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Afrique : Les grands-mères s’unissent contre le Sida - la déclaration de Toronto


communiqué de presse de la Stephen Lewis Foundation (Toronto)

Publié le mardi 22 août 2006


August 17, 2006 - Toronto

Le rassemblement de trois jours à Toronto en ce mois d’août 2006 entre grands-mères canadiennes et africaines est indicatif de tout ce que nous partageons en commun : un amour profond pour nos enfants et nos petits-enfants, et notre dévotion sans fin à leurs égards ; un souci profond vis-à-vis du VIH/SIDA et son effet dévastateur sur le continent Africain, surtout sur les femmes et les enfants. Nous comprenons également les unes aussi bien que les autres que nous sommes capables de relever les défis qui, souvent, apparaissent insurmontables. Nous avons la force, et sommes dotées d’une détermination sans précedent, et nous avons les ressources nécessaires au combat contre SIDA.
Nous sommes toutes créatives, résilientes, et nous avons la sagesse acquise avec l’âge et l’experience.

Venues de l’autre côté du monde, nous représentons les grands-mères du Kenya, du Malawi et du Mozambique ; Nous représentons les grands-mères de la Namibie, du Rwanda, de l’Afrique du Sud et du Swaziland ; Nous représentons les grand-mères de la Tanzanie, de l’Ouganda, de la Zambie et du Zimbabwe ; prenant en charge les orphelins de nos chèrs fils et filles que le SIDA nous a arrachés.
En clôturant ce rassemblement historique, nous sommes animées d’émotions : Nous sommes reconnaissantes de cette chance qui nous a finalement été offerte pour nous faire entendre.
Quelle a été notre joie, enfin, pour avoir obtenu une telle occasion et de nous servir de ce plateu pour raconter notre histoire, partager nos expériences, décrire les difficultés rencontrées et exprimer nos douleurs et souffrances, partager nos peurs, et exprimer la tristesse que nous ressentons à cet âge avancé de la vie, et de voir nos souffrances quoitidiennes reconnues, d’une façon respectueuse.

Même si chacune de nous a une histoire différente, et a vecu une experience unique, nous représentons ici les nombreuses femmes qui se sont trouvées dans des situations aussi tragiques que la notre : pour chaque grand-mère ici présente aujourd’hui, nous comptons, cinquante, soixante, soixante dix mille autres restées au pays.
Nous avons des besoins aujourdhui, dans le futur immédiat, et aurons toujours des besoins à satisfaire dans le long terme.
Notre devoir envers ces millions de grands-mères sans voix nous donne le courage et la force de dire en leur noms et aux noms des enfants dont ils ont la charge que les besoins cités ci-dessus sont désormais des revendications.

Aujourdhui, nous revendiquons d’être entendues attentivement par ceux qui sont en position de pouvoir : Nous nous adressons aux organisateurs et aux délegués du 16eme Congrès International sur le SIDA, nous nous adressons au pays hôte, le Canada ; nous nous adressons au Fonds Mondial de Lutte Contre le SIDA ; la Tuberculose, et le Paludisme ; et enfin, nous nous adressons aux Nations-Unies.
Nous, les grands-mères, méritons et demandons d’être entendues.

Dans l’immédiat, nous ne revendiquons pas grande chose, juste le nécessaire : nous ne demandons qu’à pouvoir assurer une meilleure santé pour nos petits-enfants et pour nous-mêmes ; nous ne demandons qu’à pouvoir les nourrir, les loger et les habiller ; nous ne demandons qu’à pouvoir les envoyer à l’ecole pour leur assurer un avenir meilleur. Pour nous-mêmes, nous ne demandons qu’à être formées, car ce que nous avons appris en élèvant nos propres enfants ne nous a guère preparé à élever nos petits-enfants orphelins et appauvris, confus et extrêmement vulnérables.
Nous voulons être rassurées que l’aide ne s’arrête pas uniquement aux villes mais qu’elle atteigne nos villages. Dans le long term, nous avons besoin de securité. Nous voulons des revenus réguliers et voulons une indépendence financière pour que l’on ne se soucie plus de la survie de nos familles.

En tant que grands-mères, nous méritons d’avoir de l’espoir.
Nos enfants, comme tous les autres enfants du monde, méritent d’avoir un avenir.
Nous ne voulons pas enterrer nos enfants.

De l’autre côté du monde, nous, grands-mères canadiennes, comprenons mieux le sort de nos soeurs africaines.
Nous nous unissons avec humilité à elles et nous nous engageons fermement à défendre leur cause. Nous nous engageons de part de nos ressources, le temps dont nous disposons, l’accès, l’influence, l’empathie et la compassion.
Parce que nous comprenons que la survie est le lot quotidien de nos sœurs africaines, nous avons offert d’être leurs voix, et elles ont accepté.
Nous promettons d’être leurs ambassadrices, et de ne ménager aucun effort pour enfin faire entendre leurs histoires, faire comprendre leurs histoires et inciter à l’action.
Nous promettons de mettre la pression sur les gouvernements, les chefs religieux et sur la communauté internationale.
Nous nous engageons à mobiliser les fonds, à recruter de nouvelles sœurs ambassadrices au Canada.
Nous nous engageons à trouver les moyens pour faire comprendre d’une manière claire la place qu’occupent les grands-mères africaines dans nos cœurs et dans nos pensèes non seulement aujourdhui, mais pour toujours.
Nous sommes conscientes de la dette envers cette génération de femmes qui a consacré toute sa jeunesse à la liberation de l’afrique, à sa revitalisation, et leurs dernières années à la maintenir.
Nous ne nous reposerons que quand elles se reposeront.

En venant à ce rassemblement, nous avions des attentes élevées, mais nous avions également quelques appréhensions. Nous avions peur que nos douleurs soient insupportables. Nous avions peur du barrage linguistique.
En tant que grands-mères canadiennes, nous avions peur que notre capacité à aider ne se limite à la recherche de fonds et de financement ; en tant que grand-mères africaines, nous avions peur de voir notre situation désespérée faire de nous des victimes au lieu des heros.
L’amour spécial que détient chaque grand-mère nous a motivées à faire le déplacement et la sagesse acquise avec l’âge nous a données le courage et la force de faire face à nos peurs et appréhensions.
Notre courage et détermination en ont valu la peine.
La manière africaine de se parler sans prononcer un seul mot nous a permis de forcer le barrage linguistique.
Nous avons gesticulé et remué nos têtes.
Et nous avons chanté.
Nous avons battu le tam-tam.
Nous avons eclaté de rires, nous avons pleuré, nous avons applaudi et avons reçu et donné des accolades.
Nous avons découvert une toute nouvelle solidarité qui nous a permis de surmonter ces peurs qui nous habitaient et d’arriver là ou nous sommes aujourd’hui.

Que ce rassemblement soit l’aube de la naissance du mouvement des grands-mères.


VOIR EN LIGNE : stephen lewis foundation


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