jeudi 24 mars 2005

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L’événement
Où en est vraiment la paix au Proche-Orient ?

Alain Lormon

Depuis les élections palestiniennes de janvier dernier, un vent d’optimisme souffle sur le Proche-Orient. Essayons ici d’y voir plus clair sur les avancées réelles de la paix.

Comme toujours dans le conflit israélo-palestinien, chacun scrute les intentions du grand parrain américain. Certes, le conflit a son autonomie, et il n’a rien à voir avec la doctrine du « Grand Moyen-Orient » de George W. Bush. Mais le Président américain, en difficulté en Irak, peut avoir intérêt à faire avancer le dossier israélo-palestinien. Jusqu’où ? En invitant Ariel Sharon dans son ranch de Crawford (Texas), le 11 avril, veut-il amener le Premier ministre israélien à accepter un plan politique global auquel celui-ci se refuse pour l’instant ? En attendant cette échéance, nous faisons le point de la situation sur le terrain. La situation réelle, et non pas une représentation médiatique qui surévalue les gestes les plus infimes d’Israël et répand un optimisme qui peut préparer des lendemains amers. Quand les médias occidentaux ouvrent leurs journaux sur le retrait d’Israël des grandes villes palestiniennes, qu’est-ce que cela veut dire dans la réalité ? Lorsque Ariel Sharon parle de démantèlement des colonies, de quelles colonies parle-t-il ? Quelles sont les perspectives ? Où en est la construction du mur ? Nous nous efforçons ici de répondre à ces questions, sans minimiser les raisons d’espérer, mais sans les amplifier démesurément.

L’absence de tout processus politique

La caractéristique principale de la situation est pour l’heure l’absence de tout processus politique. Au-delà du retrait unilatéral de Gaza, prévu pour le mois de juillet, et de l’engagement israélien à restituer à l’Autorité palestinienne cinq villes de Cisjordanie, la situation actuelle n’offre aucune visibilité, même à court terme. Les références ­ rares ­ à la « feuille de route », ce plan de paix parrainé en 2003 par le quartet (États-Unis, Union européenne, Nations unies et Russie) restent vagues et formelles. Devant ces incertitudes, Mahmoud Abbas a demandé le 15 mars à Israël « d’appliquer ses engagements », et mis en garde l’État hébreu « contre toute tergiversation ». Et encore, le président de l’Autorité palestinienne ne faisait allusion qu’aux engagements pris lors de la réunion de Charm el-Cheikh, le 8 février dernier : restitution de cinq villes palestiniennes, libération des prisonniers politiques, et cessez-le-feu comprenant notamment la fin des assassinats extrajudiciaires. M. Abbas avait souligné « la nécessité de ressusciter le processus politique et le passage rapide aux négociations sur un règlement définitif afin d’en finir avec l’occupation israélienne de tous les territoires occupés depuis 1967 ». Son appel est pour l’instant resté sans échos.

La restitution des villes palestiniennes

Ce processus, même sans autres perspectives, est pour l’instant extrêmement lent. La campagne de communication internationale conduite par Israël surmédiatise le moindre mouvement de troupes. Officiellement, Israël a transféré le 16 mars un contrôle sécuritaire limité aux Palestiniens dans la région de Jéricho. Sur le terrain, cela s’est traduit par le retrait de blocs de béton à l’entrée sud de Jéricho, sur la route reliant la ville à Jérusalem. Un autre barrage, à Al-Douyouk, au nord-ouest de Jéricho, a ensuite été démantelé. Une petite force policière palestinienne a pu se déployer dans le village d’Ojja, au nord de Jéricho. Mais des « points d’observation » de l’armée israélienne ont été maintenus sur place pouvant permettre à tout instant une réinstallation immédiate des deux barrages. D’où le sentiment, au sein de la population palestinienne, d’une nouvelle mystification surtout destinée à l’opinion internationale. « Il est faux de parler d’une remise du contrôle de Jéricho aux Palestiniens, commentait le 16 mars le gouverneur de la ville, Sami Moussallam, ce qui a eu lieu est une levée partielle du bouclage qui était imposé à la ville. Ils n’ont fait que démanteler un barrage et faciliter le passage à un autre. » Lundi, Israël a entamé le transfert aux Palestiniens du contrôle sécuritaire de la ville de Tulkarem. Lequel transfert devait s’effectuer sur « plusieurs semaines »... Le négociateur palestinien Saëb Erekat a souhaité, le même jour, que l’on en revienne rapidement à la situation de septembre 2000, ce qui suppose le démantèlement de tous les barrages israéliens. Nous en sommes loin.

Les contradictions de George W. Bush

L’une des grandes interrogations du moment réside évidemment dans le degré d’implication américaine. George W. Bush est-il décidé à imposer des règles à son allié israélien ? Le propos tenu par le Président américain, le 15 mars, à l’issue d’un entretien avec le roi de Jordanie, Abdallah II, avait pu le laisser penser. « Israéliens et Palestiniens, avait-il déclaré, doivent faire les sacrifices nécessaires, et ces sacrifices veulent dire qu’Israël doit se retirer des colonies de peuplement et qu’un État palestinien doit avoir un territoire jouissant d’une continuité territoriale dans le cadre de laquelle il pourra se développer. » Mais, le soir même, le porte-parole de la présidence américaine, Scott McClellan, rectifiait sérieusement le tir : « Ce à quoi le Président faisait allusion est le plan de retrait qui est en train d’être appliqué par le Premier ministre (Ariel Sharon) et les colonies sauvages qui doivent être démantelées par Israël comme le demande la feuille de route. » Or, ce que Ariel Sharon s’est engagé à appliquer, c’est le retrait de 24 colonies sauvages, alors que Washington souhaiterait le démantèlement de 105 de ces colonies. Quoi qu’il en soit, il s’agit toujours de colonies dites « sauvages », c’est-à-dire qui n’ont pas reçu l’autorisation de l’administration israélienne. Cette distinction permet de conférer une légalité à l’immense majorité des colonies, et à reconnaître à Israël le « droit » d’enfreindre le droit international. Elle permet aussi de jouer sur la confusion dans l’opinion internationale. L’épisode montre en outre la légèreté du discours officiel américain, incapable de faire la différence entre colonies « sauvages » et l’ensemble des colonies.

Lira la suite dans Politis n° 844

Alain Lormon

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