(Redirigé depuis Essence (chimie)) Il peut aussi s'agir d'une substance naturelle (extrait d'une fleur par exemple) ou créé ou recréé à partir de différents arômes, solvants et fixatifs destinés à un usage cosmétique ou à parfumer des objets, des animaux ou l'air intérieur. Il est alors généralement fabriqué à partir d'essences végétales et/ou de molécules synthétiques. L’usage de parfums par l'Homme est très ancien, remontant à la plus haute Antiquité. Le grand bouleversement se produit à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, avec deux innovations : d’une part le perfectionnement de l’alambic, avec un système de refroidissement facilitant la distillation ; de l’autre la découverte de l’alcool éthylique, permettant de donner au parfum un support autre que des huiles ou des graisses. Le premier alcoolat célèbre est l’Eau de la Reine de Hongrie (XIV^e siècle), préparation à base de romarin et d’essence de térébenthine. Le parfum acquiert alors ses lettres de noblesse en Occident. On l’utilise notamment pour parfumer les vêtements, en particulier les gants, le métier de parfumeur étant alors associé à celui de gantier. La ville de Grasse devient la capitale du parfum, on y met au point de nouvelles techniques permettant de mieux recueillir l’essence des fleurs fragiles. Au XVIII^e siècle, on parfume tout, depuis le corps jusqu’aux vêtements et aux divers accessoires, notamment les cuirs. Mais il faudra attendre encore un siècle pour voir apparaître le vaporisateur. * Fleurs : les plus nobles sont sans doute la rose et le jasmin, auxquels on ajoutera la tubéreuse et l’iris, tout en sachant que le parfum de ce dernier n’est pas fourni par la fleur, mais par le rhizome. Les autres fleurs les plus utilisées sont la violette (dont on prend surtout les feuilles), la fleur d’oranger (ou néroli), le mimosa, les narcisses et bien sûr la lavande, sans oublier l’ylang-ylang (ou ilang-ilang), fleur originaire des îles de l’océan Indien. La mode de ces fleurs varie selon les époques. Leurs essences sont aujourd’hui le plus souvent reconstituées plus ou moins bien, par des mélanges de molécules aromatiques synthétiques, ce qui en diminue largement le prix. * Fruits : pour l’essentiel, les fruits utilisés en parfumerie sont des agrumes. Ils constituent une famille olfactive appelée hespéridés, très présente dans les eaux de Cologne. On y trouve les diverses variétés de citrons et d’oranges, notamment la limette et la bergamote. Les autres fruits sont le plus souvent des produits de synthèse, le plus fréquemment utilisé étant la vanille. Six essences animales sont utilisées dans la confection de parfums, le plus souvent aujourd’hui sous forme synthétique car des questions réglementaires ou d’éthique empêchent ou freinent leur emploi. Elles jouent le rôle de fixateurs et se rencontrent surtout dans les parfums masculins, du moins pour les trois premières. L’essor de la chimie au milieu et à la fin du XIX^e siècle a profondément modifié la parfumerie et ses techniques de fabrication. La synthèse a notamment permis aux parfumeurs d’accéder à de nombreuses matières premières qui n’existent pas à l’état naturel. Ainsi, depuis la fin du XIX^e siècle, la chimie joue un rôle de plus en plus important en parfumerie. Certains composés naturels très chers ou très difficiles à se procurer (c’est le cas par exemple des essences animales) ont été remplacés par des produits synthétiques. Cette évolution a permis de faire que le parfum ne soit pas un produit inabordable, notamment grâce à l’apparition de nouvelles maisons (Guerlain, Piguet, Coty) à la même époque. Les composés synthétiques permettent aussi dans certains cas de préserver la flore (déforestation, plantes en voie de disparition…) et la faune (les muscs synthétiques préservent les animaux tels civette ou bouquetin à musc). Vers 1830, en France, des chimistes (et non des parfumeurs) ont mis au point pour la première fois des techniques permettant la synthèse de molécules odorantes. De nos jours, ces molécules synthétiques représentent 98 % de la totalité des substances utilisées en parfumerie. Ce pourcentage s’explique du fait que la synthèse représente de nombreux avantages. Tout d’abord, certaines odeurs comme elles du muguet ou du lilas n’avaient jamais pu être extraites bien que le parfum qu’elles dégageaient fût plus que prometteur. Désormais, grâce aux progrès dans le domaine de la chimie organique leur synthèse est possible. D’autre part, le coût de fabrication des essences végétales, les quantités de fleurs et les difficultés d’approvisionnement liées aux conditions climatiques ou économiques ont rendu obligatoire le recours aux molécules de synthèse. De même pour les fragrances issues des sécrétions produites par les animaux : depuis l’apparition de Pour réaliser la synthèse d’une substance, il faut tout d’abord chercher les composants (molécules) de l’odeur à reproduire en employant des techniques sophistiquées d’analyse telles que le head space. Une fois que les molécules ont été identifiées et isolées, on peut les reproduire en laboratoire. Deux possibilités s’offrent aux chimistes : l’hémisynthèse ou la synthèse. L’hémisynthèse est une technique qui permet de réaliser une synthèse à partir d’une molécule naturelle, tirée d’une essence végétale, déjà très proche de celle qu’on recherche et qui subira seulement quelques transformations : elle deviendra ainsi totalement identique à celle désirée. Par exemple pour la vanille, l’espèce odorante majoritaire appelée principe actif, est la vanilline. Elle n’est présente qu’à 2 % dans les gousses : son extraction ne suffirait donc pas à couvrir les besoins mondiaux. C’est pourquoi on a décidé de réaliser la synthèse On appelle extraction le processus qui permet de transformer en essence une matière première. Les exemples ci-dessous concernent les formes traditionnelles d’extraction, et ne tiennent pas compte des méthodes chimiques utilisées actuellement. * L’expression : pratiquée uniquement avec les agrumes, elle permet par simple pression d’extraire l’essence contenue dans l’écorce des fruits. L’opération est aujourd’hui accomplie grâce à des centrifugeuses. * La distillation à la vapeur d’eau : la matière première récoltée est disposée dans un alambic, avec de l’eau qu’on porte à ébullition. La vapeur d’eau transporte l’essence dans un condensateur, puis dans un séparateur. * La rectification : les essences obtenues par distillation sont parfois purifiées par rectification sous vide, procédé à basse température plus respectueux des matières fragiles. * L’enfleurage à chaud : utilisé avec des pétales de fleurs pas trop fragiles (rose, narcisse), il consiste à les plonger dans un bain de graisse animale que l’on fait chauffer à plusieurs reprises. Lorsque les fleurs ont donné toute leur essence, elles sont jetées et remplacées par d’autres, jusqu’à obtention d’une graisse suffisamment saturée. La graisse est ensuite lavée avec de l’alcool, jusqu’à obtention de l’essence dite absolue. * La macération : pratiquée pour obtenir les essences animales, elle consiste à laisser macérer la matière première dans de l’alcool. Une fois les diverses essences obtenues, c’est au parfumeur qu’il conviendra de les mélanger, par de savants dosages dont lui seul a le secret. Le parfumeur utilise pour cela un orgue à parfums, boîtier ou étagère en forme d’orgue contenant une sélection des extraits à mélanger. Puis le parfum obtenu sera mêlé à un excipient, en principe de l’alcool, mais également de l’eau et d’autres solvants avec une concentration plus ou moins forte selon le produit que l’on veut obtenir. * Les huiles essentielles : ce terme s’applique aux produits aromatiques et volatils purs extraits des végétaux uniquement ; il ne s’agit donc pas de parfum en tant que tel. Dans l’absolu, le terme d’huile essentielle désigne les composants chimiques non dilués dans l’excipient ; dans la pratique, le terme est souvent confondu, l’huile essentielle ne se trouvant quasiment jamais pure. Autre acteurs majeurs dans l’histoire du parfum : les membres de la famille Guerlain, dont la dynastie commence avec Pierre-François Guerlain, qui ouvre une parfumerie à Paris en 1828. En 1853, la maison Guerlain crée l’Eau de l’Impératrice, et devient le premier fournisseur de Napoléon III. Mais la date la plus importante est sans doute 1889, année où Aimé Guerlain crée Jicky, considéré comme le premier grand parfum français, le premier alliant essences naturelles et essences de synthèse. S’ensuivra la création d’un parfum destiné aux hommes, Mouchoir de Monsieur (1904) composé par Jacques Guerlain à une époque où l’homme est encore très rétif au parfum. Autre grand succès de Jacques Guerlain, Shalimar crée en (1925) souvent copié mais jamais égalé. * Fleur, essence, solvant