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M. Valls : « Fadela Amara a raison de se rebeller »

MVIMVIDéputé-maire PS d’Evry, Manuel Valls a parfois assumé un discours très ferme sur l’immigration. Courtisé par Sarkozy, il a refusé de jouer le jeu de l’ouverture.

Pourquoi l’ADN met-il à l’épreuve l’ouverture ?

Cela démontre l’échec de l’opération. Quand l’ouverture est faite sur la base de ralliements individuels, non sur un programme politique, elle place les personnalités de gauche qui ont fait le choix d’entrer dans ce gouvernement devant des contradictions qui, tôt ou tard, éclatent devant l’opinion. C’est aujourd’hui le cas pour Fadela Amara ou Martin Hirsch.

Ces contradictions étaient-elles écrites ?

Il serait trop simple d’imputer au pur opportunisme le ralliement de personnalités de ­gauche. Certains ont pu sincèrement désespérer de la gauche, de son incapacité à saisir les évolutions du monde. Ils ont pensé pouvoir infléchir la politique de Sarkozy. Ils se sont trompés. Le cas des tests ADN, soutenus dès l’origine par le Président, le Premier ministre et leur majorité, souligne les contradictions politiques et éthiques auxquelles sont confrontés ces ministres. Or, en la matière, il ne peut y avoir de compromis. Fadela Amara a raison de se rebeller. Mais elle doit aussi en tirer les conséquences.

Quelle est votre position sur l’ouverture ?

Cette politique de débauchage vise à mettre en difficulté la gauche, asphyxier le Modem, et élargir la base politique du gouvernement face aux difficultés qu’il peut rencontrer sur le front écono­mique et social ou lors des municipales. Ce choix est inefficace, mais aussi dangereux. Il brouille les repères. La qualité du débat démocra­tique supposerait qu’il y ait, face à ­face, une droite qui s’assume et une gauche profondément rénovée, capables parfois de trouver des consensus quand l’intérêt général est en cause.

Comment interpréter l’inflexibilité du gouvernement sur les tests ADN ?

Ce dispositif a beau être rendu plus présentable par les sénateurs, il est contraire aux valeurs de la République, à la tradition du droit familial, aux lois bioéthiques. Il est inacceptable, car il entretient volontairement le climat délétère créé par les discours de l’extrême droite sur l’immigration.

D’ALLONNES DAVID REVAULT / Libération