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29.05.2007

Confucius

Ah, Confucius ! S’il y a bien un sujet qui a fait couler de l’encre, c’est bien Confucius.

En Chine, le Maître fait l’unanimité dans un domaine, celui que les Anglo-Saxons appellent le « self improvement », définir son attitude face aux grandes questions personnelles. Ce qui en fait un Sénèque asiatique respecté. C’est dans ce domaine où son influence reste réelle, est la moins contestée et continue d’imprégner et de colorer l’attitude des Chinois en tant qu’individus face à la vie.

Malheureusement au-delà commencent les controverses. Car le Confucianisme sert d’excuse pour vendre des relations de type hiérarchiques où le peuple, enfant inconscient, doit se soumettre à l’autorité bienveillante jusqu’à un certain point car comme le père fouettard elle est prête à manier le bâton pour ramener dans le droit chemin ceux qui s’écartent du respect (entendez la soumission) aux supérieurs.

Ce patriarcat politique est aussi simplificateur que réduire les différentes variations du Christianisme au fil des siècles, Anachorètes, Cathares, Jean Huss, le catholicisme, l’orthodoxie, les Eglises réformées, le KKK, le fascisme catholique de Salazar et de Franco, la théologie de la libération, les militants pro-life… à leur plus petit dénominateur commun : se réclamer du Christ.

Mais qu’importe ! L’argument est imparable surtout en Occident où évoquer Confucius au cours d’un dîner en ville assure de clouer le bec à ses interlocuteurs. C’est comme le joker d’un jeu de cartes, on le sort de sa manche et on remporte le pli.

Ce Confucianisme-là, empruntant à un courant plus ancien, s’est forgé au Japon à la fin du 19ième siècle afin de concilier modernité technologique et autorités hiérarchiques. La machine à vapeur oui ! la liberté non ! La construction de cette idéologie est similaire à la simplification que faisait Charles Maurras du catholicisme réduit à une idéologie brutale de la discipline et de l’ordre présentée comme l’essence de la France. Ce qui permettait de justifier le rejet de 1789, l’antisémitisme… au nom de la défense de la tradition et de l’identité culturelle !

Pendant leur invasion de la Chine (1932-1945) quand ils ne brûlaient pas les villages, les soldats japonais reconstruisaient les temples à Confucius, signifiant que les gouvernements collaborateurs qui s’installaient dans leur sillage incarnaient l’esprit du « bon gouvernement ». Par ricochet, les résistants à l’occupation étaient des agents d’intérêts étrangers (les Anglo-Saxons), les serviteurs pervertis d’une idéologie importée (le communisme) ou moralement inaptes à gouverner (le Kouo-min-tang).

Confucius a connu diverses fortunes ensuite. En Corée du Sud, il autorisait le dictateur Park Chung-hee (1963-1979) à ouvrir le feu sur les grévistes et envoyer à la potence des dissidents à la suite de procès truqués. Le PDG de Daewoo Kim Woo-choong, aujourd’hui recherché pour banqueroute frauduleuse (20 milliards de dollars) expliquait du temps de sa gloire que le succès de Daewoo était redevable aux préceptes de Confucius. A Singapour, le Ministre Mentor – c’est son titre - Lee Kuan Yew au pouvoir depuis 1959 était récemment présenté comme le « dernier mentor de l’Asie depuis Confucius » par The Straits Times, le quotidien gouvernemental. Bref, le charlatanisme n’est jamais loin.

Le régime communiste chinois qui ne sait plus où sont ses marques, ouvre ces temps-ci des Instituts Confucius à travers le monde pour projeter la culture chinoise à travers le monde, plutôt la vision particulière qu’en a le régime.

Dès lors, on comprend que certains Chinois se braquent dès qu’on invoque Confucius, redoutant qu’on ne veuille leur refiler un rossignol comme on disait autrefois sur les marchés.

D’où l’écho retentissant reçu par l’essai que vient de publier un professeur de littérature classique de l’Université de Beida, Li Ling. Le titre, provocateur, donne à lui seul l’angle d’approche : « Un chien perdu sans famille : lecture personnelle des Annales ».

Pour Li Ling, Confucius est le prototype de l’homme de lettre qui ne sait pas où il va et qui comme un chien abandonné se lance sans réfléchir sur toutes les pistes qu’il flaire. Le ton est polémique. Les intentions de Li Ling pas vraiment claires, probablement pour se préserver des foudres de la censure. On ne sait si en évoquant les errances de Confucius qui n’a cessé durant sa vie de voyager à travers la Chine, Li Ling l’accuse d’avoir manqué de directions claires dans ses réflexions ou si on contraire, il fait l’éloge de l’indépendance d’esprit, de la perpétuelle et jamais aboutie quête de la Vérité et réfute ainsi les idéologies définitives.

Ces ambiguïtés n’ont pas freiné le débat virulent provoqué par l’ouvrage sur Internet.

On défend mordicus le Maître :
« C’est vrai que Confucius a vagabondé toute sa vie et que les gens se moquaient de sa pauvreté. Il leur répondait : « Oui, je suis pauvre » car il savait que le commun ne peut comprendre l’homme de lettre et que c’est perdre son temps d’expliquer à ces troupeaux quoique ce soit. Confucius est l’un des dix hommes qui ont le plus marqué le monde. Même qu’un Président des Etats-Unis a dit que son enseignement est valable pour la terre entière. Mais ce professeur le critique en le qualifiant de « chien errant ». C’est lui le chien qui regarde le monde à travers sa longue-vue étroite. »

On défend l’interprétation autoritaire et attaque ses détracteurs :
« L’histoire nous enseigne qu’un Empereur pour régner a besoin de la pensée de Confucius. Un peuple s’il veut enseigner à ses descendants le respect de ses ancêtres a aussi besoin des règles de Confucius. Aujourd’hui, Confucius et sa pensée sont présents dans toutes les familles chinoises. Il y en a toujours qui le critiquent, le blâment, voire l’insultent pour faire les malins et acquérir une gloire éphémère. Ces comportements nous font vomir. Confucius continuera à vivre dans notre cœur éternellement, quant à ceux qui le dénigrent, seul le diable sait à la vitesse à laquelle ils seront oubliés.»

Et sa pensée, idéalisée :
« Dans toute notre histoire, les époques où l’on respectait et admirait Confucius ont toujours duré plus longtemps que celles où il était critiqué. Dans les temps de révoltes, les gens critiquaient Confucius. En revanche lorsque le pays était en paix, que les gens étaient calmes et avaient le loisir de réfléchir, on le louait. La pensée de Confucius n’a jamais changé, c’est la façon dont les gens la comprennent qui a changé avec le temps. »

Pour mieux condamner le propos, on agresse l’auteur :
« Je trouve que ce qui manque à ce livre, ce n’est pas l’intelligence, la finesse, la logique mais simplement l’honnêteté. Je souhaite que les enseignants passent moins de temps à se faire mousser et plus à faire des recherches sérieuses. »

De l’argument ad hominen, on passe à la lamentation habituelle sur le manque d’union des Chinois :
« Il semble aujourd’hui que les paysans revêtissent l’habit des professeurs. Ce sont ceux les chiens qui courent après l’argent et le pouvoir sans savoir qu’ils sont les chiens de plus puissants qu’eux ! Si ce genre de chiens enseigne dans la meilleure université, comment doit-on appeler leurs élèves ? Des chiots ? Les Chinois ne sont habiles que pour une chose : se quereller et se déchirer en famille. »

A ce cri du cœur répond en écho une formule :
« Chaque Chinois est un dragon à lui seul, mais dix Chinois réunis ne font qu’un vers de terre. »

On cherche une voie équidistante en se puisant dans un souvenir personnel en risquant une comparaison osée:
« Ce livre me rappelle une bande dessinée datant de la Révolution culturelle (Confucius était l’une des cibles des Gardes Rouges NDLR). Confucius était représenté comme un petit vieux vêtu de loques et qui n’avait qu’une chaussure. J’étais petite et ce dessin m’a fait pitié. Aujourd’hui nous sommes tous des chiens errants. Qui aujourd’hui n’est pas un chien perdu ? Je crois que tout le monde connaît ce dirigeant qui après l’échec du soulèvement de la Moisson d’automne a parcouru 12 500 kilomètres (C’est Mao NDLR) est devenu lui aussi un chien errant. Il n’y a pas de honte à être un chien errant. C’est mieux que d’être un chien qui mord. Confucius n’est rien de plus que ce que nous sommes, ce n’est pas la peine de le déifier ou de l’enlaidir. »

Li Ling reçoit des soutiens :
« Et pourquoi n’aurait-on pas le droit de critiquer Confucius ? Sous prétexte qu’un personnage est entré dans l’histoire on ne pourrait plus en faire le critiquer ? »

« Je trouve pas mal ce livre. Je ne crois pas que l’écrivain veut insulter Confucius. Il nous le montre humain, depuis sa naissance, toute au long de sa vie triste et solitaire… C’est vrai que Confucius est un grand homme. Mais il était d’abord un homme, pas un dieu. »

Un intervenant met les pieds dans le plat et resitue l’arrière-plan idéologique de la polémique:
« On assiste à une guerre entre les libéraux et les conservateurs. Les nouveaux conservateurs culturels prônent la renaissance de l’école confucéenne et cherchent à concilier la pensée confucéenne classique et notre époque. La vérité est qu’il n’y avait ni l’harmonie, ni la démocratie à l’époque de Confucius. On ne voit pas pourquoi la pensée de Confucius ferait mieux aujourd’hui qu’autrefois. »

A quoi s’ajoute :
« Nous sommes tous des chiens sans colliers. Toute sa vie, Confucius a essayé de persuader les empereurs de suivre ses préceptes. Il n’y est jamais parvenu. Ensuite, de nombreux mandarins ont voulu gouverner l’état vertueusement. Pour quels résultats ? Ils ont été assassinés ! Revenons à notre époque ! Nous nous battons chaque jour pour satisfaire nos ambitions. Nous sommes insatisfaits parce que nous n’y réussissons jamais. Nous aussi nous sommes des chiens perdus emportés par le flot de nos désirs matériels. »

Commentaires

Le Confucius décrit dans le blog semble bien plus individualiste que Lao Tseu (Li Tse ?) qui est pourtant un individualiste forcené ...
si Confucius est Sénéque alors LaoTseu serait il Diogène ?

Ecrit par : Do&gone ,Do_Gen | 29.05.2007

Votre blanquette est elle fraiche?

Ecrit par : revelli | 31.05.2007

pour 6 personnes :

1.5 kg d'épaule de veau
350 g de riz
250 g de champignons de Paris
1 oignon
1 carotte
15 cl de crème fraîche
2 jaunes d'oeufs
1 c. à soupe d'huile
30 g de beurre
0.5 citron
2 c. à soupe de farine
2 clous de girofle
1 bouquet garni (thym, laurier persil)
sel et poivre

Faites revenir doucement dans une cocotte la viande coupée en gros morceaux avec le beurre et l'huile, sans la laisser colorer. Salez, poivrez, saupoudrez de farine et remuez pendant 2 min pour bine enrober la viande. Ajoutez 50 cl d'eau tiède.

Ajoutez l'oignon piqué des clous de girofle, la carotte émincée, le bouquet garni. couvrez et laisser mijoter 1 h. a mi-cuisson ajoutez les champignons nettoyés et émincés.

Versez le riz dans de l'eau chaude salée (deux fois son volume), couvrez et cuisez environ 15 min.
Égouttez la viande et les légumes. Filtrez le bouillon, faites-le bouillir 5 min. Battez les jaunes d'oeufs avec la crème, du sel et un filet de jus de citron, versez dans le bouillon en remuant et faites épaissir à feu très doux, sans laisser bouillir.

Réchauffer la viande 1 min dans la sauce, et servez avec le riz.

-Avec différents morceaux de veau ,la blanquette sera meilleure.

-nous vous conseillons un Anjou rouge

Ecrit par : Carlo réve et lit : | 01.06.2007