110- pas nous passer des définitions que P. Michon donne de l'individuation 111: et de la notion de rythme qui l'accompagne. « Par individuation, 112- écrit-il, j'entends l'ensemble des processus corporels, langagiers et -- 148- peut-être relativement stable, P. Michon recourt à une nouvelle 149: notion : celle de fluement. Il précise ainsi sa notion de rythme en lui 150: donnant une nouvelle définition : « J'appellerai rythme toute manière 151- de fluer des individus et poserai que tout processus d'individuation -- 204- 205: La notion de rythme permet donc d'appréhender des manières 206- historiquement construites de se déplacer, de parler, d'être en -- 209- l'appréhende également comme « un concept politique et éthique » [p. 210: 81]. Il distingue en effet deux types de rythme qui n'ont pas les mêmes 211: effets éthiques et politiques. Un premier type de rythme produit des 212- sujets individuels et collectifs qui se « renforcent » mutuellement. Un -- 224- 225: (ou comment la notion de rythme permet de penser la contrainte subie 226- par les sujets dans un monde hors contrainte - ou du moins, qui se -- 228- 229: Après avoir précisé comment ses notions d'individuation et de rythme 230- permettent de comprendre les manières dont les sujets individuels et -- 278- production et de contrôle des personnes et des groupes par imposition 279: d'un rythme « de toutes choses : de vie, de temps, de pensée, de 280- discours » comme il l'écrit plus loin [p. 129]. Compte tenu de cette -- 303- déserts syriens et égyptiens « où chaque moine a (...) licence de mener 304: son rythme particulier de vie » [p. 126]. D'abord parce qu'elles sont 305- parvenues à éviter les excès du repli sur soi et de la fusion -- 308- l'individu » [pp. 127-128]. Ensuite parce qu'en se retirant dans le 309: désert, elles sont parvenues à échapper au rythme d'un pouvoir 310- supérieur. Bref, c'est plutôt dans cette société idiorrythmique, i.e. 311: qui se fixe à elle-même son propre rythme, qu'il voit - provisoirement 312- du moins - un idéal type de la démocratie. 313- 314: Néanmoins, quand P. Clastres pense l'État sans penser le rythme, R. 315: Barthes pense le rythme sans penser l'État [p. 140]. Sur le chemin de 316: sa quête d'une éthique et d'une politique du rythme, P. Michon se 317- tourne alors vers Marcel Mauss. Non seulement les descriptions que ce -- 335- place dans une démocratie idiorrythmique. Encore faut-il qu'il ne dénie 336: pas son rythme propre, sans l'imposer pour autant à la société. « Les 337- différents projets démocratiques qui sont au apparus vers la fin de -- 389- rythmes. Il voit davantage le danger dans le refus de cette 390: fluidification du rythme, et dans l'aspiration au retour à des rythmes 391- plus disciplinés et cadencés. 392- 393: Avec G. Tarde et G. Simmel, on voit clairement que le rythme, la 394- manière dont les hommes se produisent, dont les corps-langages-groupes -- 405- singulier et celle des groupes auxquels il appartient. » [p. 233]. Mais 406: qu'en est-il du rythme, de la manière dont se produisent les 407- corps-langages-groupes censée porter ces groupements démocratiques ? On -- 409- exigence paradoxale de fabriquer du commun et du singulier, de la 410: cohésion et du conflit. On en sait davantage sur le rythme des 411- groupements à rythmicité faible, dont la foule et les « sociétés de -- 433- du collectif » [p. 238]. Car, plus qu'une simple transaction, P. Michon 434: voit dans le don archaïque, agonistique, un rythme particulier, 435- « l'occasion d'une réunion et d'une mise en branle périodiques et -- 449- l'individualisation singulière et collective » [p. 242]. Au regard de 450: la démocratie, le seul bon rythme est celui qui maximise la production 451- des individus singuliers et collectifs... -- 460- 461: P. Michon voit davantage le bon rythme de l'individuation démocratique 462- chez les Nuer tels qu'ils sont décrits par Evans-Pritchard, qui -- 467- Michon, dans lequel, loin de s'opposer, solidarité et individualité se 468: renforcent l'une l'autre » [ibid.]. Bref, le bon rythme d'individuation 469- démocratique est celui qui repose sur « l'alternance du conflit et de -- 473- yang se succèdent tout en impliquant déjà chaque fois leur opposé »[p. 474: 254]. Ou encore, le bon rythme d'individuation démocratique est celui 475- qui permet de « considérer nos adversaires comme des alliés en -- 478- la démocratie comme « eurythmie de l'usage de la violence » [p. 254]. 479: Seul ce rythme « maximise » l'individuation des individus singuliers et 480- collectifs, permet l'affirmation la plus intense des « Je » et du -- 492- 493: C'est à l'aune de ce critère du bon rythme d'individuation démocratique 494- qu'il évalue la qualité des rythmes du « monde nouveau » qu'est le -- 501- 502: Le rythme du capitalisme s'est modifié. Cadencé, binaire, métrique dans 503- les organisations tayloristes, il s'est depuis une trentaine d'années -- 562- démocratie. Enfin, on sent bien, intuitivement, qu'avec sa notion de 563: rythme, il pointe sur une dimension de la réalité sociale très 564- largement ignorée par les spécialistes en sciences sociales [[20]7]mais -- 572- malgré les efforts qu'il fournit pour définir les notions employées. 573: Individuation, rythme, arythmie, idiorrythmie, eurythmie, fluement 574- (finalement très peu utilisé), rythmicité (forte et faible) : tout cela -- 576- difficile). À ce propos d'ailleurs, les ralliements qu'il opère de 577: certains auteurs à la cause de l'individuation et du rythme paraissent 578- un peu forcés ! Présenter M. Foucault comme l'auteur d'une « histoire -- 586- démocratie, et qui résident justement, selon lui, dans leur incapacité 587: à saisir ce qu'il appelle individuation et rythme pourtant au coeur des 588- relations de pouvoir selon lui. Nous sommes tout simplement, de son -- 608- peuvent être rythmées différemment), qu'elles peuvent être notamment 609: plus ou moins contraintes (rythme cadencé, métré, binaire etc.) ou 610: libres (rythme fluide). Que dans ces relations se jouent des relations 611- de pouvoir sur les personnes (pouvoir de contrainte, parfois médiatisé -- 638- Nous aimerions savoir ce que ce résumé omet d'essentiel que l'emploi de 639: ses notions d'individuation, de rythme, de fluement, d'arythmie, 640- d'idiorrythmie etc. auraient fait apparaître. -- 741- d'effervescence sociale, de dépenses généreuses, d'invitations 742: mutuelles, bref, de dons en tous genres. P. Michon donne au rythme de 743- la vie sociale une importance qu'elle n'a généralement pas chez les -- 749- et la spirale du don elle-même - celle de la triple obligation de 750: donner, recevoir et rendre plus - obéit bien à un rythme (à trois 751- temps) plus ou moins obligé. Si ces rythmes ne sont pas respectés, si -- 823- Ne pas s'arrêter de jouer (voie a-rythmique), ne pas jouer seul dans 824: son coin (voie idiorrythmique), mais simplement retrouver le bon rythme 825- pour soi et pour tous ! (voie eurythmique) ». -- 925- primat de la temporalité, éthique et politique. D'où la nécessité d'un 926: nouveau modèle général - comme celui que fournit le rythme - pour 927- relancer la réflexion ; 3. qu'on confond souvent, de manière polémique, 928: totalisation et puissance d'un concept. Le concept de rythme n'est pas 929- globalisant ou totalisant, il possède tout simplement une puissance que -- 950- 951: 3. J'ai beaucoup insisté sur un aspect décisif du concept de rythme qui 952- n'apparaît pas dans votre recension : son aspect a-métrique. Le -- 961- qui avait cours avant que Platon associe rhuthmos et métron, et qui 962: faisait du rythme une « manière de fluer ». J'ai aussi montré que cette 963- définition peut être précisée grâce à la remotivation par Diderot de la -- 1021- de conséquence son intérêt pour le « symbolique » doit être réévalué et 1022: réintégré à un intérêt plus général pour le rythme. J'ai complété en 1023- 2005 ce travail dans Rythmes, pouvoir, mondialisation, qui -- 1029- travaux sociologiques réalisés depuis le début du siècle : le 1030: « symbole » et le « rythme ». On voit bien à travers cette affirmation 1031- que ces deux concepts sont liés dans son esprit ou tout au moins qu'ils -- 1035- l'inventeur ou la popularisateur du concept de « symbolique ». Le 1036: rythme là encore tombe à la trappe. D'où ma deuxième question : que 1037: faites-vous de cette nouvelle affirmation de l'importance du rythme ? 1038- Quel statut donnez-vous dans votre lecture à cet intérêt pour le 1039: rythme ? Je pense, pour ma part, que cette conférence nous montre une 1040- fois encore que Mauss n'était pas du tout en train de préparer une -- 1077- demandez « si ce résumé omet quelque chose d'essentiel que les notions 1078: de rythme, de fluement, d'arythmie, d'idiorrythmie, d'eurythmie, etc. 1079- auraient fait apparaître »). C'est un essai dont je vous remercie -- 1083- premier membre du Mauss à reconnaître et à justifier de manière 1084: détaillée le fait que le rythme est une question fondamentale qui 1085- devrait être prise en considération. En même temps, j'ai l'impression -- 1091- ces relations se jouent des relations de pouvoir sur les personnes ». 1092: Au fond, la théorie du rythme n'apporterait rien de plus que ce que les 1093- sociologues-économistes savent déjà depuis fort longtemps. À savoir que -- 1243- 1244: Un indice de plus que pensée du don et pensée du rythme peuvent et même 1245- doivent se rencontrer ? -- 1340- [[56]4] O. Mendesltam est l'auteur d'un petit ouvrage où il est 1341: question de la Révolution bolchevique intitulé L'État et le rythme 1342- (1920), dans lequel P. Michon voit « l'une des toutes premières 1343: politiques du rythme » [p. 229]. 1344- -- 1351- [[59]7] On peut néanmoins citer : Henri Meschonnic dans les travaux 1352: duquel il s'incrit, et notamment son Politique du rythme, politique du 1353- sujet, Verdier, 1985