce qui est bon pour chacun. Le patriarcat veut une hierarchie bien definie, que la personnalite de l'individu n'entre pas en compte et que l'on soit chatie ou recompense suivant ses actes. Confucius a tente de faire un amalgame des deux. D'une part il a cree une hierarchie stricte, basee sur l'age. Les plus vieux commandent aux plus jeunes. La justification de ce systeme est la suivante : avant, dans le passe, les choses allaient mieux. Or, qui est le plus proche du passe, donc du paradis ? Les personnes agees... CQFD. Ce systeme est carceral pour les jeunes mais tout le monde est sense s'y plier. Gouvernees par les vieux, les societes confucianistes n'evoluent pas. D'autre part Confucius `a prone l'absence de jugement de l'autre. Il faut `a tout prix eviter d'atteindre `a l'image de soi des autres. Aucune injure, ni meme aucune critique, ne peut etre proferee `a l'encontre d'autrui. Il faut "respecter" `a tout prix son prochain. Ainsi la paix sociale est garantie ; tout le monde est gentil avec tout le monde. Pour cette deuxieme raison les societes confucianistes n'evoluent pas. Si personne ne peut etre critique, personne ne peut s'ameliorer. Il y a une pulsion en nous qui nous pousse `a faire assimiler notre image de nous-meme `a un maximum de personne. C'est pour cela qu'acquerir la celebrite est generalement considere comme un grand succes. On mesure l'importance d'une personne au nombre de gens `a qui elle a fait assimiler son image d'elle-meme. Une anecdote amusante est celle d'un homme qui devait defendre un projet devant une assemblee. Au lieu de parler de son projet il a enumere les personnes et les associations qu'il connait. L'assemblee etait captivee. A priori on essaye de se faire connaitre d'autrui pour ses qualites. Mais certaines personnes qui n'y arrivent changeront de tactique et se feront connaitre par des actions choquantes. C'est le resultat qui compte, le nombre de personnes qui ont entendu parler de vous. Les groupes humains ont tendance `a former une hierarchie. Que ce soit dans une bande de jeune ou dans une entreprise, il y a le chef, les lieutenants et la valetaille. Il y a souvent beaucoup plus que ces trois niveaux et les rapports de force peuvent etre de natures differentes entre personnes differentes du meme groupe. C'est un edifice tres complexe. Dans les societe civilisees on essaye de rationaliser les choses en definissant clairement la structure de la hierarchie. Beaucoup de membres du groupe essayent de monter dans la hierarchie. Mais le plus important est de garder la position que l'on a. La plupart sont prets `a tout pour cela. Leur position est ce qui est le plus important dans leur image d'eux-memes. Menacer de les faire descendre dans la hierarchie, cela peut etre pire que de les tuer. Cette importance de la hierarchie est telle que presque tout, meme ce qui n'a rien `a voir, va etre mis au service de cette photo que constitue la hierarchie. Si vous trouvez que des choses sont absurdes dans un groupe ou qu'on vous tient des propos bizarres, demandez-vous si cela ne sert pas tout simplement `a marteler la forme de la structure hierarchique. Par exemple si on vous demande de faire un travail inutile, cela peut etre juste pour verifier que vous acceptez votre place de travailleur ou pour vous le rappeler. L'opinion de certaines personnes nous est necessaire pour construire notre image de nous-memes. La vision qu'elles ont de nous, la fac,on dont elles nous ressentent, les emotions que nous leur procurons, coulent vers nous et s'etalent dans notre image de nous-memes, comme par un effet de vases communiquants. Parfois cette image nous est plutot imposee par ces personnes, `a notre insu ou `a notre corps defendant. En bien ou en mal, ces personnes elles-memes font automatiquement partie de notre image de nous-memes. Si nous aimons cette vision qu'elles ont de nous, nous nous rapprocherons d'elles, pour que la sensation devienne plus forte. Ce desir de rapprochement peut etre tres intense, nous rendre comme fous. Nous aspirons de tout notre etre `a cette image qui coule vers nous. Par contre si nous voulons rejeter cette perception, nous allons rejeter ces personnes elles-memes. Nous allons partir ou les faire partir. Le rejet ne veut pas necessairement dire que ces personnes sont nefastes. Cela peut simplement etre du au fait que nous desirons changer l'image que nous avons de nous-memes, l`a faire evoluer. La vision de ces personnes s'impose `a nous et nous empeche de le faire. Les images de soi des personnes et des groupes se modifient au fil du temps. Une chose importante pour les humains est de "acter" ces changements et ces nouvelles images. C'est le role des ceremonies, publications de bans, diplomes, declarations, remerciements, proces... Pour beaucoup de personnes, l'argent est de l'argent. Il n'a pas d'odeur. Quelle que soit la source d'une somme d'argent, elle peut servir `a payer n'importe quoi. Ces personnes-l`a ont souvent des problemes d'argent. Des personnes plus organisees considerent au contraire que chaque source ou reserve d'argent est differente et est destinee `a un usage different. Certaines personnes par exemple considerent que les revenus de leur emploi de fonctionnaire sert `a payer les frais vitaux comme le loyer et la nourriture. Tandis que les sources d'argent plus occasionnelles comme des ventes ou des contrats servent `a payer le superflu. Ils n'imagineraient jamais prendre un euro sur le compte du salaire de fonctionnaire pour s'acheter meme un livre `a deux sous. Ainsi, chaque source ou reserve d'argent touche `a un aspect different de leur image de soi : elle engendre des reves differents. Parfois la ventilation est assez folklorique. On decide que tel argent servira `a ceci et tel argent `a cela, sur une base arbitraire. On voit ainsi des personnes riches `a millions qui expliquent en toute sincerite et detresse qu'elles n'ont pas d'argent pour manger jusqu'`a la fin du mois. C'est l'autre extreme. Pour bien faire, il faut accepter les transferts entre les comptes, mais de fac,on structuree : il faut etablir des regles serieuses, en debattre chaque fois avec toute la famille et considerer cela comme un evenement fort. Considerer que des paquets differents d'argent sont intrinsequement differents est une base de l'honnetete. Pour un vrai employe de banque, l'argent de la banque n'a aucun rapport avec son propre argent, son salaire. Alignez devant lui un billet de banque de 5 EUR et trois de 10 EUR, tous issus du coffre de la banque. Ajoutez un cinquieme billet de banque de 10 EUR, tire de son portefeuille. Demandez-lui quel billet est l'intrus dans ces cinq billets, il montrera du doigt le billet de 10 EUR sorti de son portefeuille. Les tribus africaines ont assimile ces distinctions en creant carrement des monnaies differentes. Il y a les pieces de monnaie pour payer la nourriture et les outils, il y a les pieces de monnaie pour payer l'achat de femmes et il y a les pieces de monnaie pour acheter des fonctions sociales. Ce sont des circuits monetaires independants, qui obeissent `a des regles differentes. Les conservateurs sont des personnes qui veulent que leur image de soi et celle de la Societe reste inchangee. Les progressistes cherchent `a ameliorer ces images, ce qui implique de les changer. Ni le conservatisme ni le progressisme ne sont intrinsequement bons ou mauvais. Ce qui compte est d'etre progressiste ou conservateur quand il faut l'etre. Inversement etre conservateur ou progressiste peut nuire, quand c'est inapproprie. La volonte d'appartenir `a un groupe est un des instincts humains les plus puissants. C'est variable suivant les individus mais pour certains l'entierete de leur emploi du temps et de leurs emotions sont centres sur l'appartenance au groupe. Ils veulent seduire ou dominer les membres du groupe, devenir une figure incontournable du groupe... Ils sont prets `a des actes extremes s'ils devaient etre menaces d'etre rejetes du groupe. Le groupe peut ne rien leur rapporter et meme leur couter tres cher, peu importe. Il y a une phase dans l'adolescence ou l'individu se tend vers son groupe "d'amis". Ils apprend la vie en bande. Ensuite son comportement social est sense devenir plus mature, plus equilibre. Les lois font partie de l'image de soi d'une personne. Ce sont ses limites, les frontieres de son terrain d'action. Il est bon que ces lois soient bien definies afin que la personne ait une image nette des frontieres. Si les lois sont imprecises ou changent tout le temps, elles deviennent floues pour la personne et lui causent un stress. Un enseignant est une personne qui joue un role important pour la construction de l'image d-eux-memes des enfants. Certains enseignants negligent completement ce role, d'autres exagerent et imposent aux enfants des images deplacees dont ils mettent des annees `a se defaire. Certains enseignants se font respecter en menac,ant les enfants de leurs donner des images negatives. D'autres enseignants se font aimer en donnant des images positives d'eux-memes aux enfants. Il faut avoir de la culture, de l'experience et de l'amour pour etre capable de jongler de fac,on honnete et constructive avec les images des enfants. Quand on offre quelque chose `a une personne, on s'offre aussi soi-meme. Si le cadeau est accepte, on est accepte soi-meme. Il y a l`a tout un langage. En offrant un objet, on peut s'offrir comme ami, comme relation, comme partenaire de travail... Si un cadeau est accepte, on n'est pas sur de la partie de soi-meme qui est acceptee. On peut croire etre accepte comme ami alors qu'on n'est accepte que comme relation d'affaire... Dans la mafia les cadeaux sont codifies. Par exemple si on veut faire affaire avec un parrain de la mafia on peut lui offrir un panier avec des fruits et une bouteille d'alcool. Si le parrain n'est pas interesse par votre proposition il refuse le cadeau poliment. S'il refuse le cadeau avec violence, le message est clair. Dans ma ville quelques traiteurs sont specialises dans la confection de paniers cadeaux pour la mafia. Tout peuple a ses emotions et ses valeurs. Il tend `a leur donner une representation, sous forme de symboles : des statues, des images, des mots, des paraboles... Quand deux peuples essayent de s'entendre, ils vont echanger leurs symboles. C'est une fecondation mutuelle. Chacun essayera d'expliquer ses symboles `a l'autre. Ils se decouvriront des emotions et des valeurs communes et apprendront chacun de nouvelles choses. Quand un peuple assujettit un autre peuple, il assujettira aussi ses symboles. Il les detruira, les tournera en ridicule, les ramenera et les exposera comme un butin... En n'essayera pas de les comprendre et on expliquera qu'il n'y a meme rien `a comprendre, que ce peuple vaincu est sans interet. Le vainqueur imposera ses symboles au vaincu, tout au moins une partie de ses symboles, qu'il juge sans danger. Parfois, les intellectuels du peuple vainqueur etudient malgre tout les symboles du vaincu. Eventuellement au depart dans le but de mieux comprendre le vaincu pour mieux l'exploiter. Il peut alors se produire une infection du vainqueur par le vaincu : au fur et `a mesure que les intellectuels du vainqueur apprennent `a ressentir les symboles du vaincu, ils vont decouvrir combien mieux ils rendent compte de leurs emotions, `a quel point ils sont riches... Il y a un rapport etrange entre l'argent et les calins. Tous deux sont des portes ouvertes sur des infinis. L'argent est une porte ouverte sur le monde exterieur. Si vous possedez de l'argent, vous etes suppose pouvoir acheter n'importe quoi ou pouvoir vous deplacer vers n'importe quelle destination. Les calins sont une porte ouverte sur l'infini du monde interieur. Ils vous permettent de vous explorer vous-memes et de comprendre les autres. Argent et calins peuvent etre lies. Le roux a ecrit : "L'argent est le nerfs de la guerre et des amours". Une famille se structure souvent autour d'une source d'argent. Certains parents donnent des calins `a leurs enfants, d'autres leur donnent de l'argent de poche. Une difference entre les deux est qu'on est jamais rassasie par l'argent. Si on n'a que cela, on en voudra toujours plus. Les calins, par contre, permettent d'atteindre une plenitude. Les parents Les premiers intervenants dans la constitution de l'image de soi sont nos parents. Ce sont eux qui jettent les bases, qui nous fournissent les premieres briques de construction et "nous apprennent le metier de mac,on". Ce qu'ils nous apportent de plus important est le concept "tu es notre enfant", avec tout ce que cela a de sacre et d'intangible. S'ils font mal leur travail, les consequences seront desastreuses. Une des chose les plus importantes dans ce processus est le fait que l'enfant comprenne qu'il ne se definit pas par ses qualites mais par son essence. Il n'est pas l'enfant de ses parents parce qu'il est beau. Il est l'enfant de ses parents, un point c'est tout. Plus tard, cela se muera partiellement en "Je suis moi, je n'ai besoin de fournir ni preuves ni epreuves pour cela". Cela lui permet d'etre libre de decider quand il est bon de fournir un travail, de rendre un service. Il ne sera l'esclave de personne. Il sera donc un travailleur d'elite. Les voleurs sont souvent des personnes dont les parents ne se sont pas occupe. Ils ne s'accordent donc aucune valeur, ils n'ont pas de dignite. Un "truc" efficace pour fabriquer des enfants surdoues au jeu d'echec consiste `a leur offrir un jeu d'echec ou un livre d'echec comme recompenses chaque fois qu'ils en "meritent" une. Ainsi pour eux le monde des echecs sera ce qu'il y a de plus eleve. Ils feront tout pour construire une image eux-memes conforme `a ces valeurs. Instinctivement, ils reflechiront tout le temps, de toutes les fac,ons possibles, `a comment s'ameliorer en tant que joueur pour avoir une meilleure image d'eux-memes/joueurs. (Pour la meme raison, `a mon opinion les parents qui offrent de l'argent comme recompense `a leurs enfants les preparent `a une vie bien pauvre. L'argent de poche est indispensable, mais la fac,on de le donner doit etre "absolue"; l'argent doit etre un outil, pas une valeur.) Le supplice de la goutte est bien connu des psychologue : les parents qui disent tous les jours un petit quelque chose `a leur enfant pour le diminuer. A vingt ans, le resultat est catastrophique. Plus subtil est le supplice du fil de fer : un compliment, une critique, un compliment, une critique... la victime, balanc,ant d'un cote `a l'autre, finira par casser, comme un fil de fer que l'on plie plusieurs fois dans un sens puis dans l'autre. Autre technique : se faire accepter par quelqu'un en ouvrant le debat avec un compliment, puis attaquer avec des critiques. Les personnes qui gerent mal l'image qu'ils formaient avec leurs parents vont avoir tendance `a epouser quelqu'un qui ressemble mentalement `a un de leurs parents, pour reformer une image complete eux-memes. Ces problemes d'images arrivant souvent quand un des parents avait un probleme mental, les enfants epouseront donc une personne avec le meme probleme mental et en subiront les consequences. Les parents ne se rendent pas compte `a quel point leur image de soi sera ce que leurs enfants adopterons. Ce serait exagere, mais on pourrait presque dire qu'il ne sert `a rien d'eduquer, il suffit d'etre eduque soi-meme. Les enfants copieront. Par exemple : un parent qui se sacrifie trop, qui n'a plus de vie propre, va montrer `a ses enfants une image qu'ils vont helas adopter. Devenus adulte ils ne vont pas non plus pouvoir profiter de la vie; ils seront au service des autres, consideres comme des monstres envahissants. Il n'y a pas d'enfants mal eleves, il n'y a que des parents mal eleves. Il est indispensable qu'un enfant sache mettre la table. C'est un art qu'il faut lui apprendre. Mais l'obliger `a mettre la table tous les jours, aura pour seul effet que, devenu adulte `a son tour, il obligera aussi ses enfants `a mettre la table tous les jours. Des lors, pourquoi lui apprendre `a mettre la table puisque de toute fac,on ce seront ses enfants qui devront la mettre ? Parfois, par reaction, les enfants adoptent une image diametralement opposee `a celle de leurs parents. Cette opposition n'est souvent qu'une apparence : le fondement de leur comportement sera tout de meme une copie de l'image de leurs parents. Par exemple je connais un jeune homme qui est devenu fanatiquement sale et antisocial. Sa mere l'a traumatise `a force d'etre fanatiquement pieuse et conformiste. A priori ils sont le contraire l'un de l'autre, mais dans le fond ils font exactement la meme chose : rechercher fanatiquement l'approbation d'autrui. L'image qu'on a de soi doit correspondre `a la realite. Il ne faut pas mentir `a un enfant en lui affirmant qu'il a des capacites qu'il n'a pas reellement. Or pour acquerir certaines capacites, il faut enormement de temps et de travail. C'est `a cela que l'ecole est sensee servir. En realite on ne fait souvent que semblant d'apprendre des choses aux enfants. On leur fait tout un cinema avec sons et lumieres, mais on ne developpe que fort peu leur esprit. Ensuite on leur discerne des diplomes, on pretend qu'ils ont acquis de nombreuses capacites, comme le veut la Constitution. Les jeunes adultes ainsi diplomes sont tres dangereux. Ils sont les complices d'un systeme qui ferme volontairement les yeux sur leur incompetence. En contrepartie ils seront les garants forces de ce systeme, prets `a tous les crimes pour le defendre, pour defendre leur propre image usurpee de personne instruite. C'est un jeu de dupes. "Il faut tuer le maitre", "Il faut tuer son pere". Que veut on dire par l`a ? Tout simplement que l'enfant, ou le disciple, se considere "lie" `a celui qui lui apprend les choses, `a celui qui lui sert de modele. Dans son image de lui-meme, le maitre, ou le pere, est l`a, derriere lui, `a cote de lui, plus grand que lui, son bras sur ses epaules, qui lui donne des conseils ou des instructions precises. Dans le cas d'un enfant, c'est une necessite vitale. Les parents doivent imperativement "donner" leur cerveau `a leur enfant. L'enfant n'a ni sens critique, ni mesure, ni references. Il ne comprend pas les dangers. Son cerveau est materiellement incapable de gerer les problemes. Le cerveau du parent se "greffe" virtuellement `a celui de l'enfant pour lui donner ces capacites pour pouvoir rester en vie et en bonne sante. Cela se fait par le biais de paroles simples, de gestes precis. Si le parent a de la maturite et du coeur, l'enfant accepte cela de fac,on naturelle. Il en ressent le besoin. Il ne le remettra en question que par jeu, en realite pour mieux en profiter encore. Mais un jour l'enfant doit cesser d'etre enfant, le disciple doit cesser d'etre disciple. Alors il doit effacer le maitre ou le parent de son image de lui-meme. Tout au moins il doit le releguer plus loin, lui donner une position differente. Dans certaines ecoles d'arts martiaux, pour symboliser ce fait le disciple decapite une effigie du maitre. Et le maitre de savourer le plaisir du travail accompli... Il appartient alors `a l'enfant ou au disciple de decouvrir et developper des choses qui lui sont plus specifiques et que son educateur ne connaissait pas. Il part d'une base commune `a lui et `a son educateur, imposee par son educateur. Ensuite il devient graduellement lui-meme. (Dans les bonnes ecoles ces deux phases sont interpenetrees. Alors le maitre est aussi le disciple de ses disciples.) Il est bon de toujours se demander s'il n'y a pas moyen d'avoir plus. C'est l`a une des pulsions de base de la nature humaine. C'est une excellente pulsion, `a condition qu'elle soit soumise `a une autre pulsion : celle qui veut que l'on doit chercher `a se satisfaire de ce que l'on a. Il faut savoir etre heureux des choses telles qu'elles sont. Certaines personnes ne savent pas faire cela. Toute leur vie est une souffrance, une longue plainte. Rien ne va, rien n'est comme il faudrait. Quelqu'un qui fonctionne ainsi n'a jamais assez. Avant etait toujours mieux (le confucianisme est un systeme politique et social base sur cette perversion). Il ne tarit pas de reproches envers nombre de personnes. Quand on l'ecoute attentivement on se rend compte qu'il raisonne comme un enfant capricieux : il boude, il rale, il denonce, il geint... Il n'a pas reussi `a sortir de l'enfance. Il n'a pas encore aime suffisamment fort pour avoir envie de devenir adulte, sans doute parce que lui-meme n'a pas ete aime suffisamment lorsqu'il etait enfant. Il n'a pas appris ce que aimer veut dire. A condition de bien l'ecouter il est possible de comprendre comment fonctionnait sa famille quand il etait enfant. Son image de lui-meme est intimement liee `a l'image qu'il a de sa famille. Il fait une projection de cette image de sa famille sur le Monde entier. Les agents de police, les juges et les conducteurs de bus sont des projections de son pere. S'il avait un pere faible, il jouera `a tromper les forces de l'ordre. Si son pere etait trop severe il se plaindra de la "surveillance" que ces personnes exercent sur lui. Parfois il fera les deux choses en meme temps, puisqu'un qu'un pere faible peut se montrer trop severe par peur ou pour essayer de compenser. S'il reproche `a quelqu'un ou `a quelque chose de ne pas lui donner assez, c'est qu'il projette l'image de sa mere. Quand ses critiques sur quelqu'un deviennent virulentes, acides, haineuses, c'est qu'il projette sur cette personne l'image de lui-meme. Plus precisement : il projette l'image de lui-meme que ses parents lui ont donnee, lui ont imposee. S'il vous dit que les choses doivent aller "vite", c'est que ses parents lui ont souvent dit de faire les choses "vite". S'il vous dit qu'il faut lui dire exactement ce qu'il doit faire, c'est que ses parents lui donnaient des instructions precises. S'il se brouille avec son logeur et se fait expulser, cela veut dire que ses parents l'ont prie de partir lorsqu'il a eu un certain age. Sa vie est un eternel recommencement de son enfance. Doit on dire que sa relation avec ses parents etait mauvaise ? Ou doit-on dire qu'elle n'a pas suffisamment evolue, murie, au fil du temps pour l'amener `a l'age adulte, `a l'independance d'esprit ? Certains parents traitent un adolescent comme s'il etait une nouveau-ne, sous pretexte qu'il n'est pas un adulte... Quel est le remede ? Il n'y en a qu'un seul : il faut qu'il aime. Il faut qu'il ait une passion, que ce soit pour une autre personne, pour un metier ou pour une cause politique. Alors il voudra de toutes ses forces que l'image de cette personne, de ce metier ou de cette cause fasse partie de lui. Un clou chasse l'autre, cette nouvelle image remplacera l'image de sa famille. Il voudra se rendre utile `a sa passion, devenir performant. Il voudra fournir des resultats. Il sera oblige d'acquerir de la discipline. Il apprendra `a donner, il apprendra `a communiquer. Il sera confronte `a la realite, il ne pourra plus faire semblant. Il sera force de comprendre les choses, force de comprendre pourquoi elles sont l`a, force de comprendre pourquoi elles sont ainsi. Il apprendra donc `a les accepter, `a faire avec. Quand il aura reussi `a bien integrer sa passion `a son image de lui-meme, alors il s'aimera lui-meme. Il s'aimera en tant que pere de famille, en tant que travailleur ou en tant que citoyen responsable. (Les extremes se touchent. Quelqu'un qui ne se plaint jamais, qui ne fournit aucun effort pour se sortir de certaines situations, peut aussi etre une personne restee en enfance.) La mere sacrificielle s'identifie completement `a son enfant. Son image d'elle-meme n'est constituee que de ce qui concerne sont enfant. Elle lui donnera tout et exigera tout de lui en retour. Si l'enfant fait mine de s'ecarter des projets que sa mere a conc,us pour lui, elle le remettra dans le droit chemin `a coups de barre `a mine. Elle obtient assez facilement la complicite de son entourage : "Quelle mere devouee. Comment son enfant ose-t-il se plaindre ?". Si elle aimait reellement son enfant, donc si elle s'interessait `a ses vrais besoins, elle constaterait que pour une grande partie de la journee l'enfant prefere qu'elle lui "lache les basquets". Forte de ce temps libre, elle peut se tourner vers d'autres activites : un amant, un hobby, un metier... Nous savons que nous allons vieillir puis mourir. Notre image de nous-memes va disparaitre. Une fac,on de la rendre eternelle est d'avoir des enfants. Ils font partie de notre image de nous-meme, ils portent en eux une part importante de nous-memes. Quand nous mourrons, eux continueront `a exister, puis leurs enfants, et ainsi de suite. Ce que nous etions se repartira fil des generation, entre un tres grand nombre de personnes, mais existera toujours. A la base de l'image de soi d'une personne, il y a les mythes fondateurs. Ce sont les mythes de la tribu ou de la religion. Par exemple pour certaines tribus les humains sont les enfants cheris des dieux, ou sont des dieux eux-memes, tout au moins des copies des dieux. Dans d'autres tribus les humains sont detestes des dieux, ont ete punis par eux ou ont commis des crimes. Cela a une repercussion sur ce que les enfants `a qui l'on impose ces mythes penseront d'eux-memes. Un mythe fondateur plus personnel, prive, est l'histoire des parents, pourquoi l'enfant est ne, dans quelles circonstances. Si les parents s'entendent bien (fussent-ils divorces), l'enfant aura une image harmonieuse de sa genese. Si les parents se font des coups fourres et des trahisons, l'image que l'enfant aura de lui-meme sera nettement moins bonne. Il y interaction entre les mythe de la tribu et le mythe de la naissance de la personne. Un mauvais mythe personnel peut etre compense par un bon mythe de tribu. A l'inverse un mauvais mythe de tribu peut degrader le mythe personnel. Par exemple dans certaines religions on enseigne que le pere d'un enfant sacre n'etait pas le compagnon de sa mere mais un esprit ou un dieu. Les enfants nes dans ces tribus auront tendance `a mettre en doute la paternite de leur pere et `a se mefier de leur mere. Le prenom donne `a un enfant est tres important. C'est le nom de la photo qu'il est. Choisir tel ou tel nom n'a pas grande importance, du moment que ce nom est socialement approprie. Mais il deviendra le lien vocal de la definition de soi. Cela depend des circonstances et des personnes mais la genealogie peut etre un puissant support de l'image de soi. Savoir qui sont ses ancetres. Certains enfants adoptes deploient des efforts enormes pour au moins savoir qui sont leurs parents directs. C'est un besoin fondamental. Dans certaines tribus africaines et dans certains milieux sociaux les ancetres sont connus sur plusieurs siecles. Parfois plus de mille ans. Il existe une veritable technologie de la genealogie. En Afrique on gardait un morceau du crane des ancetres sur de nombreuses generations, dans une receptacle special pour lequel a ete construite une case speciale. Lors des initiations on expose `a chaque adolescent les morceaux de cranes de ses ancetres et on les nomme, on dit leurs exploits. Plus une personne est importante, plus elle tend `a connaitre ses ancetres loin dans le temps. Cette filiation peut aussi se reporter sur la fonction de la personne. Les papes catholiques par exemple connaissent leurs ancetres de fonction jusqu'au Christ, il y a deux mille ans. Cela fait partie du prestige de l'eglise, de sa force. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles la genealogie est si importante. C'est d'abord un reflexe biologique, un moteur instinctif et irrationnel avec lequel nous sommes nes. Aucune justification logique n'est necessaire sur ce point. Ce moteur, cet instinct est l`a et il fonctionne. D'autres raisons sont que si les ancetres sont illustres une partie de leur prestige rejaillit automatiquement sur nous. Ils font partie de notre image. Dans certains cas c'est un avantage objectif, si cela nous inspire et nous pousse `a les egaler. Dans d'autres cas malheureusement cela donne un prestige `a des personnes qui ne le meritent pas. Une troisieme raison de l'importance de la genealogie est qu'instinctivement nous pouvons penser que ces personnes veillent toujours sur nous. Avoir une armee d'esprits derriere soi, cela compte. Ou cela peut servir de moyen de pression sur nous. Auquel cas la genealogie nous est imposee. En Chine par exemple une grave humiliation que la police peut infliger `a une personne est de lui faire dire qu'elle regrette ce qu'elle a fait et que ses ancetres ont honte d'elle. C'est un moyen facile pour les touristes etranger pour etre relaches par la police. Il vous suffit de dire officiellement que vos ancetres ont honte de vous `a cause de ce que vous avez fait. Cela a un grand impact sur la police chinoise. Si vous avez une education occidentale, cela ne vous coute souvent pas grand-chose. (C'est peut-etre une des raisons pour lesquelles la Chine pense depasser l'Occident un jour.) Une amie m'ecrit ceci : " L'enfant detruit (en fait refoule) tout ce qui en lui d'elans n'est pas ratifie par les parents car seul le regard parental "officialise" (c'est tres fort) la validite selon lui de ces elans. S'il voit briller leurs yeux, il recommence, insiste jusqu'`a bien cerner ce qui semble les fasciner dans ce qu'il fait. Son obsession est d'etre DESIRABLE en tout, il evalue ainsi et trie. D'ou l'importance de l'attitude des parents.". C'est par ce mecanisme que l'enfant construit son image de soi et des choses en fonction de l'image des choses de ses parents. C'est le mecanisme de transmission. Si les parents sont matures et bienveillants, tout ira pour un mieux. Meme les problemes et les malheurs seront un carburant tourne en bien. Un probleme que rencontrent beaucoup d'individus est que ce mecanisme de quete d'approbation perdure `a l'age adulte. Tout adulte se doit d'etre sensible aux opinions et emotions d'autrui. Mais chez certains c'est une veritable assuetude. Il ne peuvent vivre que telemanipules par l'approbation d'autres personnes, sous peine de douloureuses angoisses. Ils sont incapables de penser, decouvrir, aimer ou decider par eux-memes. Beaucoup de systemes d'education jouent malheureusement l`a dessus. Ils creent des individus pretendus libres mais qui sont en esclavage psychologique. Quand des parents meurent ils font toujours partie de notre image de nous-memes. Un parent se doit meme de donner `a son enfant l'image de lui-meme la plus complete possible et la plus expressive d'amour, pour continuer `a etre un soutien pour son enfant apres la mort. L'image que l'on emporte de ses parents depend des systemes culturels. En Asie les parents defunts sont souvent presentes comme des ames qui s'ennuient et qui jugent leurs enfants avec de la haine, voire leur font des tours mechants. En Europe l'ame des defunts est sensee etre benefique : hormis quelques cas de fantomes derangeants, les ames des defunts sont plutot des conseillers discrets que l'on peut invoquer en priant. En Afrique les ames des defunts restent un temps parmi les vivants et font des choses qui dependent essentiellement du caractere que la personne avait de son vivant. On fait meme des "proces" pour determiner si une personne etait benefique ou malefique de son vivant. Par exemple `a fin de savoir si des problemes survenus dans la tribu depuis son deces ne pourraient pas etre de son fait. Si le jugement est que oui, les ossements de la personne seront detruits ou eloignes du village. Pour constituer son image de soi un enfant se refere aux personnes qui l'entourent. Un jeune enfant se refere essentiellement `a ses parents. Il pense comme eux. Tout au moins il adopte de fac,on superficielle les opinion, jugements et valeurs de ses parents. Il est incapable de comprendre ces choses avec la meme profondeur intellectuelle et culturelle que ses parents. On peut presque dire que ses parents lui servent de machines `a reflechir et qu'il se contente des conclusions. Plus tard il tendra `a adopter les images de son instituteur ou de son institutrice. Ces images-l`a sont assorties d'explications simplifiees mais fonctionnelles, qu'il peut donc adopter de fac,on plus "intelligentes". A l'adolescence commencent les crises d'identite et la socialisation forcee. L'enfant pretera alors une tres grande importance `a l'opinion de ses "copains". Une jeune fille peut laisser tomber son petit ami parce que ses copines trouvent qu'il n'est pas sexy. Un adolescent peut regretter d'avoir les parents qu'il a simplement parce que ses camarades de classe trouvent que "Ils sont nazes tes parents.". Parfois l'enfant se referera `a un adulte en particulier, un "mentor". Cela peut etre un enseignant, un membre de la famille ou un etranger. Dans certains cas il peut meme tomber dans une secte, ou on lui dira avec une extreme precision ce qu'il doit penser de chaque chose. On ne devient "adulte" que quand on a appris `a juger des choses par soi-meme tout en tenant toujours compte de l'opinion d'autrui. Ce processus entre la prime enfance et l'age adulte doit obligatoirement etre gere par la Societe. C'est un travail difficile. Il faut que l'enfant ait au moins des parties de reponses `a ses questions avant que ces questions ne se posent ou ne deviennent des menaces pour lui. En meme temps il faut eviter d'engluer l'esprit de l'enfant trop tot avec des reponses et donc des questions qu'il n'est pas encore capable de gerer. Il peut mal les interpreter, en concevoir des terreurs, bloquer son esprit ou perdre beaucoup de temps. On ne peut pas non plus savoir quelles reponses exactement il faut donner `a un enfant parce qu'on ne sait pas comment son esprit fonctionne ni ce qu'il deviendra `a l'age adulte. On est dans le flou. Il faut donc en toutes chose rester mesure et laisser l'enfant deambuler les choses par lui-meme. Il ne faut pas essayer d'accrocher son esprit `a un rail, ni le vider sans cesse de son energie pour qu'il ne puisse plus rien faire par lui-meme, comme on le fait dans les ecoles. Les rails sont parfois utiles mais pour de courts trajets. Le plus important est de dialoguer avec l'enfant : accepter ses pensees donc son image de lui-meme, ne pas forcement essayer de les comprendre en tous points, le laisser poser des questions, lui montrer regulierement des choses nouvelles et lui proposer de comprendre en partie les pensees d'autres personnes. Les tres jeunes enfants n'entendent pas les mots que vous dites mais le ton sur lequel vous les dites. Les jeunes enfants quant `a eux n'ont pas d'humour. Il ne faut pas trop essayer d'etre ironique avec eux ou de faire du second degre. Cela peut les blesser cruellement ou denaturer votre relation avec eux. Ils prennent `a la lettre toutes les images que vous evoquez. A partir d'un certain age ils acquierent la capacite d'entendre au-del`a des mots et des intonations. Suivant que vous avez ou non un rapport de confiance avec un enfant il percevra vos remarques de fac,on completement differente. La position que vous occupez dans son image de lui-meme joue un role fondamental sur la fac,on dont son systeme nerveux traduit ce que vous dites. Si un enfant a peur de votre arbitraire, s'ils sent que vous ne vous interessez pas `a ce qu'il est, tout peut etre une cause de malheur pour lui. Supposons qu'il est en train de faire ses devoirs pour l'ecole. Une simple remarque sur sa fac,on de se tenir pourra le plonger dans un abime d'inquietude et lui enlever tous ses moyens pour continuer `a faire ses devoirs. Par contre si vous avez un bonne relation avec lui, s'il sait que vous savez qu'il sait que vous savez quelle est son image de lui-meme et que vous y attachez de l'importance, vous pourrez lui faire une remarque d'une grossierete extreme, sur un ton qui briserait une roche. Il rigolera et vous remerciera d'un clin d'oeil parce que cela lui donne un petit coup de fouet qui lui permet de terminer ses devoirs plus vite. Dans la plupart des familles on s'extasie quand un petit enfant rec,oit un cadeau. Un quart de seconde fait la difference entre deux sortes de familles. Dans le premier type de familles on s'extasie avant que l'enfant ne se rejouisse du cadeau rec,u. La famille impose `a l'enfant le fait qu'il faut s'extasier quand on rec,oit un cadeau. On lui apprend les emotions qu'il doit mimer dans telle ou telle circonstance. Devenu adulte il n'aura aucune connaissance de ses veritables emotions. Il sera conforme au Systeme, peu performant, souvent malade et potentiellement dangereux. Dans le deuxieme type de famille on s'extasie un quart de seconde apres que l'enfant ait commence `a se rejouir du cadeau. On fait cela pour montrer `a l'enfant que les joies sont partagees et reconnues par tous. A l'age adulte l'enfant sera riche de ses propres emotions. Il ne fera pas toujours ce qu'on lui dit mais quand il fait quelque chose il le fait bien. Il aura toujours tendance `a respecter les emotions des autres. Un probleme chez certaines meres est qu'elles revent leur enfant comme etant parfait. Surtout si c'est un garc,on. Elles vont imposer cette perfection au reste du monde. Aucune critique de leur enfant ne sera acceptee. Il aura de droit de faire ce qu'il veut, en particulier de deranger autrui. Un bon pere essayera de corriger cette situation. S'il n'est pas `a la hauteur, il y a plusieurs derives possibles. Certains peres se desolidarisent simplement du probleme et ne s'occupent plus de leur enfant. Ils se contentent de cultiver une rancoeur. Par exemple une sorte de jalousie stupide pour ce pretendu Paradis que la mere reve pour l'enfant. Une autre derive consiste `a avoir une reaction opposee `a celle de la mere : diaboliser l'enfant. Le pere fera sentir `a tout instant `a l'enfant `a quel point il est mauvais. Du regard, des mots... il ecrasera l'enfant. Un extreme consiste `a ne plus adresser la parole `a l'enfant (ce qui rejoint la premiere derive mais avec beaucoup plus de violence). Ces situations peuvent evoluer de plusieurs fac,ons. Si l'enfant ne trouve pas des facteurs regulateurs en dehors de ses parents, il devient un monstre. Exigeant ou renferme, il est aliene `a la societe. Quand il commencera `a commettre de vrais delits, certaines meres ont la reaction de rentrer dans leurs souliers. Elles se couvrent de honte et s'effacent. D'autres meres maintiennent le cap et clament que la Societe entiere est le mal, que leur enfant doit etre defendu contre cela envers et contre tout. Le pere, lui, souffrira beaucoup de la mauvaise image que son fils renvoit de lui-meme. Pour des personnes matures, elever un enfant est plus simple. Elles savent que l'enfant n'est ni bien ni mauvais. C'est juste un petit individu dont le systeme nerveux n'est pas encore au point. Alors il faut contenir l'enfant, l'empecher de faire n'importe quoi, tout en lui laissant de solides libertes quand cela ne derange personne. C'est dans le tissage entre ces lois que ce construira le systeme nerveux de l'enfant et qu'il deviendra lui-meme adulte. Une personne adulte sait qu'il ne faut pas chercher `a poser l'acte parental parfait. Il ne faut pas culpabiliser. Ce n'est pas grave si on est parfois injuste avec l'enfant (`a son avantage ou `a son desavantage). Ce qui compte est d'etre de bonne volonte et se poser des questions. Les enfants sont un miroir effroyable de l'image d'eux-memes de leurs parents : * On peut avoir tres mal quand on constate ou croit constater qu'un enfant fait les memes erreurs ou mauvais choix que l'on croit avoir fait soi-meme. * Les enfants ne vivent que par leurs parents et observent tout d'eux. Ils arrivent parfois `a sentir ce qui fait mal aux parents. Ils reussissent meme `a exploiter des peurs de leurs parents qui datent de leur enfance. * Beaucoup de parents ont un terrible sentiment de responsabilite. Ce que leurs enfants deviennent, ce qu'ils font... deteint de fac,on laceree sur l'image d'eux-memes des parents. Une bonne solution `a ces problemes d'image est la Communaute. Il n'est pas bon que des enfants soient enfermes avec leurs parents. Il faut au contraire qu'ils soient partages entre les familles du village ou du quartier. Si les enfants forment un groupe et qu'un peu tous les adultes sont responsables de ces enfants, les choses iront beaucoup mieux. Certains parents redoutent cela parce qu'ils craignent que leurs enfants soient mal influences par la Communaute. C'est un probleme concret. J'ai vu plusieurs adolescents mal tourner et il me semble que leurs frequentations y ont contribue. On peut diminuer le probleme en s'impliquant soi-meme dans l'education de l'ensemble du groupe d'enfants. Si on est connu du groupe d'enfant comme un adulte interessant et responsable, qui merite d'etre respecte, le risque que ses propres partent en derive decroit. Un des roles des parents est d'accompagner les deuils de leurs enfants. Cela peut etre aussi simple que de dire au revoir `a un animal de compagnie quand on part en vacances. L'enfant retrouvera l'animal `a son retour, cela n'empeche que pour un jeune enfant quitter l'animal peut etre un dechirement. Cela fait partie de l'apprentissage de la vie. Certains parents trouvent des trucs pour eviter que l'enfant ne comprenne qu'ils partent sans l'animal. Cela evite des adieux dechirants. Je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne idee. Je ne sais pas si c'est bon pour la confiance de l'enfant en ses parents. Ils ne faut pas creer le drame en presentant la separation comme une catastrophe. Mais au moment du depart il faut tout de meme prendre acte aupres de l'enfant qu'il va y avoir separation momentanee et lui laisser un peu de temps pour dire au revoir. Une fois en voyage, on peut lui faire miroiter les prochaines retrouvailles. Le couple Tres dangereuse est la personne dont l'image d'elle-meme implique de fac,on dominante le couple qu'elle forme avec une autre personne. Elle peut tuer si l'image est rompue : c'est le crime passionnel. Une personne equilibree a une image de soi propre, qui tient par elle-meme, `a laquelle elle AJOUTE l'image de ce qu'est le couple. Si l'image du couple se brise, il restera au moins `a cette personne son image d'elle-meme. Une des techniques pour draguer, utilisee par les filles, consiste `a arriver chez un garc,on en pleurs. Elles offrent ainsi la possibilite au garc,on d'obtenir une meilleure image de lui-meme en devenant un consolateur, un protecteur. Le garc,on est aussi rassure par le fait qu'il n'encourt aucune obligation; il est l`a pour donner, pas pour demander ou s'engager. Au del`a des pretextes, les ruptures sont la consequence de conflits d'images. Ce qui est necessaire `a l'image de soi de l'un n'arrive plus `a etre concilie avec ce qui est necessaire `a l'image de soi de l'autre. La situation tourne au dialogue d'aveugles. Notre physique, notre look, sont l'expression de l'image que nous avons de nous-memes. C'est pour cela que des fortunes colossales peuvent etre payees pour un vetement, un bijoux. Un homme qui offre un bijoux `a une femme lui offre par l`a meme une image d'elle-meme. Il lui offre meme plusieurs images d'elle-meme : il l'a compare `a ce bijoux, il lui attribue une valeur elevee, il lui permet de montrer `a autrui qu'elle a de la valeur... Pour les memes raisons certaines femmes detestent les bijoux et meprisent ceux qui en offrent. Question de point de vue. Offrez lui plutot une image de vous-meme ! Par exemple un Totoro. Quelqu'un de seduisant est quelqu'un qui a une image de soi coherente. Peu importe qu'il soit "beau" ou "laid", qu'il ait une jambe ou deux jambes, s'il a une image de soi bien formee dans sa tete; honnete, juste et assumee avec force, alors il sera quelqu'un qui plait, qui attire les autres. Pourquoi ? Sans doute parce qu'il a des choses `a apprendre aux autres, des choses `a leur faire decouvrir sur eux-memes. Il est un "maitre". Pour qu'un massage soit reussi, le masseur doit etre bien dans sa peau. Il doit avoir l'esprit clair. Il en va de meme pour les caresses. Les caresses de quelqu'un qui a une bonne image de soi procureront un plaisir intense. Pourquoi les personnes hautaines sont-elles admirees par certains ? Un hautain est une personne qui fait semblant de ne pas chercher l'approbation des autres. Il n'essaye pas de lire dans leurs regards ce qu'il doit penser de lui-meme. Les faibles d'esprit en deduisent que cette personne doit donc avoir une tres bonne opinion d'elle-meme. Une opinion magiquement bonne. Donc ils sont tres attires par cette personne. En realite, une personne hautaine est toujours une personne creuse. La construction d'une personnalite passe par l'interaction avec les autres (`a condition de ne pas tomber dans certains pieges). Une relation est souvent basee sur un "modus vivendi". Chacun des deux a un certain role. Par exemple l'un des deux est celui qui explique les choses `a l'autre, et l'autre est celui qui pose des questions et ecoute les reponses. Si un jour ce modus vivendi est rompu, cela peut tourner `a la catastrophe. Par exemple si celui qui se faisait tout expliquer se met `a trouver des choses par lui-meme. L'autre peut le prendre tres mal, se sentir menace au plus profond de son image de soi. Il peut devenir tres blessant; "Tu vois, tu t'es trompe.", "Attention, laisse moi faire, sinon...". Le plus souvent inconsciemment, il essayera par tous les moyens de retrouver sa place de donneur d'explications. Certains couples n'ont survecu `a ce genre de mutations qu'en apprenant `a tisser leur union sur d'autres bases. Une des methodes de drague les plus efficaces dans les discotheques consiste `a s'approcher d'une fille `a quelques metres, puis de faire passer son regard sur elle, lentement, de bas en haut, avec l'air de penser "Waw ce qu'elle est chouette !". La fille, voyant ce manege, fretillera instantanement de bonheur et de satisfaction. On lui montre qu'on a une tres bonne image d'elle et donc on lui donne une tres bonne image d'elle-meme. Il suffit apres de continuer de s'approcher d'elle et lui adresser la parole. La conversation demarrera tout de suite sous les meilleures auspices. On a donne aux hommes une mauvaise image d'eux-memes en leur disant qu'ils etaient des brutes assoiffees de baise. Beaucoup d'entre eux ont corrige le tir. Ils se sont fait une obligation d'apprendre `a eviter toute pulsion sexuelle en presence d'une femme. Du coup certaines femmes s'en trouvent derangees "J'ai beau lui montrer le bout de mes seins, lecher mes levres, faire des allusions, il reste de marbre. C'est vraiment une lopette !". Il est dommage qu'elles arrivent `a cette conclusion. Elles ne se rendent pas compte du fait qu'au contraire elles ont quelqu'un de bien devant elles. Elles devraient plutot apprendre `a sortir du schema excitation-baise traditionnel et aller `a la rencontre de cet homme, communiquer, le comprendre, le respecter, construire quelque chose avec lui, construire une image du couple `a laquelle on peut se referencer, lui permettre de se construire une image de lui-meme encore plus belle. L'image que les femmes veulent avoir d'elles-memes est `a l'origine de biens des comportements etranges. Cela concerne tout autant leurs reactions au fil de la journee que leurs choix de vie. Elles essayent perpetuellement de s'organiser une image d'elle-meme et changent regulierement d'optique. Certains disent que "Une femme canalise les energies pour les transmettre `a son mari. Elle s'habille, se parfume et va se promener et rencontrer des personnes pour recueillir cette energie. Revenue `a la maison, elle la donnera `a son homme.". Comment peut-on traduire cela en termes d'image de soi ? Disons que la femme en se rendant jolie, en etant sociable, s'attire les sourires, l'approbation des autres personnes. Elle acquiere ainsi une image favorable d'elle-meme. Elle sera sure d'elle-meme, elle aura de l'assurance. Rentree `a la maison elle partagera cette assurance avec son homme, elle la lui transmettra. Il se sentira `a son tour sur de lui, aura une bonne image de lui-meme et sera donc fort et resistant contre les problemes qu'il rencontre `a son travail. (Ceci explique pourquoi une femme depense beaucoup d'argent en robes et en artifices et pourquoi son homme doit considerer cela comme un investissement rentable.) (Dans certains couples ce mecanisme est maladif. L'homme pousse la femme `a le tromper, `a plaire `a d'autres hommes. Chaque fois qu'elle l'a trompe, il la gifle pour la culpabiliser et la garder pres de lui, puis il se montre tres gentil et caressant pendant quelques jours. Il absorbe toute la seduction qu'elle a recueillie avec l'autre homme. Une fois le capital ecoule, il la renvoie seduire un autre homme.) On dit que les femmes aiment les hommes puissants ; hommes d'affaires ou chefs d'Etat. Une des raisons `a cela est que ces hommes sont surs d'eux-memes. Ils ont une tres bonne image d'eux-memes. Il n'est donc pas necessaire de sans arret les rassurer et les consoler. Le coup de foudre est le fait de croire decouvrir l'image de soi chez un autre. Par apres, l'image de l'autre devra reellement apparaitre. Certains sont dec,us, d'autres s'en trouvent enrichis. Aimer, c'est le fait de voir le mieux possible l'image de l'autre, la comprendre, en avoir une vision claire et parfaitement acceptee. Aimer procure beaucoup de plaisir, surtout si l'on se met `a agir en fonction de ce que l'on a perc,u de l'image de l'autre, dans l'interet de l'autre. La passion, c'est ressentir le besoin d'ajouter l'autre `a l'image qu'on a de soi-meme, vouloir faire en sorte qu'il fasse partie de notre image de nous-memes. La passion peut etre suscitee par l'autre "de fac,on generale", elle peut aussi etre suscitee par des caracteristiques particulieres : son intelligence, sa volonte, sa sensualite, son assurance, un trait de caractere... La passion peut etre trompeuse : on peut se tromper dans ce qu'on croit voir en l'autre. Mais on peut aussi ne pas se tromper; la passion amoureuse, cela existe. Si on est passionne par une chose chez quelqu'un, cela veut dire que cette chose existe aussi en nous-memes. Sinon nous n'aurions pas pu la "reconnaitre". Dans un premier temps la passion nous permet de nous rendre compte de cette chose qui est en nous. Dans un deuxieme temps, elle nous donne la possibilite de developper cette chose en nous-memes et la maitriser. La passion a sa reciproque : le rejet. Une personne qui est degoutee par un clochard, qui detourne le regard avec une expression de degout rien qu'en en voyant un, est en realite une personne qui se sent sale `a l'interieur d'elle-meme. La haine, c'est le fait de voir l'image de l'autre, et la rejeter. Pourquoi la passion peut-elle etre suivie d'une volonte intense de detruire l'autre ? Peut-etre parce que le subconscient estime ne pas etre arrive `a mener la passion `a maturite : il estime ne pas avoir reussi `a "prendre" pour lui-meme ces qualites de l'autre qui sont `a l'origine de la passion. Alors il emprunte une deuxieme voie : se mesurer `a l'autre. S'il parvient `a detruire l'autre il aura la preuve d'avoir reussi `a faire mieux que lui. Il existe en nous une pulsion qui nous pousse `a ajouter une autre personne `a notre image de nous-memes. Nous sommes faits pour vivre en couple, la "place" du conjoint dans notre image de nous-memes est prevue d'origine dans notre cerveau. "N'importe qui", `a la limite, peut convenir pour prendre cette place. Au besoin, le subconscient inventera des justifications pour convaincre le conscient de prendre la personne qui se presente. Pour ajouter l'image de l'autre `a son image de soi, encore faut-t-il savoir quelle est l'image de l'autre. C'est pour cette raison que des personnes qui commencent une histoire sentimentale se parlent longuement. Chacun explique `a l'autre qui il est, quels sont les elements qui constituent son identite. Ils se posent des questions et se repondent. Ils disent spontanement tous les elements qui pourraient avoir une importance. Certaines personnes ont "compris" ce mecanisme et, helas, le pervertissent ou le manipulent. Certains par exemple constituent une image d'eux-memes "prete `a emporter", bien ficelee, qu'ils proposent telle quelle `a chaque "amoureux" potentiel. Parfois meme assortie d'une photo realisee `a cette effet. Certains considerent l'homosexualite comme une chose naturelle alors que d'autres la considerent comme une degoutante ignominie. Un element parmi d'autres qui permet de comprendre cette difference de perception est la nuance entre "l'amour d'image" et "l'amour reel". En amour d'image, on se contente de realiser l'image de soi que la societe nous propose. Un homme epousera une femme simplement parce que son milieu lui a inculque qu'`a partir d'un certain age il faut former un couple. Il se sent bien des l'instant ou il est marie avec une femme, il a realise l'image demandee. Peu importe la personnalite de cette femme du moment que son comportement cadre globalement avec l'image. Dans cette image, il est profondement marque qu'un couple est constitue d'un homme et d'une femme. Cela commence avec Adam et Eve, en passant par Marie et Josef, puis Ginger Rogers et Fred Astaire ou Jean Gabin et Michele Morgan. Pour des personnes de ces milieux, un couple constitue d'une femme et d'une femme ou d'un homme et d'un homme sera une grave anomalie, une rupture de l'image, qui engendre un profond malaise, un degout. Par contre en amour reel la situation est differente. En amour reel on s'interesse `a la personne, on apprend `a la connaitre, `a l'aider, `a la soigner, `a connaitre ses particularites... L'amour reel est un puissant travail intellectuel qui se passe entre deux personnes. Dans ce cas, que l'autre soit un homme ou une femme est d'importance secondaire. Le principal, c'est que c'est une personne, avec ses besoins, ses faiblesses, ses dons, ses manies, le parfum de son ame... Pour les personnes capables d'amour reel, l'homosexualite n'a rien de choquant. Ce qui compte, c'est de s'occuper d'une autre personne. C'est ce qui procure le bonheur le plus intense dans la vie d'un etre humain. Parce qu'on ajoute `a son image de soi l'immense image qu'est l'autre personne. Que cette personne soit un homme ou une femme est un detail. On pourrait croire que dans les milieux ou prime l'amour d'image il y a moins de relations homosexuelles. C'est souvent le contraire. Parce que l'amour d'image empeche l'amour reel et que toute personne aspire `a l'amour reel. En amour d'image vous ne pouvez pas reellement prendre l'autre dans vos bras et le caliner. Car un veritable contact physique briserait l'image, vous imposerait ce que l'autre est reellement. Vous percevriez que c'est une personne complexe, qui ne correspond pas `a l'image, en bien comme en mal. C'est quelque chose d'effrayant. Seul l'amour reel permet de supporter cela. Dans un monde ou l'amour d'image regne, seul un amour homosexuel peut vous permettre d'acceder `a l'amour reel. Parce qu'une personne du meme sexe sera un peu plus simple `a comprendre et surtout parce qu'il n'y a pas d'image qui s'interpose entre vous et elle. Ainsi, meme pour des personnes qui n'avaient pas de penchant naturel `a cela, l'homosexualite devient la seule fac,on de connaitre l'amour, de se rapprocher de Dieu. C'est bien sur aussi la raison pour laquelle les couples homosexuels sont souvent de meilleurs parents. L'amour d'image detruit les enfants. L'amour reel les construit. (Le raisonnement tenu dans ce texte peut lui-meme etre perverti. Dans certains milieux homosexuels sectaires on endoctrine les gens au fait que seul l'amour homosexuel a un sens. On retombe bien evidemment l`a dans l'amour d'image.) En amour d'image on peut se suicider ou tuer, quand l'image ne convient pas. En amour reel c'est presque impossible puisque l'on ressent l'importance que l'on a et la douleur que l'on pourrait causer aux autres. En amour d'image un divorce se deroule souvent dans l'indifference ou dans la haine. En amour reel un divorce se deroule avec amour. Car meme si l'on ne vit plus ensemble il est impossible de ne pas continuer `a se preoccuper de l'autre, de ses interets. Une autre tentative d'explication de l'homosexualite sont que l'on cherche `a reconstituer le lien que l'on avait avec le parent de meme sexe. On veut instinctivement reconstituer cette image et les perceptions qui y etaient associees. C'est peut-etre plus souvent vrai pour les femmes, dont les relations homosexuelles sont parfois devorantes, passionnees, comme la relation exclusive d'un enfant `a ses parents. Encore une explication est que l'on recherche en l'autre une image de soi-meme, un miroir narcissique. Forcement cela fonctionne mieux avec une personne du meme sexe. Ces phenomenes ont peut-etre une influence mais il est actuellement admis que l'homosexualite est une question de nature. On nait ainsi, predispose `a l'homosexualite. Une personne nee franchement homosexuelle n'aura jamais d'emotions pour une personne de l'autre sexe. Bien sur des elements du vecu peuvent influencer. On considere qu'une personne n'est jamais tout `a fait heterosexuelle ou tout `a fait homosexuelle. Une personne qui est entre les deux peut se croire homosexuelle parce que le premier partenaire `a vraiment lui donner du plaisir et un sentiment passionnel est par hasard une personne du meme sexe. C'est alors un peu superficiel comme conclusion. De meme une personne plutot homosexuelle peut se croire heterosexuelle parce qu'elle a rencontre une personne de l'autre sexe vraiment geniale. Il existe aussi par exemple le cas de femmes qui ont ete `a ce point degoutee par le comportement de certains hommes que la seule pensee d'un organe masculin les rend malade. Cela leur inspire une telle repugnance que l'homosexualite devient la seule fac,on d'avoir une vie de couple. Un petit enfant est completement dependant de l'approbation de ses parents. Son univers, son image de soi, n'existe qu'au travers de ses parents. Une dependance semblable existe entre les conjoints. Mais elle est sensee etre plus mature. Chacun doit etre capable d'exister par lui-meme. Il doit etre capable de survivre independamment de l'autre. Il se donne `a l'autre, requiert sont approbation, pour etre en communion avec lui, pour former quelque chose de meilleur encore. Les relations affective `a la fac,on des occidentaux sont fausses en ce sens que chacun des partenaires imagine l'autre comme etant ideal. Il s'invente une image de l'autre. Cette deviance est alimentee par la culture de masse occidentale. Quand on rencontre une personne et qu'un sentiment se cree, le cerveau produit des hormones qui donnent des sensations de bonheur ou de jouissance. Les occidentaux profitent simplement de cet etat, sans rien donner en echange. Ils se comportent comme des toxicomanes, ils pervertissent l'amour en essayant de profiter des hormones de bien-etre. Au fil du temps le cerveau produit moins d'hormones et l'anesthesie cesse. Chacun commence `a se rendre compte de la personne qu'il a en face de lui et ne comprend pas cette personne. C'est rapidement la guerre. Chaque defaut de l'autre devient une arme pour l'ecraser, on l'utilise pour l'humilier et pour justifier des exactions. Certains arrivent `a s'arranger `a l'amiable mais le plus souvent c'est la ruine mutuelle. D'autres cultures voient les choses de fac,on totalement differente. Dans l'amour tantrique, par exemple, avant de se faire des gros calins on peut commencer par se faire des reproches. On dit `a l'autre toutes les frustrations qu'il a pu causer au fil de la journee, ce en quoi on le trouve minable... Le but n'est pas d'ecraser l'autre mais de lui permettre de se justifier. La plupart des reproches sont en effet infondes. Pour le reste, on montre `a l'autre qu'on accepte ses particularites, que l'on apprend `a vivre avec on qu'on l'aide `a s'ameliorer s'il le desire. Les hormones de bien-etre servent `a favoriser cette attitude d'amour. Comme les hormones sont cette fois-ci bien utilises, leurs effets sont beaucoup plus forts. Ce n'est plus du bricolage, c'est du veritable bonheur. Si ensuite on passe `a de gros calins, ce qui se passera peut depasser l'entendement. Ce qu'un autre est, est toujours un peu insupportable. Ses manies, sa betise naturelle, ses odeurs, ses bruits... Quand on tombe amoureux d'une personne, des glandes dans notre cerveau se mettent `a produire des endomorphines, qui nous rendent exploses et broyes du bonheur le plus chaud, le plus goutu qui soit. Cela nous permet de supporter la personne. Tout ce qui concerne cette personne fera pouet pouet sur les petites glandes. Nous serons completement accros `a cette personne. Tout particulierement les details les plus nuisibles de cette personne nous rendront fous de bonheur, ou deviendront invisibles. Le probleme est que systeme des glandes ne fonctionne pas eternellement. Donc un jour on se retrouve prive d'anesthesie, comme un patient qui se reveillerait sur la table d'operation avec le ventre grand ouvert et les tripes `a l'air. Il s'ensuit des hurlements et des expressions de degout sans nom contre la personne precedemment adoree. Je me demande si on ne remue pas le couteau dans la plaie justement parce que ce sont les details les plus repugants de la personne qui nous causaient le plus de bonheur. Un drogue en manque est pret aux pires horreurs pour tenter de retrouver quelques parcelles de bien-etre. Quand un couple fonctionne, il survit `a la fermeture des glandes. Il trouve un autre bonheur, plus profond et plus spirituel `a etre ensemble. Pour reussir cela il y a tout un travail. Il faut s'adapter l'un `a l'autre, apprendre `a se comprendre l'un-l'autre... Il faut apprendre `a gouterle plaisir que l'on a `a s'occuper de l'autre et `a le comprendre... C'est par exemple la raison pour laquelle les vrais couples ont parfois des eclats de voix et des scenes. Ce sont autant de petits proces qui permettent `a chacun de poser des questions difficiles, de tester l'autre, d'obtenir justice... De fil en aiguille les liens se tissent. Les petits proces peuvent aussi degenerer et on voit alors des couples qui s'aiment eclater dans un fracas. Quand on est en couple avec quelqu'un, l'impregnation de l'image de soi qui se cree peut devenir malsaine. Elle peut etre `a la fois trop forte et mal placee. Il en resulte une peur tres dure d'etre abandonne. J'ai vu des lachete grave commise `a cause de cela. Par exemple laisser le conjoint maltraiter un enfant ou en abuser. Bien des crimes sont commis uniquement pour cette raison. Parfois, l'attachement se fait `a une communaute plutot qu'`a une personne en particulier. Les pathologies Orgueil, vanite, arrogance, nevrose, nationalisme... sont des pathologies de l'image de soi. D'ou l'expression populaire utilisee parfois `a l'egard de personnes qui en souffrent : "Pour qui se prend-il ?". Une priorite est d'avoir une vue d'ensemble de soi, une vue generale. Les personnes dont l'image de soi est morcelee ont de gros problemes. Ce qui fait de l'heroine une drogue aussi forte est qu'elle donne l'illusion d'avoir une image de soi et du monde coherente et ideale. Elle impose le message "Tout va bien". En particulier elle dit : "Tout fonctionne comme il faut", "Il n'y a plus de problemes", "Il n'y a plus de barrieres". Pour quelqu'un qui souffre d'avoir une image de soi mal ficelee, c'est une aubaine. Un mot d'argot designant une prise d'heroine est d'ailleurs "fix". Le verbe anglais "to fix" signifie "reparer". Les effets de l'heroine peuvent sembler contradictoires : elle peut rendre tres actif tout comme elle peut rendre apathique. Ces deux extremes s'expliquent par le meme phenomene sous-jacent. En disant "Tout va bien, tout est comme il faut" elle permet de se relaxer. On n'est plus oblige d'etre vigilant, on peut se reposer. En disant "Il n'y a plus de barrieres, il n'y a plus d'obstacles" elle permet de passer `a l'acte. Celui qui etait persuade de ne rien pouvoir faire se levera et entreprendra ce qu'il veut sans avoir d'apprehensions. (Un ami me demandait pourquoi je ne consommais pas d'heroine, je lui repondis ceci : "Quand je vais bien, je n'eprouve pas le besoin qu'on me dise que je vais bien. Quand je vais mal, je n'aime pas qu'on me mente. C'est une question d'honnetete intellectuelle.") La douleur est le fait que l'image de soi est rompue, remise en cause. Pour se proteger de la douleur, il existe deux methodes : 1. L'anesthesie. Il existe plusieurs types d'anesthesies : + L'anesthesie chirurgicale. Si l'on endort votre bras avant de couper dedans, votre cerveau ne peut plus recevoir l'influx nerveux l'informant de l'intrusion du scalpel. Donc il n'est pas au courant du fait que l'image physique du corps est atteinte. Donc il ne souffre pas. (C'est pour cette meme raison qu'`a l'aide d'un drap l'on cache l'intervention au yeux du patient.) + L'anesthesie mentale. Quelqu'un qui a ete correctement endoctrine a une image de lui-meme inebranlable. Insensible `a la realite, quoi qu'il arrive cette personne ne souffrira pas, parce que son image de soi ne peut etre atteinte. Cette methode `a bien sur ses limites ; on ne peut pas resister `a n'importe quoi. 2. La souplesse. Si votre image de vous-meme est par exemple "je suis un travailleur qui rentre chez lui le soir et doit trouver un foyer accueillant", il est evident que vous allez beaucoup souffrir. Il suffira d'un visiteur inopportun, d'un quelconque changement de programme, pour que votre image soit perturbee. Par contre, si votre image de vous-meme est par exemple "je suis quelqu'un dont le role est d'adapter son image de soi en fonction des evenements", rien ne pourra vous blesser. Quoi qu'il arrive, vous aurez toujours une image de vous-meme coherente. Un mythomane est quelqu'un qui a une image de lui qui ne correspond pas `a la realite. C'est une sorte de drogue, un paradis artificiel naturel. Les racistes sont des personnes qui plaquent sur les etrangers (les differents) une mauvaise image qu'ils ont en fait eux-memes, inconsciemment. Je n'ai jamais rencontre personne plus haineuse envers "ces etrangers qui profitent de notre systeme social" qu'une amie qui est au chomage et est une faineante notoire. En realite, les etrangers sont pour la majorite des personnes organisees et travailleuses dont nous avons tout `a apprendre. (L'inverse du racisme existe aussi. Certains n'hesitent pas `a conferer des qualites fantasmagoriques aux habitants de contrees eloignees.) Les grands dictateur comme Staline sont des personnes qui associent l'image du pays `a eux-memes. Il ne forment plus qu'un, sont la meme chose. Ce qui menace le pays le menace, ce qui le menace menace le pays. Certains fonctionnaires font cette identification entre eux-memes et leur administration. Pour eux, toute personne qui semble nier l'ineffable divinite de l'administration les offense personnellement et devra etre detruite. Les personnes qui ont une image d'eux-memes qui n'est pas satisfaisante au vu de la realite, essayeront parfois de redessiner la realite dans leur tete pour qu'elle correspondent mieux `a ce qu'il faut pour qu'une meilleure image eux-memes en decoule. En d'autres termes; comme nous voulons avoir une image de nous-memes la mieux possible, nous changerons notre vision du monde et des valeurs pour que notre image de nous-memes y trouve une position plus valorisante. Le travail d'un psychologue consiste parfois simplement `a faire remarquer `a son patient que son image de soi est tout `a fait acceptable, qu'il n'a pas besoin de la nier ou de deformer sa vision du monde. Il faut faire attention aux liens de cause `a effet. Des manquements dans l'etablissement de l'image de soi peuvent occasionner beaucoup de problemes differents : boulimie, faineantise, irritabilite, associabilite, malhonnetete, timidite, exuberance... Or, il arrive qu'une personne ayant des manquements `a l'image d'elle-meme presente plusieurs problemes en meme temps. Boulimie et faineantise, par exemple. Les gens ont tendance `a reagir face `a cela en disant par exemple "Il est faineant parce que il est boulimique.". C'est faux et dangereux. Faux parce que les deux problemes ne decoulent pas l'un de l'autre mais au contraire decoulent chacun de son cote d'un meme manquement `a l'image de soi. Dangereux parce que agresser ces personnes en leur disant "Tu ferais bien de te remuer un peu.", va leur confirmer qu'ils sont nuls, donc deteriorer davantage leur image eux-memes, donc les rendre encore plus faineants et boulimiques (et donc "justifier" encore plus l'opprobre de leurs agresseurs). Si on veut reellement aider quelqu'un, cela demande un travail autrement plus complique que betement lui passer un savon. Quelqu'un qui n'arrive pas developper une certaine image de lui-meme peut etre tente de vouloir developper son image dans un autre domaine. Par exemple, quelqu'un qui n'arrive pas `a se realiser en tant que pere de famille sera parfois amene, sans s'en rendre compte, `a se realiser en tant que bete de travail. D'ou un cercle vicieux, puisque le fait de se consacrer entierement `a son metier l'eloignera encore plus de sa famille. Il faut eviter cela. Il faut faire un equilibre entre les deux mondes, ils s'en trouveront alors tous les deux renforces. (En realite il ne faudrait meme pas que les deux mondes soient separes.) Le suicide est une idee souvent idiote pour effacer une image de soi qui ne convient pas. (Seule l'euthanasie, pratiquee dans des cas extremes de souffrances incurables, sous controle medical, peut parfois se justifier.) La depression est le fait d'essayer en vain de recomposer une image de soi. On essaye de progresser, de realiser quelque chose, mais cela ne marche pas. On se heurte la tete contre un obstacle, on se ronge `a essayer de faire quelque chose. On constate qu'on est capable de rien. Notre image de soi se lezarde, se fissure, tombe en poussiere. La souffrance peut en etre extreme. On se detruit peu `a peu, on devient une loque. Un depressif peut etre tres jovial et genereux avec des inconnus (qui ne font pas partie de son image de lui-meme) et une heure apres etre totalement apathique, indifferent voire agressif avec des personnes qu'il connait bien (qui font partie de son image de lui-meme). (Cette approche psychologique de la depression est utile pour comprendre et aider un depressif. Mais une medicalisation est le plus souvent necessaire aussi. La depression passe par de graves troubles neurochimiques dans le cerveau. Le cerveau est par exemple `a court des neurostransmetteurs chimiques qui lui permettraient de fonctionner et donc de gerer les problemes. Dans beaucoup de cas la medicalisation peut se limiter `a soigner son alimentation, prendre du ginseng et faire une cure de millepertuis. Si en plus on prend du temps pour parler de ses problemes, apprendre de nouvelles attitudes mentales, apprendre `a mieux vivre avec les autres... On peut resoudre le probleme de la depression sans utiliser de medicaments "lourds". Ces medicaments lourds restent necessaires dans beaucoup de cas, au moins pour passer le cap le plus difficile. La plupart des serial killers et les violeurs ont un probleme avec la notion de feminite. Tuer une femme, la violer, est pour eux `a chaque fois une fac,on de realiser une "victoire" sur la feminite. Soit ils croient se l'approprier, soit ils croient s'en liberer. C'est en detruisant l'obstacle ou en le possedant, qu'on se montre plus fort que lui. Chaque fois qu'ils posent un acte ils eprouvent une petite jouissance. Evidemment, cette fac,on de faire ne resout par leur probleme. Cela ne leur apprend rien, ne les fait pas evoluer, ne leur fait pas decouvrir ce qui est en eux. Ils n'apprennent pas `a etre comme une femme, ils ne developpent pas la femme qui est en eux, ils ne l'ajoutent pas `a l'image d'eux-memes. Quant un serial killer tue, il veut tuer l'image de sa mere possessive qui reste collee, engluee `a sa personnalite, `a son image de lui-meme. Il peut brievement ressentir une jouissance d'y etre arrive. Mais en realite il n'a fait que confirmer la place que prend sa mere. Ces personnes ne peuvent donc pas ameliorer leurs relations avec les femmes. C'est pour cela qu'ils recommencent sans arret. Ils sont comme un disque raye qui rejoue sans arret le meme sillon. Beaucoup d'entre eux ont eu pendant l'enfance ou pendant l'adolescence un probleme grave avec une ou plusieurs femmes. Chaque fois qu'ils tuent une femme ou qu'ils la violent, ils transferent sur elle l'image de la femme avec laquelle ils n'ont pas pu avoir une relation constructive. Ils n'arrivent pas `a inclure la feminite `a leur image d'eux-meme, alors ils la plient, ils la detruisent, ils remportent une victoire sur elle. Les pouvoirs publics reagissent face `a cela par exemple en autorisant la pornographie. Si un viol ou un meurtre doit avoir lieu, autant que ce soit avec une femme en papier ! Posseder quelques feuilles de papier ne fait de mal `a personne. Mieux vaut une photo sur papier que des acteurs live. Mieux vaut se defouler en piquant des aiguilles dans une poupee de cire qu'en poignardant un etre vivant. Cela permet de se faire la meme photo dans la tete, sinon meilleure. La pornographie n'est qu'un palliatif au probleme de ces personnes, mais un palliatif socialement acceptable. Le court terme etant ainsi regle, les vraies solutions, `a long terme, passent par l'education, la culture, la communication, la decouverte... faire evoluer les gens, leur donner les moyens de changer. Dans les milieux integristes le probleme est aigu : les hommes sont fous de terreur face aux femmes. Ils cultivent des superstitions qui alimentent cette terreur. "Les femmes qui travaillent sont des salopes, elles aiment etre harcelees sexuellement par leur patron." "Derriere chaque guerre, il y a une femme." Les autorites integristes reglent le probleme de deux fac,ons. Primo, ils preservent les apparences, en interdisant severement la pornographie et les coureurs de jupons et en tolerant les viols `a conditions qu'ils soient fait discretement, que seules des femmes viennent se plaindre et qu'il suffise de leur ordonner de se taire, de les culpabiliser. Secundo, en permettant `a chaque homme de devenir "proprietaire" d'une femme. Ainsi chaque homme est satisfait : la feminite fait partie de son image de lui-meme, certifie par contrat. Une difference entre la pornographie et la realite est que sur une image pornographique la personne photographiee se montre sure d'elle-meme. Elle manifeste avoir une bonne image de soi. C'est une composante tres importante de l'image, cela joue un grand role dans l'excitation. Dans la realite, au contraire, les personnes que l'on rencontre ne sont pas sures d'elles-memes. Elles doivent etre rassurees, il faut leur offrir, de plusieurs fac,ons differentes, une amelioration de leur image de soi. (Si on a developpe quelque chose en soi, il faut savoir l'offrir `a l'autre. Il faut communiquer un talent, une pulsion, une vision des choses. Il faut aller `a la decouverte des particularites de l'autre. Il faut s'offrir en present `a l'autre pour qu'il considere que nous faisons partie de son image de soi.) On se pose souvent une excellente question : pourquoi Hitler condamnait-il les individus petits et bruns aux yeux sombres alors qu'il est lui-meme petit et brun aux yeux sombres ? La reponse est relativement simple : c'est parce qu'il etait petit et brun aux yeux sombres. Quand il etait jeune il a ete tres impressionne par des pseudo-intellectuels antisemites qui echafaudaient des theories virulentes. Ces "messieurs qui ont fait des etudes" lui ont expose avec force des theories qu'il a pu comprendre (forcement, elles sont peut-etre exprimees avec conviction et des mots prestigieux, mais elles sont plates, simplistes et tres betes). Ces theories condamnaient les petits bruns aux yeux sombres. Il s'est alors senti charge de cette energie de conviction, il s'est sentit vivre. Il lui fallait accomplir l'ideal que ces personnes enonc,aient. Probleme : il pouvait `a la rigueur se teindre les cheveux en blond, mais pour la taille et les yeux, c'est po possible. Serait-il donc un traitre ? Qu'`a cela ne tienne, il a alors inconsciemment decide d'imposer `a toute l'humanite d'etre grand et blond aux yeux bleus. Ainsi on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir fait de son mieux. Le jour ou il comparaitra devant ce qu'il croit etre ses juges, il veut qu'on lui dise : "Tu n'es pas grand, tu n'es pas blond, tu n'as pas les yeux bleus. Mais il faut reconnaitre que tu as bien fait la promotion des grands blonds aux yeux bleus. Allez, c,a va, on te le laisse passer au paradis." Pendant tout le temps qu'a dure son travail, grace `a l'energie et `a la conviction qu'il a deploye lui-meme il a trouve un grand nombre de personnes aussi betes que lui pour le rejoindre dans sa demarche. Il a ete tres heureux, entoure de beaucoup d'amis, comme au paradis. Supposons qu'une sangsue s'accroche `a nous. Elle fusionne avec nous et tente ainsi de s'imposer `a notre image de nous-meme. La reaction normale d'un etre humain est d'avoir une reaction de rejet vis-`a-vis de la sangsue, de vouloir la retirer `a tout prix. Elle ne fait pas partie de notre image de nous-meme, elle est "incompatible". Sauf peut-etre si nous sommes un biologiste "amoureux" des sangsues, qui les etudie, les comprends et peut se laisser pomper le sang pour les nourrir sans que cela ne lui pose de probleme, comme une mere allaite son enfant. Les sangsues font partie de l'image de soi du biologiste tout comme un enfant peut faire partie de l'image de soi de sa mere. Il existe une affection mentale rare chez les etres humains qui consiste `a rejeter un membre de son corps. Par exemple les jambes. Certaines personnes ont un rejet vis-`a-vis de leurs jambes, comme d'autres pourraient avoir un rejet vis-`a-vis d'une paire de sangsues. Leur cerveau considere que les jambes ne font pas partie de leur corps. Ces personnes sont pretes `a payer pour qu'on les opere et qu'on leur enleve les jambes, tout comme d'autres seraient pretes `a payer pour se faire enlever des sangsues fermement implantees. Les opiaces permettent d'anesthesier les douleurs `a l'interieur du cerveau. On peut donc les utiliser par exemple quand on veut operer une personne. Elle ne souffrira pas des incisions pratiquees dans son corps, de ce qu'on y introduit et de ce qu'on en enleve. On peut les utiliser pour calmer les douleurs d'une personne qui a perdu un membre. On peut aussi les utiliser pour greffer ou retrancher des parties de l'image de soi d'une personne. C'est pourquoi ils sont utilises dans certaines sectes et associations criminelles. Par exemple dans la prostitution. Les heroinomanes, en particulier, sont des personnes qui s'amenent elles-meme `a croire des choses delirantes et `a oublier des choses essentielles de la vie. Il y a deux sortes de personnes. Il y a ceux qui se construisent en construisant les autres. Il y a ceux qui croient se construire en detruisant les autres. Chacun se construit une image de soi, plus ou moins artificielle. "Connais-toi toi-meme !". Ceux qui ne se connaissent pas, qui croient se connaitre, sont potentiellement dangereux. Ils vont entreprendre, promettre ou imposer des choses irrealisables. Ou ne pas faire des choses qu'ils pourraient faire. Les gens qui les entourent, les parents et les educateurs en particulier, jouent un role important dans ce fait. Celui qui croit etre quelque chose mais qui ne l'est pas en realite, dans le meilleur des cas s'en rendra compte et adaptera son image de soi. Mais il peut aussi persister et vouloir coller artificiellement `a son image de soi. Cela peut lui causer de lourdes pertes en temps, en argent, en credibilite, cela peut `a terme ruiner son image de soi entiere. Certains font une nevrose : ils savent plus ou ou moins ce qu'ils pensent etre mais souffrent de ne pas l'etre reellement. Alors qu'ils pourraient etre tres heureux, `a condition d'integrer une image d'eux-memes plus proche de la realite. Certains educateurs vont tenter naivement d'empecher la nevrose en critiquant sans cesse l'image de soi de la personne. Cela cree `a son tour d'autres problemes. La seule solution est d'apprendre `a la personne `a etre honnete, en lui donnant le bon exemple, et la laisser elle-meme decider de ce qu'elle est et de ce qu'elle n'est pas, en l'aidant `a l'occasion `a se mettre elle-meme `a l'epreuve. Un individu a besoin que ce qu'il est, et qui pour lui ne se definit fondamentalement que par une emotion, soit reconnu par les autres. Tomber amoureux est une reconnaissance mutuelle intense des emotions. Mais certaines personnes ou certains organismes abusent de ce phenomene pour duper, capturer des personnes. Par exemple ils font passer des pseudo-tests psychologiques qui "revelent" ou promettent de reveler des choses sur la personne. "Nous vous comprenons ! Vous etes genial !" Ou ils font des analyses exaltees du prenom ou du signe astrologique de la victime. Ou encore ils donnent une position, un grade `a la personne, qui n'a peu ou rien `a voir avec ses capacites reelles. La personne se croit reconnue et en retire une intense jouissance. Alors qu'elle n'a fait que s'engluer dans les petales d'une fleur carnivore. Les sectes racontent `a leurs membres des mythes fondateurs bien calcules. L'image de soi au sein du Monde que les membres vont se creer sera favorable aux interets de la secte. D'une fac,on generale les humains sont tres sensibles `a ce qu'on leur raconte, leur explique et leur impose pour se faire une image des choses et pour y trouver leur place. Un dogme repete un nombre suffisant de fois s'imposera `a une personne meme s'il est contraire `a toute logique objective. Les dictateurs et les publicitaires en usent et en abusent. Il est assez difficile de former des gens pour qu'ils soient capables de s'abstraire de ce piege. Chez certaines personnes, l'image de soi peut varier de fac,on totalement erratique au fil de la journee, passer d'un extreme `a l'autre. Une voie possible pour resorber ces delires consiste `a etablir un dialogue entre les images de soi. Par exemple quand on est exalte on s'adresse `a soi-meme pour quand on etait ou sera depressif. Et quand on est depressif on essaye de parler un peu avec la personne que l'on a ete et que l'on sera quand on est exalte. Ainsi on etablit des liens, on fait communiquer les vases entre eux et on resorbe l'amplitude des oscillations. Certaines personnes vous felicitent et vous louent quand elles vous rencontrent. Elles vous expriment une image de vous-meme flamboyante. Puis quelques temps apres elles vous critiquent amerement et vous reprochent de ne pas faire des choses comme il faut. Elles ont des idees tres precises de comment les choses doivent etre faites. Parfois ces idees sont realistes, parfois totalement dementes. Ces personnes ont aussi parfois leur fac,on propre de s'exprimer, leur propre vocabulaire et considerent que tout le monde doit comprendre et adopter ce mode d'expression. Instinctivement ces personnes essayent de vous dominer. Les compliments au debut puis les reproches visent `a orienter votre image de vous-meme pour que vous deveniez une machine `a leur rendre des services, pour que vos emotions vous portent `a les servir. Ces personnes revent les choses et vous considerent comme l'interface qui a le privilege de les realiser. Si vous ne le faites pas, ou si vous ne comprenez pas ce que ces personnes vous expliquent, ou meme simplement si vous ne faites pas spontanement les choses comme elles l'entendent, elles vous attaqueront verbalement ou physiquement avec plus ou moins d'agressivite. Le raisonnement est simple : si vous subissez de la douleur ou un stress chaque fois que vous ne faites pas les choses comme il faut, vous finirez bien par les faire comme il faut. C'est une recette tres simple, qui donne de tres mauvais resultats ou des resultats contraires. Mais des personnes peu cultivees peuvent adopter naturellement ce comportement. Certains systemes d'education sont helas bases sur ce mecanisme. On distribue des bons et des mauvais points aux eleves, des titres de premier et des etiquettes de rate... sur base des valeurs et des objectifs exigus des enseignants ou de la Societe. Une tactique face `a ces personnes consiste `a refuser les compliments au depart, avec autorite. On se demande souvent comment et pourquoi des organisations criminelles ou terroristes sont apparues. On recherche des influences de puissances etrangeres, des systemes ideologiques, des interets communautaires... Mais il peut arriver que la seule motivation serieuse soit le fait que la creation de l'organisation a permis `a quelques personnes d'acquerir un statut. Vous etiez un simple commerc,ant de quartier ou un petit fonctionnaire. D'un coup vous voil`a commandant en chef d'un groupe arme. Votre image de vous-memes devient flamboyante, magique. Les femmes veulent de vous et des sympathisants vous supplient d'accepter leur argent ou leurs services. Un avare est une personne qui ne comprend pas son role dans la societe. Elle ne voit pas le fait qu'elle est la pour gerer l'argent, pour en assurer un bon flux. Une personne equilibree se doit d'eviter de gaspiller l'argent et les ressources que l'on peut acheter avec. Mais elle se doit en meme temps d'investir l'argent pour le bien de son entourage, quitte parfois `a en perdre ou `a ne pas etre sur qu'il y a bien eu un gain. Un avare ne voit donc pas ce systeme sanguin des flux d'argent autour de lui, ni la position de regulateur intelligent qu'il se devrait d'occuper. Un avare a une image pauvre de lui-meme. C'est peut-etre pour cette raison qu'il depensera un jour soudainement tout son argent pour une grosse chose inutile. Parce qu'il aura eu l'illusion fulgurante de pouvoir enfin devenir quelque chose en achetant cette chose. Le remede est l'education, la Culture. Quand on sait, comprend et sent comment gerer l'argent, on le fait. Le mal-etre provient de desaccords dans l'image de soi. Un exemple simple est le mal de mer, qui provient d'un desaccord entre l'oreille interne et les yeux. L'oreille interne dit au cerveau que l'on oscille tandis que les yeux disent que l'on ne bouge pas. C'est pour cette raison que l'on recommande de fixer le regard sur l'horizon. Car en regardant l'horizon les yeux concluent `a un mouvement du corps conforme `a ce que rapportent les oreilles internes. De meme, un psychologue ou un gourou de secte, en bien ou en mal, en construisant l'individu ou en le detruisant, travailleront `a donner `a leurs clients une image coherente d'eux-memes. Les superstitions font partie de notre image de nous-memes au sein du monde. Par exemple le fait de croire que si l'on fait le bien on sera automatiquement recompense (cette superstitions inclut une autre superstition : celle qu'il est possible de determiner ce qui est le bien). Ou le fait de croire que si une personne vous critique c'est qu'elle ne vous aime pas. Ces superstitions en fonction desquelles ont vit peuvent nous detruire ou causer beaucoup de problemes `a notre entourage. Mais elles sont souvent adoptees faute de mieux, parce qu'elles sont imposees par des chefs spirituels abuseurs ou parce qu'elles offrent un confort mental primaire. En realite tout le monde vit en fonction de superstitions. Mais les superstitions des personnes sages ou efficaces sont plus construites. Pour certaines personnes les choses sont tres simples : vous etes pour eux ou vous etes contre eux. En d'autre termes : vous rejetez leur image d'eux-memes ou vous l'acceptez. Si vous l'acceptez, alors en permanence vous etes sense etre gentils et souriants avec eux. Ne jamais critiquer bien sur, puisque si vous critiquez c'est que vous n'aimez pas ce qu'ils sont donc vous etes contre eux. Si vous critiquez ce sera pris pour une declaration de guerre. Vous recevrez donc en retour un deluge de haine et de reproches. Votre image de vous-memes sera degradee et rejetee par tous les moyens, meme les plus absurdes. Tout ce qui a trait `a vous sera detruit. Certaines personnes tentent d'obtenir une bonne image d'elles-memes en eliminant tout ce qu'elles considerent comme "impur". Les sectes adorent jouer l`a-dessus pour faire se departir leurs adeptes de leur argent, leurs biens... Certains essayent de devenir "bien" en possedant quelque chose de grand, de cher. J'ai une fois ete dans un magasin avec une personne qui raisonne ainsi. Elle tatait les objets d'un geste et d'une expression meprisante. Quand je lui ai montre l'etalage des objets pour lesquels on etait venus, d'un mouvement gras de la bouche elle a dit "Je veux la meilleure." Le prix n'avait pas d'importance. Cette personne ne peut arriver `a rien dans le vie et c'est bien ce qui se passe. Elle est obligee de travailler dans la prostitution pour `a peine survivre. Tout le monde veut inclure `a son image de soi des choses qui sont fondees, vraies. Une technique tres simple pour faire accepter une chose fausse `a une personne est de lui raconter de nombreuses petites choses vraies. La lourde et grave chose fausse entrera en meme temps que la nuee de petites choses vraies. Un de mes amis, chaque fois que je menace de reussir `a lui expliquer qu'une chose qu'il pense est fausse, me lance automatiquement `a la figure une chose qu'il pense vraie et qui n'a que peu de rapport avec ce dont nous discutons. Quand une personne honnete et une personne malhonnete luttent pour emporter le suffrage de la foule presente, le malhonnete peut vaincre rien qu'en appliquant cette technique : rebondir d'une ebauche de verite `a l'autre. Il faut un homme honnete tres capable - ou une foule cultivee - pour lutter contre cette strategie. Un moyen simple pour detruire une personnalite est de se moquer regulierement de ce qui est important pour elle. Toute chose peut etre tournee en ridicule ou etre relativisee. C'est meme necessaire dans une certaine mesure. Mais on peut en abuser et ainsi detruire l'image de soi d'une personne en se moquant de ce qui ne sont que des qualites, des avantages potentiels ou des particularisme necessaires. Inversement, on peut louer et flatter `a outrance des aspects d'une personne et la gonfler de fierte comme une baudruche. Dans la vie, il faut faire des choix. On ne peut pas tout faire en meme temps, on ne peut pas epouser toutes les femmes. Ces choix sont un travail, qu'il faut apprendre `a faire. Il faut etre capable de sentir quels choix peuvent nous apporter un chemin de constructions, de satisfactions, de reussites et de travail gratifiant. Il y aura toujours des embuches, le hasard peut meme tout detruire, mais choisir un chemin cela a un sens. Le propre des democraties est de tendre `a ouvrir un maximum de chemins aux gens et de leur donner les moyens de choisir ce qui leur conviendra, ce qui leur permettra d'apporter le plus de choses aux autres. Dans les dictatures les chemins sont imposes, par la force ou par la ruse. Ils ne correspondent alors que rarement aux moteurs des gens, le rendement sera faible. Apprendre `a faire les choix est un travail difficile, jamais parfait. Certaines personnes n'arrivent pas `a faire de choix. Elles vivent en ayant un peu choisi pour tout et opte pour rien. Elles ont une vie faite d'ebauches, de commencements, de reves avortes. Elles sont entourees de demi cadavres et des souffrances des personnes victimes de ces indecisions. Leurs images d'elles-memes est entaillee de coups de ciseaux inacheves, ce sont des dentelles chaotiques et douloureuses. Prendre des decisions fermes est pour elles une souffrance. Car elles devraient abandonner les autres choses, comme un enfant qui ne pourrait garder qu'un ou deux jouets. Pour des personnes adultes au contraire prendre une decision peut etre une grande joie. Car c'est le debut d'une construction ferme. Les personne indecises fantasment des dictatures, ou on leur imposerait enfin un choix. Un probleme peut etre tres grave s'il est `a la fois source de plaisir et de nausee. C'est un des aspects les plus destructeurs de la pedophilie. D'une part l'enfant rejette le contact du pedophile, il en eprouve un malaise. D'autre part il en ressent du plaisir car ce sont des caresses. Ou bien il tient au pedophile parce que c'est un parent ou une personne qui invoque ses bons sentiments. Cela engendre des paradoxes dans les pensees de l'enfant, des contradictions qui degenerent et le detruisent. Un adulte est plus ou moins capable de repondre point pour point `a ces paradoxes, de les resoudre, de trancher les petits noeuds gordiens et de reformer lentement une image de soi acceptable. Il y arrivera certainement s'il est aide par un bon psychologue. Mais pour un enfant l'effondrement psychologique est souvent inevitable. Le poids est trop lourd de cette charpente de contradictions, de culpabilites, des elements imaginaires delirants nes des interrogations. Seul un dialogue rapide et prolonge de l'enfant avec un tres bon psychologue, un adulte sage qui s'investit, peut esperer le sauver avant l'effondrement. La "resilience" est un phenomene qui veut que meme apres les traumatismes les plus graves un esprit humain peut esperer retrouver une image de soi acceptable. Comme une feuille pliee qui reprend lentement sa forme, comme par magie. L'exigence est une des pires maladies de l'image de soi. Si on dit et on explique `a un enfant qu'une terre lui appartient, devenu adulte il concevra une grande frustration si soudain on lui dit le contraire. Il sera pret `a se battre et peut-etre `a tuer pour reconquerir "sa" terre. Si on ne lui avait rien dit, si on n'avait pas implante cette terre dans son image de lui-meme, il n'y aurait pas eu de probleme. De meme beaucoup de bandits n'attaquent une banque qu'apres avoir longtemps reve de tout ce qu'il allaient faire avec cet argent. Ils ont inclus cet argent `a leur image d'eux-memes, il leur appartient. Si une personne s'oppose au hold-up, c'est avec l'indignation du bon pere de famille defendant son bien qu'ils abattront le geneur. Toute personne desire que son image soit approuvee par les autres, que ce qu'elle est soit juge bien. En disant `a une personne que son image est bien, on peut la combler de ravissement. Cela fonctionne comme une drogue. Cela demande aussi un certain talent. Si vous allez trouver une jeune fille et lui dites de but en blanc qu'elle est geniale, elle vous prendra pour un fou. Il faut d'abord vous faire accepter par elle, lui donner au moins l'impression que vous vous interessez `a elle et que vous avez une capacite d'appreciation objective, que vous etes une autorite. Alors vous pouvez commencer `a lui faire des compliments. Les escrocs, sectes et autres abuseurs jouent `a fond de ce mecanisme. Ils vous rendent heureux compliment apres compliment. Caresse apres caresse, ils vous font entrer dans leur systeme tout chaud. Si vous passez quelques mois dans les feutres de l'abuseur, il devient votre seule reference, votre seule source d'approbation. Puis il vous dit que pour continuer `a etre approuve il vous faudra faire ceci ou cela. Si vous etes soudainement prive de l'approbation de l'abuseur, vous allez vous retrouver dans un gouffre d'angoisses, d'inquietudes. Vous vous sentirez, moche, sale, defait, inadequat, incomplet... Vous reviendrez vers l'abuseur en rampant, pour quemander un regard, une petite caresse. Les examens, les concours, les mises `a l'epreuve... sont partie integrantes de l'Humanite. Je m'imagine mal confier ma vie `a un medecin ou un pilote qui n'auraient pas passes de nombreux examens pour certifier leurs competences. Le plus important dans un examen est la certification de son image d'elle-meme que rec,oit la personne examinee. Ensuite vient l'image d'elle-meme de la societe, fiere des diplomes qu'elle recele. Mais `a mon sens les examens sont actuellement galvaudes : * On confie la conception et l'execution d'un examen au professeur qui a donne ou supervise le cours qui permet de passer ce examen. * On force les etudiants `a avoir suivi les cours ou avoir passe les examens precedents pour pouvoir passer un examen. * On oblige les etudiants `a passer des ensembles fermes d'examens. Etre mauvais dans une seule discipline implique de rater l'ensemble des examens. * Les examens sont de simples seances pour verifier que l'etudiant a pu apprendre la theorie et les procedures par coeur, avec un minimum de capacite d'adaptation. Il n'y a pas ou peu de verification d'usage intelligent de la matiere. La capacite la plus intelligente demandee aux etudiants est d'avoir pu un peu organiser les mots et les phrases de la matiere. Ils doivent en faire de schemas structures, qui permettent de ne pas en faire un apprentissage par coeur strictement lineaire. * Souvent, la seule chose qu'un professeur demande `a un etudiant `a l'examen, c'est d'etre capable de faire semblant de passer l'examen. Certains professeurs voient de fac,on tres claire qu'un etudiant est totalement incompetent et recite la matiere comme si c'etait des vers dans une langue etrangere. Mais il donnera ses points `a l'etudiant, parce qu'une personne de la rue qui aurait ete presente `a l'examen, aurait eu l'impression que l'etudiant est competent. A l'inverse, des etudiants brillants, meme s'ils ont une bonne connaissance de la matiere, peuvent rater l'examen. Parce que le professeur les ressent comme une menace. Il existe toute une panoplie de trucs et astuces pour buser un etudiant competent et meme le persuader lui-meme qu'il est incompetent. * Souvent, les questions d'examen sont meme carrement disponibles `a l'avance. L'etudiant se contente de bloquer par coeur les reponses `a une trentaine ou une centaine de questions, en sachant que les questions d'examen seront trois d'entre elles. Certains professeurs vendent pour 10 EUR une disquette avec ces questions. La raison principale de cette situation est que la societe veut disposer d'une caste de gens prestigieux : les diplomes. Peu importe qu'ils soient competents. Ce qui compte est qu'ils en imposent au peuple. Il faut faire semblant. Bien sur il faut tout de meme que certains membres de la caste soient competents. Mais il suffit que quelques individus le soient. Les autres les suivront ou les exploiteront. Le systeme d'etude tel qu'il est, est meme carrement un frein `a la vraie competence. Je connais quelques personnes tres douees et diplomees. Mais elle n'ont pas acquit leurs competences aux etudes. L'obligation de preparer les examens et de faire les travaux academiques les ont meme plutot empeche d'apprendre davantage de choses. Le systeme n'hesite pas `a les utiliser en disant : "Regardez comme nos diplomes sont competents !...". Pour arriver `a faire semblant d'etre competents, certains professeurs n'hesitent pas `a aller `a l'encontre de la demarche scientifique : en faisant des cours volontairement incomprehensibles ou en retirant des bibliotheques les ouvrages contraires `a leurs theories. La raison pour laquelle les examens sont organises de la fac,on decrite ci-dessus, est que les professeurs eux-memes sont trop souvent des incompetents ou des personnes qui ne se soucient pas d'enseigner. Cette fac,on d'organiser les examens leur permet d'avoir un pouvoir immense sur les etudiants. Sans cela ils ne pourraient pas survivre, puisqu'il n'ont rien de concret `a proposer. Les etudiants eux-memes prennent le moule de ce systeme. Si un professeur essaye de faire passer un examen intelligent, il se fera rabrouer par la masse des etudiants puis sera desavoue par ses collegues. Il a interet `a rentrer dans le rang. Certains professeurs donnent meme les points `a leur examen en fonction des points obtenus aux autres examens. Ce systeme est une vaste hypocrisie, de la Haute Trahison institutionnalisee. Il entraine des pertes colossales `a l'echelle du pays et des individus. Mais presque tout le monde semble ne pas voir ou est le probleme. Le moule est pris. La meilleure defense des tenants de ce systeme, est que dans les pays ou il n'existe pas, la situation economique et politique est souvent mauvaise. Il faut admettre que ce systeme n'est pas strictement negatif : les etudiants apprennent malgre tout deux-trois choses, ils se font des relations, certains professeurs sont reellement competents et capables de rendre des services `a la Nation... Et puis le peuple joue le jeu. Cela, c'est tres important. Avec le systeme precedent, celui de la noblesse, chaque individu etait condamne `a vie `a un niveau social. C'etait une des causes des revoltes. Avec le systeme des etudes et des examens, toute personne, au moins ses enfants, peut esperer acquerir un statut. Avant, certains nobles recevaient ou achetaient de tres hautes fonctions alors qu'ils etaient radicalement incompetents. Actuellement, il faut au moins etre capable de faire semblant d'etre competant. C'est beaucoup. Cela en force plus d'un `a etre reellement un peu competant. Si un jour la Societe prend conscience du probleme, `a mon sens la seule solution est que les examens soient organises par l'Etat. Le role des enseignants doit se limiter `a preparer les etudiants `a passer les examens. Le prestige des professeurs et des etablissements doit decouler de leur aptitude `a preparer les etudiants `a passer de vrais examens. On peut s'etonner de voir des pays qui reussissent brillamment alors qu'ils ont une politique rudimentaire. D'autres pays, avec une politique pourtant exemplaire, se trainent douloureusement. Un eclairage sur la question est que l'etre humain est fondamentalement un etre familial. Une famille est une structure complexe. Un individu est fait pour vivre, penser et ressentir au sein de cette structure. Un pays ou une nation, c'est une sur-famille. On doit y retrouver les memes mecanismes que dans une famille : solidarite entre les membres, communication, defense du groupe, autorite et references communes, prestige partage, respect de chacun, soin des petits... Beaucoup de theoriciens imaginent des structures de societe qui devraient donner des rendements mirifiques. Mais si ces structures ne collent pas au schema de la famille, cela ne donnera rien dans les faits. Parce que les moteurs des individus ne les feront pas vivre dans ces structures. Dans certains pays, comme la Belgique, presque chaque personne a au moins une experience au cours de laquelle elle a ostensiblement ete traite par le Systeme d'une fac,on contraire `a l'esprit de famille. Dans ces pays l`a, cela devient le chacun pour soi, les arrangements et les petites corruptions... comme dans les mauvaises familles. Parce que dans l'image d'eux-memes les ressortissants de ces pays ne se sentent pas membres de la famille. Ils se defient de la famille. Cela fait perdre beaucoup de ressources au pays et cree un mal de vivre. Souvent, les gens sont maltraites par des fonctionnaires qui adherent `a ces theories mirifiques enoncees par de brillants theoriciens. Prenons par exemple l'idee selon laquelle une personne qui n'a pas de travail doit etre persecutee. Dans une vraie famille, on ne felicite pas celui qui n'a pas de travail, mais il reste un membre `a part entiere de la famille. Certains membres de la famille sont memes tres apprecies alors qu'ils n'ont pas de travail, parce qu'ils rendent des services qui ne sont pas chiffrables en terme de salaire. L'esprit d'une bonne famille, ce serait par exemple d'adopter le systeme de l'Allocation Universelle. Actuellement, en Belgique pour reprendre cet exemple, on est soit travailleur et membre de la famille, soit chomeur et en marge de la famille. Des efforts ont ete accomplis pour faire comprendre aux gens qu'un chomeur n'est pas forcement une engeance. Mais le clivage entre les deux mondes subsiste. Instaurer l'Allocation Universelle consisterait `a considerer que tout le monde est `a la fois chomeur et travailleur. On donnerait une allocation de "chomeur" `a tout le monde, d'une valeur fixe. Le travail quant `a lui serait impose `a un taux fixe, qui ne depend pas du revenus annuel. Si on fait le calcul sur papier, le resultat financier est le meme qu'actuellement : une personne qui a une activite donnee paye au final autant d'impots qu'avant et dispose d'autant d'argent qu'avant. Mais l'image de soi que le pays donne `a chacun de ses membres change radicalement. Chacun devient aime et protege `a vie. En consequence il y aura une plus grande loyaute des membres du pays envers le pays. Cela simplifiera egalement et radicalement le Droit du Travail. Actuellement le travail est presque criminalise. Je connais nombre de personnes qui n'oseraient jamais travailler, de peur des ennuis que l'Etat va automatiquement et gratuitement leur inventer. Il faut legaliser le travail. Que penser de ces travailleurs qui manifestent pour maintenir une activite industrielle qui n'est plus rentable ? Ils exigent de devenir des sortes de chomeurs qui conservent le prestige du travailleur. Officiellement ils travaillent, en realite ils sont chomeurs puisque leur travail est inutile et subsidie par l'Etat. Avec l'allocation universelle, chacun peut travailler des qu'un travail se presente, librement. Il y aura une beaucoup plus grande mobilite des travailleurs, donc une plus grande souplesse du tissu industriel et un meilleur rendement. Un autre exemple, peripherique, est celui du systeme de pensions. Dans une vraie famille, les jeunes sont fiers de veiller aux besoins des aines. Mais dans beaucoup de pays ce n'est pas ce qui se passe, ce n'est pas ainsi que les choses sont presentees. Que ce soit au travers d'epargnes privees ou de pensions d'etat, chacun cotise pour sa propre pension. Une fois pensionne, il rec,oit en retour l'argent qu'il a lui-meme cotise. Donc il n'a besoin de personne, il ne doit rien ni autres ni `a la societe. Cela a par ailleurs une lourde consequence sur l'economie mondiale. Cet argent epargne par les travailleurs constitue ce qu'on appelle les Fonds de Pension. C'est une masse d'argent colossale, qui est generalement utilisee `a des fins de predation financiere. Cela participe dans les problemes economiques actuels et dans la ruine de pays pauvres. Il faut changer la philosophie du systeme. Il faut que les pensions des personnes agees soient payees directement par les impots des personnes plus jeunes. Eventuellement au prorata de ce que la personne agee elle-meme avait paye comme impots du temps de sa jeunesse. Une fois de plus, on ne change pas vraiment les montants des pensions. Le resultat final est le meme sur papier. Mais on change la vision que les membres de la societe ont d'eux-memes. Le jeune est fier de payer la pension du vieux, dont il reconnait l'importance. Le vieux se dit qu'il a peut-etre encore un role `a jouer dans la societe, pour aider les jeunes. On peut supprimer les Fonds de Pension et leurs effets devastateurs. Il faut composer avec les instincts avec lesquels les humains naissent. Alors on obtient une societe plus performante, ou chacun peut developper une meilleure image de soi, vivre mieux. Ces instincts sont irremediablement en nous. Pourquoi vouloir aller `a leur encontre ? Ils ont ete forges par des millions d'annees d'Evolution. Ils vehiculent des mecanismes qui ont fait leurs preuves et qui nous depassent. Acceptons leur grandeur. On parle souvent des problemes causes par les instincts. Pour moi ces problemes etaient causes par l'ignorance d'autres instincts ou par une mauvaise harmonisation des instincts entre eux. On cherche des justifications economiques, politiques ou scientifiques `a toutes choses. Par exemple pour aller sur Mars. Ne peut-on pas simplement accepter le fait que l'humain a l'instinct d'aller partout ou il peut, d'explorer. C'est grace `a cela qu'il a survecu jusqu'`a nos jours. Allons sur Mars et etablissons-nous y, simplement parce que tel est notre instinct. Certains systemes sociaux se soucient peu de rendre la justice aux individus et ne s'occupent que de la paix sociale. En d'autres termes : pas de remous dans le peuple. Si un probleme apparait, on "tuera" les personnes qu'il faut pour que la situation se calme et que tout rentre dans l'ordre. Peu importe que l'on tue le coupable ou un innocent. Un des trucs utilises dans ces systemes est de faire croire aux gens qu'inconsciemment ils ont eux-memes choisi les problemes qui leur arrivent. Par exemple `a une personne qui se plaint des exactions commises par ses parents, on expliquera que son "ame" a elle-meme choisi ces parents-l`a avant la naissance. On donnera meme toute une argumentation. Par exemple que dans une autre vie son ame `a cause des torts `a ce qu'etaient les ames de ses parents. Donc on a choisi ces parents-l`a pour expier ses fautes. Donc on n'a aucunement `a se plaindre et meme on se doit de courber l'echine avec reconnaissance. Cette argumentation est une escroquerie et une demission de la Societe. Mais elle peut fonctionner de fac,on redoutablement efficace. Parce que meme dans le subconscient d'un enfant maltraite les parents occupent une place tres importante. Surtout dans les souvenirs diffus de la petite enfance, dont l'image de soi est impalpable mais profondement enfouie. A cause de ce lien fort qui existait, la personne sentira qu'il y a bien quelque part quelque chose en rapport avec ce qu'on lui explique. Les implications de cette vision du Monde sont egalement devastatrices : les parents qui ont le droit, le devoir congenital, de se venger de leurs enfants. Les enfants eux, ont une faute `a expier, une dette. Une fac,on simple de corrompre une personne consiste `a lui donner un grade eleve. Par exemple Directeur General Adjoint. Elle tiendra beaucoup `a cette nouvelle et superbe image d'elle-meme. Elle se rend aussi compte du fait que cette image n'existe que grace `a la personne ou l'organisme qui le la lui donnee. Donc elle veillera scrupuleusement `a proteger cette personne ou cet organisme. Car elle pourrait perdre cet image. Elle n'aurait aucune chance de la retrouver ailleurs puisqu'elle n'a pas les competences requises. On peut s'etonner que l'on nomme ainsi une personne incompetente `a un poste. Cela a des consequences facheuses sur les rendements ou meme sur la viabilite de l'organisme. Les humains sont ainsi faits qu'ils s'attachent parfois plus d'importance aux jeux de pouvoir `a court terme qu'`a l'efficacite `a long terme. Un chef peut avoir tres peur de donner une image de soi trop forte `a un de ses administres. Un de mes amis etait cadre dans une vieille entreprise. Les techniques etaient obsoletes, l'entreprise allait mal. Une restructuration a ete decidee. Tout naturellement c'est mon ami qui s'est charge de l'essentiel du travail : choix d'un nouveau systeme de comptabilite informatise, nouvelles machines, nouveau systeme de gestion du personnel, locaux reamenages... Quand la direction s'est installee dans les nouveaux locaux, une des premieres decisions a ete de nommer mon ami `a un poste subalterne `a l'autre bout de l'entreprise. Participer au conseil d'entreprise lui a ete interdit. Pourtant sa presence aurait ete precieuse, puisqu'il est la personne qui connait le mieux la nouvelle structure. Mais tout le monde avait peur de lui. Il etait trop fort, il menac,ait leurs places, meme celle du directeur. Actuellement il s'estime heureux de ne pas avoir ete simplement mis `a la porte. Chacun essaye d'avoir l'image de soi la plus belle et la plus complete possible. C'est un moteur qui est en nous, avec lequel nous naissons. Globalement c'est positif. Il est bon pour un individu et pour la societe qui le contient de chercher `a etre plus efficace, mieux equipe... Mais ce moteur peut aussi avoir des effets secondaires negatifs. Prenons par exemple une personne qui n'arrive pas `a faire quelque chose. L'ideal serait qu'elle admette qu'elle n'en est pas capable. Ensuite de quoi elle peut trouver le moyen de devenir capable ou de composer avec son incapacite. Sommes toutes, etre capable demande parfois des annees de travail, de preparation. On peut devenir capable dans des choses qu'on aurait jamais imaginees auparavant. Et personne n'est fait pour etre capable en toutes choses. Il n'y a pas de honte `a etre incapable. L'important est d'essayer d'admettre les choses telles qu'elles sont. Ensuite de quoi on peut eventuellement essayer de les changer. Malheureusement la reaction sera souvent d'inventer une autre explication au probleme. De preference une explication qui n'egratigne pas son image de soi, tout au moins une explication qui l'egratigne moins. La motivation peut meme juste etre de trouver une explication, n'importe laquelle. Parce qu'on prefere avoir une explication farfelue que pas d'explication du tout. Mieux vaut un sparadrap sur l'image de soi qu'un trou beant. Ces sparadraps impliquent trop souvent des blocages, qui empechent les individus d'evoluer. Un comportement frequent consiste `a cacher les choses. Par exemple on ne dit pas `a un enfant que le medecin lui fera mal. Voire on lui affirme qu'il ne lui fera rien du tout. On espere ainsi, tres logiquement, que l'enfant ne s'inquietera pas. Un autre exemple : on ne lui dit pas que rouler en voiture est dangereux, que sa vie est en danger. Ces mensonges degradent la qualite de vie de l'enfant. Au contraire il faut lui dire la verite. Le medecin va lui faire mal et rouler en voiture presente en risque serieux d'accident grave. Il faut lui expliquer aussi que le medecin fait cela par amour pour lui, pour sa sante. Rouler en voiture est un risque qu'il faut accepter, parce qu'on est oblige de se deplacer. Il y a moyen de creer un reseau de transport sans danger mais cela n'a pas ete fait. Il faut expliquer `a l'enfant qu'on sera l`a pendant que le medecin lui fait mal et qu'il aura un calin apres, que la voiture lui permet de retrouver sa famille et ses amis. Ainsi l'enfant a une image des chose complete, coherente et objective : il va souffrir chez le medecin et la voiture est dangereuse. Sa famille est avec lui et gere les choses pour un mieux. Alors l'enfant ne ressent pas d'angoisses et accepte les choses. La douleur infligee par le medecin sera ressentie comme benigne. Ce n'est pas la douleur ou la mort qui font peur, c'est l'inconnu et le mensonge : l'absence d'image des choses et des images faussees par ceux en qui vous devriez pouvoir avoir confiance. La Therapie Breve est une branche de la psychologie qui peut s'occuper des personnes qui ont des troubles de l'image de soi. Par exemple une personne qui panique dans un ascenseur, parce qu'elle ne realise pas sa place dans ce petit milieu ferme. Le psychologue en Therapie Breve va essayer de comprendre comment la personne se perc,oit dans l'ascenseur. Ensuite il lui proposera de travailler la question, de diverses fac,ons "actives, introspectives et prospectives". Un sujet de predilection de la Therapie Breve sont les personnes qui se sont enfermees dans un systeme. Par exemple une personne qui se dit victime d'une situation et qui pretend s'y etre resignee. En faisant cela, elle entraine les personnes autour d'elle dans son systeme. Le travail du psychologue en Therapie Breve sera de comprendre ce systeme, de l'expliquer et d'expliquer comment en sortir, de proposer un travail pour changer l'image de ce systeme que chacun des protagonistes a en lui. Il peut paraitre etonnant qu'une personne choisisse de construire un systeme autour d'elle ou elle prend le role de victime. C'est peut-etre parce que dans notre systeme culturel la victime est une personne privilegiee, qui merite des egards. C'est une image de soi qui n'est pas la plus enviable, mais qui n'est pas ininteressante. Elle offre des facilites, des possibilites, des moyens d'action. Dans d'autres cultures les victimes sont considerees comme des dechets ou des fautifs. L`a les systemes sont donc sans doute batis autour d'autres sortes d'images de soi. Il y a un moyen tres efficace pour imposer quelque chose `a quelqu'un : c'est de denoncer cette chose. J'ai ete tres etonne de voir que dans des familles ou on maltraite les enfants... on parle souvent des familles ou on maltraite les enfants. Les parents pointent du doigt les autres familles. Ils denoncent avec indignation et sous-entendus les mauvais traitements que les enfants y subissent. Leurs enfants ecoutent attentivement. Ce truc fonctionne tres bien. D'une part les enfants ne peuvent mentalement pas imaginer qu'ils sont eux-memes maltraites. Leurs parents denoncent cela si bien... D'autre part ils croient sans s'en rendre compte que ce qu'on fait aux enfants dans les autres familles est vraiment atroce, puisque que c'est pire que chez eux. Donc ils n'iront jamais demander l'aide d'autrui, ils ne denonceront jamais leurs parents. Ils sont bien enfermes. En general ce truc n'est pas utilise de fac,on consciente par les parents maltraitants. En tout cas pas au debut. Ce n'est que l'expression de leur paranoia, qui prend forme et se structure en fonction de l'impact sur les enfants. Supposons que vous voulez conseiller une chose `a une personne. Par exemple le systeme Linux. Vous lui donnez de tres nombreuses explications techniques et morales sur les raisons pour lesquelles elle a grand interet `a prendre ce systeme et pas le systeme Windows. Vous lui parlez meme de l'avenir de la planete, des flux d'argent mondiaux et de leurs consequences... Elle semble avoir compris. Elle peut vous repeter vos explications de fac,on intelligente et structuree. Elle a egalement compris qu'elle n'a aucune raison pratique importante d'acheter le systeme Windows. Pourtant elle achetera le systeme Windows. Pourquoi ? Vous avez fait une grave erreur. Quand une personne imagine adopter ou acheter quelque chose, il faut qu'elle ait une image de cette chose. Dans son subconscient, il faut que cette image de cette chose puisse se greffer `a son image de soi de fac,on enthousiasmante. La publicite de Microsoft montre simplement un chipendale en col-cravate qui est tres content d'avoir en face de lui un ordinateur avec Windows. Ca, c'est une image qu'on assimile tres bien. Donc on sent bien le produit Windows. Le produit Linux, par contre, on ne le sent pas du tout. Que voulez-vous que cette personne fasse avec la moralite et les flux d'argent mondiaux dans son ordinateur ? C'est insense et bien trop lourd `a porter. Avec tout ce que vous lui avez explique vous lui avez cause une defiance et meme un rejet du systeme Linux. Vous me repondrez que, si, cela a un sens d'utiliser un systeme plus sain, plus efficace et conc,u par des gens biens. Je vous donne raison. Mais essayez de comprendre que ce lien n'est pas direct. Il faut avoir un certain niveau intellectuel pour etre capable d'apprecier ce que le systeme Linux represente, pour faire la traduction entre les flux d'argent mondiaux et la joie de faire bouger sa souris `a l'ecran. Beaucoup d'utilisateurs de Linux n'ont pas ce niveau non plus. Ils ont adopte Linux pour s'integrer `a un groupe. En somme pour la meme raison que d'autres adoptent Windows. Si vous voulez faire du proselytisme, repandre la bonne parole, apprenez au moins `a parler `a chacun dans son langage. Faites en sorte que votre interlocuteur puisse faire le lien entre son image de soi et les images que vous soulevez. Un bon critere pour voir si une personne a integre un systeme `a son image de soi, c'est si elle est prete `a faire un effort pour cela. C'est `a dire `a payer de l'argent pour cette chose ou `a la demander. Avant j'avais l'habitude d'installer systematiquement Linux `a des amis utilisateurs de Windows. Cela me semblait une politique saine et democratique. Mais les resultats sont nuls. Ils n'utilisent pas Linux et ne le montrent pas `a leurs amis. Ce n'est pas parce que j'ai installe Linux sur leur ordinateur que des lors cela fait partie d'eux-memes. Ce n'est qu'une sorte de sac `a dos que j'ai depose chez eux. Ils m'aiment bien alors ils supportent sans probleme la presence de ce sac `a dos. Mais ils ne s'en servent pas. Les rares fois ou ils ont demarre Linux, ils ont simplement constate qu'il y a une souris, un menu et des fenetres, comme sous Windows. Quand ils essayent de l'utiliser, ils constatent que le mode d'emploi n'est pas exactement le meme, qu'ils n'arrivent pas `a faire tout de suite tout ce qu'ils ont l'habitude de faire sous Windows. Pourquoi se fatiguer `a apprendre quelque chose de neuf qui est semblable `a ce qu'on a dej`a ? Linux represente et permet beaucoup plus de choses que Windows. Mais cela ils ne le voient pas. J'ai arrete les installations sauvages de Linux. Je me contente d'en parler et de montrer que je l'utilise. Je denonce les superstitions anti-Linux et j'apaise les craintes de l'inconnu. Je fais travailler les imaginations, je fais comprendre que c'est une marche vers un au-dessus. Il est parfois amusant d'entendre des personnes discuter sans cesse de choses diverses et ne jamais pouvoir se mettre d'accord. Une raison `a cela est que par definition le jeu de la conversation peut consister `a prendre chacun un postulat different et `a essayer de le defendre. Le postulat le mieux defendable l'emportera, peu importe qui l'ait defendu. Une autre raison que je crois remarquer est que chacun tend `a defendre des idees qui sont une projection de son image de lui-meme. Que l'on parle champignons ou Politique Etrangere, on calque son propre mode de pensee sur le sujet et on le defend bec et ongles. En realite on se defend soi-meme. C'est une fac,on de faire qui est tres discutable. Elle a un avantage, qui consiste `a pouvoir soumettre son identite `a autrui sans en avoir l'air. En recueillant les reactions des autres sur le sujet qu'on defend, on obtient par la bande des renseignements sur soi-meme. C'est en general inconscient. On ne se rend pas soi-meme compte qu'on est en train de faire cela. C'est une version sophistiquee du "Monsieur le psychologue, j'ai un ami qui a un probleme...". Je crois malgre tout qu'il faut denoncer cette pratique et encourager `a aller droit au but. Des guerres de religions sanglantes ont eu lieu parce que chacun defendait sa vision de la Religion et des Mythes. C'est un jeu de masques parfois necessaire mais qui est globalement peu rentable et sujet `a bien des confusions. Sachons admettre ce que nous avons en nous et osons le dire explicitement aux autres. N'y melons pas les champignons ou la Vierge Marie. Fi de ceux qui se moquerons de nous. Ainsi on peut evoluer beaucoup plus vite et plus loin. Et devenir bien plus competents dans les champignons ou la meteo, debarrasses de l'empreinte de notre ego. Le Destin est une notion qui me semble souvent mal utilisee. Chacun a une histoire, qui fait partie de son image de soi. Cette histoire remonte plus ou moins loin dans le passe. Pour certains elle remonte bien avant leur naissance, parfois jusqu'`a l'epoque merovingienne. L'usage que l'on fait de ce passe est tres divers. Certains s'y attachent trop et en font des extrapolations abusives. D'autres la negligent ou la transforment suivant leur humeur... Peu importe : cette histoire a eu lieu et ses sequelles sont en nous. Meme les transformations que nous revons `a notre histoire font partie de cette histoire. Par contre ce qui est nettement moins trace, c'est notre futur. Pour moi le destin a un sens, en ce sens qu'il y a des choses en nous (ou autour de nous) qui nous imposent des choix et des evenements. Par exemple le cerveau de beaucoup de personnes est materiellement incapable de faire des mathematiques sophistiquees. Donc elles ont `a la base le destin de ne pas devenir de brillants mathematiciens. Il faut bien faire comprendre cet aspect des choses, parce qu'il y a beaucoup d'abus. Certains groupes pretendent que l'aptitude aux Mathematiques est uniquement une question d'education, de scolarite. Cela cause beaucoup de malheurs, parce que les enfants croient que s'ils n'y arrivent pas c'est `a cause d'eux-memes ou `a cause de leurs parents. Pire : on se sert de ces enfants qui n'y arrivent pas, qui sont "en echec" pour faire peur aux autres enfants, pour les menacer. On se sert d'un principe d'Egalite qui semble noble pour imposer une petite dictature mechante. Dans ces groupes, les Mathematiques sont en plus assez limitees. Ils n'enseignent pas des choses complexes et importantes, que seule une petite minorite des enfants est capable de comprendre. Donc ces enfants n'en feront pas beneficier la Communaute. Souvent, meme les choses qui sont enseignees ne le sont pas vraiment. On fait semblant, on ne fait que des choses superficielles, pour que la majorite des enfants ait l'impression de suivre et de faire des Mathematiques. C'est une arnaque. Une autre consequence est qu'on laisse facilement tomber des enfants en cour de route. Beaucoup d'enfants ont des aptitudes tres riches en Mathematiques mais ils ont une "tare" juste dans un domaine des Mathematiques. Dans ces cas l`a, cela vaut la peine de s'investir pour permettre `a l'enfant de passer le cap. Il faut le traiter comme un handicape, juste pour ce domaine l`a. Cela forme une passerelle qui lui permet de deployer une brillante carriere de mathematicien par la suite. On doit avoir le droit de faire des mathematiques comme on doit avoir le droit de ne pas en faire. Les deux sont lies. Revenons `a la notion de destin. Certains croient que notre futur est en nous exactement comme notre passe. Il est tout trace et on n'y changera rien. Par exemple ils fument la cigarette en se disant que de toute fac,on le jour de leur mort est fixe. Comprenons-nous bien : une part du destin d'un fumeur est ecrit, en ce sens que chacun a une sensibilite differente aux effets du tabac. Certaines personnes ont des muqueuses epaisses dans les poumons et un bagage genetique resistant au cancer. Elles ont donc un risque vraiment faible de developper un cancer ou de faire de l'emphyseme. D'autres personnes au contraire sont tres sensibles au polluants. Pour elles les risques sont tres eleves : fumer ou vivre avec des fumeurs est un suicide. Cette resistance ou cette fragilite que l'on a au depart, cela pese lourd sur notre histoire, cela va fortement contribuer `a l'orienter dans certaines directions. Cela ne veut pas pour autant dire que le jour de notre mort est fixe. Si nous decidons de ne pas fumer, nous avons une forte chance de mourir `a un age avance et dans de bonnes conditions. Nous partirons en quelques jours, comme un reve qui s'efface. Si nous fumons ou vivons avec des fumeurs, nous risquons fort de passer plus tard des dizaines d'annees avec un emphyseme aux poumons, perpetuellement en train d'etouffer. Nous allons mourir `a un age encore jeune, longuement et douloureusement. Le destin, c'est une chose que l'on peut influencer. On ne peut pas tout changer et on ne peut pas decider avec exactitude de ce qu'on change. Mais on peut macher du chewing-gum sans sucre au lieu de fumer. On peut aller chez un psychologue, pour resoudre les angoisses qui nous obligent `a fumer pour se calmer (dans certains cas, arreter de fumer sans avoir appris `a gerer son stress peut augmenter le risque de cancer...). Pour certains, l'idee de prendre ainsi en charge leur destin, au moins partiellement, est source d'une profonde angoisse. C'est pour cela qu'ils la rejettent et affirment leur conviction du Destin absolu : tout est ecrit, ils n'ont aucune responsabilite, reflechir n'est pas necessaire. Un destin ouvert, meme partiellement, c'est l'inconnu, l'etranger, l'obscur, la source de toutes les terreurs... Il faut de l'amour et de la sagesse pour oser affronter cela, une forme de confiance en Dieu. Les superstitions sont parfois presque des contrats que certaines personnes croient avoir passes avec l'Univers. Par exemple la superstition que s'ils sont gentils et genereux la Vie sera bonne et douce avec eux. Quelques annees apres on les retrouve tristes et meurtris : la Vie n'a pas respecte le contrat. Dans leur image d'eux-memes, l'Univers est une sorte de personne diffuse qui les entoure, qui les observe et fait des choses. C'est une attitude infantile qui coute tres cher. J'ai vu des personnes commettre des choses moches toute leur vie et pourtant etre riche, respectees et avoir une mort douce. On peut se gagner une belle vie. Etre honnete et genereux est une bonne base. Mais c'est surtout une question de travail et de bon sens opiniatre. Changer ce que l'on est cause de la douleur. Ce que l'on est ne convient et cela cause de la douleur. On changera donc si la douleur de ce qu'on est devient superieure `a la douleur de changer. Un bon psychologue permet de reduire la douleur de changer et d'obtenir des changements plus interessants. Lors de l'adolescence on change profondement son image de soi. D'un petit enfant couve par ses parents on devient un adulte part entiere. Cela passe par de nombreuses remises en question, des drames interieurs... Le piercing par exemple, tres pratique les adolescent, sert `a manifester le fait que leur corps leur appartient `a eux et non `a leur parents. Les adolescents ont besoin des accessoires propres `a leur age (vetements, accessoires de loisirs...). C'est leur identite-meme qui en depend. Certains deviennent presque des assassins psychopathes pour arriver `a mettre la main sur ces choses. Ils sont prets `a faire du piratage informatique, certaines filles se prostituent plus ou moins... Ils peuvent aussi avoir des reactions de rejet tres fortes contre les personnes qui ne jouent pas leur jeu, qui ne les traitent pas en "elegant adultes". Dans leur esprit il peut y avoir l'horreur de l'infantilisme violent le plus obtus, dans les faits ils sont dependant de leurs parents et ils seraient incapables d'assumer des responsabilites, pourtant ils veulent etre traites en egaux par les adultes. Pour eviter que ce processus ne degenere, il est de la responsabilite des adultes de faire des choses. Il faut qu'avant que le processus ne commence ont l'ait explique `a l'enfant, pour qu'il comprenne ce qui lui arrive. C'est peut-etre le plus important. Ensuite il faut prevoir un budget pour les accessoires dont l'adolescent a besoin. Ce besoin est reel et propre `a la nature humaine. On peut eventuellement discuter pour reduire certains couts, mais on n'y coupera pas. Enfin il ne faut peut-etre pas traiter l'adolescent comme un adulte puisqu'il n'en est pas un, mais il ne faut pas non plus le prendre pour idiot. Beaucoup de parents ou de personnes ayant l'autorite sur un adolescent utilisent des combines pour essayer de manipuler l'adolescent : des enjeux impossibles `a tenir, un endoctrinement, une autorite colerique, refuser des petits details et accepter des grandes horreurs, garder une fac,ade `a tout prix, faire des chantages avec des choses qui sont vitales pour l'enfant... Il faut depasser tout cela et aller droit au but : accompagner l'adolescent au fil de son developpement, discuter de certaines choses de fac,on objective, refuser ce qui doit etre refuse... Pas `a pas les parents doivent accepter qu'ils perdent le controle, qu'ils n'auront plus de renseignements, que le petit s'en va... Certaines personnes essayent de dominer les autres par tous les moyens. Dans leur image de soi inconsciente elles se voient tout en haut de la pyramide des personnes. Elles grimpent le long de cette pyramide de fac,on effrenee, tout le temps, jour et nuit. Elles collectionnent les moyens d'influencer les gens. Elles utilisent une personne pour en manipuler une autre. Si elle ne peuvent etre le patron d'une personne elle lui proposeront d'etre son esclave. Parce qu'un esclave peut influencer son maitre. Si vous leur signalez une opportunite, elles vous donneront des ordres. Si vous avez le malheur de leur rendre un service, vous devenez leur propriete. Si vous expliquez ce qu'elle font, elles seront rabrouee quelques minutes ou quelques heures, puis la machine `a escalader reprendra son mouvement, en utilisant d'autres methodes s'il le faut. Ces personnes ne veulent pas le mal d'autrui. Elles veulent meme en general le bien. Mais elles n'ont pas les competences necessaires alors elles font le mal, elles font des plans foireux. Certaines entreprises ou administrations adorent ce type de personnes parce qu'elles sont tres faciles `a manipuler. Il suffit de leur faire miroiter la possibilite de monter dans la pyramide. On leur explique qu'il faut etre tres travailleur et tres fidele. On peut ainsi faire travailler ces personnes au point que leur famille est en detruite ou qu'elles finissent par se suicider, videes de leur energie. La possibilite de reellement monter dans la pyramide est en fait rarement accordee. Les places interessantes sont dej`a attribuees, `a des personnes moins faciles `a manipuler, plus fiables. Un moyen facile de gonfler son image de soi de nouvelles choses impressionnantes et flamboyantes, c'est de prendre des obligations. On accepte un travail, on prend un engagement, on se fait elire `a une fonction... pour se sentir plus important. Le resultat est un overbooking letal. On se retrouve petri d'angoisses, on developpe des maladies somatiques, on manque de sommeil, on fait mal chaque chose et en prenant beaucoup plus de temps que necessaire, on perd ses amis... Le cerveau de certaines personnes est equipe d'un mecanisme de protection qui consiste `a oublier toutes les promesses faites. Cela peut sauver la personne mais cela n'arrange pas les autres. Il faut apprendre `a gerer son emploi du temps et `a ne pas prendre un engagement `a la legere. Il faut prendre le temps de reflechir, demander conseil, savoir retourner `a l'ecole, prendre des marges de securite... Le plus important est d'apprendre `a ressentir ce qu'il y a reellement au fond de soi. Si on a vraiment un enthousiasme pour faire une chose donnee, si on y trouve un reve ou un sport, un rythme ou un plaisir, alors il peut etre adequat de prendre l'engagement de la faire. On aura chaque jour plein d'energie pour la faire. En fin de journee on sera fatigue mais heureux. Il faut apprendre `a dejouer toutes les mauvaises raisons de se coller un engagement : s'attirer l'estime d'autrui, obeir `a un endoctrinement... Un bon engagement peut bien sur un jour devenir moins bon. Dans ce cas `a priori il faut tout de meme continuer, au moins un temps. Par exemple le temps de former un remplac,ant enthousiaste. Parfois la meilleure chose `a faire est d'arreter tout de suite, platement, sans meme s'excuser. Un enfant peut etre dresse pour vivre dans le monde de l'illusion. Sa maman lui repete sans cesse qu'il est merveilleux et adorable, sans qu'il ait le moindre effort `a fournir pour cela. Il doit juste bien se laver, sentir bon et porter les vetements chics qu'on lui achete. Son papa reve qu'il apprend `a faire des tas de choses. Par exemple qu'il apprend `a fabriquer des cerf-volants. Alors le papa achete des pieces de bois et de tissu et assemble des cerfs-volants. Tout en repetant sans cesse que c'est son enfant qui les construit et que regardez comme il fait c,a bien. Tout le monde admire l'enfant pour les beaux cerf-volants qu'il fabrique. C'est surtout l'enfant lui-meme qui s'admire pour cela. Dans les series televisees et les magasins, on lui propose des personnages ou des figurines colorees, dont on lui montre et lui dit qu'elles ont des pouvoirs magiques, de la force, des proprietes extraordinaires... Il bave pour les posseder et bien entendu on les lui offre. Il se gonfle du prestige et du merveilleux de ces petites choses. Il reve qu'il est fort, honnete, doue de multiples talents... alors que pas la moindre connexion ne se fait en ce sens dans son cerveau. Il n'a pas de reflexe d'honnetete. Aucune creativite ni habilete ne se developpe en lui. On lui achete des boites d'assemblage cheres et prestigieuses, qui permettent de fabriquer des petites machines de reve, motorisees voire informatisees. Mais aucune imagination, invention ni adresse n'est necessaire pour les assembler. Il suffit de clipser les pieces ensemble, suivant des plans detailles. Il n'est meme pas necessaire de peindre l'objet ensuite. Il faut juste faire un peu attention `a ce qu'on fait au moment du montage. Mais l'enfant se sent tres fier de ce qu'il croit etre sa Realisation. A un moment donne il peut etre confronte `a des livres ou `a des personnes qui expliquent la theorie des choses et les techniques, c'est `a dire ce qui permet d'inventer des objets et de les construire. Au debut il va se ruer dessus, il va les revendiquer. Puis il a un choc. Il a beau retourner le livre dans ses mains, aucune chose coloree ni prestigieuse n'en sort. Il ne peut rien tirer de ce livre puisque son cerveau n'a jamais ete prepare au puissant effort et aux longues demarches necessaires pour etre capable de creer, encore moins au patient travail pour fabriquer une chose nouvelle de toutes pieces. Il sent confusement qu'il y a une arnaque quelque part mais il est sur que cela ne peut pas venir de lui. Son rapport avec les gens creatifs, ceux capables de realiser un objet ou une oeuvre d'art, est tres ambigu. Il leur donne des ordres. Il leur dit qu'ils doivent creer des choses plus belles que tout, plus puissantes que tout ce qui existe. Il est tres fier de ce qu'ils vont produire, de ce qu'il considere qu'il aura lui-meme ainsi realise. Mais les creatifs n'obtemperent pas. Au contraire ils se moquent de lui. Il en deduit que les creatifs sont une sale race qu'il faut ecraser. Ils sont l'obstacle entre lui et le bonheur. Il n'en souffre pas vraiment, puisqu'il lui suffit d'aller chez sa maman. Elle le reconvaincra en peu de temps de son infinie grandeur, de son merite ineffable. Elle lui parlera de toutes les betises, de toutes les erreurs que font ces creatifs. Ce sont des vilains, de pauvres gens, il ne faut pas les ecouter. Lui par contre est chaud comme le Soleil, genialement parfait comme ses reves. Un jour un de ces creatifs lui explique qu'il pourrait acheter une petite planche de bois fin et de la colle, pour fabriquer un petit avion qui vole vraiment. Le creatif essaye de lui expliquer qu'il peut construire son petit avion comme il veut `a condition de respecter quelques regles d'aerodynamique. Il lui dit qu'il l'aidera quand il aura fait des erreurs, qu'il lui expliquera, pour qu'il apprenne, pour qu'il devienne libre de realiser les avions qu'il revera. Il tente de lui montrer des techniques pour bien decouper, sculpter et assembler des pieces. L'enfant le regarde d'un air narquois : "Bien essaye mon toto ! Tu as cru m'avoir, hein ? Si tu crois que je vais depenser 5 EUR pour ta saloperie de petit avion terne.". Un savant se fait souvent remarquer par le fait qu'il connait beaucoup de choses. Qu'il ait autant de savoir en tete est normal. Au cours de ses recherches il est passe par de nombreux chemins. Il a ete amene `a lire beaucoup de textes et `a parler avec un grand nombre de personnes. Il a longuement utilise toutes ces donnees, il s'est en partie appuye dessus pour creer de nouvelles choses. Il est normal qu'il ait garde une partie de cela en tete. Mais ce savoir est secondaire. Ce qui est important, c'est que le savant est capable d'invention, de reflexes intuitifs, d'extrapolation, d'imagination, de raisonnement, de recoupement... Son cerveau est une prodigieuse architecture. L'Enseignement pretend transformer chaque etudiant en un petit savant. Il est ecrit dans la Constitution que les Universites doivent former des personnes ayant des capacites de Chercheurs. En realite on se contente presque exclusivement d'obliger les etudiants `a apprendre des monceaux de donnees. Cela leur demande beaucoup de travail et tous n'en sont pas capables. On fait cela dans des cadres prestigieux, dans de grands amphitheatres avec Son et Lumiere. Celui qui ne se montre pas `a la hauteur sera jete au bas du talus. C'est tres impressionnant. On se contente de faire en sorte que les etudiants soient capables de singer un savant. Il faut qu'ils ressemblent `a des savants, en n'utilisant comme critere que le fait tres superficiel que le savant connait beaucoup de choses. Le travail des etudiants est dur. Mais l'architecture de leur cerveau ne depasse pas les methodes et reflexes de base, le minimum elementaire. Une consequence de cela est qu'ils ne retiennent meme pas le savoir qu'on les a forces `a faire semblant de maitriser. Dans beaucoup de cas, si vous interrogez une personne sortie depuis peu des etudes, elle ne se souvient presque de rien. Vous pouvez chercher un moyen de montrer "que cela a tout de meme servi `a quelque chose pour son cerveau", vous n'en trouverez pas. Vous etes en face d'un edifice vide et improductif. Vous pourrez tirer beaucoup plus d'une personne qui n'a pas fait d'etudes mais qui a eu de la curiosite et de l'enthousiasme pour quelque chose. En pretendant former des savants sans prendre en compte la nature humaine, on ne forme pas des savants et on handicape la formation des quelques vrais savants. Certaines lois existent non pour la raison qu'elles enoncent mais parce qu'elles permettent d'enfermer une partie de la population dans une certaine image. C'est une forme de propagande insidieuse. Par exemple les lois qui limitent les droits des femmes. Ces lois sont tres difficiles `a faire disparaitre, parce que le changement d'image que cela implique terrorise proprement les "beneficiaires" de la loi. Il existe un moyen assez simple pour leur faire accepter la disparation de la loi. Il faut leur fournir temporairement un autre moyen d'ecraser leurs victimes. Supposons par exemple que l'on veuille abolir la loi qui interdit `a une femme de posseder un compte en banque. Alors il faut par exemple proposer qu'une femme pourra disposer d'un compte en banque `a condition de passer devant une commission d'hommes, qui decidera. Ainsi la loi a une chance d'etre acceptee. Parce qu'un moyen est maintenu pour humilier les femmes et leur montrer qu'elles sont infeodees aux hommes. Quelques annees plus tard, cette commission paraitra `a beaucoup de personnes comme etant une chose ignoble. Alors on pourra faire voter sa disparition et les choses rentreront definitivement dans l'ordre. Cette commission etait en realite bien moins ignoble que la situation qui precedait. Mais elle est plus visible, on ressent mieux ses effets. C'est pour cela que les oppresseurs des femmes l'ont acceptee et c'est pour cela que les humanistes la rejettent ensuite. C'est un tout de passe-passe entre les semblants et les non-dits, un detour pour arriver `a la Justice. On agit en fonction de l'image de soi qu'on a. Mais, meme si l'image de soi qu'on a est `a la base positive et utile `a la Societe, ce qu'on fait dans la pratique peut etre mal. Il y a l`a un paradoxe. Malheureusement certains resolvent ce paradoxe en forc,ant sur le mauvais comportement. Il croient qu'ainsi ils affirment et meme prouvent que ce comportement est bon. Par exemple un enseignant peut ressentir du remords parce qu'il a brutalise un eleve. Il l'a fait parce qu'il voulait mieux l'enseigner. Mais c'etait une erreur. Pour se persuader qu'il a tout de meme bien fait et qu'il est bien un bon enseignant, il va recommencer. Il va meme developper toute une argumentation pour se justifier. Il doit continuer `a brutaliser des eleves, pour "prouver" qu'il n'a pas eu tort de brutaliser le premier. Cette derive peut etre tres difficile `a arreter. Plus d'un croit que parce qu'il a une image d'une chose il maitrise cette chose. Par exemple un jour j'ai propose `a un jeune informaticien de lui donner un CD avec un petit systeme "Linux" dessus. Il m'a repondu : "Non non pas besoin, je connais. Linux c'est un systeme avec une gestion "partitionnee" de la memoire". Je connais...". Pour commencer sa definition est fausse en ce sens que tous les systemes modernes gerent leur memoire de cette fac,on. Ce n'est pas une particularite de Linux. Ensuite, Linux c'est tout un Univers. Il y a des monceaux de choses geniales que l'on peut faire et qu'il faut donc apprendre `a faire avec Linux. Tout cela, cet immense champ de decouvertes, de competence et d'efficacite, il l'a balaye par une simple definition qui tient en un petit paragraphe. Il sait ce qui est marque dans le dictionnaire `a la rubrique Linux donc il n'a pas besoin de s'interesser `a Linux... J'ai experimente la meme chose en medecine. J'essaye regulierement des tas de choses et je (re)decouvre des effets peu connus et forts interessants. Que ce soient les epices ou l'aspirine, il y a tout un monde de possibilites peu connues. Parfois j'en parle `a des medecins, parce que cela peut resoudre des problemes de certains de leurs patients ou meme des problemes que le medecin lui-meme a. Assez systematiquement le medecin me debite de memoire ce qui etait marque dans son cours sur ce chapitre et puis change de sujet. Il se souvient de la definition academique du produit ou de ses effets, donc je n'ai rien `a lui apprendre. Deux ans plus tard il a toujours ses problemes de sante. Il n'a meme pas essaye ce que je lui expliquais alors que cela ne presente pas le moindre danger ni meme de perte de temps. On dit que les heros de romans et de films servent d'exemples `a la jeunesse. J'ai vu un cas ou cela me parait douteux. Les films preferes d'un jeune adolescent de mes amis sont des opus heroiques comme "Gladiateur" ou "Le Dernier Samourai". Dans ces deux films le heros est `a la fois un brillant stratege militaire et un homme rompu au combat corps `a corps. Quand on regarde cet adolescent, il a `a peine assez de muscle pour se tenir debout. Pourtant il a une ossature qui ne demande qu'`a se muscler. Il a une phobie de tout ce qui implique de la strategie. Il ne joue qu'`a des jeux video pour lesquels une souris aurait assez d'intelligence : saute d'obstacles, conduite, baston... Chaque fois que j'ai essaye de lui montrer des jeux qui impliquent un peu de strategie, par exemple des petits puzzles ou des commandes informatiques, quelque chose dans sa tete decide que ce n'est pas pour lui. Il refuse toute reflexion. Pourtant il en est parfaitement capable. C'est un enfant tres intelligent. Physiquement et mentalement il est le contraire exact de ses heros preferes. J'ai un peu essaye de comprendre la situation. Ses parents ne "voient" rien. Pour sa mere il est un merveilleux gentil petit garc,on absolument parfait. Ses amis `a l'ecole sont comme lui. Il vit dans un milieu ou aucun exercice physique ou intellectuel n'est jamais pratique. Les jeux videos et les series televisees servent `a remplir le hangar vide qui lui sert d'esprit. Cela fonctionne comme une drogue. Il en va de meme pour les films d'aventure. C'est une drogue hallucinogene pour compenser les choses qu'ils serait bien incapable de vivre. Ni les films ni les jeux videos ne sont mauvais en soi. Tout le probleme est dans l'usage qu'on en fait. Dans d'autres familles les memes films servent de stimulants pour faire du sport ou des jeux d'esprit. J'en ai discute avec l'adolescent. Le dialogue est possible avec lui, ce qui est dej`a beaucoup. Il m'a repondu que c'est une question d'entrainement. Donc dans son esprit il y a : "Je peux etre fort, adroit, cultive et bon stratege", ce n'est qu'une question d'entrainement". En d'autres termes : "Je peux le faire quand je veux, c'est presque comme si je l'etais dej`a, disons meme que je le suis.". Grace `a ce bricolage de son image de soi, il ne sent pas qu'il y a un gros probleme. Il a trouve un stratageme pour s'anesthesier. J'essaye maintenant de lui expliquer que a) ce n'est pas une question d'entrainement mais d'apprentissage, b) l'apprentissage demande beaucoup de temps et il faut apprendre beaucoup de choses pour etre capable d'apprendre, c) l'apprentissage n'est possible que quand on est enfant. Une fois qu'on est adulte on ne peut que mettre `a profit et murir ce qu'on a appris etant enfant. L'entrainement est necessaire pour parfaire et peaufiner ce qu'on a appris, voire pour apprendre de nouvelles choses. Mais c'est secondaire par rapport `a l'apprentissage. Il va donc arriver `a l'age adulte en ayant appris peu de chose, comme la majorite des adultes helas. La seule chose qu'il pourra developper sont ses muscles. Il pourra par exemple faire du bodybuilding. Il deviendra une armoire `a glace mais totalement incapable de faire des gestes adroits ou par exemple de se defendre. Un gringalet qui aurait fait du karate etant enfant pourra l'etaler en trois secondes. Ce qui peut sembler paradoxal est qu'il va dans une relativement bonne ecole. En theorie, l'ecole est precisement le lieu ou on fait apprendre les enfants. Ses professeurs lui font faire de petits travaux manuels. Mais il n'en retire rien ou pas grand chose. Parce que l'ecole l'ennuie. Il expedie les travaux scolaires comme des corvees et se contente des notes qu'on lui donne. Pour qu'un apprentissage soit effectif il doit y avoir un enthousiasme de la part de l'enfant, un projet personnel dans lequel il s'investit ; une chose quelconque qu'il a decide de construire. Alors il devient un aspirateur `a apprentissages. En quelques annees il peut atteindre des sommets. Les parents de cet adolescent sont en partie responsables de son manque d'interet pour l'Ecole. Ils se contentent de hurler quand il ramene de mauvaises notes. Ils n'ont aucun interet pour la matiere elle-meme ni pour les points de vue des professeurs. L'Enseignement et la Collectivite sont aussi responsables. Parce qu'ils se contentent de faire jouer aux enfants une comedie d'apprentissage. L'Enseignement belge est une grande piece de theatre ou l'on se convainc les uns les autres que l'on fait de grandes choses. Une des pires crises de comedie a ete "l'Enseignement Renove" : on a force les enseignants et les enfants `a faire semblant de mener de sympathiques et grandioses activites collectives. Tout etait ecrit mais il fallait faire semblant de decouvrir les choses, de les classer avec passion dans un cahier et de partager son enthousiasme avec le reste de la tablee. Il faut aller dans les dictatures communistes pour trouver pire. Il faut des cours obligatoires. Par exemple pour apprendre `a lire et `a ecrire ou pour apprendre les notions de base de la Loi. Mais cela ne doit prendre que quelques heures par semaines. Le reste du temps il faut laisser les enfants libres de leurs activites. Il faut des adultes autour deux, pour leur apprendre ce dont ils ont besoin pour mener `a bien leurs activites, pour leur montrer de nouvelles choses, pour les surveiller et les empecher de se mettre en danger... Les enfants ont un besoin vital de la presence des adultes. Il leur faut tout un panel d'adultes cultives, habiles, adroits, fins psychologues, qui ont le don de l'enseignement, qui ont des choses `a raconter, capables de structurer des projets collectifs des enfants... Mais c'est dans la tete des enfants que cela se passe, pas sur le tableau noir, ni dans les cahiers et encore moins dans la tete des adultes. Si on laissait les enfants ainsi vaguer `a leurs passionnantes occupations, les talents et la souplesse d'esprit qu'ils developperaient leurs permettraient de suivre les cours obligatoire avec beaucoup plus d'acuite. Actuellement, avec huit heures par jour de cours obligatoires, `a dix-huit ans les enfants sont juste capables d'ecrire de fac,on lisible et de comprendre des textes pas trop compliques. Si on reduisait `a huit heures par semaine de cours obligatoires et si on fournissait les ecoles en materiel de bricolage, en fauteuils, en livres, en pinceaux, en papier et en encre de chine, `a dix huit ans on aurait des armees de calligraphes verses en philosophie et en hautes mathematiques ou capables de prouesses physiques hors du commun. En deux generations il n'y aurait plus de problemes de guerres ou de pollution sur la Planete. Ces enfants devenus adultes seraient capables de produire beaucoup plus de biens tout en ayant beaucoup moins de besoins. Dans la majorite des pays "modernes" il y a une hierarchie. En haut de l'edifice il y a les ceux qui ont appris les Sciences Intellectuelles. En bas de la hierarchie il y a ceux qui ont appris les travaux manuels. Cette image de societe semble aller de soi. Pourtant quand on y regarde de plus pres il y a des choses absurdes. Par exemple les intellectuels sont en general tout `a fait incapables de faire ce que font les manuels. Ils ne sont donc pas "mieux" que les manuels. Il existe meme des entreprises ou les activites intellectuelles sont menees par les ouvriers. Les "intellectuels" ne sont l`a que pour le decors et sont meme un handicap pour les ouvriers. Ce n'est pas la regle generale mais cela existe et cela montre que la structure de la societe est artificielle. Plus amusant est le fait qu'il a existe et existe encore des collectivites ou les manuels dominent les intellectuels. Les intellectuels y sont consideres comme utiles mais ne sont pas plus valorises qu'un porteur d'eau. Un peu toutes les combinaisons sont possibles pour structurer une Societe. Ce qui compte sont les "manipulateurs". C'est `a dire les politiciens et les religieux. Ce sont eux qui creent les images de soi du peuple et engendrent ainsi les hierarchies. Ils ont helas souvent tendance `a faire cela de la fac,on qui est la plus interessante pour leurs interets personnels. C'est pour cela que les politiciens et les religieux sont au sommet de la hierarchie de la plupart des pays. Mais ce n'est pas toujours le cas. Dans les pays ou le peuple a un niveau spirituel eleve, beaucoup de culture et d'education, les politiciens et les religieux ont un pouvoir nettement moindre. Ils sont au service de la collectivite comme tout le monde. Dans ces pays aussi le salaire et les responsabilites d'un ouvrier sont beaucoup plus comparables `a ceux d'un intellectuel. Reciproquement les intellectuels ont fait de la pate `a modeler et de la tapisserie quand ils etaient enfants et sont relativement habiles de leurs mains. En gros on peut scinder les manipulateurs en deux camps. Le camp de droite "n'a pas confiance en Dieu" et veille `a maintenir une hierarchie dans le pays. Donc de fac,on directe ou detournee ils vont limiter ce que les enfants apprennent `a l'ecole. Le camp de gauche a confiance et essaye de d'augmenter au maximum le niveau de toute la population du pays. Ils savent que cela va limiter leur pouvoir sur le peuple mais ils se disent que si tout le pays s'eleve, tout le monde s'elevera y compris les manipulateurs. Dans certaines dictatures la propagande d'Etat veille `a ce que les jeunes se focalisent sur certaines activites. Par exemple le sport. Le dictateur va ainsi obtenir de meilleurs soldats, plus rapides et endurants sur le terrain. Si la propagande est bien faite, les jeunes considerent le sport comme une "evidence" et toutes leurs preoccupations intellectuelles vont au sport. Leur vie sociale tournera autour du sport. Ils parleront entre eux des performances d'un tel et des problemes de tibia d'un autre. Dans les democraties on laisse les gens decider par eux-memes du monde d'activites dans lesquelles leurs enfants vivront. Dans les familles "culturellement developpees" ces activites sont un veritable foisonnement : le grand-frere taille `a la main les pieces en bois de son avion telecommande pendant que la mere fait de l'horticulture, une tante de la litterature anglaise du 17eme siecle et un oncle de la balle-pelote. Cinq clubs de sport dans le quartier offrent des activites de groupe diverses. A dix-huit ans un enfant aura developpe de nombreuses facultes d'habilete manuelle, de souplesse intellectuelle, de sens des responsabilites, d'endurance physique... Devenu adulte il se focalisera sans doute sur quelques activites precises mais en beneficiant des dons qu'ils aura acquis dans toutes les disciplines pratiquees etant enfant. Cette liberte offerte par la democratie connait dans certains cas des derives. Par exemple des parents decident que leur enfant sera champion de moto-cross, de violon ou d'echecs. Ils emmenent leur enfant dans un club ou chez un professeur des l'age de quatre ans. Ils ne lui offrent que des "cadeaux" en rapport avec le but recherche. Ils decorent sa chambre de posters orientes. C'est une situation de dictature `a l'echelle familiale. Parfois l'enfant devient reellement bon dans la discipline visee et remporte au moins de petits succes. Il aura une personnalite deformee mais ne sera pas malheureux pour autant. Dans la majorite des cas c'est un echec. L'enfant se retrouve `a l'age adulte sans don particulier et estropie de tout ce qui n'avait pas de rapport direct avec le fantasme de ses parents. Certains commerc,ant aussi abusent de la situation. Ils proposent des jeux de cartes colores ou des jeux video, qui n'impliquent aucune activite intellectuelle veritable et un infime minimum d'aptitudes physique. J'ai de bonnes relations avec une souris sauvage qui vit dans mon grenier. Elle serait capable d'aller au bout d'une partie de ces jeux video si on trouvait un moyen de l'y faire jouer en vrai. Son cerveau ne doit pas peser plus de quelques dizaines de milligrammes. Ces jeux sont tellement vides qu'ils devraient ennuyer les enfants en quelques dizaines de minutes. Les commerc,ants ont contourne le probleme en les rendant hypnotiques : musiques repetitives, flashes, jolie couleurs, situations simples... Une partie des instincts et des reflexes humains sont detournes pour creer une passion pour ces jeux. Cela fonctionne comme une drogue, dans laquelle l'enfant se plonge corps et ame. Il evite ainsi les problemes de la vie reelle. Ses relations sociales avec les autres enfants se bornent `a echanger des jeux et `a parler avec enthousiasme des personnages de ces jeux. On entend des phrases comme : "Ah oui Galactor il a dix-huit queues vertes sur sa tete il est genial !". J'ai vu un adolescent en arret devant une affiche publicitaire qui montrait un nouveau personnage de jeu. Il s'adressait `a un ami : "Ah putain. Tu as vu son epee ?! Elle a un oeil. Ah putain !". Il etait dans un etat rare. Cette fascination est celle que les tribus sauvages ont pour les symboles et les divinites. C'est un reflexe humain, qui devrait d'ailleurs etre davantage pris en compte dans le monde moderne. Dans les tribus, ces symboles et ces divinites accompagnent la structure de la tribu et l'apprentissage scolaire des individus. Il n'y a qu'`a lire la Mythologie Grecquo-romaine pour se rendre compte de l'importance de ces symboles et de leur mythes. C'est ce qui permet `a un individu de se comprendre et de comprendre les autres. C'est la culture. Dans les tribus africaines, des concepts mathematiques ou philosophiques avances sont vehicules par des symboles. Il est naturel et necessaire que ces symboles exercent une fascination. Mais dans les jeux commerciaux il n'y a ni mythes ni apprentissages, encore moins de mathematiques ou de philosophie. Ou alors reduits `a leur plus simple expression. Cela fonctionne comme un piege. On place un appas, quelque chose qui attire ou fascine. L'animal piege ne trouve que la mort ou la servitude. Autre point commun avec les drogues : ces jeux sont vendus cent `a mille fois le prix qu'ils ont coutes pour leur creation et leur fabrication. Il existe des jeux de cartes et des jeux video extraordinaires. Mais ils n'interessent que les familles "culturellement developpees", ou les enfants sont inities pas `a pas, de fac,on naturelle. Presentes aux enfants des autres familles, ils engendrent de la peur et un rejet. L'intelligence leur fait mal, exactement comme la perspective de responsabilites est ce qui fait le plus souffrir un toxicomane. A qui profite le crime ? La question doit etre posee. Au Moyen Age il y avait deux sortes de gens de peuple : ceux qui avaient un metier et ceux qui n'en avaient pas. Si on etait forgeron, mac,on, tisserand... c'etait parce qu'on l'avait appris dans sa famille. On avait vecu dans la profession depuis l'enfance. Ceux qui n'avaient pas de profession n'avaient rien appris dans l'enfance. C'etaient les traines-misere, qui se contentaient de petites taches voire versaient dans les petits delits. Cette situation du Moyen Age est critiquable : seuls les enfants des artisans avaient la possibilite d'apprendre un metier et ils ne pouvaient souvent pas choisir ce metier. Mais elle avait un avantage : les puissants etaient en partie soumis aux artisans. Si les artisans d'une ville refusaient de fournir un seigneur en materiel de guerre, celui-ci etait bloque. Les artisans sont des gens fiers de leur metier et conscients de leurs responsabilites. Au debut de l'Ere Industrielle sont apparus le travail `a la chaine et la fabrication standardisee. C'etaient des revolutions, parce que cela permettait `a des groupes d'ouvriers sans formation de produire en grande quantite des objets de qualite equivalente `a ceux des artisans. Ainsi la societe est devenue beaucoup plus riche et tout le monde avait un travail. Ce fut un miracle. Le hic, c'est que ces usines ou l'on travaille `a la chaine sont gouvernees par les seigneurs des temps modernes : les industriels. Les "seigneurs" ont donc reussi `a contourner le pouvoir des artisans. Ces seigneurs n'ont aucune envie que le temps des artisans revienne. C'est peut-etre une des raisons pour lesquelles on apprend si peu de choses veritables dans les ecoles. On ne veut pas former des artisans. On veut des ouvriers, c'est `a dire des personnes qui ont des capacites reduites et qui sont obligees de se plier au systeme pour avoir un niveau de vie acceptable. C'est vrai meme pour les universitaires. C'est une situation dangereuse, parce que tous les seigneurs ne sont pas de bons maitres. L'industrialisation sauvage nous a amene deux guerres mondiales, la pollution atmospherique, le capitalisme sauvage, les delocalisations... Ce qu'il nous faudrait maintenant, c'est essayer de combiner le meilleur de deux mondes : l'artisanat et l'industrialisation. Il est evident que le travail `a la chaine est une atout. Parce qu'il peut etre fait par des robots, parce qu'il donne la possibilite `a tout le monde d'avoir un travail et parce qu'il permet de produire une meme quantite de biens de fac,on plus ecologique. Mais l'artisanat doit etre reintroduit et partage entre tous. Parce que l'artisanat est un puissant facteur de democratie. Le systeme informatique Linux, par exemple, est la reaction des artisans contre le monopole des mauvais systemes informatiques de Microsoft. Si nous etions tous des artisans, nous obligerions les industriels `a produire des appareils un peu plus cher mais dont les pieces seraient plus solides et standardisees. Quand une television tomberait en panne, on se contenterait de changer ou de reparer soi-meme la partie qui ne fonctionne plus. Si on desire ameliorer sa television, on peut se contenter de changer soi-meme la partie que l'on desire ameliorer. Ainsi les objets vivraient beaucoup plus longtemps. Il faudrait donc en produire moins et il y aurait moins de dechets. Si l'humanite n'est faite que d'ouvriers, ils vivront dans la peur de l'inconnu et soumis aux puissants. Les artisans sont conscients de leur image d'eux-meme et savent prendre les choses en main. Pour que l'artisanat se repande, il faudrait que les familles "culturellement developpees" soient un peu plus militantes. Des etudes scientifiques ont montre que la structures neurologique du cerveau d'un enfant porte les consequences de ce que cet enfant a vecu. S'il a vecu dans un environnement sain, il aura un cerveau qui a une certaine composition. Si par contre il a vecu dans un environnement de guerre ou dans une famille detraquee, dans l'angoisse, ses neurones seront en parties atrophies. Devenus adultes, ces enfants de la guerre sont beaucoup plus sensibles aux problemes de stress et d'angoisse. Ils sont plus ou moins handicapes. En discutant avec des personnes qui ont de tels problemes je me suis rendu compte qu'on peut aussi en parler d'une fac,on plus globale, en terme d'image de soi. Les enfants qui ont eu de bons parents ont quelque part en eux toujours cette image du bien-etre et de la securite de l'enfance. On leur montrait et on leur expliquait les problemes de la vie, tout en leur disant et en leur prouvant qu'ils en etaient proteges, qu'ils n'avaient pas `a les affronter tout de suite. On leur donne des vrais calins au moindre probleme et `a titre preventif aussi. C'est une formule equilibree. D'autres parents vont vers un extreme ou vers un autre. Certains surprotegent leurs enfants, les isolent du monde. Une fois adultes, ces enfants sont obliges de rester chez leurs parents ou de consommer des drogues, pour continuer `a vivre le bien-etre et le confort de l'enfance. L'image du monde tel qu'il est, est trop atroce pour leurs cerveaux. Ils n'y ont pas ete prepares. L'autre extreme consiste `a importer dans la famille les problemes du monde exterieur. Certains parents recreent dans la cellule familiale une atmosphere de guerre et de danger permanent. Devenus adultes ces enfants n'auront aucun souvenir d'enfance dans lesquels se refugier. Ils seront des betes sauvages, obliges d'attaquer ou de fuir devant les problemes. Ils se suicideront, de fac,on rapide ou en se detruisant lentement. Pourquoi certains parents font-ils cela ? Par betise, par insensibilite, par manque de culture, pour faire le contraire de ce qu'ils ont subi dans leur propre enfance... Parfois leurs intentions sont tout `a fait structurees. Certains parents decident de faire sentir `a leurs enfants qu'ils n'ont aucun droit, que toutes les methodes de torture pourront etre utilisees contre eux : coups, privations de nourriture, humiliations... Cela leur permet, pensent-ils, d'obtenir ce qu'ils veulent de leurs enfants. "On est bien obliges de sevir, sinon il n'en fait qu'`a sa tete..." Certaines sectes organisent cela `a plus grande echelle. Tout le monde a en tete une image de la famille heureuse. On reve `a comment devrait etre le papa, la maman et les enfants. On y reve d'autant plus si on a soi-meme eu une enfance douloureuse. Dans les familles reellement heureuse, ce qui permet le bonheur est la communication. Peu ou prou, tout le monde comprend tout le monde et attache de l'importance aux sentiments et aux besoin des autres. Ce que la famille est, l'image qu'elle forme, est le resultat de prise en compte des besoins de chacun. Mais une personne qui a eu une enfance dure n'a en general pas appris `a communiquer. Elle se retrouve donc avec en tete une image tres precise de la famille ideale mais peu ou pas d'aptitude `a la communication. Si elle trouve un partenaire, elle va essayer de lui imposer son reve tout en etant insensible aux besoin de l'autre. Cela mene a des situations cataclysmiques, `a la rupture, parfois jusqu'au meurtre ou au suicide. En general les deux partenaires ont le meme probleme. Qui se ressemble s'assemble. Car une personne qui a appris `a communiquer rejettera presque toujours une personne qui ne fait que rever. Chacun des deux partenaires oscillera entre des tentatives pour imposer son reve `a l'autre et des tentatives gauches de se plier au reve de l'autre. Les sentiments iront de la colere extreme `a la culpabilite extreme. Chacun est reellement et sincerement amoureux de l'autre. Ce qu'il fait, il le fait pour le couple, il le fait pour l'autre. Pour realiser le reve de ce qu'il croit etre la source du bonheur. C'est en desespoir de cause qu'il se voit obliger de faire plier l'autre, de la casser pour le mettre dans le "bon" moule. A condition d'etre pris en charge par des professionnels, certains de ces couples arrivent `a surmonter cette situation de guerre. Ils reussissent `a apprendre `a communiquer. Parfois par des methodes tres detournees mais cela fonctionne. D'autres cas sont desesperes. Certains individus passent leur vie `a creer des couples destructeurs. Ce probleme se retrouve aussi dans les communautes, les entreprises, les gouvernements... ou concentre dans l'esprit d'une seule personne. Une erreur que l'on pratique dans beaucoup de systemes d'education est de croire que l'image de soi d'une personne est statique, comme les pages mortes d'un livre. Donc on apprend des centaines de milliers de choses aux enfants, des donnees et des procedures, comme si on supposait que chaque chose allait se loger `a la bonne place dans l'esprit/classeur de chaque enfant. On se permet meme de decider du futur de l'enfant en fonction de son aptitude et sa bonne volonte `a retenir ces informations steriles. Cela nie les sentiments et l'intelligence de l'enfant. Les sentiments sont quelque chose qui ne s'apprend pas mais qui se developpe. On nait avec mais il faut apprendre `a vivre avec : `a les connaitre, les gerer, les combiner `a d'autres sentiments... Une personne dont les sentiments sont mal geres ou atrophies est une enveloppe vide ou un danger. Nos sentiments sont le fondement de notre image de nous-memes. L'intelligence quant `a elle sert `a produire des images. Le cerveau d'un humain est capable de produire des images qu'il ne contenait pas la minute d'avant. Ce sont les inventions, les strategies, les poemes (qu'ils soient litteraires, musicaux ou picturaux)... Developper l'intelligence d'un enfant est un travail autrement plus ambitieux que ce que l'on fait actuellement dans les ecoles. C'est une machine divine qu'il faut faire pousser, qu'il faut mettre en route. Elle se nourrit d'images, de procedures, de sentiments... Elle se nourrit de tout mais surtout elle apprend lentement `a produire. Pour cela elle ne classe pas les images : elle les resorbe entre elles, elle les digere. Le cerveau d'une personne intelligente contient en realite beaucoup moins de choses qu'on en a l'impression. Mais ces choses sont tissees entre elles, recoupees et associees. Elles sont `a disposition de l'intelligence de la personne pour etre associees et recoupee avec toute nouvelle donnee qui se presenterait. Ce developpement exceptionnel du cerveau, cette image de soi vivante, ne s'obtient pas par la contrainte. C'est un enthousiasme que chaque enfant a et qu'il faut se contenter de nourrir. Certes il faut utiliser de brefs moments de contrainte, `a l'occasion, pour cristalliser certaines choses dans l'esprit des enfants et leur faire faire certains progres. Si c'est fait dans l'intention de laisser les enfants developper leur intelligence, ils s'y preteront de bonne grace. Les donnees et les contraintes sont donc necessaires pour le developpement de l'intelligence des enfants. Comme ce sont deux choses faciles `a faire, l'Enseignement se contente de ne faire que cela, avec un resultat catastrophique. C'est comme si on enterrait une plante sous du fumier. Le fumier est tres bon pour la pousse des plantes mais en petites quantites. Si on enterre une plante sous le fumier elle meurt en quelque jours. Elaguer un arbre fruitier est necessaire pour qu'il donne de beaux fruits. Mais si on passe son temps `a l'elaguer il restera petit et ne donnera qu'un ou deux petits fruits par an. Voire il mourra. Les Ministres se plaisent `a dire que les enseignants sont libres d'enseigner aux enfants. On m'a propose d'enseigner et j'ai rec,u les documents du "Programme". Ma conclusion au terme de la lecture de ces documents est qu'il m'etait interdit d'enseigner. D'autres personnes m'ont rapporte la meme impression. Le systeme mis en place par l'Etat favorise les enseignants "moutons" qui se contentent d'anonner les matieres. Si un enseignant a des ambitions, soit il se plie au systeme soit il quitte l'Enseignement. Il existe des enseignants ou meme des ecoles qui font de la Resistance. Mais c'est tres difficile. Il n'y a pas de menace de mort contre eux mais leur travail ressemble par bien des points `a celui d'un groupe de Resistants contre une puissance d'occupation. On veut empecher les enfants les enfants d'apprendre `a reflechir tout comme jadis on voulait empecher les bretons de parler breton. On empeche au cerveau d'apprendre `a se parler dans sa propre langue. Tout en faisant croire aux parents qu'on s'occupe super-bien des enfants et qu'on assure leur avenir. La seule partie de l'Enseignement ou le developpement des enfants semble officiellement accepte est la maternelle. Dans les bonnes ecoles maternelles on fait de vrais efforts pour stimuler les enfants. Les enseignants ont le droit de reellement s'occuper des enfants. Comme par hasard les enseignants de maternelle sont les plus mal payes de la profession... Il m'arrive de tans `a autres d'expliquer `a un etudiant une chose qu'il n'a pas comprise aux cours. En une demi-heure je lui fais comprendre ce qui lui etait reste radicalement obscur apres 200 heures de cours. Ils en sont tout abasourdis. La recette est pourtant simple : meme s'ils ont 20 ans je leur parle comme un enseignant de maternelle `a un enfant. Je m'occupe d'eux. Au lieu de jouer une piece de theatre sur une estrade. Dans la Nature certains insectes sont toxiques. Ils se parent de couleurs vives, pour se signaler aux predateurs : "Youhou ! C'est moi l'insecte toxique ! Comme celui que vous avez essaye de manger il y a deux mois et que vous avez recrache !". Il existe des insectes non toxiques mais qui se parent pourtant aussi de couleurs vives. Ils jouent sur la reputation des insectes toxiques. Cela en coute pour les insectes toxiques. Parce que comme il existe des insectes colores non toxiques, il faut plus de temps aux predateurs pour apprendre `a se mefier des insectes toxiques. Donc ils tuent plus d'insectes toxiques avant de comprendre. D'une certaine fac,on il en va de meme dans les administrations. Les administrations sont necessaires pour la bonne marche d'un pays. Mais on cree en parallele des administrations inutiles. Elles se trouvent dans des batiments, elles ont des statuts, elles contiennent des fonctionnaires qui touchent un salaire, elles remplissent des taches... elles ressemblent tout `a fait `a des administrations. Mais ce ne sont pas des administrations, puisqu'elles sont inutiles `a la population et `a la bonne marche du pays. Pire : pour se rendre importante et par incompetence elles creent beaucoup de problemes et de rancoeurs au sein de la population. On ne demantele pas ces administrations parce que certains puissants y trouvent leur compte : elles forment une masse mobilisable pour les syndicats, elles offrent des emplois dont les elus peuvent se vanter en campagne electorale, elles justifient des mouvements de fonds que l'ont peut ecremer, elles permettent de donner des promotions `a des relations... Un ami `a qui j'en parlais me disait que l'on appelle une telle administration une "sinecure". C'est `a dire un endroit ou les personnes un peu sensees se rendent compte qu'on ne fait rien de reellement utile, on s'ennuie, mais on est prie de ne pas le dire et il faut que les choses continuent... Certains parents n'apprennent pas de limites `a leurs enfants. Cela arrive plus frequemment quand c'est un enfant unique. Cela donne des enfants qui ne repondent pas quand on leur pose une question, qui prennent n'importe quel objet pour jouer avec, qui font du desordre n'importe quand... Ces parents ont une image bien precise de ce que deviendra leur enfant. Par exemple ils le destinent `a succeder `a la tete de l'usine familiale. Ils s'occupent beaucoup de l'enfant et le traitent presque comme un adulte. Il est l'animal familier de leurs reves les plus profonds. Le principe est que tant que l'enfant ne fait rien qui aille `a l'encontre des reves de ses parents, il fait ce qu'il veut. Ces enfants sont peu sociabilises et on appris peu de choses, parce qu'ils n'ont pas eu d'enfance. Quand ils grandissent ils deviennent des catastrophes ambulantes. C'est `a ce moment que les parents se rendent compte que l'enfant ne peut materiellement pas realiser leurs reves. Alors ils deviennent d'une extreme cruaute avec lui. Il est assez desagreable pour un educateur d'expliquer des choses `a des enfants et de les voir bailler d'ennui. C'est encore plus desagreable quand ces enfants sont venus trouver l'educateur parce qu'ils veulent faire quelque chose et l'educateur ne fait que leur expliquer ce dont ils ont besoin. Le probleme est que les enfants ne perc,oivent pas la connexion entre leurs reves et ce qu'on leur explique. Ou pire : ils n'ont pas de reves. Un enfant s'interesse reellement `a une matiere quand il perc,oit ce qu'il pourra faire avec. Certains se preoccupent de ce qu'ils pourront faire dans l'immediat, d'autres pensent `a plus long terme. Cela depend des personnes. Le probleme dans notre Societe est qu'on veut eviter que les enfants aient des reves. Parce qu'on veut qu'ils realisent les reves des puissants : les industriels, les chefs religieux, les politiques... Il est donc difficile de leur apprendre des choses. On utilise des palliatifs : menaces de punitions, promesses, chantages, chagrin des parents... Le reve de l'enfant devient tres simple : eviter les coups et/ou recevoir un nouveau jeu video. Pour cela il ne lui sert `a rien de comprendre ce qu'on lui enseigne. Il ne sert `a rien de voir les liens de ce qu'on lui enseigne avec d'autres matieres. Il ne sert `a rien de devenir un inventeur ou un artiste. Il ne sert `a rien de devenir competent dans un metier. Il faut seulement mettre un peu d'ordre dans la matiere qu'on lui enseigne, apprendre des mots et des procedures par coeur et retaper cela aux interrogations et aux examens. Au mieux, `a la fin de ses etudes, il sera capable de mettre de l'ordre dans des idees simples et de comprendre des textes techniques pas trop compliques. Tout eleve ou etudiant qui sort de ce schema sera elimine. Une personne qui a compris des choses, qui en a des images claires en tete, ne peut parfois pas comprendre que les autres ne les comprennent pas. Si les autres refusent ces idees elle croit que c'est par mechancete. Elle ne comprend pas que pour eux ces idees sont du charabia, une langue incomprehensible. On n'achete pas un chat dans un sac. Le quiproquo est d'autant plus inevitable qu'ils font semblant de comprendre, pour ne pas perdre leur prestige. Dans certaines entreprises on met `a la porte tout specialement ces personnes qui ont des idees et qui derangent. Le pire, aux yeux des dirigeants, est qu'ils savent que ces idees pourraient etre bonnes. Si cela venait `a etre prouve ils perdraient une part de leur prestige. Les personnes qui ont propose ces idees pourraient leur monter dessus et prendre leurs places. C'est un dialogue de sourd entre les creatifs et les etablis. A priori chacun cherche `a avoir la meilleure image possible de soi. Mais le plus important est d'avoir une image de soi. Si les seules personnes disponibles autour de vous vous donnent une mauvaise image de vous, vous allez pourtant rester aupres d'elles. Parce qu'elles vous donnent une image, quelle qu'elle soit. Un enfant qui est neglige par ses parents ou maltraite peut avoir tendance `a laisser trainer ses jouets partout dans la maison. Il fait cela pour signaler sa presence. Au travers de ses jouets, qui font partie de son image de lui-meme, c'est lui-meme qu'il etale dans la maison, pour tenter d'exister. Un chirurgien sait que pendant une operation le patient ne doit surtout pas voir l'interieur de son corps ni meme en entendre parler. Il pourrait en resulter des problemes psychologiques graves. Les informaticiens rencontrent le meme probleme avec leurs clients. Quand on repare ou amenage le materiel ou les logiciels d'un ordinateur, il vaut mieux ne pas commenter ce qu'on est en train de faire. Il faut dire au client que tout se passe bien et l'ordinateur fonctionne de mieux en mieux. L'ideal est que le client ne soit pas present. Un client auquel on explique ce qu'on est en train de faire, les problemes temporaires qu'on rencontre, peut devenir fou d'angoisse. Il ne supporte pas ce qui se passe. Ce probleme que rencontrent les chirurgiens et les informaticiens tient peut-etre `a un manque d'education des patients et des clients : ils n'ont pas appris `a vivre ces situations, `a assumer les realites. Une certaine image de la famille veut que les membres de la familles sont lies entre eux. Ils s'entraident, travaillent ensemble, se comprennent, mangent ensemble... La Societe de Consommation tend `a briser ce nid. Par la publicite et diverses manipulations, les entreprises s'ingenient `a devenir l'interlocuteur privilegie de chaque membre de la famille. On n'ecoute plus ses grand-parents, on ecoute la tele. On ne cuisine plus amoureusement de soupe pour ses enfants, on achete de la soupe en boite. On ne s'occupe pas des enfants, on les envoie en parking `a l'ecole ou on leur apprend le minimum necessaire pour etre des rouages des entreprises. On ne se parle plus ni se prend dans les bras les uns des autres pour destresser et etre en bonne sante, on consomme les anxiolytiques vendus par les entreprises. On ne n'essaye plus de comprendre ses voisins, on se contente de gagner leur interet en leur pretant un film DVD achete au magasin. Tous les axes de communication entre humains se brisent pour se tourner et s'etablir vers le Systeme. Un scenario frequent dans les familles ou on maltraite les enfants est que les parents montrent en public qu'ils adorent les enfants. A leurs amis, ils racontent avec force details combien ils aiment leurs enfants et sont prets `a faire des choses pour eux. Ils racontent les cadeaux qu'ils ont l'intention de leur faire, les assurances qu'ils vont souscrire pour eux... Parfois ils etalent une grande culture en matiere de pedagogie. Ils ont lu des livres et on voit que cela les a passionnes. Les gens qui ecoutent ces images d'amour parental sont tres emus. Le soin d'un parent pour son enfant n'est-il pas la plus belle chose au Monde ? Quand un de ces enfants vient raconter qu'il n'a pas rec,u `a manger depuis une semaine et qu'il ne sent plus son pied droit depuis la derniere fois que ses parents ont utilise des electrodes pour le torturer, les gens eprouvent de la haine pour lui. Comment peut-il dire de pareilles horreurs sur des parents aussi geniaux, aussi aimants ? Ce gosse est crapuleux ! Peut-etre a-t-il ete puni mais vraiment il le merite. Ainsi certains enfants se font abuser et maltraiter toute leur enfance, virtuellement au vu et au su de tout le monde. L'entourage se joint aux parents pour rabrouer ces enfants, au nom de l'Amour. On peut se demander ce qui se passe dans la tete de ce type de parents. En gros il y a deux extremes. A un extreme il y a des parents qui ont parfaitement conscience de ce qu'ils font. Ils se defoulent sur leurs enfants en toute connaissance de cause et racontent des bobards aux voisins pour eviter les problemes. Ces parents-l`a ont le sentiment d'avoir pleinement le droit de faire ce qu'ils font, ils le considerent comme naturel. Ils peuvent meme avoir des theories tres construites pour tout justifier. A l'autre extreme on trouve des parents qui aiment reellement leurs enfants mais qui ne les voient pas. Ils revent sincerement et profondement de batir une famille heureuse, ou chaque enfant trouvera son epanouissement. C'est cette envie sincere qu'ils expriment devant les amis et la famille. Le probleme, c'est que les enfants ne font pas exactement ce que les parents revent. Pire : comme on ne s'occupe pas vraiment d'eux, les enfants finissent par vivre de leur cote, avec leurs propres lois et preoccupations. Les parents se sentent alors obliges de "corriger" ces enfants, de les ramener dans le droit chemin de leur beau reve. Mais ils ne savent meme pas ce que le mot dialogue veut dire. Tout ce qu'ils arrivent `a faire, c'est punir l'enfant, le frapper d'une fac,on ou d'une autre jusqu'`a ce qu'il se comporte "comme il faut" ou au moins qu'il ne fasse rien d'autre. Ces parents-l`a ressentent qu'ils n'ont pas le choix, que c'est l'enfant qui les force `a faire cela. Alors ils construisent des theories, pour expliquer la particularite de leur enfant, pour justifier qu'il est est necessaire de le torturer. C'est ainsi qu'ils derivent vers l'autre extreme enonce ci-dessus. Un probleme est que l'on peut se croire doue de talents que l'on a pas. On reve `a des choses extraordinaires qui sont pourtant inaccessibles. Le contraire existe aussi. Certaines personnes sont persuadees qu'elles sont incapables de faire certaines choses. On a beau leur expliquer que ces choses sont faciles, qu'on va les aider `a y arriver, que ce n'est pas grave si cela rate au debut... Elles repondent de fac,on obstinee qu'elles ne peuvent pas le faire. Il y a quelque chose en elle qui a decide que c'est impossible. C'est un mur plus infranchissable que celui d'une prison. Ces deux comportement extremes ; les reves exaltes et le mur de la betise, se retrouvent souvent en meme temps chez les personnes qui en souffrent. Ces personnes sont en rupture avec la realite. Elles ne savent pas se confronter `a la realite ou n'osent plus le faire. Elles revent qu'elles vont faire une chose extraordinaire qui va leur attirer l'amour de tous, tout en etant incapables ou refusant de donner de simples gestes d'affection aux autres. Elles se refugient souvent dans la drogue, les sectes ou les jeux videos. On est ce qu'on fait. La personne qui presente la meteo devient "Monsieur Meteo" ou "Madame Meteo". Toute notre vie nous cherchons `a recevoir ce type d'etiquettes. Nous en avons un besoin irrepressible. Un enfant a une grande valeur pour nous s'il nous appelle "papa", "maman", "tonton", "tata", "mamie", "papy", "parrain", "marraine"... Certaines personnes acquierent le niveau necessaire pour ne pas essayer d'obtenir ces etiquettes par la force. Elles resistent `a la tentation ou lui deviennent transparente. Elles ne cherchent `a avoir que les etiquettes qu'il est justifie qu'elles aient. Pour d'autres personnes helas tous les moyens sont bons : manipuler un enfant, tricher aux examens, faire jouer des relations, pirater des banques de donnees, se doper... Dans une societe, un certain pourcentage de personnes meritent raisonnablement leurs etiquettes et un certains pourcentage les usurpent totalement. Cette part d'usurpation est generalement toleree. Par exemple aux examens universitaires les professeurs savent parfaitement que beaucoup d'etudiants n'ont pas les qualifications necessaires pour leur vie professionnelle future. Tant que ces etudiants arrivent `a faire semblant d'etre qualifies, on les laisse passer. Inversement il y a parfois des personnes qui remplissent une tache sans en avoir l'etiquette. Un ami me racontait le cas d'une venerable multinationale basee en France. Les directeurs de cette multinationale se reunissaient au dernier etage et debattaient des decisions `a prendre. Ensuite les documents signes etaient transmis `a la secretaire qui travaillait l'etage au-dessous. C'etait une vieille dame `a permanente et lunettes. Tranquillement, elle faisait le tri dans les documents. Elle modifiait tout ce qui ne lui convenait pas et ajoutait ce qu'elle voulait. En fait c'est elle qui dirigeait la multinationale. Elle le faisait `a merveille et de main de maitre. Elle avait travaille pour feu le fondateur de la multinationale et perpetuait son esprit. Elle etait son clone. Les directeurs prenaient leur travail tres au serieux. Ils ne savaient pas qu'ils n'avaient d'autre importance que de faire croire au reste du monde que la multinationale est dirigee par un groupe d'hommes respectables. Dans le cas de cette multinationale il y avait une symbiose parfaite entre la tete pensante et le groupe des directeurs. En general les figurants ne supportent pas les tetes pensantes. Cela commence des les etudes, ou on elimine les fortes tetes. Si une personne qui a le sens des choses est obligee de s'entourer de figurants, il y aura un affrontement perpetuel. Elle devra sans cesse remettre les figurants `a leur place. Dans un pays, tout revient presque `a se demander quelle est la proportion entre les gens qui meritent leur etiquette, ceux qui la meriteraient et ceux qui l'usurpent. Si la proportion de personnes qui meritent leur etiquette est elevee, le pays se portera bien et sera resistant aux problemes. Les quelques frimeurs presents ne derangeront pas. On fera le travail `a leur place et tout ira bien. Si la proportion de frimeurs augmente, les problemes commencent. Les frimeurs passent leur temps `a se battre et `a se faire des relations pour obtenir des postes plus eleves ; des etiquettes plus ronflantes. Ils s'agglutineront aux postes cles pour faire partir les personnes capables et faire nommer plus de frimeurs encore. Qui se ressemble s'assemble. J'ai rencontre un probleme chez deux adolescents. Ce sont tout deux de petits intellos, fascines par la Recherche Scientifique. Il y a en eux une angoisse profonde : "Que ce passera -t-il quand on aura tout trouve ?". Pour eux, il arrivera un jour ou on comprendra enfin totalement les lois physiques de l'Univers. Leur terreur est que ce jour marque la fin de la Recherche Scientifique et par extension la fin de la raison d'etre de l'Humanite. C'est la fin du Monde. L'un des deux pensait presque au suicide pour ce jour fatidique. Je les ai rassures en leur expliquant plusieurs choses. D'abord qu'il y a autre chose dans la vie que la Recherche Scientifique. Il y a aussi le fait de s'occuper des autres, de les comprendre. C'est une Recherche permanente. Ensuite, meme si on comprenait enfin parfaitement l'Univers, ce qui n'est pas pour bientot, il y aurait un travail sans fin pour mettre `a profit ce qu'on aurait compris. Il y a une infinite virtuelle d'inventions `a faire, de machines `a dessiner et de nouvelles theories mathematiques `a construire. Il y a du pain sur la planche pour jusqu'`a la fin des temps. Le pouvoir corromps. Une mere de famille de mes amis a decide que le telephone ne devait plus etre utilise. Elle a pris cette decision suite `a la reception d'une tres grosse facture de telephone. Cette facture est due au fait qu'elle et son fils passent des heures au telephone pour ne rien dire. Pour expliquer qu'elle a achete un pain, elle commence par decrire la cravate d'un passant qui passait au moment ou elle garait sa voiture pour faire un achat avant de se diriger vers la boucherie qui se trouve pas loin de la maison ou habite la belle-fille du boulanger. Son fils ne peut meme plus telephoner `a sa famille. Pourtant ce n'est pas cela qui a fait la facture. Et les coups de telephone `a la famille, c'est important. Elle est passee d'un extreme `a l'autre : d'une logorhee de coups de fils inutiles `a un interdit absolu meme pour l'essentiel. Le montant eleve, effrayant, de la facture de telephone, lui a donne le pouvoir, le poids necessaire pour ordonner cela. Elle a maintenant l'image d'une autorite confirmee. La catastrophe de la facture puis l'interdit sont necessaires pour affirmer sa stature. Le drame et le sacrifice confirment le pouvoir. Son fils a compris qu'il y a un jeu de pouvoir. Cela le stimule comme un predateur qui flaire l'odeur du sang. Il donne des coups de fils eclairs pour dire `a son interlocuteur : "Retelephone-moi vite j'ai des choses tres importantes pour toi !". Il se sert de l'interdit du telephone pour essayer de plier ses interlocuteurs `a son jeu. Coupee du monde, cette famille se replie sur elle-meme. Cela confirmera encore le pouvoir de la mere sur le fils et du fils sur la mere. Il existe des abonnements de telephone qui permettent de telephoner gratuitement en heures creuses. Pour une somme ridicule de 12 EUR par mois on peut telephoner `a volonte. Techniquement, ce que font cette mere et son enfant est donc radicalement idiot. Ce qu'ils veulent, ce sont les jeux de pouvoir. Tous les pretextes sont bons, jusqu'au ridicule. Humilier leurs interlocuteurs ne les derange pas, que du contraire. C'est une caracteristique des dictatures. Tous les pretextes sont bons pour permettre `a la police de perquisitionner chez les gens et leur imposer des charges. Les individus eux-memes se sentent gonfles de prestige quand la police leur demande d'espionner leur famille. Le pouvoir detruit la famille. Parfois, pour un individu desequilibre, tuer une chose est la seule fac,on de la garder vivante. Tout au moins de la garder vivante comme il la reve. Si la realite s'eloigne trop de ses reves il en souffre. Alors il prefere tuer, detruire la chose reelle pour n'en garder que ce qu'il reve dans son image de lui-meme. Un ami et moi jouions avec un petit garc,on. Sans faire expres nous lui disons une chose qui lui fait peur et il se met `a pleurer. Nous arretons tout de suite le jeu et essayons de comprendre le probleme et de le rassurer. La question est vite reglee mais le petit garc,on est toujours triste et part dans un coin. Je le laisse faire. Mais mon ami le rejoint et commence tout un cinema pour le mettre de bonne humeur, le faire rire, lui proposer que son probleme est fini... C'est une erreur. Il demande `a l'enfant de jouer une comedie sociale, la comedie du bonheur. Je sais que l'enfant a une blessure et qu'il faut lui laisser le temps de cicatriser. Cela ne dure que quelques dizaines de minutes. C'est beaucoup plus rapide qu'une blessure au bras. Mais il faut tout de meme laisser le temps. Ce temps ecoule, l'enfant est redevenu joyeux. C'est vers moi qu'il est venu, pas vers mon ami. Dans certaines familles un enfant peut faire des efforts considerables pour etre aime sans jamais y parvenir. Alors qu'un autre enfant est adore sans fournir le moindre effort. Il y a plusieurs raisons possibles `a cela. Une des explications est que l'enfant mal aime fait des choses que les parents ne comprennent pas, des choses auxquelles ils ne sont pas sensibles, qui ne peuvent pas etre casees dans leur image d'eux-memes. L'autre enfant par contre fait des choses auxquelles les parents sont tres sensibles. Comme simplement leur sourire par exemple. Ou etre un garc,on. Quand il se trouve dans son groupe d'amis ou de lieutenants, un adolescent `a problemes ou un dictateur est oblige de s'en tenir `a l'image qu'il veut avoir au sein de ce groupe. Donc il se montrera violent, narquois ou toute autre attitude negative. Pour discuter raisonnablement avec l'adolescent ou le dictateur il faut essayer de le prendre `a part. Une fois qu'il n'est plus visible de son groupe il y a plus de chances de pouvoir discuter avec et se mettre d'accord sur des choses sensees. Beaucoup de crises se resolvent ainsi. Une bonne option est de prendre chaque membre du groupe `a part, l'un apres l'autre. Ainsi on arrive parfois `a changer l'orientation du groupe en bloc. Certaines personnes, en particulier des adolescents, sont en famine de recevoir des marques de consideration. Leur reve, c'est que la voiture d'une vedette s'arrete devant leur porte et qu'ils soient invites `a embarquer. S'ils voient qu'une personne rend un service `a un de leurs amis et qu'ils trouvent que c'est chic, les manipuleront et ramperont pour que ce service leur soit rendu aussi. Peu importe si ce service leur est inutile. C'est le geste qui compte, la marque d'attention associee au service rendu. Si une personnalite locale leur telephone un jour, ils en ressentiront un kick qui approche l'orgasme. Ils n'auront de cesse de faire recommencer cette experience eblouissante. Ils geindront et arrangeront pendant des mois dans l'espoir de recevoir un deuxieme coup de fil. Les vendeurs par correspondance ou certains marchands de jeux video connaissent bien le phenomene et jouent dessus. Ils leur envoient des lettres "personnalisees", leur parlent des privileges "exceptionnels" qu'ils leur accordent... Cela fonctionne tres bien et les conforte dans leur maladie mentale. Ils sentent que certains reconnaissent leurs grand merite et haute importance. Cela vaut bien d'acheter les produits proposes par le vendeur... Pour qu'il y ait un tel appel d'air il faut bien entendu qu'il y ait un grand vide `a l'interieur de ces personnes. Elles ont un solide complexe d'inferiorite, elles se sentent mal dans leur peau tout en le niant en permanence. Les frasques que font ces personnes les detournent de ce qui pourrait reellement les rendre importantes. Par exemple un ado va s'adonner `a fond aux jeux video en ligne, qui lui pompent son temps et l'argent de ses parents. Il n'aura plus de temps pour l'ecole, il fera le strict minimum pour expedier ses devoirs et ses lec,ons au jour le jour. Pourtant l'ecole est la seule voie solide `a sa disposition pour obtenir un diplome eleve et un statut social important. Il vit les reves de gloire qu'on lui vend et laisse pourrir tout ce qui peut donner un vrai prestige. Peut-etre parce que cela demande du travail et d'apprendre `a travailler. Une mere de famille va se consacrer `a ses achats par correspondance au lieu de s'occuper de sa famille. Elle est charmee par les compliments que lui font les vendeurs. Elle se vante aupres de ses voisines. Elle ne voit pas que ses enfants sont sa seule voie pour etre reellement importante, etre une personne qui compte et que l'on estime. Helas, pour s'occuper des enfants il faut faire des efforts, il faut les aimer. Elle n'en est pas capable. Les organisateurs d'attentats suicides au Proche Orient comptent beaucoup sur ce phenomene. Le processus d'occupation israelien a detruit le tissu economique palestinien. Nombre de jeunes palestiniens n'ont plus d'avenir, ils ne sont plus rien. Le Hamas leur offre la possibilite de devenir en un eclair une personnalite de premier plan, qui aura joue un role important dans l'histoire du pays. Ils jouent aussi sur le fait que ces jeunes desesperent de ne pas pouvoir aider leur famille. Le Hamas propose de payer une forte somme d'argent `a leur famille apres l'attentat. Un probleme est quand une personne ne sait pas ce que represente une chose qui fait partie de son image de soi. Par exemple un chef d'entreprise peut ne pas avoir conscience du travail qui a ete necessaire pour creer un logiciel utilise dans son entreprise. Si un escroc lui en demande une copie gratuite, il donnera l'ordre `a ses informaticiens de la lui donner. Il veut se montrer grand prince avec l'escroc, s'attirer son estime. L'escroc n'a d'estime pour personne. Il se contentera de revendre le logiciel `a la concurrence. Les informaticiens peuvent developper un profond ressentiment de voir leur travail ainsi jete en pature. Inversement un autre autre chef d'entreprise peut croire qu'un logiciel de son entreprise est la quatorzieme merveille du monde et la jalouser jusqu'au morbide. Ce logiciel est par exemple un petit machin recopie dans une revue, quelque chose de tout `a fait standard et de bon sens. Il n'a aucune valeur et n'a demande aucun travail. Mais le chef d'entreprise va acheter deux ordinateurs securises et quatre portes blindees pour le proteger. Il va rendre la vie impossible `a tout le monde, se montrer tres desagreable. Un de mes amis chef d'entreprise fait une sorte de blanchiment d'argent. Ce que sont entreprise lui rapporte, il le joue au jeu. Simplement dans les machines `a sous des cafes. Il y perd ainsi au moins la moitie. Ce que lui rapporte son entreprise semble ne pas etre de l'argent pour lui. C'est de l'argent sans valeur. Le peu que lui rendent les machines `a sous, c,a par contre c'est du bel et bon argent, qui lui permet d'acheter avec delice ce qui lui plait. Cela devient vraiment "son" argent. A cause de cela il ne paye pas tres bien ses employes. Tout part dans les machines `a sous. Certains de ses employes savent cela et en conc,oivent une certaine aigreur, ce qui baisse d'autant leur rendement. Tout le monde y perd, sauf les proprietaires de machines `a sous. Une explication possible est que cet homme a ete tres pauvre quand il etait jeune adulte. Il a reve de gagner sa vie au jeu. C'est un des mythes qui circulaient dans son milieu social : le jeune homme prodigue qui gagne sa vie au jeu, sans effort, parce qu'il a la "baraca". Il a reve de cela `a en devenir malade. Il a essaye des martingales au casino, sans succes bien sur. Il a fini par trouver un travail et est devenu patron d'une petite entreprise, avec des rentrees d'argent honnetes. Cela lui a en quelque sorte permis de realiser son reve : gagner sa vie au jeu... Tout est faux et honteux mais il a l'abstraction d'esprit necessaire pour vivre des moments enchantes devant ses machines `a sous. Quand il fait un gros gain, il en fretille de joie rentree. "Hi hi, je les pille litteralement ! Peut-etre vont-ils me demander de partir mais il faut au moins d'abord qu'ils me payent mon gain !". Le tenancier du cafe n'a certainement aucune envie de lui demander de partir puisqu'en un an de jeu mon ami lui a peut-etre paye de quoi refaire la decoration du cafe... Mon ami ne fait rien d'illegal et il n'est pas le mauvais bougre avec ses employes. A une autre echelle, un probleme planetaire sont les chefs d'entreprise et directeurs de multinationales qui jouent l'argent de leur entreprise en Bourse. Ils investissent l'argent de leurs employes dans la concurrence. Ils ont des reves mirobolants de gains fabuleux et ne se soucient pas de leurs employes, de leurs familles... Un tres petits nombre de groupes ou de personnes s'enrichissent demesurement dans ce systeme. Toujours les memes. Ils font beaucoup de publicite pour leur gagne-caviar. Ils font rever les plus petits qu'eux, les poussent `a perdre plus d'argent. Globalement tout le monde y perd. Dans ces jeux de Bourse, une bonne part des ressources en matieres premieres et en nourriture sont virtuellement jetees `a la poubelle. Des entreprises rentables sont dynamitees. Dans la sphere familiale aussi ce comportement peut se retrouver. Par exemple chez ces parents qui amassent une petite fortune en banque pour leurs enfants mais qui ne leur achetent pas de livres, leur donnent de la nourriture bon-marche et ne leurs permettent pas de voyager. Une illusion est que tous les outils se valent. Certaines personnes croient qu'il suffit d'apprendre `a se servir d'un outil pour en tirer le meilleur parti. Si un outil permet de faire une chose, il suffit d'apprendre `a s'en servir et on pourra faire ce qu'on veut avec. Rien n'est plus faux. En informatique par exemple, si on compare deux systemes logiciels, on peut constater que sur papier qu'ils permettent en gros de faire la meme chose. A l'usage ils peuvent pourtant etre completement differents. L'un demandera des mois d'apprentissage et ne permettra jamais de travailler proprement. Il faudra des semaines de travail pour vaguement ficeler quelque chose avec. L'autre s'apprend en deux semaines et de l`a on peut produire d'excellentes choses `a la chaine. Certains chefs d'entreprise sont obtus `a la chose. Ils imposent `a leurs employes d'utiliser un mauvais systeme. Ils leur disent : "Oui ou non y a-t-il moyen de votre travail avec cet outil ? Alors apprenez `a l'utiliser et mettez-vous au travail !". J'ai vu le cas sordide d'un chef d'entreprise `a qui ses employes essayaient desesperement de faire comprendre que leur outil etait inutilisable. Il se faisait conseiller par un professeur d'informatique, qui lui disait avec ostentation que c'est l'outil approprie. L'entreprise a fait faillite... A l'autre extreme il y a les personnes `a la recherche de "l'outil ultime". S'ils n'arrivent pas `a produire des resultats, c'est parce qu'ils n'ont pas encore trouve le bon outil... Ils en ont dej`a achetes ou empruntes plusieurs, chaque fois en pretendant que ce serait le bon. Quand ils ont depense tout leur argent `a acheter des outils, ils certifient que le bon outil est cette merveille qu'ils voient en vitrine, helas trop chere pour eux... J'ai dej`a vu une personne competente debarquer chez un tel reveur, lui demander `a pouvoir utiliser un de ces "mauvais" outils et en tirer en quelques minutes des choses merveilleuses. Cela ne touche pas le reveur. Il persiste `a dire que tous les problemes viennent du fait qu'il lui manque le bon outil. La bonne attitude est d'apprendre `a se servir des outils. Alors on devient capable de juger un outil pour ce qu'il vaut et d'utiliser chaque outil pour ce `a quoi il est bon. Un bon artisan sait scier avec une lime et limer avec une scie mais il preferera utiliser une scie pour scier et une lime pour limer. Il ecartera d'emblee les mauvaises limes et les mauvaises scies. Un travers qui apparait chez certains groupes de personnes peu cultivees est de croire que le chef doit etre infaillible. Le chef lui-meme le croit et en conc,oit une profonde angoisse. Il s'ensuit tout un jeu de reecriture de l'histoire, d'assassinats reels ou virtuels... En particulier dans ces groupes ont tend `a ne plus rien faire, `a rendre les choses immuables. Le chef n'ayant plus de decisions `a prendre, il ne peut donc plus non plus se tromper. Il ne reste alors que des jeux de domination et de hierarchie. C'est par exemple ainsi que des facultes universitaires entieres se vident de sens. Il n'y circule presque plus aucun savoir et les etudiants se font maltraiter. Un etudiant ne reussira que dans la mesure ou il assure la position des professeurs dominants, donc qu'il croit ou fait semblant de croire `a leur infaillibilite. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles un enfant peut bien travailler `a l'ecole. Il y a des matieres qui conviennent naturellement `a la fac,on dont son cerveau travaille, il les retient donc sans faire d'efforts. Certains enfants prennent l'ecole comme un jeu et obtiennent des points par amusement. Dans ce cas ils peuvent meme preferer les matieres dans lesquelles ils ont plus de difficultes, parce qu'elles permettent un jeu plus intense. Certains enfants ont des reves, des objectifs. Ils considerent l'ecole comme un moyen de les realiser et s'en trouvent motives pour bien travailler. D'une fac,on generale, les enfants `a qui on a appris `a travailler pour l'ecole obtiennent de meilleurs resultats, parce que leurs cerveaux ont les leviers en main et voient ce qu'il y a `a voir. Ils evitent les efforts inutiles. Le cerveau s'applique toujours mieux quand il `a l'impression de comprendre les regles du jeu et qu'il sent qu'il fournit des efforts ordonnes et rentables. Un des moteurs principaux pour les enfants reste l'idee de faire plaisir `a leurs parents. Quand des parents sont calins et s'occupent de leurs enfants, les enfants acceptent tres bien les ordres et la discipline des parents. Surtout, ils ont une forte envie de leur ramener de bons points de l'ecole, pour leur faire plaisir. J'ai vu des enfants etudier avec passion, `a la simple idee de la joie qu'une bonne note allait bientot procurer `a leurs parents. On n'a pas besoin de dire `a ces enfants-l`a qu'ils doivent travailler pour l'ecole. Il faut juste les consoler quand ils ont une mauvaise note. Un adolescents de mes amis a helas des parents qui se contentent de crier et de menacer. Ils ne lui donnent pas de temps, aucun calin. Ils se montrent meme offusques `a cette idee. Ils lui donnent beaucoup d'argent de poche. J'ai demande `a cet adolescents s'il prefererait moins d'argent de poche et plus de tendresse, il est inutile que je donne sa reponse. Il a de mauvais points `a l'ecole. Il est pourtant tres intelligent. Il a developpe un blocage `a l'idee d'avoir de bons points. Son probleme est que s'il a de bons points, ses parents diront que c'est grace `a leurs methodes autoritaires. C'est une image de lui-meme qu'il ne peut accepter, qu'il n'acceptera jamais. Pour lui, c'est une question de dignite que d'avoir de mauvais points. Je lui ai explique qu'il se mettait dans un cercle vicieux : plus il a de mauvais points, plus il permet `a ses parents de justifier des punitions et des mauvais traitements `a son egard. Rien n'y a fait. Il avait un degout `a l'idee d'avoir de bons points. Je lui ai alors propose la strategie suivante, qui semble l'avoir interesse. Je lui ai propose de simplement expliquer aux personnes autour de lui sa situation, la fac,on dont ses parents le traitent. Ainsi, ces personnes sauront que s'il a de bons points ce n'est pas grace `a ses parents. Cela resout son probleme... Je lui ai meme propose de dedier ses points aux personnes qui lui donnent de l'affection, de leur dire qu'il a eu un bonne note en Franc,ais ou en Mathematiques pour elles et pas pour ses parents. Plus tard, quand il sera plus fort et capable d'affronter ses parents, il pourra leur dire cela en face... Dans une vraie famille, les enfants rec,oivent tout le temps des calins. Il y a le calin s'asseoir l'un contre l'autre pour lire une histoire ensemble, le calin mettre les tetes `a la meme hauteur et passer la main dans le cheveux pour ecouter l'enfant, le calin prendre sur les genoux pour expliquer qu'une chose n'est pas bien, le calin sandwich entre les deux parents pour fusionner, le calin serrer tres fort et faire une grosse poutoune pour exprimer son enthousiasme, le calin dormir ensemble quand il y a de l'orage et du tonnerre dehors, le calin va mediter cinq minutes... Ces calins sont primordiaux pour le developpement de l'enfant, en particulier dans la petite enfance. Il permettent `a l'enfant de sentir qu'il existe et qui il est. Cela lui permet d'accepter sa place dans la societe, de reclamer ce qui lui est du et de donner ce qu'il est bon qu'il donne. Cela lui permet d'accepter les injonctions `a faire des efforts et le respect des regles. Il pourra avoir une vie heureuse. Dans certaines familles les enfants ne rec,oivent pas de calins, ou tres peu, ou des calins de fac,ade. A la place ils rec,oivent des lec,ons de morale, des punitions mechantes ou beaucoup d'argent de poche. Souvent, dans ces familles, on apprend aux enfants `a mepriser leur prochain. En grandissant, ces enfants vont aller vers un extreme ou l'autre. Un extreme est une fermeture sur soi. Cela donne des personnes egoistes, insensibles, tres imbues de leurs privileges. Elles votent typiquement pour l'extreme droite. L'autre extreme sont des personnes qui ont l'impression de n'avoir aucune valeur. Elles feront des efforts demesures, souvent totalement creux, pour amener les autres `a les aimer. Elles sont incapables de voir comment pensent les autres. Elles ne peuvent pas simplement s'asseoir et aimer et se laisser aimer. La societe occidentale est construite sur l'interaction entre ces deux extremes. Les personnes egoistes prennent le pouvoir et essayent de drainer un maximum d'argent et de moyens vers elles. Les personnes qui croient n'avoir aucune valeur, quant `a elles, travaillent comme des betes en esperant recevoir un peu d'affection des personnes egoistes. Schematiquement, c'est le rapport entre un maquereau et une prostituee. Le maquereau ne voit que son benefice en fin de journee. La prostituee, elle, est folle amoureuse de son maquereau, au point d'avoir accepte de se prostituer pour lui. C'est ce couple infernal qui est parti `a la conquete du monde et a ravage toutes les civilisations rencontrees. La quantite de travail et de sacrifices que les europeens ont consentis pour coloniser la Planete sont gigantesques. Les benefices engranges ont ete colossaux mais aussitot depenses et gaspilles par les egoistes. Jouer avec les images d'autrui est un art. Dans ma ville il y a des centres de formation pour chomeurs. La majorite des personnes qui y travaillent font tres bien leur travail. Mais un professeur est une vraie calamite. Ses cours consistent `a s'asseoir negligemment sur une table et raconter ses merites. Il fascine les trois quarts de l'auditoire et desespere les autres. Il a instaure un examen d'entree pour selectionner les personnes qui seront autorisees `a son cours. J'ai lu ces questions. Bien que je sois expert dans cette matiere j'aurais ete incapable de repondre. Elles portaient sur des details techniques tres precis et totalement inutiles. Ce professeur donne les reponses aux questions `a l'avance, aux personnes qui lui plaisent... Il a tout organise pour avoir la vie facile et se faire venerer. Vous obtenez votre diplome si vous avez joue son jeu. Une autre technique, rencontree `a l'universite, consiste `a donner un tres grand nombre d'exercices `a faire aux examens. Les etudiants n'ont que deux heures pour faire une dizaine d'exercices alors qu'il me faudrait ces memes deux heures pour resoudre un seul de ces exercices. A priori, il est evident qu'une personne capable de resoudre dix pareils exercices en deux petites heures n'est pas n'importe qui. Les professeurs jouent l`a-dessus pour impressionner les etudiants. "Comment, vous n'avez pas ete capable de resoudre ces dix petits exercices ? Mais untel et untel, eux, ils y sont arrives...". Les etudiants qui reussissent bien ces examens sont veneres par les autres. Tout cela est un montage. Dans ma vie professionnelle je n'ai jamais rencontre un seul cas ou un ingenieur, un physicien ou un chimiste ait ete tenu de resoudre un aussi grand nombre de problemes en aussi peu de temps. Ou de resoudre un seul probleme en cinq minutes. Cela arrive peut-etre `a l'armee ou dans certaines industries ou il y a des activites dangereuses. Mais pour 99% des universitaires cela ne sert `a rien. Je serais tres favorable `a ce qu'on fasse des concours de rapidite dans les universites et que l'on donne une mention speciale aux etudiants qui en sont capables. Mais empecher de reussir ceux qui n'y arrivent pas, c'est absurde. Le role d'un universitaire est de comprendre les choses, pas d'abattre dix exercices en deux heures. De surcroit ces exercices sont telephones. Ils sont simplement des rearrangements des exercices vus aux cours. Etre capable de faire ces exercices rapidement ne prouve en rien que vous serez capable de trouver et de calculer rapidement la solution `a un probleme inattendu dans une usine en alerte. Ce systeme d'examens a trois avantages : il demande peu de travail aux professeurs et `a leurs assistants, il impressionne les petits etudiants et il selectionne les etudiants qui se consacrent aveuglement aux cours. Il force les etudiants `a s'entrainer `a faire des exercices toute la journee. Si vous etes un etudiant qui s'interesse aux choses, qui cherche d'abord `a comprendre les cours, `a les situer par rapport aux autres cours, qui lit des livres et des publications, qui fait des experiences de physique ou de chimie par lui-meme, qui discute de Science avec d'autres... vous serez fortement desavantage aux examens. Les professeurs cherchent `a eliminer ce type d'etudiant. Ils veulent des etudiants qui savent frimer, qui savent faire semblant d'etre des scientifiques. Ils ont tres peur des etudiants qui sont de vrais scientifiques. J'ai beaucoup d'amis qui sont des professionnels capables et qui ont pousse leurs etudes universitaires jusqu'au bout. Tous affirment que la quasi totalite des professeurs ont un niveau tres bas. Certains le disent avec diplomatie, d'autres les traitent expressement de "minables". Les professeurs ont tres peur de cela et cherchent des le debut des etudes `a eliminer un maximum de ces etudiants competents. D'un autre cote ils ne veulent pas non plus des etudiants qui auraient l'air trop mauvais. Ils mettent en place des mecanismes qui selectionnent leur modele d'etudiant favoris : des etudiants qui plaisent en public et qui sont capables d'abattre des travaux simples. Quand on desire quelque chose, que ce soit un objet ou une personne, il faut se demander si on desire cette chose elle-meme ou si on desire ce qu'on croit qu'elle represente. Par exemple on peut se marier avec une personne parce qu'on croit qu'elle represente l'amour ou le bonheur. C'est voue `a l'echec. L'amour ou le bonheur sont des choses qu'il faut developper en soi. On se marie avec une personne parce qu'on a appris `a connaitre cette personne et qu'on a des sentiments forts pour elle. Cela peut donner du bonheur mais ce n'est pas le bonheur en soi. De meme, une personne jalouse est une personne `a laquelle il manque quelque chose `a son image d'elle-meme. Reussir `a obtenir l'objet de sa convoitise ne la satisfera pas. Elle voudra immediatement un deuxieme ou un troisieme objet. Elle ne sera apaisee que quand elle aura reussi `a developper en elle-meme ce que ces objets representent pour elle. La Societe de Consommation joue l`a-dessus : les personnes qui ont un niveau spirituel faible seront promptes `a sans cesse acquerir des objets. Elles ont une soif insatiable, alors qu'un moine qui ne possede rien de materiel peut se trouver trop riche de milles choses. Nous preferons parfois etre confronte `a l'image d'une chose qu'`a cette chose elle-meme. Par exemple une souris sauvage mise en cage peut etre amicale avec votre main si elle est placee contre la cage, `a l'exterieur. Elle se sentira particulierement `a l'aise si la parois de la cage est une vitre en plastique. Eventuellement elle aimera avoir de petits trous dans la vitre pour sentir l'odeur. Elle viendra dire bonjour `a votre main, fera des risettes... Par contre si vous plongez la main dans sa cage, la souris sera paniquee ou agressive. De meme, les jeunes hommes preferent parfois voir des filles en images plutot que d'etre confrontes `a de vraies filles. Un ami m'a raconte un conflit d'image dans son entreprise. Les cadres de l'entreprise ont decide de sous-traiter une partie d'un travail `a une firme reputee. Probleme : cette firme fait tout de travers et de surcroit livre en retard. Resultat : les techniciens de l'entreprise ont du tout faire eux-memes, en heures supplementaires. Les cadres de l'entreprise decident pourtant de payer la firme, sans discuter. Il s'agit d'une tres grosse somme. Mieux : ils ont signe un deuxieme contrat avec la firme. D'apres mon ami, son entreprise jette ainsi son argent par les fenetres pour donner une bonne image d'elle-meme : elle sous-traite `a des firmes de luxe, elle paye rubis sur l'ongle et il n'y a jamais de problemes... Le gros probleme l`a-dedans, c'est qu'en meme temps l'entreprise vient de decider une baisse du salaire de ses techniciens. On jette l'argent par les fenetres et on demande aux techniciens de se serrer la ceinture... avec des heures supplementaires en sus. D'apres mon ami les techniciens le prennent tres mal. Il sent qu'ils vont "moins prendre `a coeur les inetrets de l'entreprise". Dans une grande usine siderurgique un travail d'envergure a ete confie `a une equipe d'ouvriers. Il sagissait de construire un arbre de transmission pour un navire geant. C'est un travail difficile, qui demande beaucoup d'expertise. Les ouvriers ont vraiment du "s'y mettre". Ils ont reussi leur mission et dans les temps. Des representants du client ont debarque et ont fait des mesures sur l'arbre, pour verifier s'il etait conforme au cahier des charges. Il l'etait, et meme tres bien. Les ouvriers avaient fait un travail remarquable. L'arbre a ete paye. Puis un ordre simple est venu : "decoupez l'arbre en tranches et revendez les morceaux au prix du kilo de ferraille". Pourquoi ? Parce que le client avait demande `a trois usines siderurgiques differentes de construire le meme arbre. Ils avaient pris le meilleur des trois. Le probleme, c'est qu'on a fait decouper l'arbre en morceaux par les ouvriers-memes qui l'avaient construit. C'est inhumain. Il fallait soit refuser de le detruire et le revendre `a un autre client, soit au moins le faire detruire par une autre equipe d'ouvriers, dans une usine differente... Les occidentaux croient que pour etre heureux, donc pour avoir une bonne image de soi, il faut etre beau et en pleine forme. Ils croient egalement qu'il faut reunir autour de soi de telles personnes belles et en pleine forme. C'est une reflexe infantile, qu'on leur a inculque pour mieux les manipuler. Pourquoi ressentons-nous du bonheur ? Plus precisement : pourquoi la Nature nous a-t-elle ainsi conc,us que nous puissions ressentir du bonheur ? Le bonheur est une sorte de salaire qui nous est verse pour accepter des choses. Par exemple une lionne ressent du bonheur `a l'idee de s'occuper de ses lionceaux, plus de bonheur qu'`a l'idee de les manger pour se nourrir. C'est ce qui assure que cette lionne aura une descendance. De meme, nous ressentons du bonheur si nous acceptons quelqu'un qui a un handicap ou une tare quelconque. Si nous n'acceptions que des personnes parfaites, nous ne pourrions pas constituer de groupe et nous ne nous accepterions meme pas nous-memes. La nature nous rend donc heureux d'accepter des personnes imparfaites, ce qui nous permet de constituer un groupe capable de defendre chaque membre du groupe. On se moque parfois des personnes qui sont fascinees par les handicaps ou les malformations, qui eprouvent une attirance ou de l'amour pour cela. On les qualifie meme de pervers. En realite c'est le contraire : ce sont ces personnes qui sont normales, naturelles. Evidemment il ne faut tomber dans l'exces contraire. Ce n'est pas en recherchant specifiquement les personnes estropiees que l'on deviendra heureux. Il faut garder en tete le but premier de la Nature : constituer un groupe ou une famille capable de defendre chacun de ses membres. Si on s'estropie en esperant etre aime, on risque fort d'etre rejette. Par contre une personne meme gravement malade ou handicapee peut etre acceptee. Soit parce qu'elle peut guerir et redevenir utile, soit parce meme diminuee elle peut rendre des services, quels qu'ils soient. Il ne faut pas chercher de raisonnement ou de structure precise derriere cela. Simplement, nous sommes genetiquement programmes pour ressentir du bonheur si nous acceptons une personne telle qu'elle est, avec ses particularites et ses handicaps. Certaines personnes considerent qu'acheter un objet leur donne des droits. Par exemple si elles achetent un 4x4, elles considerent que cela leur donne le droit de defoncer les sentiers proteges dans la nature. Il s'agit reellement d'un sentiment de droit, comme la redevance que l'on paye `a un club et qui donne le droit d'utiliser les tables de billard du club. Si on veut faire respecter les reglement et leur interdire le passage dans les sentiers proteges, ces personnes se facheront et feront par exemple valoir le prix que leur a coute le 4x4. Elles font un amalgamme entre la Societe de Consommation et la Protection de la Nature. J'ai vu ce probleme se poser dans un cas aussi simple qu'un ballon avec lequel un enfant joue. L'enfant invente une fac,on de jouer particulierement derangeante pour des voisins. Les voisins se sont plaints. La mere de l'enfant leur a repondu qu'elle avait paye ce ballon 5 EUR et qu'elle comptait bien en avoir pour son argent... Quand elle avait cinq ans, une amie revait d'aller `a l'ecole. Sa mere lui a laisse croire qu'elle y irait `a la rentree prochaine. Le jour de la rentree, quand les aines de la famille se sont mis dans les rangs `a l'ecole, elle les a suivis, convaincue qu'elle rentrait `a l'ecole avec eux. Sa mere `a rigole et l'a tiree par le bras pour la ramener `a la maison. A trente ans elle vivait encore ce souvenir comme un traumatisme. Sa mere lui avait laisse miroiter une certaine image d'elle-meme et l'avait brisee d'un eclat de rire. Cette amie a su toute son enfance qu'elle ne pouvait pas faire confiance `a sa mere. Ladite mere n'a pas manque de le lui confirmer au fil des ans. C'etait une personne immature, tres irritee pour ses petits avantages mais insensible `a la douleur d'autrui. Des bibelots sont charges de souvenirs. En general ils ont une forme qui rappelle ce dont quoi ils sont le souvenir. Un objet peut aussi etre charge de souvenirs sans avoir aucun rapport avec eux. De la musique egalement. J'ai appris `a jouer `a un jeu video assez dur en ecoutant tres souvent le meme CD de musique. Plusieurs annees apres, en reecoutant ce CD j'eprouve `a nouveau les tensions et l'etat d'esprit particulier que j'avais en jouant `a ce jeu. Une autre anecdote est plus interessante encore : quand j'emprunte un film sur DVD j'en fais une copie dans mon disque dur. Cela me permet de rendre le DVD immediatement. J'efface bien entendu le film de mon disque dur apres quelques jours, au plus tard quelques semaines, sans en faire de copie. A un moment donne j'ai eu de graves problemes de voisinage, qui m'ont plonge dans un stress et des angoisses assez douloureux. Un palliatif que j'avais trouve etait de regarder quelques films. Je me les repassais presque en boucle. Quand les problemes se sont resolus, je me suis rendu compte que regarder ces films me rappelait les angoisses de la mauvaise periode. Au point que les regarder etait franchement desagreable. Ces films etaient devenus charges de mes angoisses. En les effac,ant de mon disque dur j'ai eprouve un veritable soulagement. On peut transferer des problemes ou des angoisses dans un objet puis les detruire en detruisant cet objet. Je suppose que la destruction efficace de l'objet ne peut se faire que quand le probleme a evolue et atteint le degre de murissement necessaire. C'est curieux : une connaissance (ce ne peut etre un ami) vous propose quelque chose. Vous n'en avez pas besoin et vous refusez donc poliment. Elle insiste, elle veut absolument vous donner cette chose. Elle vous en vante les merites, elle vous supplierait presque d'en avoir besoin. Le lendemain, il se passe quelque chose d'inattendu qui vous donne besoin de la chose. Vous allez donc trouver la personne et vous la lui demandez. Elle refuse. Pourquoi cette attitude exactement contraire d'un jour `a l'autre. En realite il s'agit de la meme attitude : le besoin de representer quelque chose, d'avoir une utilite. Le premier jour, la personne vous supplie d'accepter son bidule, pour pouvoir se sentir utile. Le deuxieme jour, c'est en vous refusant le bidule qu'elle sent le mieux combien vous avez besoin d'elle. Dans les vrais couples, chacun des deux s'interesse `a ce que l'autre pense, `a ce qu'il voudrait, `a sa fac,on de voir les choses. Cela ne veut pas dire qu'il y adhere ni qu'il va le realiser. Mais il en tient compte. Dans ces couples, un desaccord complet n'est souvent pas un probleme. La seule chose que chacun demande est que l'autre ait compris son point de vue. Qu'il agisse ou non en fonction est secondaire. Un acte d'amour consiste `a demander `a l'autre d'exposer son point de vue en detail meme si on sait qu'on ne pourra pas en tenir compte. Dans les faux couple, chacun se bat pour imposer son point de vue `a l'autre. Cela va jusqu'`a choisir expres un point de vue oppose. Ce chacun veut dans un faux couple est amener l'autre `a lui, au lieu d'aller vers lui. Un ami vivait avec sa petite amie depuis de nombreuses annees. Ils sont etudiants et pauvres. C'est la galere. Il leur faut parfois chercher des heures entieres pour trouver de quoi payer un ticket de bus. Mais dans quelques mois mon ami terminait ses etudes. Il avait dej`a une place qui l'attendait, tres bien payee. Il etait heureux d'en parler avec son amie. Surprise : elle devient aigrie. Elle se fache, elle menace de le quitter. Certes elle a de bonne raisons d'etre mal dans sa peau. Outre leur pauvrete et leur vie difficile, il passe beaucoup de temps loin d'elle. Il est oblige de faire des stages de fin d'etudes. Mais il ne comprend pas : c'est le bout du tunnel... Encore quelques mois `a attendre... Il faut tenir jusque l`a... Pourquoi choisit-elle ce moment-l`a pour menacer de tout casser et partir ? Alors qu'elle avait tout supporte pendant des annees ? Je lui ai propose l'explication suivante, qui apres coup semble etre la bonne. Son amie se rend compte qu'il va devenir un homme respecte. Il va frequenter des gens importants. Par rapport `a ces gens, elle n'est rien du tout. Elle est une petite souris. Cela la met tres mal `a l'aise. J'ai donc suggere `a mon ami de donner une image d'elle-meme plus concrete `a son amie. En un mot : lui faire des declarations. Il faut qu'il lui dise qu'il a travaille toutes ces annees pour elle et que cela ne l'interesse pas de profiter des avantages s'il ne peut pas en profiter avec elle. Il n'est rien si elle n'est pas avec lui... C'est bien ainsi qu'il ressent les choses, mais il ne le lui avait jamais dit... Maintenant qu'il le lui a dit, elle sait qu'elle est quelqu'un. Quand elle rencontrera les nouvelles relations de son homme, certes elle n'aura pas leur intelligence, leur conversation et leurs diplomes, mais elle aura une chose qu'ils ne peuvent pas avoir : lui. Elle est sa femme, ce qui la place `a une position enviable. Ainsi dotee de cette image valorisante, elle se sent bien dans sa peau et il n'y a plus eu de problemes. Une amie a de gros problemes avec son ami. Il passe son temps `a repeter autour de lui tout ce qu'il sait d'elle. En plus il deforme les choses. Il cause de gros degats. Beaucoup de personnes sont maintenant fachee contre mon amie, `a cause de ce qu'ils ont entendu. Parfois `a raison, le plus souvent `a tort. Cet ami est un gros nul. Chaque fois qu'il faut prendre des responsabilites il recule et il s'en vante. Il devient agressif et meprisant. Le reste du temps, il se construit un personnage en "prouvant" `a tout le monde qu'il est bien l'ami de mon amie. En racontant tout de la vie de mon amie aux autres, meme des details intimes, il "prouve" qu'elle lui appartient. Il construit son identite "d'ami". A cause de lui beaucoup de personnes se sont eloignees de mon amie. Elle est donc d'autant plus `a lui. Il tourne autour d'elle pour l'enlacer de ses fils de soie tout en faisant fuir tout le monde par la puanteur qui se degage maintenant d'eux. Cette personne a un probleme psychiatrique grave. Un age mental de six ans, une absence froide de morale ou de scrupules, une betise empreinte de petits traits de genie aveugles et malfaisants... J'ai vu un tel comportement chez plusieurs parents aussi, qui denigrent leurs enfants, racontent tout d'eux y compris des details intimes, `a leurs camarades, au reste de la famille... Ils obtiennent ainsi que leurs enfants perdent le statut d'etres humains. On se moque d'eux, on eclate de rire s'ils demandent de l'aide... Chez un couple de tels parents j'ai meme compris qu'ils considerent cela comme de la legitime defense. Leur enfant est un gentil garc,on qui ne demande qu'`a etre aime. Mais dans la tete de ses parents il est une menace, une chose insoutenable, tout en etant leur propriete. Ils estiment avoir le droit de faire de lui ce qu'ils veulent. La sagesse Comparaison n'est pas raison. Le sage ne compare pas son image `a celle d'un autre pour en deduire une hierarchie. Il n'est jaloux de personne. S'il contemple l'image d'un autre, c'est pour des raisons utilitaires constructives. Il faut des garde-fous, des protections, des tampons. Une image de soi solide ne peut changer que lentement. Faites attention `a cela quand vous dites quelque chose `a quelqu'un : il est normal qu'il evolue lentement, votre remarque ne peut pas porter immediatement ses fruits. (Les maitres peuvent comprendre tout de suite en quoi leur image va changer, puis integrent ce changement sur une periode assez courte.) Celui qui est libre est celui qui a les moyens de decider/sculpter lui-meme son image de soi. Il a besoin des autres pour le faire, du monde entier, mais il reste seul decideur. Le sage tend `a avoir une image de soi appropriee aux circonstances. Il s'adapte. Mais il a aussi une image de soi unique, synthese abstraite de toutes les images de soi, qui le definit en tout temps, `a tout endroit et face `a toute autre personne. Cette sur-image prime sur toutes les images de circonstance. Elle n'est sensee etre teintee d'aucune ideologie, d'aucun drapeau, d'aucune appartenance. Le sage est pret `a redefinir son image de soi. Quelle que soit l'image de soi que l'on ait, donc les choses que l'on fait dans la vie, il peut toujours arriver un moment ou cela devient inadequat. Ou bien cela a toujours ete inadequat, et on s'en rend compte. Prenons par exemple le cas de quelqu'un qui a pris sous son aile une personne faible et fragile. Apres quelques temps, peut-etre grace `a la protection rec,ue, cette personne a acquit de la force et du savoir. Il n'est donc plus necessaire de la proteger. Au contraire, il vaut maintenant mieux l'encourager `a aller de l'avant. Il faut donc cesser d'etre un protecteur et devenir un support. Tout le monde n'est pas capable de faire cela. Beaucoup de protecteurs immatures, quand l'oisillon menace de grandir, vont le casser psychologiquement ou compromettre ses chances de succes. Pour qu'il reste un oisillon, pour que le protecteur garde son statut de protecteur. Une personne aimante acceptera au contraire la modification de statut et la favorisera. Il peut sembler naturel de faire cela, en pratique c'est souvent tres dur, associe `a une souffrance. Car cesser d'avoir une image de soi de protecteur, c'est tuer ce qu'on est, c'est renoncer `a le faire vivre. Le sage accepte ce sacrifice, par amour. Et puis aussi il sait que souvent il renaitra, different, sans doute meilleur encore. Par exemple avec une image de soi d'encourageur, de promoteur, de supporter... Il y a un tres grand nombre de cas ou l'on peut ou doit accepter de mourir et de renaitre. On peut etre un bandit qui se croyait Robin des Bois, comprendre qu'on a cause beaucoup de malheurs et desirer renaitre honnete travailleur... La Passion du Christ est un symbole de ce processus de mort et de Resurrection. Dans la philosophie Alchimiste, heritee de la Chine Antique, le processus est decrit tres en profondeur. Les longues phases traversees par la personne en mutation sont minutieusement decrites, de fac,on symbolique. Parfois ce processus peut prendre des annees. L'ami du sage est celui qui le critique. Le sage sait que rien n'est intrinsequement impur et que tout peut etre necessaire `a toutes choses. Il amene donc toutes choses `a lui, mais travaille longuement `a en tisser des ensembles coherents, efficaces, utiles. Une des phases les plus importantes est le choix judicieux de la quantite de chaque chose : la ponderation. Un sage est une grande bibliotheque parsemee de machines qui ronronnent doucement. L'efficacite de cet ensemble dans le vie pratique est sensee etre extraordinaire. Le sage est capable de faire des choses. Il n'y a plus de problemes des l'instant ou les images ont ete enoncees, qu'elles ont ete officialisees et perc,ues par tous. Prenons par exemple une personne qui a un handicap et qui parle difficilement. Ou une personne surdouee qui s'exprime dans des termes que personne ne comprend. Tous deux ont un probleme de communication. Tous deux vont enerver leurs interlocuteurs, peut-etre les facher. Si on explique `a ces interlocuteurs la raison du probleme, si on leur dit ce que ces deux personnes sont, alors ils ne s'enerveront plus. Ils prendront le temps d'ecouter la personne handicapee et diront au surdoue de se calmer un peu. On pense parfois qu'il ne faut pas dire qu'une personne est handicapee, parce que c'est humiliant. Ou qu'il ne faut pas dire qu'une personne est surdouee, parce qu'elle sera rejetee ou veneree ce qui revient au meme. C'est idiot. Bien sur ces problemes existent, mais uniquement avec les personnes qui ont des problemes d'education. De toute fac,on, tout le monde finira bien par se rendre compte que le handicape est handicape et le surdoue est surdoue. Mais si cela n'a pas ete dit, enonce, il subsistera toujours un probleme, un inconfort. Que l'on soit handicape ou surdoue n'est pas la question. Ce qui compte, c'est d'etre un personne et avoir l'affection des autres personnes parmi les autres personnes. Le vrai privilege est l`a. Cela implique d'etre reconnu pour ce que l'on est et de recevoir ce dont on a besoin. Alors on est ni mieux ni moins bien qu'un autre. On est. On fait ce qu'on a `a faire. On agit suivant l'image qu'on est. Ameliorer et connaitre cette image est donc primordial. Mais trop de personnes restent prisonnieres de cette image. Elles sont comme piegees `a l'interieur. Elles vivent cette image mais elles ne la voient pas. Elles souffrent si quelqu'un critique une partie de cette image, comme une personne dont on a heurte une partie du corps. Le sage, lui, est capable de contempler son image de soi. Il peut devenir comme une personne externe, qui regarde calmement cette image, qui en voit les parties et les liens. Il peut donc gerer cette image avec beaucoup plus d'intelligence. Il souffre aussi beaucoup moins quand cette image est attaquee. Par exemple, le sage est capable de plaisanter sur ce qu'il est, il est capable d'en rire. On se moque parfois d'un nouveau venu. C'est souvent uniquement pour voir si c'est un sage ou non. Si c'est un sage, il surencherira sur la plaisanterie, il en rira plus fort encore. Si ce n'est pas un sage, il sera vexe et blesse. Que ce soient deux individus ou deux ethnies, chacun a son image de soi et des choses. Cela pose des problemes quand ces deux individus ou ces deux ethnies sont obliges de vivre sur le meme territoire. Comment concilier les actes et les ambitions de chacun des lors que chacun pense les choses suivant des images differentes ? Il y a en gros trois gradations dans la confrontation. Au stade le plus bas il y a la guerre. On ne supporte pas le point de vue de l'autre. Alors on le force `a partir ou on le detruit. On peut aussi le reduire en esclavage ce qui est une fac,on plus productive de le detruire. Au deuxieme stade il y a les marchandages. On essaye de negocier, de s'arranger, de partager les ressources de fac,on plus ou moins equilibree. Chacun presente ses arguments et dit ses priorites. On essaye de trouver le terrain d'entente le moins mauvais possible. C'est le travail des commerc,ants, des diplomates et des parlementaires. Pour que ce deuxieme stade soit possible, il faut un pays avec un bon enseignement, ou l'on apprend `a parler et `a calculer. Au troisieme stade chacun essaye de comprendre et surtout de ressentir quelles sont les reves et les emotions de l'autre. Chacun essaye de satisfaire au mieux les besoins et les espoirs de l'autre. Ce troisieme stade demande un niveau culturel et spirituel tres eleve. On est parfois etonne de voir un sage imposer quelque chose de tres dur `a une personne et cette personne l'accepter. Alors que venant d'autrui elle ne l'aurait pas accepte. Une premiere raison est bien sur que l'on peut supposer que le sage sait ce qu'il fait. Soit il est juste de faire ce qu'il fait, soit il y a un benefice `a en escompter plus tard. Il y a une autre raison `a laquelle on pense moins : le sage sait et ressent ce qu'il inflige `a la personne. Il sait quelle sera la douleur de la personne ou ses angoisses. La personne le sait et c'est pour cette raison qu'elle l'accepte. Le sage a en lui l'image de ce que la personne ressent. Autrui n'aurait pas eu cette image et aurait impose ses decisions sans tenir compte de ce que ressent le personne. Les personnes pour lesquelles nous avons le plus de dependance affective sont celles qui nous comprennent, qui ont en elles une image de nous-memes. Par exemple des parents peuvent avoir passe des annees `a s'occuper d'un enfant. Si `a l'adolescence ils cessent de comprendre leur enfant, celui-ci considerera ses parents comme ininteressants voir comme des ennemis, des personnes `a eviter. Par contre il suivra sans hesiter une personne qui ne lui donne rien mais qui le comprend. Le Dalai Lama est tres aime des tibetains alors qu'il ne leur donne rien. Parce qu'ils savent qu'il les comprends, qu'il pense `a eux et qu'il se tient au courant de ce qui leur arrive. Un poete qui revele des choses que les gens sentent en eux, sera venere comme aucun chef d'etat ne pourrait l'etre. Un chef d'armees qui sait parler `a ses hommes et reveiller en eux la pulsion du guerrier, pourra etre aime peut-etre autant qu'un poete. Ce qui est inconnu attire. Cela recele des choses que nous pourrions ajouter `a notre image de nous-memes. Cette attirance peut autant se manifester par de la fascination et une envie irrepressible que par de la peur et de la repugnance. L'inconnu engendre des sentiments extremes. Le sage n'a pas ces sentiments extremes. Il a visite l'inconnu, en personne ou par une poesie creee par un autre sage. Pour lui ce n'est plus l'inconnu. Il comprend et ressent cet inconnu, il est capable de dialoguer avec lui et de le vivre. Un sport national dans beaucoup de milieux consiste `a essayer de se faire passer pour un sage. On dit de l'inconnu : "Oui oui je connais !". On croit savoir ce qu'est l'inconnu. A cause de cela on engendre le mal. On prend des decisions pour des choses que l'on ne connait pas. Le sage est pret `a la mort de toute chose. Il l'accepte. Cela lui permet de vivre, de faire vivre et de laisser vivre. Si on n'accepte pas la mort possible des choses, on passe son temps `a trembler, on commet des lachetes. Si un epoux n'accepte pas la mort possible de son couple, c'est `a dire la possibilite du divorce, la vie de ce couple sera un enfer. Il y aura des tensions, des doutes, des menaces... Il n'y aura pas de vraie vie de couple, le couple n'est pas vivant. Si la possibilite du divorce est acceptee cela veut dire que l'on reconnait l'autre comme un individu `a part entiere, qui pourrait vivre seul. Alors on peut vraiment s'interesser `a lui, on peut reellement l'aimer, lui donner ce dont il a besoin, vivre une vraie vie de couple. On est libre de ses idees et on offre cette liberte `a l'autre. Si un parent n'accepte pas la mort possible de son enfant il va enfermer cet enfant. Cela causera de graves problemes `a l'enfant, qui peuvent le mener `a la maladie ou au suicide. Si le parent accepte la mort possible de l'enfant, l'enfant pourra vivre. Le sage ne souhaite pas la mort. Il fera tout pour eviter les morts que l'on ne desire pas. Mais il les accepte. Il ne laissera pas un enfant faire des choses trop dangereuses mais il respectera le besoin d'exploration de l'enfant. Accepter la mort possible d'une chose et apprendre `a aimer cette chose sont des demarches liees. On apprend `a la connaitre pour l'aider `a vivre. Si elle meurt, on gardera des souvenirs. Ainsi elle ne disparait pas vraiment de notre image de nous-memes, elle reste vivante en nous. On dit que les femmes recherchent des hommes qui n'ont plus peur de la mort. Ce sont des hommes qui n'ont pas peur de vivre, qui ne pleurnichent pas pour des betises. Devenir une personne qui craint moins la mort n'est pas simple. Il y a des pieges. Certains en meurent. Une femme peut etre attiree par un reveur ou par un drogue. Ils donnent l'impression de ne pas avoir peur de la mort alors qu'au fond d'eux-memes ils sont terrifies. Le sage est entraine au mordant. "Entraine au mordant" est un terme qu'utilisent les eleveurs de chiens. Ils expliquent qu'il faut apprendre `a un chien `a mordre. Quand le chien est petit il faut jouer avec lui avec des objets qu'il peut mordre. Par exemple une vieille serviette ou un anneau en plastique. Le chien mord dans l'objet d'un cote et vous tirez de l'autre cote. Vous jouez ainsi avec le chien `a vous battre pour tirer l'objet. Plus tard il faut apprendre au chien `a attaquer, `a se servir de sa gueule pour tenir un ennemi en respect. On peut avoir l'impression que les eleveurs fabriquent ainsi des chiens monstrueux, prets `a attaquer le premier enfant qui passe. C'est tout le contraire. Ces chiens entraines sont extremement fiables. Un enfant est bien plus en securite `a cote d'un tel chien que si le chien n'etait pas l`a. Un chien est genetiquement programme pour proteger les personnes autour de lui, en particulier les enfants. Mordre un enfant n'aurait pas plus de sens pour lui que pour un garde du corps sortir son arme et abattre son client. Par contre il s'imagine bien donner sa vie pour sauver celle de son client. Ces chiens entraines sont bien dans leur peau parce qu'ils ont une image precise en tete de leur gueule et de leurs dents. Ils savent que leur gueule est dangereuse et ils savent l'utiliser avec mesure. Les chiens dangereux, ce sont ceux qui n'ont pas d'image de leur gueule, qui n'ont pas appris `a l'utiliser. Ces chiens-l`a se sentent en danger, ils ne comprennent pas ce qui se passe autour d'eux. Ils se sentent menaces et paniquent pour un rien. S'ils mordent, ce sera de toutes leurs forces. Attention : certains chiens, tout comme certains humains, ont des problemes nerveux d'ordre medical. Dans ces quelques rares cas, apprendre le mordant peut empirer la situation. Mais ce sont des exceptions. Un sage a en general un point de vue assez equilibre sur les choses. Il comprend les rouages du monde et les contemple de fac,on placide. Les autres personnes par contre voient le sage souvent de fac,ons extremistes. Certains adorent le sage, parce qu'ils savent que lui seul les comprend. D'autres au contraire sont effrayes par le fait que le sage les comprends et le detestent. Il est parfois etonnant de voir la facilite avec laquelle un sage obtient des choses d'autrui. Il ne manipule pas, ne menace pas ni n'essaye de corrompre... pourtant il obtient tout ce dont il a besoin et avec le sourire. Une raison importante `a cela est que le sage demande en general des choses raisonnables et qui sont bonnes pour tout le monde. Mais il faut chercher plus loin. Quand le sage s'adresse `a une personne, il a en lui un sourire pour cette personne. Il connait, au moins un peu, l'image de soi de son interlocuteur. Meme inconsciemment, la personne sent que le sage la comprend et la respecte. Conclusion J'espere avoir reussi `a montrer en quoi la construction de l'image de soi est un mecanisme de base du cerveau. Il sous-tend les evenements les plus anodins de la vie tout comme les plus importants. Nous agissons en fonction de l'image que nous avons de nous-memes et nous essayons perpetuellement de modifier cette image. Parfois nous la modifions avec sagesse, parfois nous faisons n'importe quoi. Parfois nous negligeons des choses qui auraient ete tres interessantes. Une comprehension des mecanismes de l'image de soi devrait vous permettre d'eviter certains pieges et de comprendre des situations apparemment illogiques. Les images ont bon dos. Mefiez-vous des images que l'on vous donne ou que vous vous donnez pour tel ou tel fait ou probleme. Pour un meme fait concret peuvent etre proposees des images tres differentes. Parfois certaines de ces images reviennent in fine au meme. Parfois elles sont complementaires. Souvent elles sont fausses et induisent des culpabilites ou des remedes tout `a fait deplaces. Essayez de trouver des images qui collent reellement aux situations. Peu importe que ces images soient poetiques, techniques, academiques, libres, repertoriees, relatives ou sensitives. Ce qui compte est qu'elles aient un rapport au moins indirect avec la realite. Acceptez le fait que parfois on ne trouve pas de bonnes images. Meme si des images correspondent raisonnablement bien `a des faits, les conclusions que l'on peut en tirer ne sont pas forcement bonnes. Parce que si l'on tient compte d'images supplementaires, plus larges, cela peut completement changer la perspective. Comparez les images que donnent des livres de physique, chimie, medecine, psychologie, religion ou poesie, de lieux ou d'epoques differents, pour des faits identiques. Cela ne veut pas dire qu'un seul de ces livres a raison. Ou pire qu'aucun de ces livres n'a raison. Cela veut juste dire que vous devez etre prudent. Les images sont le support de notre intelligence. Elles sont notre bien le plus precieux. Mais sans esprit critique elles ne valent pas grand chose. Note : ce texte contient des remarques acides contre le systeme Universitaire. Des amis qui sont passe par l`a m'ont dit qu'elles n'etaient pas exagerees. Mais il s'agit d'une Universite belge en particulier. Des amis qui l'ont quittee et qui sont alles poursuivre leurs etudes dans une autre universite belge m'ont dit que c'etait le jour et la nuit, radicalement different : des professeurs competents, un respect des etudiants, une bonne atmosphere, un environnement de travail performant, des choses utiles `a faire... Eric Brasseur 1 aout 1997 au 3 fevrier 2007