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Raison d’agir



L'épidémie à VIH/sida reste encore très active. Les chiffres communiqués par les organismes internationaux ou onusiens restent alarmants sur la situation mondiale. Ici, en France, le nombre de contaminations découvertes chaque année depuis dix ans maintenant reste constant mais élevé pour un pays développé comme le nôtre.



Sans doute les raisons d'espérer dont je parlais l'an dernier se manifestent encore aujourd'hui : même si nous sommes loin du compte, la mise à disposition de trithérapies dans les pays du Sud est en augmentation, avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Démonstration a été faite que dans les pays où elle a été instaurée, la taxe sur les billets d'avions pour financer l'achat de ces traitements n'a pas eu d'effet délétère sur la santé financière des compagnies d'aviation. Une voie pour la gratuité des soins dans les pays du Sud est donc raisonnablement ouverte !


Au Nord, malgré les inquiétudes sur la solvabilité de notre système français de soins, des préoccupations sont mieux prises en compte : qualité de vie des malades, éducation thérapeutique, situation de handicap.


Ceci étant, des combats communs restent encore à conduire, au Sud comme au Nord. Notamment celui de l'acceptabilité des personnes séropositives, de leur reconnaissance sociale. Partout, il est difficile de lutter contre la stigmatisation et les discriminations dont elles sont victimes. Comme si une opprobre générale les frappait. Nous menons partout les mêmes combats, en France et dans le monde. Ce combat, il ne faut pas l'interrompre. Il serait plus facile à mener si la notoriété et le courage dont certaines personnalités «en vue» disposent pouvaient les amener à prendre la parole pour contribuer à une plus grande acceptabilité de tous les séropositi(ve)fs. En tous cas, nous, nous avons raison d'agir pour permettre la prise de parole du plus grand nombre.


C'est évidemment ce que permet une stratégie communautaire : contribuer au renforcement de la capacité des personnes concernées à dire et à agir, individuellement et collectivement. Cette identité «communautaire», nous ne cessons de l'affirmer et de la pratiquer au jour le jour, car nous voulons aussi faire reconnaître ce que peut apporter une stratégie de mobilisation communautaire dans le combat contre une épidémie, dans la lutte pour un système de santé mieux adapté, et dans l'acceptabilité sociale des personnes concernées par l'épidémie à VIH/sida. Nous avons raison d'agir pour faire école de cette façon.


Nous agissons aussi pour plus d'unité. En France, en 2006, le mouvement AIDES est maintenant totalement unifié dans une même structure. Nous y aurons mis le temps. Trop sans doute. Mais nous y sommes parvenus. Nul doute que l'unité doit aussi progresser au plan mondial entre tous ceux qui sont attachés à la mise en oeuvre des stratégies communautaires dans la lutte contre le sida. AIDES a de nombreux partenaires. Nous partageons tous ensemble l'idée que la mobilisation communautaire doit faire école car elle est un outil de plus grande implication des personnes séropositives dans les combats qui les concernent ; qu'elle est un outil de meilleure adaptation des systèmes de santé aux besoins réels des populations et qu'elle est un ferment de démocratie par l'apprentissage de la décision collective. Ici encore, nous avons raison d'agir pour que claque de façon unitaire le drapeau des stratégies communautaires partout dans le monde.


Face à une épidémie qui ne faiblit pas, et à des enjeux sans cesse plus complexes, continuons, avec raison, à agir !

Christian Saout, ancien président de AIDES