Sémiotique

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Voir « sémiotique » sur le Wiktionnaire.

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La sémiotique est l'étude des signes et de leur signification.

En français, le terme sémiologie est souvent utilisé, avec la même signification. (voir l'article sémiologie). A tort puisque le principe sémiotique se différencie de la sémiologie à partir de Charles Sanders Peirce. En effet celui-ci élabore un principe sémiotique fonctionnant sur un système triadique, quand la sémiologie fonctionne, elle, selon un système binaire.

La sémiotique étudie le processus de signification c'est-à-dire la production, la codification et la communication de signes.

Elle concerne tous les types de signes ou de symboles, et non seulement les mots, contrairement à la sémantique. Même un geste ou un son sont considérés comme des signes. Même des images, des concepts, des idées ou des pensées peuvent être des symboles. La sémiotique fournit les outils nécessaires à l'examen critique des symboles et des informations, dans des domaines divers.

La faculté de manipuler des symboles est une caractéristique de l'être humain et permet à celui-ci d'utiliser bien mieux les relations entre idées, choses, concepts et qualités que les autres espèces vivantes.

Actuellement, depuis Charles W. Morris[1], on distingue trois "dimensions" de la sémiotique :

La sémiotique, qui plonge ses racines dans l'épistémologie, la philosophie des sciences, la logique formelle, et, pour Saussure, dans la psychologie, prend de plus en plus d'importance au regard des sciences et de la technologie.

Sommaire

[modifier] Histoire

Les origines de la sémiotique — ou sémiologie — remontent à la plus haute antiquité, et se confondent avec la naissance de la philosophie du langage.

En 1690, le philosophe John Locke dans An essay concerning human understanding, fut le premier à utiliser le terme semeiotike à partir du mot grec ancien σῆμα / sẽma qui signifie signe.

Ferdinand de Saussure (1857-1913), le père de la linguistique moderne, donna le nom de sémiologie à "la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale". Selon Saussure, les signes établissent la relation entre un signifiant et un signifié. Après lui, toute une ligne de sémioticiens européens se détache, parmi lesquels Louis Hjelmslev et Algirdas Julien Greimas, sémioticiens qui insistent beaucoup sur le principe de l'immanence dans la description des systèmes de signes. Pendant longtemps, la linguistique offrit ses patrons méthodologiques à la jeune discipline (comme en témoignent les travaux de Roland Barthes).

En Amérique, un courant ouvert par Peirce dès 1896 oriente la discipline dans une direction pragmatique. Charles W. Morris (1901-1979) fut reconnu pour sa Foundations of the Theory of Signs. Charles Morris[2] distingue dans la sémiotique trois aspects, dimensions. 1) L'aspect syntaxique porte sur les propriétés formelles des symboles, les relations des symboles entre eux. 2) L'aspect sémantique porte sur les relations entre les symboles et les objets auxquels ils s'appliquent, sur la désignation. 3) L'aspect pragmatique porte sur l'utilisation et la fonction effective des symboles, sur les relations entre les symboles et leurs utilisateurs ou interprètes : règles de l'utilisation par le sujet, motivations de l'interprète, réactions du public, efficacité de la communication, contexte factuel, usages des signes (information, évaluation, stimulation, systématisation)[3], etc.

Comme discipline, la sémiotique s'institutionnalise dans les années 60 du XXe siècle, et une Association internationale de sémiotique (International Association for Semiotic Studies), avec sa revue Semiotica, voit le jour. Cette association tient son premier congrès mondial à Milan en 1974. La discipline sémiotique se diversifie en sous-champs — sémiotique du droit, sémiotique visuelle, sémiotique de la littérature (voir les rubriques poétique et rhétorique), sémiotique de l'espace, etc., certains de ces champs disciplinaires ayant également leur association (comme l'Association internationale de sémiotique visuelle, International Association for Visual Semiotics.).

Umberto Eco fit mieux connaître la sémiotique à l'aide de plusieurs publications, notamment Le Signe (1973 ; 1988 pour la version française, remaniement important de Segno par Jean-Marie Klinkenberg) et Trattato di semiotica generale (Traité de sémiotique générale), 1975. Eco reconnaît explicitement l'importance des travaux de Peirce.

Depuis ces auteurs qui ont fait date, la sémiotique, nébuleuse en bouillonnement depuis le début du 20eme siècle, a donné naissance à de nombreux chercheurs dans des traditions diverses.

Robert Marty a prolongé les études de Peirce en produisant au début des années 1990 une modélisation mathématique de la sémiotique triadique dans son essai de sémiotique scientifique intitulé "l'algèbre des signes", texte fondateur du courant sémiotique moderne (R. Marty, 1990, « L'algèbre des signes, Essai de sémiotique scientifique d'après C.S. Peirce », Amsterdam John Benjamins.) qui définit plus particulièrement l'architechtonique du signe de laquelle le treillis des classes de signes est tiré. Dans son sillage les chercheurs du groupe Semiocom de l'Université de Perpignan (France) ont produit plusieurs thèses jusqu'au années 2005. Ce courant moderne de la sémiotique s'est fondé sur la phénoménologie ordonnée allant jusqu'à proposer les modes opératoires de l'analyse sémio-cognitive (Patrick Benazet , Approche sémiotique des processus cognitifs du multimédia éducatif : évaluation et préconisations, Thèse en Sciences de l'Information et Communication, Université de Perpignan, sept. 2004).

[modifier] Principes

La sémiotique se fonde sur le concept de signe, qui se distingue selon différents niveaux de perception du plus vague au plus distingué, Priméité, Secondéité, Tercéité respectivement nommés Représentamen, Objet, et Interprétant. Chacun de ses niveaux de perceptions du signe sont eux-mêmes divisés en trois modes, nommés : -Représentamen : qualisigne, sinsigne, legisigne -Objet : icône, indice, symbole -Interprétant : rhème, dicisigne, Argument (ce dernier est l'aboutissement d'un déroulement inférentiel, défini par le treillis des classes de signes, qui peut emprunter 5 chemins d'accès à la signification : hypotético-déductif, hypotético-inductif, empirico-déductif, empirico-inductif ou abductif)).

La différence entre les concepts de signe et d'indice. Aussi la fumée est-elle l'indice du feu, et non un signe. Elle n'est que la conséquence naturelle du feu, et ne répondant à aucune volonté établie de signifier, elle ne s'inscrit dans aucun code. (sauf chez les indiens d'Amérique!)

Mis à part l'indice (ou "index"), Charles Sanders Peirce définissait deux types de signe :

  • l' icône renvoie à l'objet signifié au moyen d'une ressemblance avec celui-ci. Ainsi, en photographie ou en peinture, le portrait (icône) renvoie au sujet (objet). Évoquer une couleur au moyen d'un objet (rubis, émeraude, saphir) est également un processus iconique;
  • le symbole renvoie à l'objet au moyen d'une convention d'ordre culturel qui repose sur une association d'idées ou de valeurs. La balance et le glaive sont ainsi deux symboles différents de la justice, reliés l'un et l'autre à des valeurs culturelles très fortes: l'équité pour la balance, et la rigueur pour le glaive.

Il est très problématique de distinguer dans chaque observation ce qui reviendrait, de la part d'un sujet agissant, à l'index, à l'icone ou au symbole. Ces trois catégories imprègnent dans des proportions assez peu quantifiables, tout phénomène humain. On a pu prétendre que toute forme d'action comporte une tentative de se mettre en scène comme individu, de se présenter de manière inchoative. Il s'agirait d'une forme d'auto-portrait non nécessairement inconscient au sens freudien, plutôt infra-conscient, subconscient, tout simplement non conscient.

La sémiotique a acquis un renom certain avec Roland Barthes, qui fut en quête du langage des signes dans la publicité, la mode, et l'écriture romanesque et poétique. Toutefois, peut-être faut-il considérer que tout ne soit pas nécessairement signe. Si tel élément architectural peut être indubitablement considéré comme un signe, on pourrait cependant être tenté de penser avec le linguiste Frédéric François que « la construction des maisons n'est pas d'abord une pratique signifiante ». Si cela peut paraître à l'homme d'aujourd'hui incontestable, néanmoins, chaque pas franchi depuis les cavernes a certainement participé en son temps d'une pratique signifiante essentielle.

La psychanalyse et la sémiotique ont parfois réussi à se rencontrer, voire à se féconder mutuellement : la métasémiotique est un essai de sémiotique psychanalytique...

[modifier] Branches

La sémiotique est divisée en plusieurs branches, étudiant chacune un aspect ou domaine particulier des signes, parmi lesquels ont peut citer :

  • la biosémiotique, aussi appelé la sémiotique du vivant, qui étudie tous les aspects des signes biologiques, dont il existe deux branches dédiées à l'étude des animaux :
    • la zoosémiotique, qui étudie les signes des animaux (à l'exception de l'Homme) et notamment la communication animale
    • l'anthroposémiotique est quant à elle la branche qui étudie la communication humaine
  • la sémiotique visuelle

[modifier] Quelques sémioticiens importants

Précurseurs :

[modifier] Bibliographie

  • Denis Bertrand, Précis de sémiotique littéraire, Paris, Nathan, coll. « Fac. Linguistique », 2000, 272 pages. Trad. italien, G. Marrone et A. Perri, Basi di semiotica letteraria, Roma, Meltemi, 271 p., 2002. Trad. portugais, Sao Paulo, 2003.
  • Denis Bertrand, Parler pour convaincre. Rhétorique et discours, Paris, Gallimard, 1999, coll. « Le Forum ».
  • Denis Bertrand, Alexandre Dézé, Jean-Louis Missika, Parler pour gagner. Sémiotique des discours de la campagne présidentielle 2007, Paris, Presses de Sciences-po, 2007.
  • Umberto Eco, Le signe, adaptation française de Jean-Marie Klinkenberg; Bruxelles, Labor, 1988 (= Médias); repris en collection Livre de poche, n° 4159, Paris, Librairie générale française, 1992.
  • Umberto Eco, Traité de sémiotique générale, 1975.
  • Nicole Everaert-Desmedt, Le processus interprétatif, introduction à la sémiotique de Ch.S. Peirce, Liège, Pierre Mardaga éditeur, 1990.
  • Algirdas Julien Greimas et Joseph Courtès, 1979 et 1986, Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette (= Hachette université, Série Langage, Linguistique, Communication), deux tomes.
  • Anne Hénault, Les enjeux de la sémiotique. Vol. 1, Introduction à la sémiotique générale, Paris, P.U.F., 1979; vol. 2, Narratologie, sémiotique générale, Paris, P.U.F., 1983.
  • Jean-Marie Klinkenberg, Précis de sémiotique générale, Louvain-la-Neuve, De Boeck, 1996 ( = Culture et Communication); repris en collection de poche, Paris, Le Seuil, coll. Points, n° 411, 2000.
  • C. et R. Marty, 99 réponses sur la sémiotique, Réseau académique de Montpellier, CRDP/CDDP, 1992.
  • R. Marty, 1990, « L'algèbre des signes, Essai de sémiotique scientifique d'après C.S. Peirce », Amsterdam John Benjamins.
  • Alain Rey (dir.), Théories du signe et du sens. Lectures, Paris, Klincksieck, (= Initiation à la linguistique), 2 vol., 1973 et 1976.
  • Thomas A. Sebeok (éd.), 1994, Encyclopedic Dictionary of Semiotics, seconde édition révisée et mise à jour. Tome 1 : A-M; tome 2 : N-Z; tome 3 : bibliographie (première édition : 1986), Mouton, De Gruyter.

[modifier] Références

  1. Charles W. Morris, Foundations of the Theory of Signs, article dans l' International Encyclopedia of Unified Science, 1938. Trad. fr. par J.-P. Paillet, Langages, n° 35, sept. 1974, Larousse.
  2. Charles Morris, Foundations of the Theory of Signs, article pour l'International Encyclopedia of United Science, 1938.
  3. Charles W. Morris, Signs, Language and Behavior, 1946.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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