Valeur (économie)

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Au sens général, attribuer de la valeur à quelqu'un, quelque objet, ou quelque idée, c'est lui accorder de l'estime et de l'intérêt. C'est un attribut positif et en même temps subjectif.

En économie, la valeur d'un bien ou d'un service naît des besoins et des désirs contraints par :

  • la rareté (« ce qui est rare est cher »),
  • le coût (« conçu comme la somme des intrants »),
  • l'utilité (« si j'en ai besoin, je suis prêt à y mettre le prix »),
  • et un soupçon d'irrationnel… (le désir, la peur du risque, l'émulation distordent les calculs les plus pertinents).

Sommaire

[modifier] Valeur objective et valeur subjective

Donc, au delà du prix, chiffre directement constatable et cours établi sur le marché par l'offre et la demande ou fixé par une autorité habilitée, la valeur économique est :

  • au niveau individuel, une appréciation subjective liée aux préférences économiques de la personne et à ses ressources,
  • au niveau général, une estimation théorique, objective.

L'histoire de la pensée économique oppose deux catégories de théories sur la valeur permettant ensuite la formation des prix.

[modifier] Conception objective

La valorisation d'un bien peut se baser sur un facteur objectif, matérialisé par un critère mesurable en théorie.

La vision de François Quesnay de la valeur provenant de la nature repose sur l’idée que seule la production agricole est créatrice de richesses et que toute autre activité artisanale ou commerciale n’est que l’addition de travail et de matières premières issues directement ou indirectement des produits de la terre. Ainsi, l'agregation des produits naturels constituant le capital nécessaire à une production ajoutés aux produits naturels nécessaire à la reproduction de la force de travail constitue une estimation.

Ensuite, la theorie ricardienne de la valeur travail constituant l'essence de la pensée économique classique anglaise (Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, etc.), décrit la valeur d’un bien comme la somme de toutes les formes de travail, direct et indirect, qui ont contribué à sa fabrication. L'utilisation de machines dans la production ne change en rien cette analyse objective de la valeur puisqu'une machine ne produit pas de valeur mais transmet simplement la sienne au bien qu’elle produit : la valeur dégagée par une machine est égale à l'usure de celle ci, car une machine n’est que du travail accumulé (Marx).

Ricardo introduit une innovation à la théorie de la valeur : la loi des rendements décroissants.

Ces économistes concèdent l'existence d'une valeur d'usage, mais pour eux, elle n'intervient cependant pas majoritairement dans la formation des prix.

De nos jours, en suivant cette optique selon laquelle la valeur d'un produit serait celle des facteurs de production utilisés, il faudrait ajouter la valeur-savoir mise en œuvre.

[modifier] Conception subjective

L'autre aspect théorique est celui d'une conception subjective de la valeur. Contemporain d'Adam Smith qui énonce le paradoxe de l'eau et du diamant, Étienne Bonnot de Condillac considère, en évoquant l'exemple du verre d'eau dans le désert que l'utilité (aussi appelé « valeur d'usage ») est le fondement unique de la valeur. Cette conception, qui est celle de Démocrite et des Scolastiques, est adoptée par les classiques français (Turgot, Say). Voir à la même époque les travaux du mathématicien Daniel Bernoulli.

Allant à contre-courant de la théorie de la valeur fondée sur le travail de David Ricardo, William Jevons développe lors d’un congrès en 1862 la notion de « degré final d’utilité » (utilité marginale). Pour reprendre l'exemple du verre d'eau, un homme assoiffé dans le désert est prêt à payer une « fortune » pour UN verre d'eau, un peu moins pour le deuxième quand il s'est déjà abreuvé, encore moins pour le troisième, etc., et ce indépendamment de sa valeur de production.

William Jevons introduit donc une subjectivité dans la détermination de la valeur. La théorie néoclassique adopte cette conception de la valeur comme liée a l'utilité dégagée par la dernière unité échangée et à la satisfaction des autres besoins. La formation des prix ne dépend alors plus que de cette utilité marginale.

Cette conception subjective de la valeur est l'un des fondements de l'école autrichienne d'économie.

[modifier] Paradoxes et problèmes liés à l'évaluation

On peut assister à deux curieux phénomènes psychologiques, relevant du biais cognitif :

  • l'acheteur ou le vendeur tend à changer d'estimation de valeur après la transaction. Comme a dit Jean Amadou « combien de choses ne valent pas ce qu'elles coûtent ».
  • Inversement, l'ancrage mental peut faire que certains associent la valeur à un prix passé. Ils hésitent à vendre si le prix est devenu inférieur, ou à acheter s'il a monté, même si cette évolution traduit que les circonstances extérieures ont changé.

Certaines méthodes d'évaluation, par exemple pour les actifs financiers, sont censées aider à estimer la valeur intrinsèque, autrement dit ce que serait le « juste prix » à partir de fondamentaux économiques. Elles doivent prendre aussi en compte la subjectivité du marché dans la formation du prix, donc celle des divers acheteurs et vendeurs dans leurs estimations de la valeur. Voir par exemple évaluation d'action.

L'acheteur d'une marchandise l'évalue plus chère que son prix, sans quoi il n'en tirerait aucun avantage, aucune plus-value et il ne l'acheterait pas. Un vendeur évalue sa marchandise moins chère que son prix, sans quoi il n'en tirerait aucune plus-value et renoncerait donc à la vendre.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie