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Une question de survie

renseignements connexes

Secteur de la police internationale

Vol. 68, No 2 2006

Adaptation de policiers canadiens à une formation en zone de guerre

Par Scott Foster

Durant son affectation d’un an dans le désert de la Jordanie, une chose est toujours restée à l’esprit du s.é.-m. Gary Collins : « Nous devons faire en sorte que ces gars survivent. »

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photo offerte : s.é.-m. Gary Collins, OPP

Formation de recrues irakiennes à la recherche et à la détention d’insurgés.

C’était durant sa mission dans une vaste base militaire multinationale près d’Amman que Collins, de la Police provinciale de l’Ontario (OPP), a longuement réfléchi à ce qui attendait des dizaines de milliers de recrues irakiennes.

Les hommes ont débarqué dans la base par milliers pour y recevoir la formation de policier. À l’issue de leur stage de huit semaines, ils retourneraient dans leur pays déchiré par la guerre pour y assurer des services de police, en plein coeur de la violence sectaire ponctuée d’affrontements armés avec les insurgés.

Durant son mandat, Collins a participé à la formation de 36 000 cadets irakiens - dont certains avaient été policiers sous le régime de Saddam Hussein. D’autres étaient auparavant bergers, commerçants ou cultivateurs. Tous cherchaient alors du travail. De ce groupe, quelque 6 000 ont été blessés, capturés, voire abattus depuis leur retour en Irak.

« J’ai 33 ans d’expérience dans la police et c’est inconcevable de penser qu’un corps de police puisse perdre en moyenne 200 agents par mois », avouait Collins peu après son retour de Jordanie en février dernier. « Les services de police au Canada ne pourraient supporter d’être décimés de la sorte. Pourtant, c’est le lot de la population irakienne jour après jour. »

« C’est une mission impossible, au fond, de parachuter ces hommes dans une zone de guerre au bout de huit semaines », ajoute Jacques Maillet, de la GRC, détaché en Jordanie au titre de sous-chef responsable des tactiques de véhicules de patrouille. « Mais nous avions un mandat. Et chaque semaine où nous retardons l’envoi d’effectifs supplémentaires en Irak ne fait que prolonger le chaos dans lequel est plongé le pays entier. »

Collins, Maillet et leurs collègues avaient pour mandat essentiel de veiller à doter les nouvelles recrues des outils de survie voulus. Durant le programme assumé par la GRC, Collins a codirigé plusieurs des cours, notamment ceux de la formation au tir et d’autodéfense. Cela dit, un volet vital de la formation est demeuré à l’esprit du sergent d’état-major, même après son retour dans son détachement du comté de Peterborough.

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s.é.-m Gary Collins, de l’OPP

Des recrues irakiennes à une base militaire jordanienne en formation sur « le circuit » : quatre barrages routiers de fortune constitués de sacs de sable et de béton, avec des véhicules et de faux explosifs.

De 9 h à 16 h, les recrues s’entraînaient sous un soleil de plomb dans ce qu’on a surnommé « le circuit » : quatre barrages routiers de fortune constitués de sacs de sable et de béton, avec des véhicules et des exercices de simulation avec explosifs, mitrailleuses et attentats suicides.

« Il s’agissait de recréer des conditions réelles », explique Collins, rompu aux contrôles routiers. Avant d’entrer à l’OPP, il a travaillé dans l’armée, où il a eu des affectations notamment dans le plateau du Golan au Moyen-Orient et en Égypte.

« Nous avons recours à des étudiants, à des femmes, tout pour obtenir le cadre le plus réaliste possible. »

Résultat : une réplique exacte des quelque 6 000 barrages routiers actuellement érigés sur toutes les grandes routes d’accès aux villes d’Irak. Certains sont dotés d’effectifs 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Tous visent le même but : contrôler toutes les personnes en circulation, et repérer les déplacements d’insurgés et de terroristes.

Si Collins et Maillet ont vécu des expériences différentes tant sur le plan politique que des protocoles policiers durant leurs affectations antérieures en d’autres régions du monde, tous deux s’entendent sur le caractère unique du cadre de la Jordanie.

Pour Maillet, dont les fonctions habituelles consistent à former des membres de la GRC au service de formation centralisé à Regina, l’un des plus grands défis est de veiller à ce qu’on tienne compte des convictions religieuses des cadets irakiens dans le programme de formation jordanien. Ce qui signifie d’être sensibilisé à la façon dont certains cadets considèrent la destinée. Par exemple, lorsqu’un cadet s’apprête à ouvrir une porte derrière laquelle peuvent se trouver des insurgés, il ne se tiendra pas au côté de la porte. Parce que s’il reçoit un coup de feu, il croit que c’est la volonté de Dieu. Les formateurs doivent donc veiller à ne pas faire fi de cette conviction, tout en instruisant les recrues sur le meilleur moyen d’éviter d’être abattu par l’adversaire.

Pour Collins et d’autres instructeurs des barrages routiers, le défi consistait à inculquer les différentes étapes à suivre avant de pointer une arme sur quelqu’un, par exemple donner un avertissement et ouvrir le dialogue avec la personne. Certains policiers irakiens d’expérience venus dans la base ont souligné la futilité d’appliquer un protocole fastidieux lorsqu’on est dans une zone de guerre.

« Pour ces types (qui ont travaillé sous le régime de Saddam Hussein), il s’agissait de s’en tenir au plus simple », explique Collins, en avouant que c’était la première fois qu’il travaillait avec des policiers qui avaient tué des gens. « Ils n’hésitent pas une seconde. Si un individu à un contrôle routier soulève sa veste pour révéler des explosifs, la police irakienne fera feu. Si quelqu’un force un barrage routier, la police ouvrira le feu sur lui, ou du moins sur sa voiture. »

La participation de policiers irakiens ayant une expérience des barrages routiers a aidé les formateurs à adapter leurs cours pour mieux refléter les conditions de l’Irak. Ils ont ainsi incorporé les suggestions des agents irakiens, comme le fait de placer des guetteurs à un demi- mille du barrage routier, armés de jumelles et d’un émetteur-récepteur, de façon à alerter la police de tout élément suspect faisant route vers le barrage.

Par ailleurs, les formateurs se tiennent quotidiennement au fait de la situation en Irak.

« Nous recevions des briefings quotidiens, précise Collins. Et les autorités irakiennes nous diffusaient un document de fond sur le genre de problèmes affrontés. Il va sans dire que nous incorporions ces questions dans notre formation. »

Bref, on tenait compte de tout élément qui pouvait améliorer le taux de survie des policiers irakiens.

Risques et périls pour la police irakienne

août 2005

• Deux policiers sont abattus et un troisième blessé lorsque des terroristes attaquent un poste de contrôle à Baqouba. Dans le même secteur, sept personnes sont blessées lorsque des obus de mortiers atterrissent sur une base policière.

• Trois policiers sont abattus à Fallujah.

• Huit policiers, un soldat américain et un entrepreneur sont tués lors d’un attentat suicide dans une base américano-irakienne à Baqouba. Dans des attentats distincts, 11 policiers sont abattus et 15 autres blessés par des obus de mortier, et un policier est abattu par des terroristes ayant fait irruption dans sa demeure.

décembre 2005

• Des terroristes abattent cinq policiers à un poste de contrôle au nord de Bagdad.

• Un kamikaze fait sauter sa voiture en fonçant dans une patrouille de police dans la capi-tale, faisant trois morts de plus.

• Trois policiers sont tués, et deux autres blessés, à l’explosion d’une bombe routière à Bagdad. Un attentat similaire tue un policier et en blesse deux autres dans la ville septentrionale de Tuz, au sud de Kirkuk.

• Des terroristes non identifiés abattent un policier et un employé du ministère de l’Intérieur dans deux attentats distincts dans l’ouest de Bagdad.

mars 2006

• Un attentat à la voiture suicide est survenu à l’entrée du groupe des crimes majeurs duministère de l’Intérieur à Bagdad, faisant 15 morts, tous des policiers.

• Après avoir mis le feu à un poste de police à Bagdad, des insurgés font exploser des bombes sur leur passage en détalant. Au moins 13 policiers sont blessés.

• L’explosion d’une voiture piégée près d’un poste de contrôle policier à Bagdad fait 25victimes.

Sources : Globe and Mail, Associated Press