Frontière entre l'Allemagne et la Pologne

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Frontière entre l'Allemagne et la Pologne
Caractéristiques
Délimite Drapeau : Allemagne Allemagne
Drapeau : Pologne Pologne
Longueur totale 472 km
Particularités
Historique
Création XXe siècle
Tracé actuel 1945 (Conférence de Potsdam)
Vue de l'Oder, un cours d'eau qui marque la frontière.
Frontière entre l'Allemagne et la Pologne (Ueckermünder Heide)

La frontière entre l'Allemagne et la Pologne mesure 472 kilomètres. Elle suit pour l'essentiel le cours de l'Oder et de son affluent la Neisse, passant parfois d'une rive à l'autre sur les deux cours d'eau. Pour cette raison, on la désigne couramment par l'expression ligne Oder-Neisse, granica na Odrze i Nysie en polonais, et Oder-Neiße-Linie en allemand. En RDA, son appellation officielle était Oder-Neiße-Friedensgrenze (frontière de la paix sur l'Oder-Neisse). Cependant, ces expressions ne correspondent pas exactement à la réalité du terrain, notamment en ce qui concerne son tracé nord : au sud de Szczecin, la frontière s'écarte de l'Oder, passant à travers les bois, les lacs, les étangs et les champs à l'ouest de la ville. Elle atteint ainsi la lagune de Szczecin au niveau de la Neuwarper See qu'elle traverse tous les deux, puis scinde l'île d'Usedom qui sépare le golfe de la mer Baltique.

La frontière actuelle passe nettement à l'ouest de la frontière précédente, réduisant de façon sensible le territoire allemand. Elle a été définie par les Alliés lors de la conférence de Potsdam en juillet-août 1945. C'était, à l'origine, une ligne de démarcation provisoire entre les régions sous administrations allemandes, et celles sous administration polonaise. Le tracé définitif devait être établi par un traité de paix, mais celui-ci ne vit pas le jour.

La ligne Oder-Neisse a été reconnue comme frontière par la RDA dès 1950 (accords de Görlitz). Elle a, en revanche, été source de tensions entre la Pologne et la RFA qui réclamait sa révision. Toutefois, par le Traité de Varsovie, celle-ci s'est engagée en 1970 à ne pas employer la force pour faire valoir ses revendications. Après la chute du mur de Berlin, les quatre vainqueurs de 1945 imposèrent la reconnaissance définitive de la frontière comme préalable pour consentir à la réunification. En 1990, la RFA a accepté le tracé de la frontière et a renoncé à toute revendication territoriale en Pologne dans deux séries d'accords internationaux : le traité de Moscou (aussi appelé Deux-plus-Quatre) signé en le 12 septembre qui fait office de traité de paix entre l'Allemagne et les alliés, et les accords germano-polonais du 14 novembre 1990.

Sommaire

[modifier] La frontière avant 1945

Après la Première Guerre mondiale, un état polonais indépendant fut reconstitué sur d'anciens territoires russes, austro-hongrois et allemands.

Sa frontière avec l'Allemagne fut fixée par le Traité de Versailles en 1919. Elle suivait généralement les frontières historiques de la Pologne du XVIIIe siècle, mais comprenait quelques ajustements destinés à mieux respecter les séparations ethniques que ne le faisait la division traditionnelle en grandes provinces. Pourtant, la Poméranie orientale, la Haute-Silésie et la Mazurie avaient été divisées, en laissant du côté allemand de grandes régions peuplées par des populations rurales slaves (bien que souvent germanisées, comme les Slovinces) et du côté polonais de fortes populations urbaines allemandes. Qui plus est, la frontière était très longue et séparait du reste de l'Allemagne, la ville libre de Danzig peuplée en grande majorité d'Allemands.

[modifier] Les Alliés de la Seconde Guerre mondiale fixent la frontière polonaise

Carte indiquant le déplacement des frontières de la Pologne (la ligne Oder-Neisse est indiquée en vert)
Carte indiquant les pertes territoriales de l'Allemagne à l'issue de la Dernière guerre.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, en raison des changements territoriaux demandés par l'Union soviétique, la frontière a été déplacée profondément vers l'ouest en territoire allemand, suivant ce qu'on appelle la ligne Oder-Neisse, plaçant en Pologne presque toute la Silésie, plus de la moitié de la Poméranie, une partie du Brandebourg oriental et une petite région de Saxe. Le territoire polonais incluait aussi la région de Gdańsk et les deux tiers sud de la Prusse-Orientale, avec la Mazurie et la Warmie. Les changements territoriaux ont été suivis de transferts démographiques à grande échelle, avec expulsion de presque tous les Allemands du territoire polonais. En outre, la population polonaise de la moitié orientale de l'ancienne Pologne, maintenant incorporée par l'Union soviétique, a été en majorité expulsée et s'est réinstallée dans les anciens territoires allemands qui constituaient à présent la Pologne occidentale. Les Polonais et les Allemands n'étaient d'ailleurs pas les seuls groupes ethniques à être expulsés de leurs patries traditionnelles du fait des exigences territoriales de Joseph Staline.

La difficulté à fixer la nouvelle frontière germano-polonaise était accrue par le ressentiment des Polonais contre l'invasion nazie de la Pologne en 1939 qui avait même été suivie de l'annexion de nouveaux territoires au-delà des frontières allemandes de 1918 ; par l'insistance soviétique à conserver les régions polonaises prises par Staline au début de la guerre à l'est de la ligne Ribbentrop-Molotov et de ce que l'on appelle la ligne Curzon, qui avait été concédée à la conférence de Yalta et par l'évacuation brutale des 800 000 personnes qui restaient dans les ruines de la ville après l'insurrection de Varsovie. Parmi les Polonais, il y en avait peu pour s'opposer sur une base humanitaire aux accroissements territoriaux de la Pologne aux dépens de l'Allemagne : tous y voyaient une juste punition pour avoir déclenché la guerre et perpétré le génocide. On reprochait à la minorité allemande d'avoir apporté son aide au Reich allemand pendant l'invasion et l'occupation de la Pologne et d'avoir joué un rôle actif dans la persécution et le meurtre de masse de Polonais. Il y en avait peu pour considérer les changements territoriaux comme excessifs et voir dans les expulsions d'Allemands qui en étaient la conséquence un désastre humanitaire.

[modifier] Résumé chronologique depuis 1945

[modifier] Reconnaissance de la frontière par l'Allemagne

Le tripoint formé avec les frontières germano-tchéque et tchéco-polonaise, se trouve à une dizaine de mètres de la rive gauche de la Neisse au sud de la ville allemande de Zittau.

En 1950, les gouvernements de l'Allemagne de l'Est et de la République populaire de Pologne ont conclu les Accords de Görlitz qui reconnaissaient la frontière Oder-Neisse, désignée comme la « Frontière de la Paix et de l'Amitié ». Un autre traité, signé en 1989 entre la Pologne et l'Allemagne de l'Est, définissait la frontière maritime.

En 1952, la reconnaissance de la ligne Oder-Neisse comme frontière permanente était une des conditions de Staline pour que l'Union soviétique acceptât la réunification allemande. L'offre fut rejetée par Konrad Adenauer, Chancelier de l'Allemagne de l'Ouest, pour plusieurs raisons.

En Allemagne de l'Ouest, où s'étaient installés la majorité des 12 millions de réfugiés déplacés, la reconnaissance de la Ligne Oder-Neisse fut longtemps considérée comme inacceptable. En fait, l'Allemagne de l'Ouest, dans le cadre de la Doctrine Hallstein, ne reconnaissait ni la Pologne communiste ni l'Allemagne de l'Est dominée par l'Union soviétique. Cette attitude Ouest-Allemande changea avec l'Ostpolitik conduite par Willy Brandt. En 1970, l'Allemagne de l'Ouest signa des traités avec l'Union soviétique (Traité de Moscou) et la Pologne (Traité de Varsovie) par lesquels était reconnue la ligne Oder-Neisse comme une frontière de fait avec la Pologne. Cela permit à des familles allemandes expulsées de rendre visite à leur ancienne patrie.

Le 14 novembre 1990, après la réunification allemande, la République fédérale d'Allemagne (qui venait d'absorber la RDA) et la République de Pologne ont signé un traité confirmant la frontière entre elles, comme cela avait été demandé à l'Allemagne selon le Traité concernant le Règlement Final. Plus tôt, l'Allemagne avait amendé sa constitution et aboli l'article 23 de la Loi fondamentale, celui qu'elle avait utilisé pour la réunification et qu'elle aurait pu également utiliser pour réclamer ses anciens territoires de l'Est. Pendant cette période Helmut Kohl, le chancelier allemand, avait d'abord refusé de reconnaître la frontière polonaise et il fallut des interventions diplomatiques énergiques pour obtenir l'accord de l'Allemagne au règlement final. L'accord frontalier germano-polonais de 1990, définissant la ligne Oder-Neisse comme frontière entre les deux pays, est entré en vigueur le 16 janvier 1992 en même temps qu'un deuxième, un Traité de bon voisinage, signé le 17 juin 1991, par lequel les deux pays reconnaissaient entre autres des droits politiques et culturels fondamentaux aux minorités tant allemandes que polonaises vivant de chaque côté de la frontière. (Environ 150 000 Allemands ethniques habitent toujours en Pologne, surtout dans la voïvodie d'Opole, avec une présence plus petite dans des régions comme la Silésie et la Mazurie et de un demi-million à un million de Polonais en Allemagne, soit en résultat d'une migration récente, soit que les familles y résident depuis des siècles. Un nombre inconnu de ces immigrants polonais peut être constitué d'Allemands ethniques qui n'ont émigré que plus tard des anciens territoires allemands).

En dépit du traité de bon voisinage, tant la Pologne que l'Allemagne refusent à ce jour un grand nombre de droits culturels et politiques aux minorités. En Pologne les Allemands de la minorité d’Opole (Oppeln) se plaignent toujours d’être victimes de discrimination négative, bien qu'ils soient protégés sur le plan économique puisque leurs passeports allemands leur ont permis au cours des dix dernières années de travailler librement dans les États occidentaux membres de l'Union Européenne.

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Source

[modifier] Bibliographie

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