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Tirs de barrage contre la corruption

16 août 2001

Le front de la lutte contre la corruption s’étend. L’initiative vient de plus en plus du Sud, alors que l’engagement des œuvres d’entraide du Nord et des Eglises reste insuffisant.

Entrave au développement, facteur d’exclusion et d’injustice, cancer de la démocratie, la corruption est une question de plus en plus discutée sur la scène internationale. Créée en 1993 comme forum non-gouvernemental et international contre la corruption, Transparency International (TI) a le vent en poupe. Des sections nationales ont éclos dans 89 pays, dont 25 en Afrique, 20 en Amérique latine, 16 en Asie, 18 en Europe - la section suisse a été fondée en 1994 sous l’impulsion de Pain pour le prochain (PPP) - et 10 en Europe de l’Est.

" Ces chiffres montrent que le combat contre la corruption n’est plus seulement l’affaire de quelques pays riches du Nord ", déclare Christoph Stückelberger, secrétaire général de PPP et vice-président de TI, qui a participé en octobre à l’assemblée générale de TI et à une importante conférence internationale en Afrique du Sud. Signes de cette mutation : pour la première fois une majorité des membres du comité de TI vient des pays en développement et, en février, 11 gouvernements africains ont adopté des principes qui préparent une convention anti-corruption sur le modèle de celle de l’OCDE.

Le 26 octobre 1999, TI a présenté à la presse son cinquième indice de perception de la corruption (IPC) et un nouvel indice (IPCE) qui mesure la corruption des pays exportateurs payant des pots-de-vin. Sous la pression de l’opinion publique et de l’OCDE, la Suisse - qui figure au 9e rang de l’IPC et au 5e rang de l’IPCE - a dû adapter ses lois. En octobre, le Conseil national a accepté un projet prévoyant la répression de la corruption de fonctionnaires étrangers et abolit la déductibilité fiscale des pots-de-vin.

" Actuellement, l’un des thèmes dominants est le rôle de la société civile dans la lutte contre la corruption, à travers la pression sur les gouvernements et l’éducation civique de la population ", explique Christoph Stückelberger. C’est que la gravité du problème ne cesse de croître. Non seulement les pots-de-vin représentent jusqu’à 15 à 20% du montant des contrats d’affaires internationaux, mais, selon une étude norvégienne en Tanzanie, quelque 95% des impôts payés par les plus pauvres finissent dans les poches des percepteurs.

" Cet exemple montre bien le lien entre la corruption et l’endettement, le montant des pots-de-vins dans certains pays étant aussi grand que le service de la dette, souligne Christoph Stückelberger. De nombreuses organisations non-gouvernementales (ONG) du Sud demandent que les actions de désendettement soient accompagnées de mesures anti-corruption. Dans ce sens, le code de conduite contre la corruption pour les ONG au Cameroun suscite un grand intérêt ".

Dans quelle mesure l’aide au développement encourage-t-elle ou prévient-elle la corruption ? " C’est une question brûlante dont les oeuvres d’entraide doivent absolument se saisir ", estime Christoph Stückelberger. Malheureusement, si les ONG des pays en développement étaient très présentes en Afrique du Sud, celles du Nord brillaient par leur absence. Manquaient également à l’appel les Eglises qui sont pourtant partie à la fois du problème et de la solution.

Pour éveiller les organisations d’entraide - notamment ses 17 partenaires - à ces questions, PPP a publié un document (" Lutte contre la corruption - Une tâche urgente pour les oeuvres d’entraide, les missions et les Eglises " -, Repères 1/00, voir section Développement) et récemment organisé un séminaire avec la Direction suisse pour le développement et la coopération (DDC). Quelques 25 personnes, pour la plupart responsables de projets, y ont participé. " Elles ont manifesté leur intérêt, mais ce n’est pas encore le feu sacré ", constate Christoph Stückelberger. Qui propose, dans la foulée de l’Assemblée générale du Conseil œcuménique des Eglises (Harare, décembre 1998), le lancement d’un programme œcuménique des Eglises pour la lutte contre la corruption.

Michel Egger

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