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La couleur au fil des siècles 1/4

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"Une couleur ne brille que dans un certain environnement,
de la même façon que les yeux ne sourient que dans un visage."
Ludwig Wittgenstein, philosophe

Rev 1-12-2001
jmm

Introduction

Aborder l'Histoire des couleurs est difficile. Nous espérons que le lecteur sera tenté par les livres qu'on lui propose à la fin. Il faut se plonger dans Poétique & Société des Couleurs, ou dans A history of Color pour sentir qu'il s'agit là d'un monde passionnant et complexe. Nous ne ferons qu'effleurer le sujet.

Nous allons nous tourner vers La grotte Chauvet pour apercevoir les premières peintures humaines colorées, et nous terminerons en évoquant les personnages virtuels de notre présent.

Préhistoire

Dans le noir d'une faible lumière on se rend compte du pouvoir de la couleur et de son impact sur l'esprit des artistes.

Grotte Chauvet
Grotte Chauvet
Main négative rouge et contour partiel de mammouth
30.000 ans

Il y a plus de 15000 ans des groupes d'hommes ont laissé l'empreinte de leur passage dans de nombreuses grottes de France ou d'Espagne. On retrouve leur art au travers des peintures qu'ils laissèrent sur les parois ou les plafonds. Le Grand Panneau d'Altamira regroupe de nombreux bisons polychromes rouges et noirs. Ce travail magnifique fut réalisé grâce à un mélange de gravure et de peinture. Cette dernière fut possible car l'artiste utilisa différents pigments. Les deux couleurs qui prédominent nettement sont le rouge et le noir.

Le rouge provient d'un oxyde de fer appelé hématite qu'on trouve à l'état naturel dans le sol. Le noir est issu du charbon de bois ou d'os, du charbon minéral ou bien de l'oxyde de manganèse. Ces pigments étaient mélangés avec un matériau incolore, la charge, pour donner une certaine consistance, faciliter l'étalement sur la paroi et améliorer la conservation. Cette charge était de l'argile, du talc ou des feldspaths. Un liant à base de graisse ou d'eau était généralement nécessaire pour améliorer la qualité du mélange.

Ces pigments étaient appliqués sur les parois grâce à l'utilisation de pochoirs, de pinceaux en poils d'animaux, ou bien seulement avec la main.

Ces fresques colorées avaient peut-être des propriété chamaniques, comme le décrit le Pr Jean Clottes dans "Les Chamanes de la préhistoire" Seuil. On les retrouve souvent en effet dans des grottes peu fréquentées par les hommes de l'époque, parfois dans des zones difficilement accessibles. Il n'y a que très peu de représentations humaines, elles sont surtout animales. On peut imaginer qu'elles avaient une fonction magique, pour faire venir le gibier, ou pour remercier des divinités par exemple.

Ils utilisaient aussi des pigments divers pour peindre leurs corps de jaune, rouge, noir ou blanc. Les hiéroglyphes de Denderah évoquent les teintures du lin dans les trois couleurs des étoffes sacrées, le vert, le pourpre et le bleu.

Antiquité

La Mythologie et l'Antiquité sont dirigées par les couleurs.

L'Egypte entre bleu et vert, entre Nil et papyrus

Les Egyptiens utilisaient beaucoup de couleurs pour peindre leurs tissus, leurs temples et leurs sarcophages. L'Egypte est en effet le pays de la couleur, bien que l'aspect extérieur actuel des temples ne gardent que peu de souvenirs de ce temps. "Il n'existe pas d'art pharaonique sans couleur".

Deux couleurs dominent l'Art égyptien, le bleu et le vert égyptiens.

En plus de la poudre de lapis-lazuli qui donne un bleu profond, les Egyptiens se servaient d'un colorant bleu dont le secret de fabrication était transmis de bouche à oreille, le bleu égyptien.

Ce colorant correspond à la cuisson dans des fours de potier, pendant plusieurs heures, de mélanges de silice, de produits calcaires, de cuivre et d'un fondant, à l'époque le natron (sesquicarbonate de sodium naturel). C'est sans doute le premier colorant synthétique fabriqué par l'homme, il y a environ 4500 ans. Il s'agit d'un silicate double de calcium et de cuivre. En fonction du chauffage l'intensité des bleus est variable, s'étendant du bleu pâle au bleu le plus sombre. Le pigment est ensuite broyé et était étendu sur les sarcophages ou les murs. L'intensité du broyage va aboutir à des tons différents de bleus, et les artistes égyptiens l'ont bien compris et utilisé. Ils ont parfois joué avec les différentes tailles des particules de broyage, pour donner des aspects différents.

Le bleu est le souffle divin et décore donc la coiffure de ceux qui sont partis dans l'Eternité. Ces décorations sont fréquentes dans les tombes et sont encore aujourd'hui toujours éclatantes et coruscantes.

Le prince Amon-Her-Khopechef
Le prince Amon-Her-Khopechef

 

Aux pigments déjà évoqués, ils ajoutaient le vert de la malachite (carbonate naturel de cuivre) qui est une pierre d'un beau vert diapré. La couleur verte est associée à la végétation, à la vie qui renaît, et donc à la renaissance. Un visage peint en vert annonce la résurrection. La seule couleur verte des amulettes suffit à protéger celui qui la porte.

Le vert égyptien était fabriqué comme le bleu égyptien, mais en changeant les proportions des composants, avec un appauvrissement en cuivre et un enrichissement en sodium. Le pigment obtenu est un mélange de restes cristallisés siliceux (quartz, tridymite ou cristobalite), de parawollastonite et d'une phase amorphe majoritaire qui confère la couleur au pigment.


La déesse Mout
coiffée de la double couronne

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